Des vers

IV

Les animaux aussi l’aimaient étrangement.

Elle avait avec eux des caresses humaines,

Et près d’elle ils prenaient des alluresd’amant.

Ils frottaient à son corps ou leurs poils ouleurs laines ;

Les chiens la poursuivaient en léchant sestalons ;

Elle faisait, de loin, hennir les étalons,

Se cabrer les taureaux comme auprès desgénisses,

Et l’on voyait, trompé par ces ardeursfactices,

Les coqs battre de l’aile et les boucss’attaquer

Front contre front, dressés sur leurs jambesde faunes.

Les frelons bourdonnants et les abeillesjaunes

Voyageaient sur sa peau sans jamais lapiquer.

Tous les oiseaux du bois chantaient à sonpassage,

Ou parfois d’un coup d’aile errant lacaressaient,

Nourrissant leurs petits cachés en soncorsage.

Elle emplissait d’amour des troupeaux quipassaient,

Et les graves béliers aux cornesrecourbées,

N’écoutant plus l’appel chevrotant duberger,

Et les brebis, poussant un bêlement léger,

Suivaient, d’un trot menu, ses grandesenjambées.

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