III
Ils fuyaient mes jours de vacances, endeuilléstous par la même pluie froide, par le même ciel noir.
Et je n’en avais plus que cinq devant moi –quand, le vendredi, ma petite amie Jeanne vint avec sa mèrem’inviter à passer la journée en sa fine compagnie, dans un jardinqu’elle possédait en dehors des remparts de la ville… Oh !joie inespérée !…Et précisément il faisait presque beau, plusd’averses, rien que de violentes alternatives de soleil etd’ombre.
Après une semaine d’enfermement sous la pluie,ce fut une surprise délicieusement troublante que de rencontrerdans ce jardin le printemps dont j’avais douté. Elles étaient làtout de même, épanouies à profusion, les jacinthes roses, lesanémones trop rouges, les anémones trop violettes, et les touffesde giroflées communes, d’un jaune d’or si magnifique strié de brunardent ; elles éclataient en couleurs excessives, sous un cielincertain, où couraient de gros nuages encore chargés d’obscuritéet d’hiver. Et un charme indéfini se dégageait pour moi de laprésence de toutes ces fleurs, malgré ces frissons de vent et cesmenaces de giboulées…
Pendant le retour – forcément mélancolique,parce que la promenade était finie, parce que je voyais de nouveaupoindre pour demain matin la narration latine avec l’insecte enfureur – j’insinuai à l’oreille de ma petite amie de venir mechercher encore une fois avant la rentrée si prochaine, ce qu’ellevoulut bien me promettre.