Le Château dangereux

Chapitre 7La Chasse.

Les piqueurs couraient à travers lesbois pour faire lever les cerfs ; les archers rivalisaientd’ardeur avec leurs grands arcs tendus.

Le bruit courait à travers les bois,battus dans tous les sens ; les chiens pénétraient dans lestaillis pour tuer les cerfs.

Ballade de Chavy Chase, vieilleédition.

La matinée du jour fixé pour la chasse étaitfroide et sombre ; le temps était gris comme il l’est toujoursdans la Marche écossaise. Les chiens criaient, aboyaient etglapissaient ; les chasseurs, quoique animés et joyeux parl’attente d’un jour de plaisir, tiraient sur leurs oreilles leurmauds, ou manteaux des basses terres, et regardaient d’unœil mécontent les brouillards qui flottaient à l’horizon, tantôtmenaçant de s’affaisser sur les cimes et sur les flancs des hautesmontagnes, et tantôt d’aller occuper d’autres positions sousl’influence de ces bouffées de vents incertains qui, s’élevant,puis tombant aussitôt, balayaient la vallée.

Cependant, au total, comme il arrived’ordinaire dans tous les départs de chasse, c’était un gai etamusant spectacle. Une courte trève semblait avoir été conclueentre les deux nations, et les paysans de l’Écosse paraissaientplutôt montrer en amis les exercices de leurs montagnes auxchevaliers accomplis et aux braves archers de la vieille Angleterreque s’acquitter d’un service féodal qui n’était ni si agréable nisi honorable à l’instigation de voisins usurpateurs. Les cavaliers,que tantôt l’on apercevait seulement à demi, que tantôt on voyaitcomplétement, forcés de déployer ; au milieu de ces routespérilleuses et de ces terrains brisés, toutes les ressources deleur art, attiraient l’attention des piétons, qui, conduisant leschiens ou battant les taillis, délogeaient les pièces de gibierqu’ils rencontraient, dans les buissons, et tenaient toujours leursyeux fixés sur leurs compagnons, qui, sur leurs chevaux, étaientplus faciles à distinguer, et qui se faisaient remarquer encore parla vitesse de leur course et par un mépris ; pour toutaccident possible, aussi complet que celui dont peuvent seglorifier aujourd’hui les chasseurs de Melton Mowbray ou de touteautre bande fameuse.

Les règles qui présidaient aux chassesanciennes et modernes sont pourtant aussi différentes que possible.De nos jours, on regarde un renard ou un lièvre comme récompensantbien la peine que se sont donnée, pendant tout un jour, quarante oucinquante chiens, et environ autant d’hommes et de chevaux ;mais les chasses anciennes, lors même qu’elles ne se terminaientpas par une bataille, comme il arrivait souvent, présentaienttoujours une bien plus grande importance et un intérêt beaucoupplus vif. S’il est un genre d’exercice qu’on puisse citer commegénéralement plus propre que d’autres à divertir et amuser, c’est àcoup sûr celui de la chasse. Le pauvre souffre-douleur, qui a serviet travaillé toute sa vie, qui a usé toute son énergie à servir sessemblables… l’homme qui a été pendant de longues années l’esclavede l’agriculture, ou, qui pis est, des manufactures… qui tous lesans ne recueille qu’une chétive mesure de grains, ou est cloué surun pupitre par un travail monotone… peuvent difficilement restersourds à la joie générale, lorsque la chasse passe près d’eux avecles chiens et les cors, et pour un moment ils ressentent toutel’ardeur du plus hardi cavalier qui fait partie de la troupe. Queles personnes qui ont assisté à ce spectacle rappellent à leurimagination l’ardeur et l’intérêt qu’elles ont vu se répandre dansun village au passage d’une chasse, depuis le plus vieux jusqu’auplus jeune des habitans. Alors aussi qu’on se souvienne des vers deWordsworth :

Debout, prends ton bâton, en avant,Timothée,

Pas une ame au village à présent n’estrestée ;

Le lièvre a d’Hamilton déserté lecoteau,

Et la meute en émoi va courir leskidau.

Mais comparez ces sons inspirateurs au vacarmede toute une population féodale se livrant à un tel exercice, d’unepopulation dont la vie, au lieu de s’écouler dans les travauxmonotones des professions modernes, a été continuellement agitéepar les hasards de la guerre et par ceux de la chasse, qui n’endiffère guère, et il faudra nécessairement que vous supposiez quel’élan se communique comme un incendie dévorant des bruyèressèches. Pour nous servir de l’expression commune, empruntée à unautre amusement, tout est poisson, qui vient dans le filet enpareilles occasions. Une ancienne partie de chasse, sauf la naturedu carnage, ressemblait presque à une bataille moderne, lorsquel’engagement a lieu sur un terrain inégal et varié dans sa surface.Tout un district versait ses habitans, qui formaient un anneaud’une grande étendue ; puis, avançant et rétrécissant leurcercle par degrés, ils chassaient devant eux toute espèce degibier. Tous ces animaux, lorsqu’ils s’élançaient d’un taillis oud’un marécage, étaient attaqués à coups de flèches, de javelines,et d’autres projectiles dont les chasseurs étaient armés tandis qued’autres étaient poursuivis et lassés par d’énormes chiens, ou plussouvent mis aux abois quand les personnages les plus importans quihonoraient la chasse de leur présence réclamaient pour eux-mêmes leplaisir de porter le coup mortel, voulant courir le dangerpersonnel qui résulte toujours d’un combat à mort, même avec ledaim timide lorsqu’il est réduit à la dernière extrémité, et qu’iln’a plus de choix qu’entre renoncer à la vie, ou se mettre sur ladéfensive à l’aide de son bois élevé et, avec tout le courage dudésespoir.

La quantité de gibier qu’on trouva en cetteoccasion dans la vallée de Douglas fut considérable ; car,comme nous l’avons déja remarqué, il y avait long-temps qu’unegrande chasse n’avait été faite par les Douglas eux-mêmes, dont lesinfortunes avaient commencé, quelques années auparavant, aveccelles de leur pays. La garnison anglaise ne s’était pasjusqu’alors jugée en nombre et en forces pour exercer ces grandspriviléges féodaux. Cependant le gibier s’était considérablementmultiplié. Les cerfs, les bestiaux sauvages, les sanglierss’étaient établis au pied des montagnes, et faisaient de fréquentesirruptions à la partie basse de la vallée, qui, dans la vallée deDouglas, ressemblait beaucoup à une oasis entourée de bois tailliset de marécages, de landes et de rochers, montrant des tracesmanifestes de la domination humaine, à laquelle les animauxsauvages sont contens d’échapper lorsqu’ils sont pressés par levoisinage de l’homme.

Tandis que les chasseurs traversaient leslieux qui séparaient la plaine du bois, il y avait toujours unestimulante incertitude pour savoir quelle espèce de gibier onallait rencontrer, et les tireurs, avec leurs arcs tendus d’avance,leurs javelines mises en arrêt, leurs bons chevaux bien bridés ettoujours aiguillonnés de manière à partir soudain, observaientattentivement les pièces qui allaient s’élancer du couvert, desorte qu’ils fussent toujours prêts, soit qu’un sanglier, un loup,un taureau sauvage, ou toute autre espèce de gibier, vînt à leurpasser sous les yeux.

Le loup, qui, à cause de ses ravages, est leplus nuisible des animaux de proie, ne présentait cependant pastoujours le degré de plaisir que son nom promettait ; ils’enfuyait ordinairement au loin, quelquefois à plusieurs milles,avant de trouver assez de courage pour attaquer ses ennemis, et,quoique redoutable alors, quoique donnant la mort aux chiens et auxhommes par ses terribles morsures, parfois cependant on leméprisait plutôt à cause de sa lâcheté. Le sanglier, au contraire,était un animal beaucoup plus irascible et plus courageux.

Les taureaux sauvages, les plus formidables detous les habitans des antiques forêts calédoniennes, n’étaientcependant pas les pièces que les cavaliers anglais poursuivaientavec le plus de plaisir[15].D’ailleurs les fanfares des cors de chasse, le retentissement dugalop des chevaux, les mugissemens et les hurlemens furieux desbestiaux de la montagne, les soupirs du cerf pressé par les chienshaletans, et les cris sauvages, les cris de triomphe des hommes,formaient un vacarme qui s’étendait bien au delà du théâtre de lachasse, et semblait menacer tous les habitans de la vallée jusquedans les plus profondes retraites.

Pendant le cours de la chasse, souventlorsqu’on s’attendait à voir partir un daim ou un sanglier, c’étaitun taureau sauvage qui s’élançait, renversant les jeunes arbres,brisant les branches dans sa course, et en général renversant tousles obstacles qui lui étaient opposés par les chasseurs. Sir Johnde Walton fut le seul des chevaliers présens qui, sans être secondépar personne, réussit à terrasser un de ces terribles animaux.Comme un tauréador espagnol, il abattit et tua de sa lance untaureau furieux ; deux veaux déja grands et trois vachespérirent aussi accablés sous le nombre des flèches, des javelineset des autres projectiles que leur lancèrent les archers et lespiqueurs ; mais beaucoup d’autres, en dépit de tous lesefforts tentés pour arrêter leur fuite, gagnèrent leur sombreretraite au pied de la montagne de Cairntable, les flancs toutdéchirés des marques de l’inimitié des hommes.

Une grande partie de la matinée se passa decette manière, jusqu’à ce qu’un air de cor particulier, donné parle chef de la chasse, annonçât qu’il n’avait pas oubliél’excellente coutume du repas, qui, en pareille occasion, étaitpréparé sur une échelle proportionnée à la multitude réunie pourparticiper au divertissement.

Une fanfare de cor propre à la circonstanceréunit donc tous les chasseurs dans une clairière du bois, où toutle monde trouva place pour s’asseoir à l’aise sur l’herbeverte ; les pièces de gibier qu’on avait abattues devant,lorsqu’elles seraient rôties et grillées, suffire à tous lesappétits, besogne dont s’occupèrent immédiatement tous lessubalternes, tandis que des tonneaux et des barils, qu’on trouvasur place et qui furent habilement ouverts, versèrent en abondancele vin de Gascogne et la bonne ale, au gré de ceux qui venaientleur rendre visite.

Les chevaliers, à qui leur rang ne permettaitpas de s’asseoir parmi la multitude, formèrent un cercle à part etfurent servis par leurs écuyers et leurs pages, à l’égard desquelsces fonctions domestiques étaient non comme basses, mais commefaisant partie de leur éducation. Au nombre des personnages demarque qui s’assirent en cette occasion à la table du pavillon,comme on appelait cet endroit, à cause d’un dôme de verdure quil’ombrageait, étaient sir John de Walton, sir Aymer de Valence, etplusieurs révérends frères consacrés au service de Sainte-Bride,qui, quoique ecclésiastiques écossais, furent traités avec lerespect convenable par les soldats anglais. Deux ou trois simplespaysans écossais, montrant, peut-être par prudence, toute ladéférence désirable à l’égard des chevaliers anglais, s’assirent àl’extrémité de la table, et autant d’archers anglais,particulièrement estimés de leurs chefs, furent invités, suivant laphrase moderne, à l’honneur de dîner avec eux.

Sir John de Walton occupait le haut bout de latable. Ses yeux, quoiqu’ils semblassent ne rien regarderpositivement, n’étaient cependant jamais immobiles, maiss’arrêtaient successivement sur toutes les physionomies des hôtesqui formaient un cercle autour de lui, quoiqu’il lui eût étédifficile de dire sur quels motifs il avait fondé ses invitations,et même paraissait ne pas pouvoir s’imaginer, à l’égard d’un ou dedeux, la raison qui lui procurait l’honneur de leur présence.

Un individu surtout attirait les regards desir Walton : il avait l’air d’un formidable homme d’armes,quoiqu’il semblât que la fortune n’eût pas depuis long-temps sourià ses entreprises. Il était grand et membru, d’une physionomieextrêmement rude, et sa peau, qu’on apercevait à travers les trousnombreux de ses vêtemens, avait une couleur indiquant qu’il avaiteu à endurer toutes les vicissitudes d’une vie de proscrit, qu’ilavait, pour nous servir de la phrase consacrée, épousé la cause deRobin Bruce, en d’autres termes, qu’il s’était réfugié avec luidans les marais comme insurgé. Assurément une pareille idée seprésenta à l’esprit du gouverneur. Cependant la froideur apparenteet l’absence complète de toute crainte avec laquelle l’étrangerétait assis à la table d’un officier anglais, où il étaitabsolument en son pouvoir, ne paraissaient guère conciliables avecun pareil pressentiment. De Walton et quelques unes des personnesqui l’entouraient avaient remarqué pendant toute la matinée que cecavalier en haillons, qui n’avait de remarquable dans son costumequ’une vieille cotte de mailles, et dans son armure qu’une lourdepertuisane rouillée, longue de huit pieds environ, avait déployé untalent de chasseur bien supérieur à celui de toutes les autrespersonnes qui suivaient la chasse. Le gouverneur, après avoirregardé ce personnage suspect jusqu’à ce qu’il eût fait comprendreà l’étranger l’attention toute particulière dont il était l’objet,remplit un gobelet de vin choisi et le pria, comme un des meilleursélèves de sir Tristrem qui eussent accompagné la chasse du jour, delui faire raison avec un breuvage supérieur à celui dont lamultitude se désaltérait.

« Je suppose cependant, sire cavalier,ajouta de Walton, que vous ne refuserez pas de répondre à mes défisquand je vous en porterai le verre en main, jusqu’à ce que vouspuissiez me faire raison avec du vin de Gascogne qui a mûri dans lepropre domaine du roi, a été pressé pour ses lèvres, et qui enconséquence est très propre à être bu à la santé et à la prospéritéde sa majesté. »

« Une moitié de l’île de laGrande-Bretagne, répliqua le chasseur avec le plus grand calme,sera de l’opinion de votre honneur ; mais comme j’appartiens àl’autre moitié, le vin même le plus choisi de la Gascogne nepourrait me faire boire à cette santé. »

Un murmure de désapprobation parcourut lecercle des guerriers présens ; les prêtres baissèrent la tête,devinrent d’une pâleur mortelle, et marmottèrent leurs Paternoster.

« Étranger, répliqua de Walton, vousvoyez que vos paroles indignent toute la compagnie. »

« C’est fort possible, repartit l’hommeavec le même ton bourru, et cependant il peut se faire qu’il n’yait pas de mal dans les paroles que j’ai prononcées. »

« Songez-vous que c’est à moi que vousparlez ? » répliqua de Walton.

– « Oui, gouverneur. »

– « Et avez-vous réfléchi à ce quepourrait vous attirer une semblable insolence ? »

« Je n’ignore nullement ce que jepourrais avoir à craindre, si le sauf-conduit et la paroled’honneur que vous m’avez donnés en m’invitant à cette chasseméritaient moins de confiance que je me suis persuadé qu’ils enméritent réellement. Mais je suis votre hôte, je viens de mangerles mets servis sur votre table, et de vider en partie votre coupequi est remplie de fort bon vin, en vérité… aussi maintenant neredouterais-je pas le plus terrible infidèle s’il s’agissait d’envenir aux coups, et moins encore un chevalier anglais. Je vousdirai en outre, sire chevalier, que vous n’estimez pas à sa justevaleur le vin que nous venons de sabler. Le fumet exquis et lecontenu de votre coupe me donnent, en advienne ce qui pourra, lecourage de vous informer d’une circonstance ou deux qu’une sobriétéfroide et circonspecte m’aurait empêché de vous communiquer dans unmoment comme celui-ci. Vous désirez sans doute savoir qui jesuis ? mon nom de baptême est Michel, mon surnom est Turnbull.Ainsi s’appelle un clan redoutable, à la réputation duquel j’aibien contribué pour ma part, soit dans les parties de chasse, soitsur les champs de bataille. Je demeure au bas de la montagne deRubieslaw, près des belles ondes du Teviot. Vous êtes surpris queje sache chasser les bestiaux sauvages, moi qui me suis exercé dèsmon enfance à les poursuivre dans les forêts solitaires de Jed etde South-Dean, et qui en ai tué un plus grand nombre que vous n’enavez vu vous et tous les Anglais de votre armée, y compris même lessuperbes exploits de la journée. »

L’habitant de la frontière fit cettedéclaration avec cette espèce de froideur insultante qui dominaitdans toutes ses manières, qui même était son principal attribut.Son effronterie ne manqua point de produire son effet violent sursir John de Walton, qui s’écria soudain : « Auxarmes ! aux armes ! assurez-vous, de ce traître, de cetespion ! Holà ! Pages et archers, William, Anthony,Bande-l’arc, et Feuille-Verte, saisissez ce traître et attachez-leavec vos cordes d’arc et vos lesses à chiens ; attachez-le,vous dis-je, et serrez si fort que le sang lui sorte de dessous lesongles ! »

« Voilà ce qui s’appelle parler, ditTurnbull avec une espèce de gros rire. Si j’étais aussi sûr depouvoir être entendu par une vingtaine d’hommes que je pourraisnommer, nous ne disputerions pas long-temps les honneurs de lajournée. »

Les Anglais entourèrent le chasseur en grandnombre, mais ne mirent pas la main sur lui, personne ne voulantêtre le premier à rompre la paix si nécessaire à lacirconstance.

« Dis-moi, lui demanda de Walton, traîtreque tu es, pourquoi tu te trouves ici ? »

« Uniquement et simplement, réponditl’habitant de la forêt de Jed, afin de pouvoir livrer à Douglas lechâteau de ses ancêtres, et vous payer ce que nous vous devons,sire Anglais, en réduisant au silence ce gosier à l’aide duquel tufais un pareil tapage. »

En même temps, s’apercevant que les archers serassemblaient, derrière lui pour mettre les ordres de leur chef àexécution aussitôt qu’ils seraient réitérés, le chasseur seretourna brusquement vers ceux qui semblaient vouloir l’empoigner àl’improviste ; et les forçant, par cette évolution soudaine, àreculer d’un pas, il reprit : « Oui, John de Walton, monbut en venant ici était de te mettre à mort comme un homme que jetrouve en possession du château et des domaines de mon maître, plusdigne chevalier que toi ; mais je ne sais pourquoi j’aihésité ; peut-être la raison en est-elle que tu m’as donné àmanger quand je mourais de faim depuis vingt-quatre heures. Je n’aidonc pas eu le cœur de te payer, comme je l’aurais pu faire, lasomme qui t’était due : quitte ce lieu et cette contrée, etprofite de l’avertissement d’un ennemi. Tu t’es constitué l’ennemimortel de ce peuple, et parmi ce peuple sont des gens qu’on n’ajamais pu insulter ni défier impunément. Ne prends pas la peine deme faire chercher, ce serait peine inutile, à moins que je ne terencontre un autre jour qui viendra au gré de mon désir, et non autien. Ne pousse pas tes perquisitions jusqu’à la cruauté pourdécouvrir comment je t’ai trompé, car il est impossible que tu ledécouvres. Après cet avis tout amical, regarde-moi bien, puiséloigne-toi ; car, quoique nous devions nous revoir un jour,il se passera bien du temps avant que ce jour arrive. »

De Walton gardait le silence, espérant que soncaptif, car il ne pensait pas qu’il pût s’échapper, pourrait, dansson humeur communicative, laisser échapper quelques nouveauxrenseignemens sur son compte, et il ne désirait nullementprécipiter une querelle qui devait probablement terminer une scènesemblable, ne se doutant pas, pendant ce temps, de l’avantage qu’ildonnait à l’audacieux chasseur.

Eu effet, comme Turnbull achevait sa dernièrephrase, il s’élança tout à coup en arrière et sortit du cercle quil’environnait ; avant qu’on pût s’imaginer quel était sondessein, il avait déja disparu à travers les bois.

« Arrêtez-le ! arrêtez-le !s’écria de Walton ; il faut absolument nous rendre maîtres dece coquin, à moins qu’il ne soit entré sous terre. »

La chose ne paraissait pas absolumentinvraisemblable, car près de l’endroit d’où Turnbull s’était élancése trouvait un ravin profond dans lequel il se précipita,descendant à l’aide de branches, de racines et de broussailles,jusqu’à ce qu’il fût arrivé au fond, d’où il put gagner les bois ets’échapper ensuite, mettant tout-à-fait en défaut les paysans mêmesqui connaissaient le mieux les localités, car il était impossiblede suivre ses traces.

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