L’Homme sans bras

Chapitre 5JOSILLE ET VEVETTE

 

Nous en avons fini avec le passé, revenons auprésent, c’est-à-dire à notre année 1820. C’était à peu prèsl’heure où cette petite diligence, qui avait mine de corbillard,entrait dans la cour des Messageries de la rue du Bouloi, apportantle commandeur Malo, Mr Privat et notre ami Tanneguy. La brune sefaisait ; quelques lumières couraient déjà, de fenêtre enfenêtre, le long de la façade de l’hôtel du Castellat. Àl’intérieur comme au dehors, on achevait les préparatifs de lafête, car il y avait grande fête ce soir chez madame lamarquise.

Sous les bosquets du magnifique jardin, dansles allées et jusqu’au sommet de la terrasse, une armée de valetss’agitait, plaçait les tapis qui recouvraient l’échafaudage del’orchestre ; on étageait en amphithéâtre les corbeilles defleurs ; on rangeait les sièges rustiques autour du salon deverdure. Çà et là, au fond des berceaux, quelques ifs s’allumaient,tandis que les dernières guirlandes accrochaient aux colonnes lefeuillage fleuri de leurs festons.

Ce n’était pas une mince affaire quel’illumination des jardins de la marquise ; il fallait ménagerles effets comme au théâtre ; il fallait prodiguer la clartéaux abords de la salle de bal, et jeter autour des grottes del’ombre et du mystère. Il y avait surtout à l’extrémité d’une fièreavenue de tilleuls, certain pavillon de style Louis XV qu’il étaitimportant de mettre dans son jour. Ce pavillon bornait la propriétéde la marquise ; du côté de cette bourgade sans nom, composéealors de chantiers et de masures, qui est devenue depuis lequartier François Ier. Le temps avait abaissé lesbranches des arbres voisins jusque sur sa toiture enterrasse ; il était comme perdu, ce gentil pavillon, au milieud’un fouillis de verdure.

Dans le cabinet d’un amateur, parmi lesmeubles rares et les objets de prix, vous trouvez toujours quelquecuriosité favorite qui vaut à elle seule autant que tout le restedu musée. Ainsi était le pavillon Louis XV dans ce riche etgracieux jardin de l’hôtel du Castellat : c’était le maîtrebijou de l’écrin, et personne ne venait aux fêtes de la marquisesans déclarer que ce pavillon était une petite merveille. Encore nevoyait-on jamais que l’extérieur ; ce qu’il y avait derrièreces murailles mignonnes et chargées de sculptures, nul ne lesavait. Des vases de marbre, portant d’énormes touffes de géraniumsrouges, montaient les marches du perron. À la dernière marches’arrêtait l’hospitalité de la marquise.

Plus d’un se demandait parfois ce qu’ellecachait, la marquise, dans ce réduit charmant.

Un petit domestique et une jeune servante,armés tous deux de longues perches, mettaient le feu aux lampions,disposés avec art sous les tilleuls. La servante avait l’accent desfillettes morbihannaises ; son œil brillait d’intelligence,elle riait comme les autres respirent, toujours et sans s’arrêter.Le domestique avait non seulement l’accent, mais encorel’excellente tournure d’un petit gars du pays situé entre Vannes etRedon. Il s’appelait Josille ; nous savons déjà le nom deVevette.

Il paraît qu’elle était bonne à tout, cettegentille Vevette, et qu’elle n’avait pas de paresse, car elleemployait son temps comme il faut, en attendant le retour de samaîtresse. Elle était, ma foi, en grande tenue et toute parée pourla fête ; elle portait un costume pimpant, qui n’était àproprement parler ni parisien ni breton, mais qui rappelait cettesimplicité à la mode parmi les villageoises d’opéra-comique. Celalui allait comme un gant, et Josille l’admirait si bien qu’ilgrillait les branches des tilleuls au lieu d’allumer leslampions.

Il était gras, Josille, comme une caille, ilétait rouge et assez joli garçonnet, il était gauche, ilbredouillait un peu en parlant, et il bavardait plus qu’une pie. Aubourg d’Orlan, son pays natal, il passait pour un malin gars.

— Oh ! dam ! la Vevette, disait-il,quant à ça, il n’y a pas besoin de tant de chandelles pour s’amuserpar chez nous, à Orlan. Avec ce que ça coûte d’argent, tous ceslampions-là, nous monterions quasi notre ménage, nousdeux !

— Un beau mari que tu ferais, Josille !répliqua la fillette en haussant les épaules, tu ne sais seulementallumer une mèche, et voilà un quart d’heure que ta gaule tâtonneautour du lampion.

Par le fait, le petit gars n’avait pas la mainà la besogne, et avec des allumeurs de sa force, le jardin de lamarquise aurait bien pu n’être éclairé que le lendemain matin.

— Écoute donc, la Vevette, murmura-t-il avecune certaine émotion, tu n’étais point si brave que ça au pays,dà ! et je te regarde toujours pour voir comme tu as changébellement.

Vevette ne tenait pas à laisser laconversation sur ce terrain sentimental, car elledemanda :

— Les as-tu vus, toi, les troisFreux ?

Josille fut sur le point de laisser tomber saperche.

— Voilà qu’il commence à faire bien noir pourparler de ceux-là ! balbutia-il.

— Bah ! dit Vevette, il y a loin d’ici àla Grand-Lande, et les trois Freux ne viendront pas techercher jusqu’à Paris.

— Savoir ! dit Josille, qui jeta unregard inquiet sur les bosquets.

— Ah dam ! mon gars, s’écria Vevette, quin’en riait que mieux à voir le grand sérieux de son compagnon, situ as peur comme ça de ton ombre, tu es bien mal tombé chez madamela marquise ! C’est ici la maison des revenants ! on neparle que de diableries, et il y a un sorcier qui demeure dans lepavillon que tu vois là-bas.

— Un sorcier ? répéta Josille.

— Un vrai sorcier ! mais je te protégeraicontre lui, si tu veux me dire comment est faite Valérie laMorte.

— C’est drôle, tout de même, murmura le petitgars, qu’on parle des trois Freux d’Orlan et de Valérie laMorte, comme ça jusqu’en la grand-ville.

— Je gagerais, dit Vevette, que madame lamarquise, le chevalier de Noisy et toute la confrérie du sabbat quibavarde pendant que les autres dansent, vont rabâcher cettehistoire-là aujourd’hui tant que durera le bal !

— Ils font donc comme chez nous à laveillée ?

— Allume, Josille ! allume, ou nousserons en retard ! Est-elle jeune, la Valérie ?

Josille présenta sa perche au lampion rebellepour la dixième fois, et le lampion ne parut pas s’enapercevoir.

— Je ne sais point si elle jeune ou vieille,répondit-il, et quant à ça, les esprits n’ont pas d’âge comme nousautres.

— Où l’as-tu vue ?

— Derrière l’église, dans le chemin creux quipasse sous le cimetière.

— Es-tu bien sûr que c’était elle ?

— Si j’en suis sûr ! Ah ! laVevette, j’en ai encore froid dans le dos ! Quand c’est que tupartis du pays, j’ai pris les fièvres par le chagrin que j’eus.Pour me guérir, je me fréquentai pour mariage avec la Scholastique,qui a un bout de pré et deux vaches, de belles vaches ! Donc,un jour, en sortant de la grand-messe, elle me cogna les yeux, parmanière de jouer, avec une roche, et je lui fis malice de lamouiller jusqu’au cou dans la mare du Menain. J’en ris tout demême ! qu’elle avait de la vase par-dessus les oreilles et queles gars s’ensauvaient d’elle en se bouchant le nez. Faut s’amuser,pas vrai ? Vlà donc que ça l’avait retournée pour moi druementen ma faveur, comme on dit, et qu’en fin des fins, le monde medisait : Josille, mon gars, épouse-toi avec elle ou çasera sa mort qu’elle en périra !

Vevette allumait, leste comme une fée ;Josille la suivait, racontant son histoire d’un accentpleureur.

— Oh ! le fier gars que tu fais !s’écria Vevette ; a-t-elle le goût fin, c’te Scholastique quia un bout de pré et deux vaches !

— De belles vaches ! reprit encoreJosille. Scholastique m’avait donc dit, dit-elle : Viens àla brune pour nous accorder de nos noces : j’y fus. Iln’y avait point de lune ; ils étaient trois à causer au boutde l’ancienne avenue de Treguern, devant le Château-sans-Terre…

— Les trois Freux ? interrompitVevette qui s’arrêta pour écouter.

— Sûr et vrai, ma Vevette, les troisFreux, noirs comme des taupes et qui disaient en regardantle Château neuf de Mr Gabriel : « Ça nous viendraavec le reste quand l’heure aura sonné ! » Jedévalai en me bouchant les oreilles pour ne point entendre leursvoix, car les paroles de ceux-là portent malheur à qui les écoute.Vers la Pierre-des-Païens, je vis une femme qui courait devant moiet je pressai le pas, croyant que c’était Scholastique, et j’auraismieux aimé me trouver en face de douairière Le Brec elle-même unsamedi soir ! La femme s’arrêta en travers du chemin creuxpour m’attendre : je suis bien sûr d’avoir vu ses yeux brillercomme des charbons au milieu de son visage blême. Le vent faisaitflotter ses cheveux noirs, comme qui dirait les grands cheveuxbouclés de mam’selle Olympe. Sa taille était si fine, qu’on pouvaitbien deviner qu’il n’y avait point de chair sous sa ceinture. Etpourtant notre demoiselle Olympe, qui est vivante, Dieumerci ! a la taille aussi fine que ça !

— Te parla-t-elle ? demanda encoreVevette.

— Elle me dit de m’en aller, répliquaJosille ; et quand j’ai entendu, depuis, la voix de mam’selleOlympe…

— Allons, tu es fou ! s’écriaVevette.

Elle riait toujours, mais un observateur plusexercé que le petit Josille aurait bien vu qu’elle avait désormaismartel en tête.

— Voilà ! reprit-il, notre demoiselleOlympe ne peut pas être à la fois à Paris et au bourg d’Orlan,c’est la vérité. Et puis, pourquoi notre demoiselle aurait-elleescaladé les murs du cimetière ?

— Ah ! dit Vevette, la morte escalada lemur du cimetière ?

— Oui bien ; quand elle m’avait dit dem’en aller, je n’avais obéi qu’à moitié : je m’étais cachéderrière la haie. Je la vis, comme je te vois, se glisser entre lestombes et sauter dans l’église par une fenêtre qu’on avait laisséeouverte par la grande chaleur.

— Et dans l’église, que fit-elle ?

— V’la ce que je n’ai point osé regarder, laVevette. Je vis un peu de lumière s’éprendre derrière les vitres dela sacristie et je m’en revins chez nous vivement. Est-ce que tuaurais approché, toi ?

— Sans doute, répliqua vaillamment lafillette ; allons, Josille ! tu n’as plus besoin de tagaule. Monte à l’échelle et va allumer là-haut !

Ils étaient au bout de l’allée des tilleuls,et le pavillon Louis XV dressait devant eux sa gracieuse façade.Josille mit le pied à l’échelle. Vevette l’entendit pousser ungrand cri.

— Là ! là ! fit-il en se laissantchoir de son long sur le sable ; ils sont là-dedans !

Aux fenêtres du pavillon, une lueur pâlebrilla. Vevette s’élança, intrépide, et monta les premierséchelons. Josille répétait :

— Là ! là ! trois ! je les aivus ! et le tombeau de Tanneguy aussi ! Ah seigneur Dieureprit-il en pleurant à chaudes larmes, quand les esprits voustiennent, c’est donc fini ! j’ai quitté le pays, j’ai perdu laScholastique, son bout de pré et deux vaches… de si bellesvaches ! J’ai fait des lieues et des lieues pour ne plus voirtout ça, et voilà que le tombeau de Tanneguy s’est ensauvé du chœurde la paroisse d’Orlan pour me suivre à Paris ! et voilà queles trois Freux !…

— Il n’y a rien ! disait Vevette ausommet de l’échelle ; tu as rêvé tout éveillé !

Des pas se faisaient entendre à l’autre boutde l’allée. La lueur qui avait brillé un instant à l’intérieur dupavillon s’était éteinte brusquement. Josille vint se coller contreles pieds de l’échelle ; il tremblait si fort que Vevettesentait battre les montants.

— Tu ne vois rien ! balbutia-t-il, alorsc’est à moi qu’ils en veulent ! Ils étaient là, contre latombe, tous les trois debout, et il y avait derrière eux comme ungrand squelette appuyé à la muraille.

Il s’interrompit pour jeter un criétouffé.

— Tiens ! tiens ! dit-il encore.

Il n’en put dire davantage, sa bouche restaitconvulsivement ouverte et sa main étendue montrait les bosquetstouffus qui cachaient le mur d’enceinte du jardin, à droite dupavillon. Toute cette partie du petit parc de la marquise étaitplongée dans une complète obscurité. Les lumières s’arrêtaient àl’allée des tilleuls. À gauche de l’allée, depuis le pavillonjusqu’à la salle de bal, tout resplendissait déjà ; lesguirlandes de feux dessinaient leurs festons à perte de vue, maisle voisinage de ces clartés ne servait qu’à rendre plus profondesles ténèbres de la portion du jardin qui n’était pas illuminée.

Du haut de son échelle, Vevette suivait legeste de Josille. Elle crut apercevoir, en effet, un mouvementconfus sous le couvert ; les lampions de la façade qu’elleétait en train d’allumer gênaient sa vue.

— Qui va là ! cria-t-elle hardiment, carelle n’avait peux de rien, la petite Vevette.

Josille se ramassa sur lui-même, pensant quela voix des Freux du cimetière d’Orlan allait éclatercomme trois coups de tonnerre. Ce fut une voix douce, une voix defemme, qui répondit :

— C’est moi, Vevette, je t’attends.

Josille était pourtant bien sûr d’avoir vu lestrois hommes du pavillon, que ce fussent des vivants ou des ombres,se glisser silencieusement entre les troncs des arbres. Vevettesauta en bas de l’échelle et s’élança, légère comme une biche, sousle couvert.

Dans l’allée des tilleuls, ces pas lointainsque l’on entendait naguère s’étaient rapprochés ;l’intelligence frappée du pauvre Josille n’était déjà plusd’aplomb ; il crut rêver quand il vit s’approcher une sorte deprocession composée d’un valet en livrée qui portait une lanterne,rendue fort inutile par les illuminations, d’un personnage maigre,sec, blême, vêtu de noir de la tête aux pieds, et de trois facteursdes messageries chargés chacun d’une grande caisse de sapinblanc.

Il n’y avait personne au bourg d’Orlan qui neconnût la silhouette redoutée du commandeur Malo ; on parlaitsouvent aux veillées de celui-là qui savait dire, rien qu’à voir unhomme, s’il devait vivre ou s’il devait mourir ; les moinssuperstitieux frissonnaient à la pensée de ce voile fatal quitombait devant les yeux du Treguern, quand la mort était là,guettant sa proie marquée. Et le petit Josille n’était pas desmoins superstitieux.

Vevette avait eu raison de dire que lepavillon était habité par un sorcier : Josille ne le voyaitque trop maintenant ! Il se coula dans un massif pour laisserla route libre au terrible commandeur. Celui-ci s’arrêta devant la,porte de son pavillon ; il ordonna aux facteurs de déposer lescaisses sur les marches du perron.

— C’est lourd ! dit l’un d’eux. Pendantqu’on y est ou pourrait bien vous les mettre jusque chez vous.

Le commandeur avait introduit une clé dans laserrure de la porte ; il se retourna et fit signe audomestique en livrée :

— Déchargez ! prononça sèchementcelui-ci.

Les trois facteurs se débarrassèrent de leursfardeaux et essuyèrent leurs fronts mouillés de sueur. Le valet enlivrée les paya et les congédia. Quand ils furent partis, non sansavoir jeté sur cette porte des regards curieux, Josille remarquabien que le valet n’offrit point son aide au commandeur Malo pourentrer les caisses. Le valet dit seulement :

— Madame la marquise espère que monsieur luifera l’honneur d’assister à sa fête.

Malo de Treguern tourna ses yeux fixes, maisun peu hagards, vers le valet.

— Sa fête ! répéta-t-il, tandis qu’unsourire morne errait autour de ses lèvres ; il y aura plusd’une fête cette nuit ! Laissez-moi.

Le valet s’inclina respectueusement ets’éloigna. En écoutant le bruit de ses pas qui s’étouffaient sur lesable de l’allée, le pauvre Josille sentait grandir son angoisse,car il n’y avait plus personne, et il était là tout seul avec lesorcier.

La porte du pavillon s’ouvrit : àl’intérieur le pavillon était tout noir. Malo de Treguern descenditjusqu’à la première caisse et prononça dessus quelques parolesmystérieuses dont Josille ne put saisir le sens. Malo essaya desoulever la caisse ; mais il était faible, et la caissepesante : ses efforts restèrent inutiles.

— Que celui-là qui est caché dans les buissonss’approche et vienne à mon aide ! dit-il.

Josille se serait enfui à cent lieues s’ilavait eu son libre arbitre ; mais une puissance inconnue lepoussa en avant, et il traversa l’allée sans avoir aucunement laconscience de ce qu’il faisait. Le commandeur Malo lui noua unmouchoir en bandeau sur les yeux.

Une des caisses fut soulevée. Josille montales marches du perron ; il entendait devant lui le commandeurMalo qui soufflait et qui peinait. Le sang de Josille se glaça dansses veines quand il eut franchi la porte et qu’il sentit l’airfroid et renfermé de l’intérieur. C’était là qu’il avait vu letombeau de Tanneguy, le squelette, les ossements poudreux et lestrois fantômes.

— À la seconde ! dit le commandeur.

Ils firent deux autres voyages, puis Josillese retrouva sur les marches du perron devant la porte fermée. Lebandeau n’était plus sur ses yeux ; il frotta ses paupièresenflammées et regarda tout autour de lui, ébloui par lesilluminations qui embrasaient le jardin. Aux fenêtres du pavillon,une lueur rougeâtre apparut, puis s’évanouit, comme si l’on eûttiré d’épais rideaux au-devant des croisées.

Pour un empire, Josille n’aurait pas voulurester en cet endroit ; mais ses jambes s’engourdissaient sousle poids de son corps, et le sentiment de son abandon l’écrasait.Que n’eût-il pas donné pour entendre la joyeuse voix deVevette !

Il crut l’apercevoir, Vevette, dans ce bosquetplein de ténèbres où lui-même s’était caché naguère. Quelque chosede blanc apparaissait là, dans la nuit. Josille eut le courage dela peur et prit sa course en appelant la jeune fille. L’objet blancse mit aussitôt en mouvement et s’enfuit, glissant comme une vapeurentre les arbres. En même temps, Vevette vint à lui riant etchantant le plus gaiement du monde.

Comme il ouvrait la bouche pour interroger,Vevette lui mit sa main sur les lèvres en disant :

— Chut ! écoute !

On entendait dans l’ombre le bruit sec d’unmarteau résonnant contre la plaque d’une porte.

Un marteau ! une plaque ! uneporte ! au milieu de cette verdure, sous ces grands arbres,dans cette façon de petite forêt vierge où il n’y avait pas traced’habitation ! c’était décidément un rêve.

— Attends-moi dans l’avenue, dit vivement lajeune fille qui se replongea de plus belle au plus épais dufourré.

Josille put ouïr distinctement des gonds quigrinçaient tout près de là. Mais qu’importe ce qu’on entend ainsi,quand on est égaré une fois dans le pays des chimères ! Aubout d’une minute, Josille vit revenir Vevette, comme elle l’avaitpromis. Elle était accompagnée d’un petit homme décemment vêtu etportant besicles, qui n’avait absolument rien de surnaturel en sapersonne.

— Josille, dit Vevette, qui semblait avoirpeine à comprimer un malin sourire, conduis ce monsieur-là chezmadame la marquise qui l’attend ; tu annonceras monsieurPrivat.

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