L’Homme sans bras

Chapitre 16L’OCTAVE DE L’ASSOMPTION

 

À Paris, maintenant il faut un an et plus pourrégler une assurance sur la vie. C’est le progrès. À Londres, en1820, il ne fallait qu’un jour. C’était l’enfance de l’art.

Depuis une semaine, deux cents ouvriersarrivés de Nantes et de Rennes travaillaient jour et nuit auChâteau-sans-Terre. Chaque matin, on voyait venir de pleinescharretées de tentures en velours avec de belles franges de soie,des meubles tout en or, à ce que disaient les bonnes gens d’Orlan,et plus de girandoles à cristaux qu’il n’en eût fallu pour éclairerla Grand-Lande ! On n’aurait jamais cru qu’il se trouvât tantde belles choses dans l’univers.

Et tout cela montait vers le palais qui avaitremplacé l’ancien manoir. Et quand on interrogeait les voituriersou les tapissiers, ceux-ci répondaient invariablement, comme s’ilseussent voulu refaire l’histoire du marquis de Carabas avec unautre nom !

— C’est pour Mr le comte Gabriel deTreguern.

Les bonnes gens du bourg d’Orlan nedemandaient point qui était ce comte Gabriel ; ils s’enretournaient chez eux envoyant tout autre chose que desbénédictions à l’adresse du cloarec d’autrefois, quicouronnait son œuvre de spoliation en volant jusqu’au nom de sesvictimes.

Mais en passant devant la porte ouverte deChâteau-le-Brec, où douairière tremblait la fièvre de vieillesse,ils changeaient de visage et prenaient un air riant : car ilssont ainsi, les bonnes gens de Bretagne : la peur les dompteet on les prend souvent à caresser le diable.

Douairière avait fait rouler son grand lit àrideaux de serge brune au-devant de la porte, pour avoir un peu desoleil ; il y avait bien des jours qu’elle restait là, lesbras en croix sur sa couverture, immobile autant qu’un bloc depierre. Son visage rude et méchant ressortait sous la blancheur desa coiffe, et l’on savait bien que ce n’étaient point des prièresqui tombaient de ses lèvres tremblantes.

Une fois, le saint recteur de la paroissed’Orlan était venu pour lui parler du ciel ; elle lui avaitdéfendu de passer le seuil de sa porte. Ce jour-là, son valetd’écurie, sa chambrière et tous ses laboureurs l’avaientabandonnée, car chacun sentait qu’elle avait déjà les deux piedsdans l’enfer. Ce jour-là, Mathelin lui-même, le pâtour,qui la servait depuis vingt-cinq ans, noua son paquet au bout d’unbâton, secoua la poussière de ses guêtres et s’enfuit. Il n’y avaitplus de place pour un chrétien dans la maison de cetteréprouvée.

Quoiqu’elle fût riche encore, quoiqu’ellepossédât toujours le moulin de Guillaume Féru sur la Lande, lepâtis au bord de la rivière, de bons prés bien gras, des clos, desfutaies et sa ferme de Château-le-Brec, douairière n’aurait eupersonne pour lui fermer les yeux sans Marcelle, la pauvre petitequi avait été élevée avec notre Tanneguy.

Mais Marcelle ne s’était point sauvée, bienqu’elle fût aussi bonne chrétienne que le valet d’écurie et lachambrière, que les laboureurs et Mathelin le pâtour.Marcelle restait, forte de sa piété même ; Marcelle soignaitla vieille femme avec un dévouement angélique, et l’idée ne luiétait point venue que Dieu pût la punir de son charitablelabeur.

Douairière la payait en invectives et ensarcasmes. Demi-morte qu’elle était, elle savait encore frapper lecœur de la pauvre enfant à l’endroit vulnérable, et ses lèvresparalysées trouvaient souvent la force de s’ouvrir pour jeter àMarcelle ces mots impitoyables :

— Ton ami Tanneguy est parti pour toujours. Ilt’a oubliée et tu ne le reverras plus !

Marcelle s’en allait pleurer dans sachambrette, au pied d’une petite image de la Vierge que douairièreLe Brec ne connaissait pas.

C’était l’octave de la fête de l’Assomption.En revenant des vêpres, les paysans du bourg d’Orlan virent passersur le chemin qui traverse la Grand-Lande une véritable processionde voitures. Il y en avait depuis le moulin de Guillaume jusqu’auchemin des Troènes. Ils se rangèrent des deux côtés de la routepour regarder cela. À ceux qui demandèrent ce que c’était, il futrépondu :

— C’est Mr le comte Gabriel de Treguern quivient demain habiter son château et qui se fait précéder par seséquipages.

Il était donc plus riche que le roi, ce comteGabriel de Treguern !

Oui, certes, et bien plus riche ! c’étaitle maître à tous ; le pays lui appartenait depuis l’Oustjusqu’à la Vilaine. Il avait acheté au prix qu’on avait vouluvendre toutes les terres composant le domaine du grand chevalierTanneguy. C’était à lui maintenant que tous les métayers du bourgd’Orlan devaient payer la rente. Aussi parlait on de lui avecprudence, car il faut vivre et garder le pain de sa famille.

Pendant que les voitures passaient, le pèreMichelan dit en clignant de l’œil et en branlant sa têtechenue :

— Voilà un bon temps, mes garçailles, pourfaire grainer le blé noir ! ah ! dame !

— Quant à ça, oui, répliqua Mathelin du mêmeair mystérieux, quoique un peu de pluie ne ferait pas de mal auxpommiers qui sont sur le haut pays.

— Ni aux prés, pour sûr, ajouta ToinetteMaréchal, sa femme, le regain sèche que ça fait pitié !

— Ah dame ! ah dame ! fit Michelanle patriarche, en tirant le fausset de sa tabatière en corne debœuf, on ne peut pas demander aujourd’hui des saisons commeautrefois. Ça languit, et, quand on n’a que demi-mal, il fautencore être content. De faillies pommes comme celles que nouspressons maintenant, et qui n’ont plus que des pépins et la pelure,nous les aurions jetées au fumier en l’année de monmariage !

Tout ce qui dépassait la cinquantaine approuvadu bonnet ; les jeunes gens se consolaient en songeant que lemonde se guérirait peut-être de son mal de langueur, et qu’avant demourir ils reverraient des pommes aussi grosses qu’au bon tempsjadis.

La dernière voiture tournait le coin de laroute : les paysans se rapprochèrent et le masque qui couvraittout les visages tomba. Il y avait là maintenant un mécontentementgénéral et visible, un vague besoin de révolte, avec le contingentobligé de superstitieuses terreurs.

— Si ça n’est pas criant ! dit Mathelinen fermant ses gros poings robustes.

— Chut ! fit le père Michelan, quijugeait le bruit des roues trop rapproché encore.

Mais les ménagères avaient retenu assezlongtemps leurs langues.

— C’est honteux ! s’écrièrent-elles enchœur.

— Un sans-nom !

— Un abbé défroqué !

— Un va-nu-pieds, que nous avons vu courir parles chemins avec des sabots !

Le père Michelan s’assit au bord de la route,sur la bruyère, et l’assemblée l’entoura. Le jour commençait àbaisser.

— Nous parlions des saisons qui changent, ditle vieillard d’un accent rêveur, et les hommes donc ! Voussouvenez-vous de celui qu’on appelait le bon avocat deRedon ?

— Privat ! Mr Privat ! s’écria lechœur.

— Qui défendit le pauvre Étienne sans braspour l’amour de Dieu ! ajoutèrent quelques voix.

Et l’ancien sergent Mathurin dit ens’approchant :

— Une digne âme, ou je ne m’y connais pas, mononcle !

— Eh bien ! Mathurin, mon neveu, tu net’y connais guère, reprit le vieillard avec amertume, je te dis queles hommes changent. C’est ce Privat qui est maintenant lefactotum du Gabriel.

La foule se récria d’une seule voix.

— Aussi vrai que je vous le dis, continua levieux métayer en s’animant, c’est ce Privat qui a acheté et payépour le compte du faux prêtre toutes les pièces de terre composantl’ancien domaine de Treguern.

— Est-ce bien possible ? fit-on à laronde.

— Et pourquoi non ? dit Vincent Féru qui,en vieillissant, était devenu de plus en plus philosophe, puisqu’iln’y a plus de Treguern !

Le vieux Michelan le regarda en face.

— Fanchette était ta belle-sœur, murmura-t-il.Si Fanchette vivait encore, elle te dirait : Tu mens, outu te trompes !

Vincent Féru haussa les épaules etrépliqua :

— Fanchette ne savait plus distinguer sa maindroite de sa main gauche, bon homme. Je sais bien de quoi vousvoulez parler : c’est cela qui a fait le malheur de Fanchette.Treguern a toujours porté malchance à ceux qui l’ontapproché !

— Toi, Vincent Féru, dit l’ancien sergentMathurin, tu vas te taire !

— Ou tu diras pourquoi ! ajouta lepâtour Mathurin en lui mettant sa large main surl’épaule.

Le chœur des métayères donna de la voix pourapprouver cette double exécution. On entendait de tous côtés cetteparole, répétée par le vieux et par les jeunes :

— Treguern était bon maître !

— Et de ces deux enfants-là qui ont vécu parminous et qui sont partis, ajouta le père Michelan, il y en avait unau moins qui était Treguern !

— Lequel ? demanda Vincent Féru d’un tonprovocant.

— Celui qui habitera un jour cette bellemaison qui est là-bas, répliqua le vieux métayer en étendant samain vers la forêt. Il faut des nobles dans les châteaux, et l’airqu’on respire entre les murailles du manoir de Treguern étoufferale neveu de la sorcière Le Brec.

Il y eut un silence, et un frissonnement émucourut dans le groupe, car le vieillard avait parlé ainsi d’unaccent prophétique. Il le sentit lui-même, et dans l’excès de saprudence, il regretta peut-être de n’avoir pas continué à discourirsur le blé noir qui graine ou sur la décadence des pommes. Maisl’élan était donné ; il eût été désormais impossible dechanger brusquement le cours de l’entretien.

La fameuse fidélité bretonne existe. En dehorsde ce sentiment honorable que les poètes nationaux ont exagérépeut-être, il y avait chez les paysans du bourg d’Orlan une foisuperstitieuse et robuste en l’avenir de Treguern. Les prophétiesn’étaient-elles pas là ?

Il y avait autre chose encore. À raison ou àtort, le paysan breton abhorre la classe moyenne ; il neconnaît au-dessus de lui que le noble. Le parvenu vivant dans lesvilles lui est indifférent ; le parvenu qui achète leschâteaux lui est odieux. Il voit là-dedans je ne sais quellepunition divine frappant toute la contrée ; il se regardecomme déchu par cela même, et le manoir usurpé par un bourgeoisest, pour lui, un manoir maudit.

Il généralise trop. L’instinct ne peut êtretoujours juste. Le paysan breton ne croit pas aux exceptions :il voit l’orgueil brutal au lieu de la fierté, l’avarice marchandeau lieu de la grandeur. La piété même du bourgeois lui semblehypocrisie. Le luxe qu’il admirait chez son seigneur, il le détestechez le nouveau venu. Pour les paysans du bourg d’Orlan, lesoi-disant comte Gabriel n’était pas seulement un prêtre parjure,il représentait encore la victoire détestée de l’argent sur lanoblesse.

Aussi, n’y avait-il pas là, sur laGrand-Lande, dix individus qui n’eussent été prêts à prendre aubesoin la faux et la fourche pour soutenir les vieux droits deTreguern. Et les paroles hostiles se croisaient, et les espoirsvivaces se faisaient jour.

— Est-ce un hasard, cela ? demandaitMathelin le pâtour en gesticulant comme un possédé. Est-ceun hasard qui cloue toutes les nuits l’écusson de Treguern à laporte du Château-sans-Terre ? Les gardiens ne manquent pas, jepense ! Il y a là deux cents ouvriers qui veillent du soir aumatin. Et le coup n’a pas raté une fois : quand le soleil selève, on voit toujours le voile noir, semé de larmes blanches, quise balance au-dessus du portail !

—Hier, à la brune, dit Toinette Maréchal, je revenais de confesse,et j’ai été obligée de passer devant la porte de la Le Brec. Elleavait le grolet. J’ai continué ma route en me signant sansla regarder ; mais, malgré moi, parmi ses plaintes,j’entendais qu’elle disait : Il reviendra ! ilreviendra !

— Il reviendra ! il reviendra !répétèrent les gars et les filles. On a ouï des voix à laPierre-des-Païens !

— Et j’ai vu la lueur rouge aux crevasses dela Tour-de-Kervoz, ajouta Mathelin.

— Tout ça n’est rien, les enfants, dit levieux Michelan, qui prit un air plus grave et découvrit sa têtechauve ; savez-vous ce qu’il y a derrière ces planches quicachent une partie du chœur de la paroisse ?

— Non, fut-il répondu ; qu’ya-t-il ?

Le vieillard étendit le bras vers le lointainde la lande où s’élevait ce monument druidique connu sous le nomdes Pierres-Plantées.

— Ce n’est pas la main des hommes qui a dressélà ces roches, prononça-t-il lentement ; à l’heure où nousdormons, les esprits veillent. Vous vous souvenez bien du tombeaude Tanneguy, que nous vîmes s’en aller pierre à pierre ? Letombeau de Tanneguy fut neuf semaines à s’en aller ainsi, et leneuvième dimanche il n’y avait plus qu’un trou plein de poussière àla place qu’il occupait derrière l’autel.

— Nous nous souvenons de cela, murmura-t-on àla ronde, tandis que les ménagères se signaient.

La nuit se faisait plus sombre. Dansl’assemblée, il y en avait déjà plus d’un et plus d’une qui eussentvoulu se voir sous le manteau de la cheminée, à l’abri de la porteclose.

— Eh bien ! reprit le vieux Michelan, cequ’on avait mis neuf semaines à défaire, on l’a refait dans uneseule nuit. À la place du trou plein de poussière, le tombeau dugrand chevalier se dresse comme autrefois.

— Et qui l’a rebâti ? demandèrentquelques voix timides.

— Qui l’avait démoli ? murmura levieillard au lieu de répondre.

— Et la cornière qui manquait ?

— La cornière manque toujours.

Un bruit se fit dans les hautes bruyères quiétaient au-delà de la route de Redon. L’idée de fuir vint àchacun ; mais on n’en eut pas le temps, car les ajoncs enfleurs s’agitèrent et l’on vit glisser entre leurs branches une deces formes vagues qui passent dans les nuits de Bretagne.

À peine l’avait-on aperçue qu’elle était déjàsur la route, à dix pas des bonnes gens. C’était une jeunefille ; elle avait pour vêtement une robe blanche à ceintureflottante.

— Quelqu’un de vous, dit-elle d’une voix sidouce et si triste qu’on eût cru entendre l’ange des larmes,quelqu’un de vous sait-il où je trouverais celui qu’on nomme àprésent le comte Gabriel ?

Personne n’eut le courage de répondre.

— Je viens pour lui parler de la part de Dieu,poursuivit la jeune fille, et il faut que je le trouve, car letemps presse !

Elle continua sa route, et comme les plisflottants de sa robe disparaissaient déjà dans l’ombre, une voix seprit à chanter dans l’air la complainte des berceuses bretonnes. Levieux Michelan fit le signe de la croix.

— L’avez-vous reconnue ?balbutia-t-il.

— Que Dieu ait son âme ! dit Mathelin,c’est une morte.

Et le nom de Laurence de Treguern courut debouche en bouche et quelqu’un dit : « Malheureuse etbelle… »

Il s’agissait, cependant, de regagner levillage. Ce qui venait de se passer avait glacé tous lescœurs ; on se serra les uns contre les autres ; vouseussiez dit les débris d’une armée qui va tenter une périlleuseretraite. Mathelin le pâtour et l’ancien sergent Mathurinouvraient la marche avec leurs bâtons à gros bout ; puisvenait le bataillon effrayé des ménagères. Fillettes et garçonssuivaient sans se pincer aucunement et sans se donner dans le dosces vigoureux coups de poing qui sont des témoignages de tendresse.Le vieux Michelan formait l’arrière-garde avec l’adjoint au maireet un marguillier, réputé pour le plus vaillant homme d’Orlan.

L’avant-garde fit un grand tour pour éviter laPierre-des-Païens, où certainement les âmes devaient tenir conseilen cette terrible nuit. Comme ils s’engageaient dans le chemincreux que le cloarec Gabriel avait pris, la nuit du 15août 1800, pour descendre à Château-le-Brec, ils virent quatrecavaliers courir à travers champs et dévorer l’espace comme untourbillon.

La lune montait au ciel derrière les arbres dela forêt ; sa lueur indécise découpait en silhouette lesquatre cavaliers noirs. Celui qui galopait en avant avait unecouronne de cheveux plus blancs que la neige. Ils passèrent ensilence sur la droite, dans la direction de l’ancienne demeure desTreguern.

Les bonnes gens d’Orlan arrivaient devant laporte ouverte de Château-le-Brec. À la lueur d’une résine, ceux quiosèrent regarder virent douairière Le Brec plus décharnée qu’uncadavre, assise sur son lit et les bras étendus vers la partie duchemin où les quatre cavaliers avaient disparu.

— Ce sont eux ! ce sont eux !râlait-elle ; j’ai bien reconnu Treguern, que Treguern soitmaudit !

De l’autre côté de la couche, la petiteMarcelle était agenouillée et priait. Parmi les paysans d’Orlan, iln’y en avait pas un qui gardât une goutte de sang dans sesveines.

Au delà du pâtis, le mur du cimetières’étendait comme une ceinture blanche autour de l’église, àdemi-cachée par la sombre verdure des ifs. La lune montait et lescroix de pierre se dessinaient çà et là dans l’herbe. Tout à coupdes lumières apparurent aux vitres de l’église. Le clocher tinta uncarillon lent et triomphal.

Mathelin le pâtour et l’anciensergent s’arrêtèrent. Des pas se faisaient entendre à l’autreextrémité du chemin. Un homme s’avança qui dit :

— Faites place à Treguern !

Les bonnes gens se rangèrent des deux côtés duchemin, dociles comme des automates ; désormais c’était unrêve qu’ils faisaient et leurs yeux trompés assistaient auspectacle de l’impossible. L’homme qui s’avançait n’avait point debras.

— Étienne ! Étienne ! est-cetoi ? balbutia l’ancien sergent Mathurin.

Au lieu de répondre, l’homme sans bras ditimpérieusement :

— Chapeau bas pour saluer Treguern !

Jeunes gens et vieillards se découvrirent,bien qu’on ne vît encore personne. Mais en ce moment, à la lueur dela lune qui dépassait la cime des arbres, on aperçut, au milieu dela route, un beau jeune homme qui se tenait fièrement sur unvigoureux cheval. Le cheval marchait au pas, et un homme de grandâge, vêtu d’un long manteau tout brodé d’or, le conduisait par labride.

Les gens du bourg reconnurent d’un coup d’œille commandeur Malo Le Madré de Treguern.

Tous les genoux fléchirent, tous les fronts sebaissèrent, pendant que le beau jeune homme passait entre les deuxhaies. Quand on se releva, les cloches se taisaient et l’obscuritérégnait derrière les vitraux de l’église.

La lune éclairait au loin la route solitaireet silencieuse. On n’entendit plus rien, sinon l’écho de la voix dedouairière Le Brec qui répétait :

— Treguern ! Treguern ! soismaudit !

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