Chapitre 14RÉSOLUTION VIRILE
On commençait à s’inquiéter au camp, quand lesdeux chasseurs revinrent.
Ils mouraient de faim. Paddy dit :
– Que personne ne se couche.
» Que l’on selle les chevaux.
» Nous mangerons et nous boirons à cheval.
– Qu’y a-t-il donc ?
Il l’expliqua :
– Qu’allons-nous faire ?
– Tourner les Roches-Roses.
– Et puis ?
– Continuer notre voyage.
– Et les Corbeaux ?
– Ils se morfondront à nous attendre.
Et de rire.
Mais Mlle de Rastignac serécria :
– Comment, nous pouvons surprendre etexterminer ces gens-là et nous ne le ferons pas ?
» Que diraitMlle de Pelhouer.
» Madame Desandré, qu’enpensez-vous ?
– Comme vous.
» Ce sera très chic.
– Et vous, madame Jellalich ?
– Moi… je veux bien…
– Papa, qu’en dis-tu ?
– Ce que femme veut…
– Bravo !
» Tu consens.
» Vous aussi, Jellalich ?
» Aussi M. Desandré ?
» Tous alors.
» Unanimité touchante.
» À cheval.
Paddy à Petit-Jaguar :
– Quelle fille !
» Je ne me serais jamais imaginé ça d’unedemoiselle de Paris !
La femme du Petit-Jaguar fit boire et mangerle cheval de son mari et celui de l’Irlandais ; puis elle leurfrotta les jambes pour les délasser.
Quand les autres chevaux furent prêts, quandceux qui étaient porteurs furent chargés ; tout le monde semit en selle.
On jeta beaucoup de bois sur le feu et l’on semit en route.