Scène II
Les mêmes, Bougrelas se ruant dans la caverne avec sessoldats
BOUGRELAS
En avant, mes amis ! Vive laPologne !
PÈRE UBU
Oh ! oh ! attends un peu, monsieurle Polognard. Attends que j’en aie fini avec madame mamoitié !
BOUGRELAS, lefrappant.
Tiens, lâche, gueux, sacripant, mécréant,musulman !
PÈRE UBU,ripostant.
Tiens ! Polognard, soûlard, bâtard,hussard, tartare, calard, cafard, mouchard, savoyard,communard !
MÈRE UBU, le battantaussi.
Tiens, capon, cochon, félon, histrion, fripon,souillon, polochon !
Les Soldats se ruent sur les Ubs, qui se défendent de leurmieux.
PÈRE UBU
Dieux ! quels renfoncements !
MÈRE UBU
On a des pieds, messieurs les Polonais.
PÈRE UBU
De par ma chandelle verte, ça va-t-il finir, àla fin de la fin ? Encore un ! Ah ! si j’avais icimon cheval à phynances !
BOUGRELAS
VOIX AU DEHORS
Vive le Père Ubé, notre grandfinancier !
PÈRE UBU
Ah ! les voilà. Hurrah ! Voilà lesPères Ubus. En avant, arrivez, on a besoin de vous, messieurs desFinances !
Entrent les Palotins, qui se jettent dans la mêlée.
COTICE
À la porte les Polonais !
PILE
Hon ! nous nous revoyons, Monsieuye desFinances. En avant, poussez vigoureusement, gagnez la porte, unefois dehors il n’y aura plus qu’à se sauver.
PÈRE UBU
Oh ! ça, c’est mon plus fort. O comme iltape.
BOUGRELAS
Dieu ! je suis blessé.
STANISLAS LECZINSKI
Ce n’est rien, Sire.
BOUGRELAS
Non, je suis seulement étourdi.
JEAN SOBIESKI
Tapez, tapez toujours, ils gagnent la porte,les gueux.
COTICE
On approche, suivez le monde. Par conséiquentde quoye, je vois le ciel.
Courage, sire Ubu.
PÈRE UBU
Ah ! j’en fais dans ma culotte. En avant,cornegidouille ! Tudez, saignez, écorchez, massacrez, corned’Ubu ! Ah ! ça diminue !
COTICE
Il n’y en a plus que deux à garder laporte.
PÈRE UBU, les assommant àcoups d’ours.
Et d’un, et de deux ! Ouf ! me voilàdehors !
Sauvons-nous ! suivez, les autres, etvivement !