Scène première
Aronte,Florice
Aronte
Enfin je ne le puis : que veux-tu que j’yfasse ?
Pour tout autre sujet mon maître n’est queglace ;
Elle est trop dans son cœur ; on ne l’enpeut chasser,
Et c’est folie à nous que de plus ypenser.
J’ai beau devant les yeux lui remettreHippolyte,
Parler de ses attraits, élever son mérite,
Sa grâce, son esprit, sa naissance, sonbien ;
Je n’avance non plus qu’à ne lui direrien :
L’amour, dont malgré moi son âme estpossédée,
Fait qu’il en voit autant, ou plus, enCélidée.
Florice
Ne quittons pas pourtant ; à la longue onfait tout.
La gloire suit la peine : espéronsjusqu’au bout.
Je veux que Célidée ait charmé soncourage,
L’amour le plus parfait n’est pas unmariage ;
Fort souvent moins que rien cause un grandchangement,
Et les occasions naissent en un moment.
Aronte
Je les prendrai toujours quand je les verrainaître.
Florice
Hippolyte, en ce cas, saura lereconnaître.
Aronte
Tout ce que j’en prétends, c’est un entiersecret.
Adieu : je vais trouver Célidée àregret.
Florice
De la part de ton maître ?
Aronte
Oui.
Florice
Si j’ai bonne vue,
La voilà que son père amène vers la rue.
Tirons-nous à quartier ; nous joueronsmieux nos jeux,
S’ils n’aperçoivent point que nous parlionsnous deux.