Brutus

Scène VIII

 

TITUS, MESSALA, ALBIN.

ALBIN.

L’ambassadeur toscan peut maintenant vous voir;
Il est chez la princesse.

TITUS.

… Oui, je vais chez Tullie…
J’y cours. O dieux de Rome! ô dieux de ma patrie!
Frappez, percez ce coeur de sa honte alarmé,
Qui serait vertueux, s’il n’avait point aimé.
C’est donc à vous, sénat, que tant d’amour s’immole?
(A Messala.)
A vous, ingrats!… Allons… Tu vois ce Capitole
Tout plein des monuments de ma fidélité.

MESSALA.

Songez qu’il est rempli d’un sénat détesté.

TITUS.

Je le sais. Mais… du ciel qui tonne sur ma tête
J’entends la voix qui crie: Arrête, ingrat, arrête!
Tu trahis ton pays… Non, Rome! non, Brutus!
Dieux qui me secourez, je suis encor Titus.
La gloire a de mes jours accompagné la course;
Je n’ai point de mon sang déshonoré la source;
Votre victime est pure; et s’il faut qu’aujourd’hui
Titus soit aux forfaits entraîné malgré lui;
S’il faut que je succombe au destin qui m’opprime;
Dieux! sauvez les Romains; frappez avant le crime!

 

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