Scène IV
Père Ubu, Mère Ubu et Capitaine Bordure
PÈRE UBU
Eh bien, capitaine, avez-vous biendîné ?
CAPITAINE BORDURE
Fort bien, monsieur, sauf la merdre.
PÈRE UBU
Eh ! la merdre n’était pas mauvaise.
MÈRE UBU
Chacun son goût.
PÈRE UBU
Capitaine Bordure, je suis décidé à vous faireduc de Lithuanie.
CAPITAINE BORDURE
Comment, je vous croyais fort gueux, PèreUbu.
PÈRE UBU
Dans quelques jours, si vous voulez, je règneen Pologne.
CAPITAINE BORDURE
Vous allez tuer Venceslas ?
PÈRE UBU
Il n’est pas bête, ce bougre, il a deviné.
CAPITAINE BORDURE
S’il s’agit de tuer Venceslas, j’en suis. Jesuis son mortel ennemi et je réponds de mes hommes.
PÈRE UBU, se jetant surlui pour l’embrasser.
Oh ! Oh ! je vous aime beaucoup,Bordure.
Eh ! vous empestez, Père Ubu. Vous nevous lavez donc jamais ?
PÈRE UBU
Rarement.
MÈRE UBU
Jamais !
PÈRE UBU
Je vais te marcher sur les pieds.
MÈRE UBU
Grosse merdre !
PÈRE UBU
Allez, Bordure, j’en ai fini avec vous. Maispar ma chandelle verte, je jure sur la Mère Ubu de vous faire ducde Lithuanie.
MÈRE UBU
Mais…
PÈRE UBU
Tais-toi, ma douce enfant.
Ils sortent.