Mélite

Scène X

Lisis,Chloris

 

Lisis

N’en doute plus, Chloris, ton frère n’estpoint mort ;

Mais ayant su de lui son déplorable sort,

Je voulais éprouver, par cette tristefeinte,

Si celle qu’il adore, aucunement atteinte,

Deviendrait plus sensible aux traits de lapitié

Qu’aux sincères ardeurs d’une sainteamitié.

Maintenant que je vois qu’il faut qu’on nousabuse,

Afin que nous puissions découvrir cetteruse,

Et que Tircis en soit de tout pointéclairci,

Sois sûre que dans peu je te le rends ici.

Ma parole sera d’un prompt effetsuivie :

Tu reverras bientôt ce frère plein devie ;

C’est assez que je passe une fois pourtrompeur.

Chloris

Si bien qu’au lieu du mal nous n’aurons que lapeur ?

Le cœur me le disait. Je sentais que meslarmes

Refusaient de couler pour de faussesalarmes,

Dont les plus dangereux et plus rudesassauts

Avaient beaucoup de peine à m’émouvoir àfaux ;

Et je n’étudiai cette douleur menteuse

Qu’à cause qu’en effet j’étais un peuhonteuse

Qu’une autre en témoignât plus deressentiment.

Lisis

Après tout, entre nous, confessefranchement,

Qu’une fille en ces lieux, qui perd un frèreunique,

Jusques au désespoir fort rarement sepique :

Ce beau nom d’héritière a de tellesdouceurs,

Qu’il devient souverain à consoler dessœurs.

Chloris

Adieu, railleur, adieu : son intérêt mepresse

D’aller rendre d’un mot la vie à samaîtresse ;

Autrement je saurais t’apprendre àdiscourir.

Lisis

Et moi, de ces frayeurs de nouveau teguérir.

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