Scène VI
Le roi Venceslas, entouré de ses officiers ;Bordure ; les fils du roi, Boleslas, Ladislas et Bougrelas.Puis le Père Ubu.
PÈRE UBU,entrant.
Oh ! vous savez, ce n’est pas moi, c’estla Mère Ubu et Bordure.
LE ROI
Qu’as-tu, Père Ubu ?
BORDURE
Il a trop bu.
LE ROI
Comme moi ce matin.
PÈRE UBU
Oui, je suis saoul, c’est parce que j’ai butrop de vin de France.
LE ROI
Père Ubu, je tiens à récompenser tes nombreuxservices comme capitaine de dragons, et je te fais aujourd’huicomte de Sandomir.
PÈRE UBU
Ô monsieur Venceslas, je ne sais comment vousremercier.
LE ROI
Ne me remercie pas, Père Ubu, et trouve-toidemain matin à la grande revue.
J’y serai, mais acceptez, de grâce, ce petitmirliton.
Il présente au roi un mirliton.
LE ROI
Que veux-tu à mon âge que je fasse d’unmirliton ? Je le donnerai à Bougrelas.
LE JEUNE BOUGRELAS
Est-il bête, ce père Ubu.
PÈRE UBU
Et maintenant, je vais foutre le camp. (Iltombe en se retournant.) Oh ! aïe ! ausecours ! De par ma chandelle verte, je me suis rompul’intestin et crevé la bouzine !
LE ROI, lerelevant.
Père Ubu, vous estes-vous fait mal ?
PÈRE UBU
Oui certes, et je vais sûrement crever. Quedeviendra la Mère Ubu ?
LE ROI
Nous pourvoirons à son entretien.
PÈRE UBU
Vous avez bien de la bonté de reste. (Ilsort.) Oui, mais, roi Venceslas, tu n’en seras pas moinsmassacré.