Scène IX
OROSMANE, ZAÏRE ET FATIME,
marchant pendant la nuit
dans l’enfoncement du théâtre.
ZAÏRE.
Viens, Fatime.
OROSMANE.
Qu’entends-je! Est-ce là cette voix
Dont les sons enchanteurs m’ont séduit tant de fois?
Cette voix qui trahit un feu si légitime?
Cette voix infidèle, et l’organe du crime?
Perfide!… vengeons-nous… quoi! c’est elle? ô destin!
(Il tire son poignard.)
Zaïre! ah Dieu!… ce fer échappe de ma main.
ZAÏRE, à fatime.
C’est ici le chemin, viens, soutiens mon courage.
FATIME.
Il va venir.
OROSMANE.
Ce mot me rend toute ma rage.
ZAÏRE.
Je marche en frissonnant, mon coeur est éperdu…
Est-ce vous, Nérestan, que j’ai tant attendu?
OROSMANE, courant à Zaïre.
C’est moi que tu trahis; tombe à mes pieds, parjure!
ZAÏRE, tombant dans la coulisse.
Je me meurs, ô mon Dieu!
OROSMANE.
J’ai vengé mon injure.
Otons-nous de ces lieux. Je ne puis… Qu’ai-je fait?…
Rien que de juste… Allons, j’ai puni son forfait.
Ah! voici son amant que mon destin m’envoie,
Pour remplir ma vengeance et ma cruelle joie.