Scène V
OROSMANE, CORASMIN.
OROSMANE.
Corasmin, que veut donc cet esclave infidèle?
Il soupirait… ses yeux se sont tournés vers elle;
Les as-tu remarqués?
CORASMIN.
Que dites-vous, seigneur?
De ce soupçon jaloux écoutez-vous l’erreur?
OROSMANE.
Moi, jaloux! qu’à ce point ma fierté s’avilisse!
Que j’éprouve l’horreur de ce honteux supplice!
Moi, que je puisse aimer comme l’on sait haïr?
Quiconque est soupçonneux invite à le trahir.
Je vois à l’amour seul ma maîtresse asservie;
Cher Corasmin, je l’aime avec idolâtrie:
Mon amour est plus fort, plus grand que mes bienfaits.
Je ne suis point jaloux… Si je l’étais jamais…
Si mon coeur… Ah! chassons cette importune idée:
D’un plaisir pur et doux mon âme est possédée.
Va, fais tout préparer pour ces moments heureux
Qui vont joindre ma vie à l’objet de mes voeux.
Je vais donner une heure aux soins de mon empire,
Et le reste du jour sera tout à Zaïre.