Un mariage polaire – Au Pôle Nord, chez les esquimaux – Voyages, explorations, aventures – Volume 14

Chapitre 2LES TROIS TRAPPEURS

 

Près de l’embouchure du Mackensie, un camp sedresse.

Tentes en peaux garnies de leur poil etdoubles ; cabanes en rustique avec toit de mousse, biencharpentées et spacieuses.

La forêt de pins voisine a fourni, enabondance, les matériaux.

Hangars, en rustique également, pour letravail et pour la cuisine.

Des Européens sont à la besogne, aussi desnègres, aussi des Esquimaux.

Plusieurs négresses, rudes types du Dahomey,femmes de race guerrière.

Une Abyssinienne de race pure, une métisséeévidemment et d’allures françaises et leurs servantes.

Une très jeune et jolie fille à laquelle toutle monde témoigne de la déférence.

Grande activité dans les ateliers.

On martèle tôle et boulons, on scie, on lime,on visse.

C’est le premier jour de mise en train d’untravail de montage.

Trois hommes, qui viennent d’arriver à lalisière du bois, regardent cette scène avec une profondestupéfaction.

Trois trappeurs !

La blouse, les mocassins, le carnier, lesarmes les indiquent tels.

Du moins, deux d’entre eux.

Des blancs !

Le troisième est un Indien Sioux.

Il est appuyé sur son fusil et il paraitplongé dans des abîmes de réflexions.

Les deux autres trappeurs regardentattentivement, mais, de temps à autre, ils échangent des coupsd’œil interrogateurs.

Hommes prudents, accoutumés au silence dessolitudes, ils examinent longuement cet établissement dont ilsn’ont jamais entendu parler.

Leurs chiens hument l’air.

Ils ne donnent que de légers signesd’inquiétude, ce que n’ont pas manqué de remarquer les maîtres, carl’un dit enfin :

– M’est avis, Langue-de-Fer, mon ami, que cesgens-là sont des marins qui ont débarqué et qui travaillent àterre.

Langue-de-Fer secoua la tête :

– Sûr, dit-il, il n’y a pas que desmarins ; je vois des gentlemen.

À l’Indien :

– Qu’en penses-tu, toi, Œil-de-Lynx.

– Nègres et négresses.

Langue-de-Fer à l’autre trappeur :

– Dis donc, Francœur, il faut qu’il ait lesyeux faits comme une lunette d’approche, le Sioux, pour voir, àcette distance, le teint de ces gens-là.

– Le Sioux n’a pas volé son nom. Mais puisqueles chiens ne prennent pas peur, nous pouvons toujours avancer… enprudence.

» Après tout, il y a des chrétiens commenous, là-dedans.

– Oui, avançons !

– On peut ! dit Œil-de-Lynx.

» Les sqaws blanches qui sont avec ceshommes ne nous laisseraient pas massacrer.

» Elles sont des ladies (dames pour leSioux).

– Il voit ça aux belles manières ! dit enriant Langue-de-Fer.

» Marchons donc.

Ils se mirent à la file indienne, le fusil àdeux coups sur l’épaule, la carabine à longue portée enbandoulière, les chiens en avant.

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