Les Sœurs Vatard

Chapitre 3

 

Le premier amant de Céline s’appelait Eugène Tourte. Beau,grand, brun, l’air narquois et les yeux vainqueurs, il l’affola pardes gestes et des grivoiseries qui allaient loin. Il faisait tièdece soir-là. Sur la lisière d’un chemin perdu, près de bouquetsd’arbres qui se faisaient vis-à-vis et se déhanchaient au souffledu vent, comme, dans le quadrille d’un bastringue, les couplesbouffonnants des gouapes, elle culbuta, ne se voila pas, suivantl’usage, la face de ses mains, mais fermant simplement les yeux,tomba sans défaillance et se releva sans honte. Elle fut trèssurprise. Maintenant que sa curiosité était satisfaite, elle necomprenait plus comment les femmes s’attachaient si furieusementaux hommes. Alors c’était pour cela, c’était pour ces tâtonnementset pour ces douleurs, c’était pour cette trépidation d’une minute,pour ce cri arraché dans une secousse, qu’elles pleuraient et selaissaient caresser l’échine par les plus trapus des herculesbrocheurs. Ah! C’était bête! Puis, peu à peu elle écouta lesrévélations de sa chair, ses désirs montèrent, irritants et drus,elle comprit les lâchetés, les faiblesses, les désespoirs enragésdes filles! -elle devint insupportable. – Cette explosion detendresse qui la fit roucouler et se pâmer comme une bête, exaspérason amant, qui, après lui avoir préalablement meurtri les reins decoups de canne, la quitta et s’en fut travailler dans une maison dela rive droite.

Elle choisit alors pour maître Gabriel Michon, un gringaletchauve qui avait une joufflure d’ange et des regards noyésd’ivrogne. Celui-là lui gaula le fessier à coups de bottes, dès lepremier soir, puis deux autres le remplacèrent, se partageant enmême temps le bivac de ses grâces, et ils la quittèrent d’un communaccord, après une dispute terminée en des calottes qu’ils luiappliquèrent et de copieuses lichades qu’ils s’offrirent autourniquet, pendant que, se tenant les joues, elle pleurait avec unbruit d’écluse. Il y eut un instant de répit, puis Anatole entradans l’atelier comme monteur de presse, et, après qu’ils eurentfriponné dans des endroits noirs, ils devinrent amants, un jourqu’il pleuvait et qu’il s’offrit à lui aller chercher du fromage decochon pour son déjeuner.

Au fond, tous ces amours au débotté lui décrépissaient la faceet ne la contentaient guère. Tous ces va-et-vient, toutes cespirouettes avec l’un, toutes ces culbutes avec l’autre serésumaient en une alternance de mal en pis et de pis en mal.Celui-ci lui grugeait son argent et le buvait avec une autre,celui-là la battait comme plâtre, se moquant d’elle, lacontrefaisant, alors qu’effrayée de lui voir retrousser sesmanches, elle poussait des cris de bête qu’on égorge. En fin decompte, taloches sur le nez, coups de pieds dans le râble, telétait son lot; l’homme était plus ou moins fort, la danse plus oumoins vive: -voilà tout. – C’était assez naturel d’ailleurs.-Céline n’avait pas ces allures de farceuse qui réjouissent leshommes. Elle était jolie, chiffonnée, pimpante, belle fille même,avec cette maigreur délicate et comme ébranlée des filles qui sesont corrompues avant l’âge, mais les goujats de la brochure luipréféraient ces énormes truies dont les soies craquent sur leschairs massées et qui gouaillent, le bec en l’air, avec des riresqui leur secouent la gargoulette et leur font danser le ventre.

Pour comble de malchance, elle était avec cela très peupervertie et elle avait des étonnements d’enfant quand les hommes,causant entre eux, lui ouvraient des horizons d’ordures qu’ellen’avait même jamais soupçonnés, et puis, suivant l’expressiond’Eugène Tourte, elle était un peu  » maboule  » , rêvassant près deson bon ami à des amours câlins, se formant un idéal d’amoureux quil’embrasserait avec des douceurs de petite fille et lui offriraitune tartelette ou une fleur, le jour de sa fête. Ah! Bien, cen’était pas Eugène, cette dégoûtation d’homme, comme l’appelaientles ouvrières, qui lui aurait jamais donné un ruban ou un verre! Saface à baiser, tous les deux jours, son poing à subir, toutes lesdeux heures, et c’était tout. Voulant quand elle ne voulait pas, nevoulant pas quand elle voulait, il lui avait rendu la vie bienmalheureuse. – Eugène était, d’ailleurs, une gouape de la plusbelle eau. – Corrompu jusqu’aux moelles, mauvais comme une teigne,hargneux comme un cocher, il n’avait aucun égard pour les femmes,et il occupait ses soirées à poursuivre toutes celles quicheminaient, les abandonnant aussitôt qu’il les avait assezarrêtées pour qu’elles pussent aller faire une station sur les litsde la Bourbe. – Toutes les ouvrières des maisons de brochure leconnaissaient et le méprisaient, et toutes s’arrangeaient de façonà se faire enjôler par lui; – seulement, les femmes raisonnables,les filles qui avaient du coeur, ne se laissaient séduire qu’uneseule fois, certaines d’être quittées, au bout de huit jours sielles étaient jolies, au bout de quatre si elles étaient laides.Céline manqua d’expérience quand elle le connut. Elle ne pouvaitcroire d’ailleurs qu’un homme lâchât ainsi une fille qui s’étaitdonnée à lui. Elle le crut, le jour seulement où Eugène disparut duquartier et s’en fut boire, à la régalade, le cognac et l’amourd’une charbonnière.

Céline demeura triste. Elle songea bien à se jeter dans laSeine, mais elle se fit cette réflexion qu’elle souffrait déjà pource monstre d’homme et qu’il était bien inutile de souffrirdavantage, en s’offrant une agonie d’eau douce. Le coeur gros etles yeux pleins, elle geignit longuement, puis elle dîna chez unecamarade et s’offrit une telle indigestion de beignets que, nepouvant arrêter le bal de son estomac, elle l’accompagna, enmusique, de hoquets et de points d’orgue. Mal disposée comme elleétait, depuis une semaine qu’elle mangeait sans appétit et buvaittrop sans soif, elle fut atrocement malade, la poitrine défoncée,renversant tout ce qu’elle avalait. Quand son coeur eut terminé sesgambades et que tout fut bien remis en place, le bonheur de pouvoirse repaître de mangeailles, dont elle raffolait, telles que piedsde porcs, salade de céleris, miroton à la moutarde, lui fit trouverla vie plus douce, et elle ne garda de son premier malheur qu’uncertain alanguissement qui disparut au souffle du premier baiserqu’elle reçut en bouche.

Elle s’était pourtant promis de rester sage. Sa brouille avecEugène n’était pas survenue, d’ailleurs, sans une caresse prolongéede poings, et, pendant cinq jours, elle avait eu les épaulesmarbrées de plaques bleues, comme sur la peau d’une dinde lestaches azurées des truffes, mais, telle quelle, avec les ardeursque son premier homme avait amoncelées en elle, elle était sansdéfense; Michon la prit, la laissa, ses successeurs lui firentdanser une grande gigue de la croupe, en vis-à-vis tantôt avecl’un, tantôt avec l’autre; l’habitude était prise, elle auraitdansé, toute seule, devant un balai.

Comment aurait-elle pu faire, après tout? Elle était comme lamajeure partie des femmes. – Avait-elle un amant? Quel ennui!Quelle tâche! -n’en avait-elle pas? Quelle tristesse! Quel abandon!Ce n’était pas une existence que d’être avenante et jeune et den’avoir personne qui s’intéressât aux prouesses de vos mines, auxfêtes de vos yeux! -elle se débattait entre la volonté de ne plusservir d’objet au premier venu et la joie d’être espérée parquelqu’un, quand la nuit tombait.

Autrefois, lorsqu’elle revenait dans sa chambre, les piedsendoloris, les aines lui battant sous la peau, elle se déshabillaitau plus vite, s’enfouissait sous les couvertures et, les reinsharassés, en sueur, un malaise de brûlure au ventre, songeait à sonamoureux, au rendez-vous de la nuit prochaine. – Aujourd’hui, ellerentrait de bonne heure, se traînaillait d’une chaise à une autre,avait devant sa soupe des regards navrés, mâchait des bouts de fil,les recrachait ou les tortillait entre ses doigts, puis elle secollait le nez contre les vitres, bâillait aux mouches, retournaità sa place, descendait acheter chez la marchande de journaux pourdeux sous d’amour et d’assassinat, dormait avec des crampes dansles mollets et, se décidant enfin à gagner sa couche, se décoiffaitlentement, se grattant pensivement la tête, s’affaissant, lourde etmorne, sur le lit défait. Elle devenait avec cela d’une saleté depeigne, étant comme beaucoup de filles du peuple qui ne se livrentà de discrètes propretés que lorsqu’elles ont un homme. Une immenselâcheté la tenait, et, les nerfs exaspérés, elle ruminaitlonguement, se remémorant ses anciennes joies, écoutant, sous leremue-ménage des couvertures, les heures lentes sonner. – Ah!C’était par trop embêtant que de vivre ainsi! Et les persécutionsde sa chair la laissèrent sans force; elle avait subitement deschaleurs dans les mains et aux tempes, l’oeil se brouillait parinstants, quand, à l’atelier, ces paroles qui évoquent l’images’échangeaient entre les ouvrières, puis, à force d’observer cevigile jeûne de l’amour, les névralgies lui rompirent le crâne; envain elle essaya de mouches d’opium sur le front, de perles dequinine, rien ne réussit à la soulager.

Ce fut à ce moment qu’elle rencontra Gabriel Michon qui tenditvers elle sa frimousse édentée d’arsouille et la lui fit embrassersans répugnance. Elle reprit alors sa gaieté d’autrefois, rentrantà minuit, ne rentrant pas, s’attiffant, le matin, dès le saut dulit, plantant une violette ou une rose dans son filet, se couvrantles épaules d’un fichu bariolé de rouge vif. Désirée riait à lavoir se pommader avec tant de soin et se frotter les oreilles avecdu savon. – Elle resta même, un jour, très émerveillée. -Célineavait acheté, dans un bazar de la rue Bonaparte, une petite fioleavec une fleur peinte sur le goulot. – Cela sentait le réséda suri.Céline s’en était saucé le chignon et les joues et ç’ avait mêmeété une révolution, dans l’atelier, que ce luxe de parfums. -Toutes les femmes en voulaient avoir, et l’un des brocheurs dont lefrère était placier, dans cette partie, était venu le lendemainavec une tiolée de petits flacons qu’il vendait cinq, dix et quinzesous. – L’ouvrage avait peu marché, ce jour-là. Les femmes étaientétonnées de sentir bon et, le mouchoir sous le nez, elles sepâmaient d’aise, faisant les belles, se croyant irrésistibles, setraitant de « mesdemoiselles » et de « mesdames », comme si une larmede musc et d’ambre avait pu modifier le moule ensalopé de leurtête!

Et puis, réellement, cette ravigote pour accommoder les bassesviandes n’avait aucune raison d’être à l’atelier. – Les hommesn’étaient rien moins que des délicats. Ils ne se privaient guèredes bâfres pimentées de ciboulette et d’ail. Quelques verres de vinpar là- Dessus, du cognac, une pipe, et ils fleuraient la bouverieet le plomb.

Désirée trouvait cela peu ragoûtant. – Certes, elle n’aurait pasvoulu d’un monsieur qui aurait eu un chapeau noir, une barbe à larose et qui aurait fait de la mousse avec les lèvres, en parlant,ça l’aurait gênée; elle aimait à rire avec les ouvriers comme sonpère, des gens propres qui ne suaient pas la graisse et le vieuxoing, elle voulait un mari qui n’eût pas de taches à sa blouse, quise lavât les pieds tous les huit jours, un homme qui ne sepochardât pas et lui permît enfin de réaliser son rêve: avoir unechambre avec du papier à fleurettes, un lit et une table en noyer,des rideaux blancs aux fenêtres, une pelotte en coquillages, unetasse avec ses initiales dorées sur la commode et, pendue au mur,une gentille image, un petit amour par exemple qui frapperait à uneporte. Elle songeait souvent même à cette gravure qu’elle avait vuechez un marchand de bric-à-brac, et elle se figurait combienconfortable et gaie serait la pièce où, sur le chambranle de lacheminée, serait incliné ce tableau, réfléchissant, dans le verrede son cadre, le derrière d’un réveil matin et deux flambeaux dezinc, qu’elle cravaterait de bobêches en papier rose.

Elle n’avait jamais désiré plus. -vivre tranquillement, pouvoirconsacrer dix francs par année, pour élever un chien et posséder ensus de sa chambre un bout de cabinet où, derrière un rideau deserge verte, elle mettrait sa fontaine et son coke, toutes lesconvoitises de son âme se bornaient là!

Vatard pouvait dormir sur ses deux oreilles s’il avait jamais eudes craintes! Sa fille ne perdrait pas la tramontane et nechopperait point dans un moment de volonté perdue. Sa soeur luiavait rendu d’ailleurs un inappréciable service, en ne l’empêchantpas de mal tourner. Libre de riboter, tant qu’elle voudrait, ellen’en eut pas l’envie, elle gardait sa « fleur de mari », très décidéeà ne la laisser prendre que pour le bon motif. Et puis l’exemple deCéline était là et les mots tranchants de la fille qui a pensé à sejeter à l’eau lui tintaient encore dans les oreilles. Elle avaitassisté aussi à ses nombreux et faciles engouements, elle l’avaitvue traitée du haut en bas par Eugène, et, elle-même, s’étantavisée de l’appeler scélérat, s’était attiré une giroflée tellementfleurie que sa joue en avait gardé l’empreinte pendant tout unjour. Cette façon de clore les discussions n’avait pas été de songoût, et si l’exemple de sa soeur n’était pas tentant, celui desautres ouvrières ne l’était guère plus. Il y a véritablement dequoi détester les hommes quand on a vécu dans un atelier! Et cen’était pas un, ce n’était pas deux, c’étaient tous qui étaientainsi, tous, jusqu’au père Chaudrut, un vieil ouvrier, un vénérablebirbe, rasé de frais, l’oeil cagot, la démarche usée. Avec sonregard austère, sa surdité affligeante et son air bonhomme,Chaudrut n’était ni plus ni moins qu’une sacrée canaille! Tendrecomme un moineau et soulard comme une grive, c’était un compèredont les instincts d’ordure s’étaient accrus avec l’âge, c’étaitune terrine pleine de vices qui se renversait, de temps à autre,sur les robes jeunes et les éclaboussait des cordons aux pans.Criblé de dettes, poursuivi jusqu’à l’outrance par ses créanciers,ce sourdaud, terreur des mastroquets qui s’écroulent sous lecrédit, papillonnait avec ses lunettes en fil d’archal, roucoulait,se pavanait, mamourait, tout godichon, et en dépit de ses cheveuxqui prenaient la fuite, trouvait encore des jeunesses quis’essayaient à rallumer au feu rose de leurs lèvres les tisonsbrûlés de la sienne.

Il avait pour maîtresse une amie de Céline et de Désirée, unefemme séparée de son mari, une bonne fille, honnête dans son genre,et qui n’était même pas méprisable tant elle était goulue! Chaudrutadorait le lapin au vin, et il l’avait séduite avec ces ripaillesde chairs fades. Maintenant qu’il la tenait en sa possession, il nedéployait le peu de vigueur qui lui restait que pour lui asséner desoigneuses raclées. Cette façon d’envisager l’amour avait donné deplus en plus à réfléchir à Désirée. – Est-ce qu’elle serait jamaisheureuse avec des amants comme ceux-là? Il n’y avait pas à dire, onpouvait mal tomber en se mariant, mais enfin son père et sa mèreavaient vécu heureux, d’autres ménages qu’elle connaissait ne secognaient point ou rarement et encore parce qu’ils étaient ensembledepuis vingt ans, et que l’on s’impatiente à vivre si longtempsensemble! Son parti était bien arrêté: elle attendrait jusqu’à cequ’elle eût découvert un amoureux à sa convenance, un beau jeunehomme qui l’aimerait, un grand blond, si cela était possible, avecde longs cils et de fines moustaches. Parfois même, en travaillant,elle rêvait, l’oeil perdu, à son futur, elle se figurait le voir etêtre mariée avec lui, depuis un mois; le matin, elle se levait,après l’avoir gentiment embrassé sur les yeux, lui faisait sonnoeud de cravate, lui tirait sa blouse dans le dos pour l’empêcherde couvrir le col, et, elle-même, après avoir rangé son petitménage et mis en une tasse, dans son panier, du ragoût de la veillequ’elle réchaufferait à l’atelier sur sa lampe à esprit de bois,partait à son tour, un peu en avance, afin de pouvoir baguenauderdevant les merceries et se donner le bonheur d’envier une bellecollerette de quinze sous qu’elle achèterait, le samedi suivant,quand elle aurait touché sa paie.

Au demeurant, elle était très grande dame, n’admettait lemariage qu’avec une aisance qui lui permettrait de dépenser aumoins dix francs par mois pour sa toilette, et, tout en cousant lesfeuilles, elle additionnait des chiffres, supputant le salaire deson mari et le sien, souriant à l’idée que, dans la maisonDébonnaire, les autres femmes crieraient, à la voir entrer avec unfilet neuf et gansé de rouge: -mâtin! Vous êtes chic, vous!

Le tout était de trouver l’homme qui pût remplir ces conditions.- Certes, depuis qu’elle avait atteint l’âge de puberté et mêmeavant, les amoureux n’avaient pas fait défaut. – Elle avait unefrimousse tentante, elle avait surtout cette allure qui friponne,si plaisante chez les jeunes femmes, mais aucun de ses prétendantsne lui avait plu, de jolis séducteurs qui la fréquentaient aprèss’être enfourné des canons et qui avaient encore des stalagmitesvineuses aux moustaches quand ils se rengorgeaient et montraientleurs dents!

– Tu es trop ambitieuse, tu finiras mal, lui disait sa soeur, etla petite, qui se regardait dans une glace, mirait complaisammentsa roseur friande, se dandinant un peu, se donnant de petits coupssur les cheveux, pour les faire bouffer.

– Tiens, pourquoi donc pas, répondait-elle, je ne suis pas plusmal qu’une autre peut-être, j’ai bien le droit d’avoir del’ambition.

-elle était soutenue en cela par son père, qui ne tenait pas àla marier. – C’était elle surtout qui s’occupait du ménage, aussila contemplait-il, d’un air attendri, murmurant: – C’est de l’or enbarre que ma fanfan, ce n’est pas moi qui la forcerai jamais àépouser un homme dont elle ne voudrait point. Je ne suis pas unpère dénaturé, et comme s’il croyait ou voulait faire croire quedes parents avaient la puissance d’obliger leurs progénitures à semarier contre leur gré, il profitait de son expansion de bon pèrepour obtenir de Désirée tout ce dont il avait envie.

N’ était-elle pas d’ailleurs sa préférée? Certainement il aimaitl’autre et beaucoup, mais ce n’était pas la même chose. Sans doute,Céline était une bonne fille, plus caressante parfois que lapetite-quand elle avait retrouvé un homme, – mais elle avait uncaractère inégal qui était vraiment insupportable. Toute la maisonsubissait les inquiétudes de ses passions, les colères de sesruptures. Le jour où elle était abandonnée par son amant, c’étaitune tempête pour tous les plats; elle fourgonnait avec une tellevigueur dans le poêle que tout l’édifice tremblait. Ces alternancesde bonne humeur et de furie désolaient son père. Quant à la mère,elle vivait indifférente, l’oeil fixé avec stupeur sur son ventrequi grondait, incapable de remuer deux idées et deux doigts.

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