Le Roi s’amuse

SCÈNE PREMIÈRE.

 

LES GENTILSHOMMES.

 

MONSIEUR DE GORDES.

Maintenant arrangeons la fin de l’aventure.

MONSIEUR DE PARDAILLAN.

Il faut que Triboulet s’intrigue, se torture,

Et ne devine pas que sa belle est ici !

MONSIEUR DE COSSÉ.

Qu’il cherche sa maîtresse, oui, c’est fort bien ! mais si

Les portiers cette nuit nous ont vus l’introduire ?

MONSIEUR DE MONTCHENU.

Tous les huissiers du Louvre ont ordre de lui dire

Qu’ils n’ont point vu de femme entrer céans la nuit.

MONSIEUR DE PARDAILLAN.

De plus, un mien laquais, drôle aux ruses instruit,

Pour lui donner le change est allé sur sa porte

Dire aux gens du bouffon que, d’une et d’autre sorte,

Il avait vu traîner à l’hôtel d’ Hautefort

Une femme à minuit qui se débattait fort.

MONSIEUR DE COSSÉ, riant.

Bon, l’hôtel d’ Hautefort le jette loin du Louvre !

MONSIEUR DE GORDES.

Serrons bien sur ses yeux le bandeau qui les couvre.

MAROT.

J’ai ce matin au drôle envoyé ce billet :

Il tire un papier et lit.

« Je viens de t’enlever ta belle, ô Triboulet !

Je l’emmène, s’il faut t’en donner des nouvelles,

Hors de France avec moi. »

Tous rient.

MONSIEUR DE GORDES, à Marot.

Signé ?

MAROT.

« Jean de Nivelles ! »

Les éclats de rire redoublent.

MONSIEUR DE PARDAILLAN.

Oh ! comme il va chercher !

MONSIEUR DE COSSÉ.

Je jouis de le voir !

MONSIEUR DE GORDES.

Qu’il va, le malheureux, avec son désespoir,

Ses poings crispés, ses dents de colère serrées,

Nous payer en un jour de dettes arriérées !

La porte latérale s’ouvre. Entre le roi,vêtu d’un magnifique négligé du matin. Il est accompagné de monsieur de Pienne. Tous les courtisans se rangent et se découvrent. Le roi et monsieur de Pienne rient aux éclats.

LE ROI, désignant la porte du fond.

Elle est là ?

MONSIEUR DE PIENNE.

La maîtresse à Triboulet !

LE ROI.

Vraiment !

Dieu ! souffler la maîtresse à mon fou ! c’est charmant !

MONSIEUR DE PIENNE.

Sa maîtresse ou sa femme !

LE ROI, à part.

Une femme ! une fille !

Je ne le savais pas si père de famille !

MONSIEUR DE PIENNE.

Le roi la veut-il voir ?

LE ROI.

Pardieu !

Monsieur de Pienne sort, et revient un moment après soutenant Blanche, voilée et toute chancelante. Le roi s’assied nonchalamment dans son fauteuil.

MONSIEUR DE PIENNE, à Blanche.

Ma belle, entrez.

Vous tremblerez après tant que vous le voudrez.

Vous êtes près du roi.

BLANCHE, toujours voilée.

C’est le roi, ce jeune homme !

Elle court se jeter aux pieds du roi.

À la voix de Blanche, le roi tressaille et fais signe à tous de sortir.

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