Au Pôle et autour du Pôle – Dans les glaces – Voyages, explorations, aventures – Volume 17

Chapitre 17DÉNOUEMENT FATAL

Une qui ne s’amusait pas, c’étaitMlle de Pelhouër.

L’arrivée de la petite comtesse la troublaprofondément.

Cette Bretonne sérieuse, héroïque, aimantprofondément M. d’Ussonville, vit, dès le premier moment, unerivale dans cette Parisienne charmante et rieuse.

Elle souffrit surtout beaucoup de l’esprit decelle qu’elle considérait comme son ennemie, parce qu’elle brillaitpar une verve endiablée et faisait jaillir le rire à table avec unedrôlerie irrésistible.

D’Ussonville, si grave toujours, s’associait àla joie générale.

Les mots de la petite comtesse, ses saillies,le mettaient en gaieté.

Et Mlle de Pelhouër s’enindignait sourdement et s’aigrissait.

Elle ne se l’avouait pas, encore moinsvoyait-elle dans d’Ussonville autre chose qu’un oncle, mais elleétait rongée par une jalousie implacable.

Elle se dominait, gardait une réserve presquefarouche vis-à-vis de Mlle de Rastignac, etcelle-ci, un peu trop gavroche parisien, ne ménageait nullement laBretonne.

Elle avait fait quelques avances froidementreçues ; non seulement elle n’en fit plus, mais elle s’ingéniaà piquer Mlle de Nez-Pincé, comme ellel’appelait assez justement.

Les torts étaient réciproques.

À noter :

La petite comtesse ne songeait nullement à unmariage avec d’Ussonville, qui n’avait nulle arrière-penséed’épouser qui que ce fût.

Avec une extrême légèreté, la petite comtessefroissa Mlle de Pelhouër.

Elle avait pour complice de ses malicesMme Santarelli et Mme Castarel que,par certaines roideurs de caractère,Mlle de Pelhouër avait froissées, le lecteurdoit s’en souvenir.

Les deux Taki, depuis longtemps, avaientoublié le petit dissentiment survenu à propos d’une chasse.

Elles tenaient pour leur amie contre la petitecomtesse.

Et la querelle s’envenimait de jour en joursans que les hommes y prissent garde, car tous les coups d’épingleéchangés sournoisement leur échappaient.

Mlle de Rastignac voulutprouver qu’elle était une héroïne.

Elle chassa, en compagnie d’un Esquimaux,l’ours blanc, le taureau musqué, le morse. Elle s’ingénia àdépasser les exploits de sa rivale.

Avec un bonheur insolent elle parvint, à lafaçon des Esquimaux, à tuer un ours à coups de harpon.

Le soir, elle raconta le combat avec une verveendiablée qui fit rire tout le monde ; elle avait l’air demépriser profondément les ours et les déclarait indignes d’un coupde fusil.

Ces façons triomphales mirent le comble àl’irritation de Mlle de Pelhouër, qui à sontour devint agressive.

Elle déclara que la petite comtesse manquaitde réserve, elle l’appela gamin de Paris, garçon manqué.

L’autre le sut.

Elle se moqua de « la mijauréeprovinciale, de la Bretonne de Concarneau ».

Enfin, elle fit allusion au profil de mouettede son adversaire et la baptisa :

Mlle BEC D’OISEAU.

C’en était trop.

Mlle de Pelhouer,indignée, gifla Mlle de Rastignac.

– Bec d’oiseau, soit ! dit-elle, maisvous aurez senti ma griffe.

L’autre, très brave, dit :

– Ce que vous venez de faire est indigne d’unefille bien née.

» Vous m’en rendrez raison l’épée à lamain.

– Certainement, en secret et tout desuite ! dit Mlle de Pelhouër.

Mme Désandré ne put s’empêcherde dire :

– Mademoiselle de Pelhouër, ce que vous venezde faire n’est pas correct pour une femme.

– Ça m’est égal.

Personne de ces Messieurs n’était là pourempêcher ce duel.

Tous les hommes chassaient ou péchaient autourou sur la Polinya.

Du reste, cette intervention n’aurait puempêcher le combat.

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