Un mariage polaire – Au Pôle Nord, chez les esquimaux – Voyages, explorations, aventures – Volume 14

Chapitre 8LES CHIENS

 

Ils sont féroces, indociles, presque sauvageset dévoreraient un homme qui n’aurait pas le fouet en main.

Il ne faut jamais hésiter à s’en servir trèsbrutalement.

Un chien isolé peut prendre de l’affectionpour un maître.

On peut même s’en faire obéir par lapersuasion, appuyée de bonnes corrections.

Mais, en meute d’attelage, le chien ne connaîtplus que le fouet.

L’animal est très sournois.

Quand il est attelé, ce qu’il voudrait, c’estchasser.

Dès que les chiens jettent en arrière desregards rapides, se défier !

Ils vont s’emballer.

On prépare la barre d’arrêt.

C’est une côte de baleine, placée à l’arrièreet passée dans un trou.

On la fait jouer et elle s’enfonce comme unsoc de charrue dans la neige, formant obstacle.

Dès que les chiens partent sur la piste qu’ilsveulent suivre malgré le maître, on fait jouer la barre.

Le traîneau s’arrête.

On descend et… clic, clac, clac… on fouailleferme.

Puis on remet le traîneau en marche.

La société protectrice des animaux aurait fortà faire pour convaincre un Esquimau qu’il ne doit pas battre seschiens.

Question de vie ou de mort toutsimplement.

S’il n’est pas maître de son attelage,l’Esquimau est un homme perdu.

Les chiens esquimaux ne mangent que tous lesdeux jours.

Tout leur est bon.

Viande, poisson, entrailles, graisse, ilsdévorent tout.

Malheureusement, ils sont sujets à une maladiemal connue qui n’est pas la rage, mais qui lui ressemblebeaucoup.

Elle est contagieuse.

Le chien a des crises de fureur qui seterminent par des accès d’épilepsie.

La morsure ne paraît pas communiquer cettebizarre maladie.

Mais la contagion est certaine.

On devrait étudier ce mal qui décime leschiens du Groenland et fait un tort immense aux populationsdano-esquimaudes.

LA TEMPÉRATURE

Pendant les beaux jours d’été, la chaleur, ausoleil, peut s’élever à vingt-huit degrés de dix heures du matin àdeux heures après midi.

Pendant l’hiver, il y a généralement de vingtà trente degrés.

Mais l’air est calme et pur ; on nesouffre alors que très peu du froid.

Dès que l’on travaille, on met bas le manteaude fourrure.

Pendant la nuit, le froid descend àtrente-cinq et quarante degrés.

À de certains moments, le thermomètre atteintcinquante-six et soixante.

Alors, c’est terrible ; mais c’estrare.

On reste dans les maisons de neige et onlaisse passer la crise.

TEMPÊTES DE NEIGE

Ce qu’il faut éviter surtout, c’est la tempêtede neige.

Si elle vous surprend, on est en danger demort par le froid.

Le vent glacé vous tue.

Il faut tout de suite arrêter le traîneau,grouper ses chiens autour de soi et se laisser couvrir deneige.

Celle-ci vous protège.

De temps à autre on se surhausse pour avoirtoujours un peu d’air.

Des chiens, on ne voit que les museaux.

Cette propriété de la neige de conserver lachaleur étonne les citadins, mais non point les cultivateurs.

Ils savent tous qu’un bon manteau de neigeprotège le blé qui pousse lentement dessous, ainsi que l’herbe.

Les cerfs, les biches, les chevreuils, leslapins et les lièvres de nos forêts grattent la neige et mangentl’herbe tendre qui pousse dessous.

Les rennes, les bœufs musqués, les chevaux duThibet, les yacka (bœuf à queue de cheval), les chameaux sauvagesdu Pamir trouvent à vivre grassement en se creusant des galeriesdans des épaisseurs de neige énormes.

En Russie, le voyageur à pied que la nuitsurprend, se creuse un lit dans la neige, en rabat sur lui en guisede draps blancs et dort dans une chaleur très douce.

Notre corps a trente-six degrés au-dessus dezéro, comme température normale ; mais il y a une constantedéperdition en hiver, malgré les vêtements.

Avec une couverture de neige, il n’y a plus dedéperdition.

La neige ne chauffe pas ; elle metsimplement à l’abri du froid.

Voici, du reste, un tableau des températuresminima et maxima relevées par Nansen à quatre-vingts lieues dupôle, au plus près qu’il ait pu atteindre, à deux cents lieues,point le plus éloigné où il ait fait les observations qui sontconsignées dans ce tableau.

Mois – Température moyenne – Minimum –Maximum

Mars 1895 – -38°,8 – -22°,8 – -46°,1

Avril – -28°,9 – -18°,9 – -37°,2

Mai – -31°,1 – -2°,2 – -23°,7

Juin – -11°,1 – -3°,3 – -2°,6

Juillet – -0°,0 – -2°,7 – -2°,2

Août – -1°,6 – -2°,2 – -7°,2

Septembre – -6°,6 – -5°,0 – -20°,0

Octobre – -18°,3 – -8°,8 – -25°,0

Novembre – -25°. 0 – -2°,2 – -31°,2

Décembre – -25°,0 – -11°. 1 – -38°,3

Janvier 1886 – -25°,1 – -7°,2 – -43°,3

Février – -23°,3 – -11°,1 – -40°,0

Mars – -12°,2 – -1°,1 – -33°,9

Avril – -13°,3 – -2°,7 – -25°,4

Mai – -7°,6 – -6°,1 – -23°9

Juin (1 au 16) – -1°,6 – -3°,7 – -5°,0

On le voit, non sans étonnement, la rigueur dufroid n’est pas aussi terrible qu’on se l’imagine, parce que l’ons’exagère volontiers les choses.

Les maxima évidemment se produisent le jour etnous voyons :

En octobre, 8°,8 seulement au-dessous de zéropendant les bonnes heures du jour.

En novembre 12°,2.

En décembre 11°,1.

En janvier 7°,2.

En février 1°,1.

En mars 1°,1.

Voilà pour les mois les plus froids.

Il est vrai que c’est la température diurne,et, bien entendu, pas tous les jours, c’est celle des meilleursjours.

Mais enfin, ce n’est pas aussi rigoureux qu’onle croit dans le public.

La nuit, il est vrai, on voit des maxima de46°, 43°, 40°.

Mais pendant la nuit, peu importe le froid,puisque l’on se tient chaudement dans le navire explorateur ou dansles maisons de neige.

Je ferai observer que celles-ci sont toujoursprécédées d’un long couloir en ligne brisée, en zigzags, avecfermeture complète.

Le froid du dehors ne pénètre pas.

LE CALORIQUE

On peut dire que la vie des Esquimaux estd’une simplicité extrême.

Cependant rien d’essentiel ne leurmanque ; ainsi le bois étant fort rare, et apporté seulementpar les courants maritimes, il semblerait que le calorique faitdéfaut.

Erreur !

Il abonde !

L’huile de baleine, la graisse de phoque lefournissent abondamment.

Les Esquimaux (j’entends ceux qui vivent là oùil n’y a plus de forêts) récoltent cependant en été les duvets, lescotons pour mieux dire, de certains arbustes, notamment sur lesaule-nain.

Ils en tirent des mèches.

L’huile et la graisse sont contenues dans unelampe en pierre creuse.

Des trépieds soutenant un carré (le tout enos) permettent de faire la cuisine dans des marmites que les feuxdes lampes font bouillir.

Les pieds et le cercle sont trop loin du feupour se calciner.

Les chons qui restent de la fonte desmorceaux de graisse servent à faire des gâteaux.

Le feu d’une seule lampe, allumée toute lanuit, suffit à maintenir une température suffisante ;plusieurs degrés au-dessus de zéro.

Or, chez nous, on voit dans les chambres àcoucher sans feu l’eau geler dans les cuvettes, par au moins cinqou six degrés de froid.

On n’en dort pas moins bien.

Il ne faut pas oublier que les Esquimaux ontd’excellentes couvertures en peaux d’eider (le véritable édredonque nos pauvres ne peuvent se payer et qui coûte fort cher).

Mais, je le répète, il y a des journéesterribles.

On fait alors comme Nansen et les Esquimaux,on ne sort que très peu.

Nansen nous a donné un tableau de la durée deces périodes de froid où le thermomètre descend à 40° etau-delà.

Ceux qui consulteront ce précieux tableauconstateront combien peu de temps durent ces périodes de 40° etau-dessous.

Il paraît que le meilleur est de dormir leplus que l’on peut.

On s’éveille pour manger.

L’homme, dans ces périodes, devient un peuloir, la femme marmotte.

On peut parfaitement, sans souffrir, faire despromenades d’une heure.

Mais on ne s’éloigne pas.

LA FAUNE. – LES ANIMAUX

Elle est plus riche qu’on ne croit.

À tout seigneur tout honneur.

L’ours blanc est le roi des animauxpolaires.

Drôle d’animal.

S’il voit un homme, tantôt il se jette dessus,tantôt il fuit.

Quand il fuit, est-ce parce qu’il n’a pasfaim ?

Je ne saurais le dire.

Peut-être se sauve-t-il quand il n’a jamais vud’homme.

L’animal dut lui paraître assez bizarre pourqu’il l’évite.

Ou bien, peut-être, celui qui fuit aura étéfléché par des Esquimaux ou tiré par ceux d’entre eux qui ont desfusils ou par des baleiniers.

Toujours est-il que Nansen signale, comme lesautres explorateurs, l’humeur fantasque et changeante des ours.

Tantôt c’est un combat émouvant, tantôt c’estune fuite désopilante.

Il est très rare, et peut-être sans exemple,que l’ours blanc attaque un homme endormi ; mais après avoirlongtemps tourné autour d’une tente, il cherche toujours à yentrer.

Il est curieux et joueur.

Une bande d’ours aime à se placer en haut d’unmonticule à pente raide, et, assis sur le cul, à se laisser glissersur la neige.

Si des ours découvrent une cache et y trouventdes caisses de conserves, ils défoncent tout et ils réduisent lesplanches en petits morceaux pour s’amuser.

S’ils trouvent des cordes, ils les nouent ennœuds inextricables.

Si des marins ont laissé leur canot sanssurveillance et que des ours passent auprès, ils déménagent tout ceque contient l’embarcation, puis ils brisent tout.

Évidemment ça les amuse.

L’ours a l’esprit facétieux et malfaisant dusinge avec plus de finesse et certainement plus de réflexion.

Pour chasser l’ours blanc, les Esquimaux lecriblent de fléchades.

Comme ils sont plusieurs, l’ours sans cesseharcelé ne sait contre lequel courir, il perd son sang ets’affaiblit.

Alors il court vers la mer ; mais leschasseurs l’achèvent à coups de harpon.

Une bonne précaution pour l’Européen quichasse l’ours blanc, c’est, au cas où la baïonnette de son fusiln’aurait qu’une douille sans harde d’y ajouter une solide croix debois, en bois solide, ajustée avec soin.

L’ours baïonnetté fonce toujours, et, sans lacroix, il arriverait jusqu’au chasseur.

On fait surtout des rôtis avec de la chaird’ours.

Ils sont excellents.

La fourrure a de la valeur.

L’ours blancs vit surtout de morses et dephoques.

LE BŒUF MUSQUÉ

Il est énorme, sauvage, irascible et il seprécipite sur l’homme avec une impétuosité terrible.

Toujours il attaque.

C’est une redoutable brute !

Sous toutes les latitudes, du reste, leschasseurs avouent que la plus dangereuse de toutes les chasses estcelle des taureaux sauvages.

Ces animaux sont collants.

Sur le chasseur renversé, ils reviennent ets’acharnent à le mettre en lambeaux à coups de cornes, l’enfilent,le lançant en l’air et finalement le réduisent en bouillie sousleurs sabots, on ne retrouve qu’une pâte humaine.

Mais ce butor n’en montre pas moins une pitiégénéreuse en certain cas.

Si un renne poursuivi par des loups rencontreun troupeau de bœufs musqués qui aussitôt a formé le cercle, lecercle s’ouvre pour recevoir et défendre le renne.

LES LOUPS BLANCS

Ils sont hideux, pelés, galeux, ignobles etextrêmement dangereux en bandes.

La faim leur donne du courage.

Ils suivent les troupeaux qui émigrent, lesattaquent et font leur proie des bêtes ou fatiguées ou malades quis’attardent.

LES RENARDS

Ils sont de diverses couleurs, la fourrurebleue est la plus estimée.

Le renard polaire vit de lièvres, de pingoins,d’autres oiseaux et d’œufs.

LE LIÈVRE POLAIRE

On en rencontre beaucoup et on les tue trèsfacilement.

S’ils ne connaissent pas l’être humain, ils nele fuient pas.

Excellent gibier.

LE RENNE

N’est pas domestiqué par les Esquimaux qui,comme traîneurs, préfèrent le chien.

Le renne ne fait que deux lieues à l’heure etse repose souvent.

Mais il aurait sur les chiens cet avantagequ’il faut nourrir ceux-ci et qu’il se nourrit lui-même.

Le renne ne vit bien que dans les pays de trèslongs hivers neigeux.

LES OISEAUX

Nous ne pouvons nous faire une idée de leurabondance.

L’oie de Brent et le canard-eiderpullulent.

Ils se nourrissent de plantes marines garniesde coquillages.

Comme cette nourriture leur est offerte àprofusion, ils s’assemblent par bandes innombrables autour despolynias ; on nomme ainsi des points, grands ou petits, où lamer est toujours libre de glace.

Ces polynias sont très nombreuses et produitespar des causes diverses : marées, disposition des fonds et descôtes, vents et courants. La vie végétale et animale y est trèsintense. Et canards eiders, oies, cygnes noirs et blancs segorgent.

Quant aux pingoins, aux émouchets, on connaîtleur stupidité.

Entassés les uns contre les autres, incapablesde voler, se laissant assommer sur place, ils se disputent leursœufs à couver.

Les pontes sont d’une fécondité incroyable etles œufs sont excellents.

Les Esquimaux font comme les Chinois :pour eux, l’œuf couvé est réputé exquis à n’importe quelmoment ; on les fait frire.

Nos marins, nos baleiniers font comme lesEsquimaux et ils se montrent friands des œufs couvés.

Pingoins, canards, cygnes, oies, gélinottes,habitent des cavernes, des coins abrités, des creux derochers ; et ils y sont si serrés, qu’un seul coup de fusil enabat une douzaine.

Ce que l’on ne saurait se figurer, c’estl’étendue d’un de leurs amas.

Ils couvrent souvent toute une falaise et ilsse battent pour la possession des œufs, poussent des crisassourdissants.

Quand ils vont en pâture, par grands vols, ilsvoilent la lumière.

On a l’impression d’une intensité de vieincroyable, inouïe, oppressante.

Le docteur Kone avoue qu’il fut saisi desurprise la première fois, qu’il se trouva en présence d’unecanarderie.

Il y a un autre oiseau toujours gras à lard etdélicieux, le lumme plongeur qui offre aux gourmets unplat raffiné.

Mais l’oiseau par excellence c’est une petitegelinotte, la ptamiryan.

Les hirondelles de mer et les mouettes sontaussi très nombreuses.

Le chasseur les dédaigne.

Aussi les pingoins comme chair ; mais onen fait de l’huile pour lampe.

LA FLORE

Je ne veux pas fatiguer le lecteur par uneénumération trop longue.

Les renoncules, les saxifrages, lespostulaires, les mousses diverses, les herbes, les graminées dunord, les lichens ; de jolies fleurettes.

On mange le cochléaria, les, pousses deixchnis et de lichens, des graines d’hespiris grosses comme despois et de petites joubardes ; on trouve beaucoup d’autresproduits végétaux très mangeables, mais qu’il faut traiter d’unecertaine façon.

Le but que, se proposent les médecins enpoussant, au pole, à la nourriture végétale est non pas lanutrition, mais la santé ; ils veulent éviter le scorbut.

ORGANISATION POLITIQUE. RELIGION

Toute patriarcale.

Chaque agglomération a un chef politique etmilitaire, le nalegak.

Ses pouvoirs sont très limités en droit, trèsétendus en fait.

On peut poser en principe qu’un Esquimau veutêtre absolument maître de ses biens, de ses actes, de sapersonne.

Il veut chasser, pêcher, voyager, camper etdécamper à sa guise.

Et cependant il subit très volontiersl’ascendant du chef.

C’est parce que le chef est toujours lemeilleur de toute la bande.

Il préside aux migrations, en fixe la date, etdécide des haltes.

Mais si sa décision contrarie quelqu’un, libreà celui-ci de ne pas s’y conformer.

À côté de ce chef civil, le chef religieux quiest surtout un juge.

C’est l’angolak.

Au fond, un sorcier.

Il a beaucoup de ressemblance avec celui destribus indiennes.

Il est médecin !

Quelle médecine !

Cependant, comme chirurgien, il rend d’assezbons services.

La religion esquimaude est le chamanisme leplus grossier.

De même que l’Indien, l’Esquimau croit à unGrand-Esprit, à un paradis de pêche et de chasse, à la survieimmortelle de l’être.

Mais c’est vague.

En revanche,’il croit aux esprits, auxsortilèges, il a d’étranges superstitions.

L’angolak prononce des peines.

Interdiction temporaire du capuchon, défensede manger les bons morceaux de viande, d’autres abstinencesencore.

En réalité, ce prêtre est plus puissant, plusredouté que le chef.

Toutefois, ils s’appuient l’un sur l’autre,s’entr’aident et… ça marche.

LES MŒURS

Peu compliquées.

L’Esquimau est, par tempérament,monogame ; c’est un bon mari.

Il est bon parent.

Mais, en somme, c’est moralement unendormi ; ni haines vives ; ni vives tendresses.

Le cœur et l’esprit semblent engourdis,déprimés.

Ainsi l’Esquimau supportera qu’un parasiteenvahisse sa hutte.

Il le nourrira.

Puis, lassé, il le tuera d’un coup de harponet le jettera dans une crevasse pour se débarrasser d’uneexploitation qui aura trop duré.

Pas de malveillance.

Pas de bienveillance.

Il passera près d’un autre Esquimau mourant defaim et de froid, sans avoir la pensée de le secourir.

Sous ce rapport, il ressemble à ces naviresanglais qui s’éloignent, sans pitié, d’un navire en évidenteperdition.

Mais l’Anglais agit par un égoïsme voulu,conscient.

L’Esquimau passe avec une indifférencestupide, non raisonnée.

Tous les explorateurs sont d’accord pourreconnaître qu’au contact de l’Européen, les meilleurs sentimentss’éveillent en lui.

Les Danois ont beaucoup à se louer de leurssujets esquimaux.

Ils les ont transformés par l’éducation et parl’instruction.

Oh ! ces Danois !

Quel peuple intelligent et honnête.

Les Esquimaux sauvages ont des cérémoniesfunéraires.

Le mort est cousu dans des peaux, porté àdistance par les parents et couché à terre ; chacun apportedes pierres sur le cadavre qu’on ensevelit sous un tumulus.

Ils pleurent le mort sur un rythme très lent,coupé de grands soupirs suivis de hurlements lamentables.

Mais ils pleurent encore sur le même rythmepour la mort d’un chien.

Pour moins que ça.

Pour avoir manqué une chasse ou une pêche,pour avoir perdu une flèche qu’un ours blessé a emportée, etc.

Autre usage.

Celui-là terrible.

Toute personne atteinte d’une maladie lente,incurable, la phtisie, par exemple, et qui devient une charge, dèsqu’il faut émigrer au sud en hiver, au nord en été, tout malheureuxque l’angolak déclare condamné est enfermé dans une tombe de glace,une hutte où on le couche et qu’on ferme sur lui.

La famille lui fait ses adieux ; il lesreçoit avec une résignation stoïque.

Ce sauvage fait un domestique affectueux ettrès dévoué.

C’est un tissu de contradictions.

Il est courageux, mais pas brave dans le sensmilitaire du mot.

Il brave de grands dangers avec uneintrépidité admirable ; mais il préfère la fuite au combatavec les Peaux-Rouges.

Mais s’il est avec des blancs, il ne reculepas d’une semelle.

Il manque surtout de ressort, d’initiative etn’a pas, de point d’honneur.

LA RACE

Elle est évidemment d’origine asiatique etaffinisée à la race mongole.

Mais, dans la race jaune, elle forme un rameautrès distinct.

Elle a les yeux bridés mongoliques, mais nonle nez camard qui est plutôt, comme celui des Indiens, un nez àtendance aquiline.

Mais les pommettes sont très saillantes, lamâchoire est très forte.

En somme, les plus récents travaux englobentles Esquimaux dans la race finnoise.

Celle-ci comprend, outre les Esquimaux, lesLapons de Suède et de Russie (25,000 âmes), les Samoyèdes de laSibérie et toutes leurs ramifications.

L’avenir de cette race finnoise est assurésous les gouvernements suédois, russe et danois.

Ils travaillent à améliorer le sort de leursexcellents et malheureux sujets finnois qui se civilisent peu àpeu.

Mais les Esquimaux du nord de l’Amérique n’ontrien de bon à attendre des Anglais du Canada dont ilsdépendent.

Heureusement ils se mettent hors de leursatteintes.

Ce qui est très curieux à constater, c’est lahaine des Peaux-Rouges contre les Esquimaux ; ils ne peuventpas les souffrir.

Pourquoi ?

Il y a rivalité de chasse aux points decontact, mais il y a pire.

C’est une haine de race.

Nous allons, du reste, la voir se développerd’une façon violente.

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