Un mariage polaire – Au Pôle Nord, chez les esquimaux – Voyages, explorations, aventures – Volume 14

Chapitre 14L’ÉDUCATION D’UN SAUVAGE

 

Ce mariage, sans trop déplaire àM. d’Ussonville, n’allait pas sans quelques difficultés dontle commandant se rendait parfaitement compte.

Il fit appeler ses capitaines, le docteur del’expédition, celui des équipages des deux navires et soningénieur.

En un mot, tous ceux qui mangeaient à satable.

Comme l’heure du dîner était proche, on servitun verre de madère à chacun de ces messieurs et le commandantdit :

– J’ai, mes chers camarades, à vous annoncerune nouvelle sensationnelle.

Mistress Morton se marie.

– Contre qui ? demanda Castarel.

On rit.

Le commandant reprit :

– Elle épouse Œil-de-Lynx !

Tous de battre des mains et decrier :

– Bravo !

– Bravo !

– Ce Sioux, s’écria Castarel, est le brave desbraves.

Il faudra nous cotiser pour lui offrir unemédaille du mérite conjugal.

Un Sioux ne recule devant rien !

– L’amour ne compte pas le nombre desannées !

– Pends-toi, brave Castarel, le Sioux t’acoupé l’herbe sous le pied.

Ce fut un feu roulant de plaisanteries qui mittout le monde en joie.

– Messieurs, dit d’Ussonville, ce qui a pousséle Sioux a demander la main de mistress Morton, c’est l’amour… maisl’amour de l’art !

» Le Sioux a remarqué avec admiration quemistress Morton se peignait d’une façon merveilleuse et il voudraitconnaître ses secrets.

» Vous savez avec quel soin, quellecoquetterie, un guerrier indien se peint et fait retoucher sapeinture par sa femme.

» Quand il doit partir sur le sentier dela guerre, ou simplement paraître dans une cérémonie, un Peau-Rougepasse des heures à sa toilette, et il attend patiemment que l’ocrerouge dont il s’est badigeonné tout le corps soit séché ; dureste, vous savez cela comme moi.

» Or, messieurs, ce pauvre garçon nepourra plus se peindre.

– Pourquoi donc ? demanda Castarel.

– Parce qu’il faut que j’en fasse un gentlemanet vous m’y aiderez.

» Je ne peux pas décemment laisserŒil-deLynx manger avec les inférieurs, alors que mistress Mortons’assoira à la table des officiers ; l’affront serait tropgrand.

» Faire manger un Peau-Rouge avec nous,ce serait compromettre notre prestige et nous exposer à desréclamations.

Nos trappeurs réclameraient, disant qu’ilsvalent bien un Sioux.

– Voilà, dit Santarelli, un côté de laquestion auquel je n’avais point pensé.

– Pour tourner la difficulté, ditd’Ussonville, nous allons transformer le Sioux en gentleman, en luidonnant mistress Morton, elle-même, comme tutrice.

» Elle le dressera.

» À table, il sera à sa droite.

» Nous allons le faire habiller enmonsieur blanc.

» J’ai remarqué, Santarelli, que le Siouxavait de l’amitié pour vous.

» Apprenez-lui à endosser et à porter sonnouveau costume.

» On dit que l’habit ne fait pas le moineet l’on a tort.

» Dès qu’un conscrit a endossél’uniforme, il se croit soldat et fait tout ce qu’il peut pour leparaître.

» Je suis sûr que le Sioux fera tous lessiens pour être digne de nous.

À Castarel :

– Vous, capitaine, qui aimez lesmystifications, je vous prierai de ne pas en faire à ce pauvreSioux.

À Drivau :

– Vous, capitaine, ne blaguez pas trop le…jeune couple.

Enfin, messieurs, je fais appel à votreindulgence.

Sur ce, on alla dîner.

Tout le monde complimenta mistress Morton quien fut enchantée.

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