Vêtus de pierre

Chapitre 1Vroubel-le-Noir

 

Serguéi Roussanine et Mikhaïl Beidéman ne fontqu’un. Ce n’est pas d’emblée que j’ai appris à connaître lapénétrabilité des corps, la possession d’une personnalité par uneautre. Cela remonte au temps où je suis devenu le fils de la mèrede Mikhaïl, le mari de son épouse momentanée. Pour le reste… jen’en dirai rien. Bref, obsédé par la personnalité et le destin deMikhaïl, je m’identifie parfois à lui, au point d’oublier mon nompour prendre le sien.

C’est ainsi que la semaine passée, commej’allais acheter au marché cinq livres de pommes de terre, levertige m’a fait asseoir sur le parvis de cette église où on avaitdécouvert en 1917 une mitrailleuse sur le clocher et hissé à saplace un drapeau rouge. Moi, je ne me souviens pas de mon état,mais au dire d’Ivan Potapytch, informé par ceux qui m’ont conduit àl’asile d’aliénés, je serais resté là avec mon sac jusqu’au soir,éveillant la compassion des marchandes. Le Russe, on le sait, estaussi charitable que cruel. Les bonnes femmes m’ont donné à mangeret voulaient me ramener chez moi, mais je leur ai déclaré que jen’avais pas de domicile, venant d’être élargi de la forteressePierre et Paul. J’y avais été enfermé du temps du tsarévitch AlexéiPétrovitch, disais-je, et m’y étais constamment employé à attraperles souris sur les pieds de la princesse Tarakanova. Malgré ledanger mortel qui la menaçait, elle avait longtemps gardé sacandeur féminine et moins redouté l’inondation de son cachot queles souris qui sautillaient en masse sur le velours rouge de sarobe de bal.

Je me rappelle fort bien l’asile d’aliénés.Quand le médecin chef me demanda qui j’étais, j’évoquai aussitôt leplus joli moment de la vie de Mikhaïl et, les épaules relevées, jem’en allai d’un pas léger à l’autre bout de la pièce, comme pourinviter à une contredanse Véra Lagoutina. Je me présentai ensuiteavec un salut cérémonieux.

– Mikhaïl Beidéman, élève du troisièmecorps de l’école Constantin.

Et j’ajoutai en français :

– Mieux vaut tard que jamais !

Cela signifiait que je voulais réparer tousmes torts envers mon ami, à commencer par la jalousie quem’inspirait sa beauté.

Le médecin-chef et ses aides, si utiles qu’ilssoient, ne sont que des fourmis laborieuses, à l’horizon étroit.Ils me crurent fou et me firent mettre dans une baignoire. Mais lesautres prétendus malades m’avaient fort bien compris etm’acclamaient.

Quant au peintre Vroubel, que j’aime entretous, il m’aborda sous l’aspect d’un escogriffe à barbe noire et medit :

– Je suis ainsi depuis l’affranchissementdéfinitif que m’a révélé ma dernière œuvre : le portrait deValéri Brussov. Mais vous m’avez reconnu, à ce que je vois, je vaisdonc vous expliquer un de mes tableaux. À ce soir.

Je suis content d’avoir passé une semaineparmi les fous. Comme je l’avais soupçonné, là aussi les étiquettesdes choses terrestres sont interverties, et ces fous sont les pluslibres des hommes. Ils ont jeté bas le masque. Car enfin, le toutest de vaincre l’espace. Les gens masqués avancent en ligne droite,tandis que nous, nous sommes pareils aux crabes … Mais je n’ose enparler que par allusion.

Voici comment débute la pénétrabilité descorps, leur possession par d’autres : le coude gauche plié à45°… comme un poignard, et d’un élan, vos talons s’emboîtent dansses talons à lui, votre sinciput dans le sien. C’est toujours ainsique je procède pour m’identifier à Mikhaïl, et il en résulte unelégère nausée.

Vroubel a, paraît-il, fait de même avecl’escogriffe à barbe noire. Il me l’a conté ce soir-là, enexpliquant la raison de sa métamorphose. Mais nous yreviendrons ; pour l’instant il me faut aller en ligne droite,afin que le lecteur me comprenne, c’est-à-dire continuer manarration dans le style usuel : proposition principale séparéede la subordonnée par une modeste virgule.

À part mes entretiens prolongés avec lepeintre sur des sujets que nous comprenions l’un et l’autre, maisqui faisaient sourire le médecin chef, on ne trouva rien de bizarredans mon comportement. Et puis, le troisième jour, je mis lemasque, et après m’être excusé d’avoir importuné le personnelmédical, je demandai poliment à rentrer chez moi, supposant IvanPotapytch et ses braves petites filles inquiets de ma disparition.Je me bornai à répondre aux questions, je donnai le numéro detéléphone d’Ivan Potapytch. Il est aujourd’hui gardien à laCoopérative et, selon la tendance actuelle à l’égalité absolue, ilpeut téléphoner aux institutions, tout comme son chef supérieur. Ilfut très heureux de me revoir et s’empressa de m’offrir une bellepomme, en spécifiant, méticuleux comme toujours, que cette annéeles pommes coûtaient moins cher que les concombres.

Le médecin chef autorisa Potapytch à m’emmenerà la maison, en lui recommandant de ne plus me laisser sortir.

– La congestion cérébrale peut serépéter, dit-il, et le vieux risque de passer sous un tramway.

J’allais répliquer au docteur que je pouvaisôter mon masque quand bon me semblait, et qu’il n’y avait donc paslieu de qualifier de congestion cérébrale ce moyen d’élargir maconscience… Mais je préférai me taire. Obstinés comme ils sont dansleurs notions tronquées, ils m’auraient encore replongé dans labaignoire. Or, j’avais hâte de rentrer pour prendre du thé avec mapomme et noter la merveilleuse découverte de Vroubel, si importantepour le genre humain.

Mais procédons par ordre, pour fairecomprendre au lecteur comment on cesse d’être « vêtu depierre ».

La communion par la pensée en dépit del’espace et du temps, destinée à figurer un jour au chapitre descalculs mathématiques et dont l’enseignement sera plus en vogue quecelui de la rythmique, j’en ai ressenti l’effet dès 1863, quandj’accompagnais en Crimée la mère de Beidéman.

Après que notre tentative puérile de délivrerMikhaïl eut échoué en causant la mort de Piotr, sa mère éprouvasoudain une défaillance physique, qui pourtant n’affecta en rienson moral. Comme son malaise (un trouble aigu de l’activitécardiaque) empirait à vue d’œil, elle nous déclara qu’elle voulaitrecourir sans retard à un dernier moyen : demanderpersonnellement à l’empereur la grâce du détenu. Me sentant pourelle une piété filiale, je ne pouvais me résoudre à la laisservoyager seule, et je l’escortai.

Elle tomba sérieusement malade. Nous fûmescontraints de descendre dans une affreuse petite ville et loger àl’hôtel.

C’est alors que cela se produisit…

Il y a beaucoup à apprendre d’un moribond quia quelque chose à dire. Car tout ce qui nous assimile les uns auxautres ou nous crée des avantages dans le domaine de l’instruction,du savoir-vivre, etc., – ce qu’on appelle de nos jours les «valeursculturelles » – tout cela s’efface devant la mort, le plusgrand des mystères, quelle que soit la façon dont onl’envisage.

Le seul avoir que l’homme garde jusqu’à lafin, c’est la capacité de son âme. Or, l’âme de cette mourantecontenait un monde ardent.

Lorsque, après un violent accès, elle compritqu’elle n’atteindrait pas la Crimée, tout son être exprima uneindicible souffrance. Mais, livrée à elle-même, elle ne tarda pas àretrouver son empire. Exempte de cette dévotion féminine qui secramponne au prêtre, sa confiance dans la sagesse et la bontésuprêmes auxquelles tend le monde malgré les adversités de la vie,était si absolue, qu’elle lui assurait la paix pour elle-même etlui donnait l’amour indulgent d’une mère pour tous ceux quil’approchaient.

Peu loquace et – comme toute naturerecueillie– attentive au moindre déséquilibre des autres, elleprofita des répits que lui accordait son agonie, pour m’amener pardes questions simples, dont pas une ne s’avéra futile, à faire lebilan de mes réflexions et de mes sentiments. Elle avait le talentd’aider et d’offrir sans rien imposer…

Ne s’agit-il pas là de ces traits, sicharmants chez une âme à la fois naïve et sage, et que le sceptiquele plus blasé découvre dans les dialogues de Marguerite et deFaust ?

Les femmes auront beau se couper les cheveux,fumer des cigarettes, les mains aux hanches, et rédiger des traitésà l’égal des hommes, leur qualité propre sera toujours cet amourmaternel qui embellit le monde des vivants. Ce sera ainsi dansl’avenir, comme cela fut dans le passé !

Cette vieille femme qui se mourait, minée parle chagrin, était comme une artiste obligée de porter de lourdespierres tout le jour et pouvant se consacrer seulement le soir àson travail préféré.

L’harmonie, fondement d’une âme noble, prêtaitune grâce ineffable à son être intérieur qui s’en allait.

– Stécha ! dit-elle à la femme dechambre, en lui montrant la bouilloire bleue que celle-ci venaitd’apporter. Stécha, bouche le bec avec un tampon d’ouate propre. Auretour de Sérioja, le thé sera refroidi, et si j’étais morte, je nepourrais plus te dire de le réchauffer.

Mais je revins à temps, heureusement…

Ah, cette dernière joie terrestre qui illuminaà mon entrée son visage serein ! Craignant qu’il ne fût troptard, elle ôta bien vite une clef pendue à son cou et me fit signede lui apporter sa cassette de noyer. Je l’ouvris ; elle meremit une enveloppe en gros papier gris, portant ensuscription : « Larissa Polynova ».

– Cette femme a aimé Mikhaïl, elle ferace que je n’ai pu faire… Elle a ses entrées à la cour. Vous latrouverez sans peine à Yalta.

Puis la malade ferma les yeux. Son souffledevenait toujours plus saccadé, les battements du cœur se voyaientà travers la blancheur de la camisole. Elle ne pouvait resterétendue. La tête haute, elle ouvrit, face à la large fenêtre, sesyeux bleus soudain rajeunis.

Le couchant déployait sa pourpre dans le cieloù le grand soleil semblait lourd et fumeux. Je me rappelaisubitement, avec une douloureuse angoisse, l’inoubliable couchantdu jour de la promotion, quand j’avais rattrapé Mikhaïl dans lacour de l’école militaire. La ressemblance était complétée parl’éclat aveuglant des vitres.

« Que devient Mikhaïl ? Sent-il quesa mère est en train de mourir ? »

Elle se souleva dans son lit, comme poursuivre le soleil à son déclin, et me dit à voix basse, maisdistinctement :

– Sérioja, allons voir monfils !

Elle serra mes mains dans les siennes.

Je revins à moi le lendemain, dans le lit dema chambre d’hôtel. Le docteur qui prenait mon pouls, me défenditde me lever et de m’agiter ; il me raconta ensuite que laveille au soir, vers huit heures, après le coucher de soleil, onm’avait trouvé sans connaissance dans un fauteuil au chevet de lavieille madame Beidéman. Morte, elle me tenait toujours les mains.On avait eu de la peine à me dégager.

Je n’en demandai pas davantage et ne leur dispas toute la vérité. Mais je vais le faire maintenant.

À peine m’avait-elle pris les mains, que lesoleil se coucha laissant un éclairage étrange, diffus, tel qu’onn’en voit que dans les rêves.

J’étais avec elle dans une barque, je souquaissur les rames tant que je pouvais. Nous traversâmes en un clind’œil la Neva et atteignîmes la porte Nevski de la forteressePierre et Paul. Je me demandais pourquoi nous n’étions pas entréspar la porte principale. Mais elle me la montra de sa main légère,et j’aperçus une foule massée le long des remparts. Nous n’aurionspoint passé là par terre ferme. Les paysans des régions deNovgorod, d’Olonetz et de Pétersbourg s’affairaient dans l’eaujusqu’à mi-corps. À défaut d’outils et de brouettes, ils creusaientla terre avec les mains et, n’ayant pas de sacs, la montaient surles remparts dans les pans de leurs chemises. Ils avaient des faceslivides, d’énormes yeux blancs. Leurs longues dents jaunesclaquaient de froid. Ils me faisaient grand-pitié, mais je réalisaiaussitôt que la mère de Beidéman et moi étions invisibles, sansquoi nous aurions inévitablement attiré l’attention de deuxcortèges pompeux surgis devant nous : à gauche, du côté de latonnelle, l’impératrice Catherine Première avec ses damesd’honneurs ; à droite, le grand tsar Pierre montant au clocheravec sa suite, pour écouter le carillon de l’horloge.

Je n’étais nullement surpris de voir despersonnages morts depuis des siècles : ils étaient, comme moi,dans le temps. Or, qu’est-ce que le temps ? une fiction.

Le tsar Pierre redescendit du clocher avec sescourtisans, et après avoir rallié sur la « place dedanse » l’escorte de Catherine, il marcha à grands pas vers lamaison de l’aïeul de la flotte russe, tout en plaisantant avec unejolie demoiselle d’honneur. Lorsque nous fûmes parvenus à la grilledu bastion Troubetskoï, la princesse Tarakanova, les mains jointesau-dessus de sa tête pâle, tomba à genoux devant madame Beidéman.Une précieuse dentelle et des lambeaux de velours pourri couvraientà peine sa belle nudité. La mère de Mikhaïl lui apposa sur la têtesa main légère, telle une abbesse donnant en passant l’absolution àune novice fautive, et nous nous remîmes en route. Quant autsarévitch Alexéi, il nous suivait de loin à pas de loup. Sa longuetête rentrée dans les épaules, il nous fixait d’un regardmalveillant. Nous passions entre la Monnaie et le bastionTroubetskoï. Une grande porte nous barra le chemin ; nous lafranchîmes je ne sais comment, car elle était fermée. Une autreapparut, celle du ravelin Alexéevski. Elle s’ouvrit d’elle-même,comme une énorme gueule béante. Nous pénétrâmes sous la voûteaménagée dans l’épaisseur de la muraille, traversâmes un canal auxeaux noires. Voici un édifice sans étage, de forme triangulaire,aux fenêtres éclairées.

Deux silhouettes surgirent devant le dernierportillon. La plus haute, en capote de médecin-major, marmottaitd’une voix sépulcrale.

– Je suis vieux, ma tête a blanchi à ceposte, mais je ne me souviens pas d’avoir vu quelqu’un sortir d’icipour aller ailleurs qu’au cimetière ou à l’asiled’aliénés !

Et il éclata d’un rire sardonique.

La pauvre mère se couvrit le visage des deuxmains, dans un geste de désespoir ; je tâchai de laréconforter :

– Cela ne nous regarde pas, c’est Vilms,le médecin de la prison, une brute indigne de son charitablemétier, qui a adressé jadis ces paroles cruelles auxnarodovoltsy[6].

Sans doute, chacun ici reste figé dans soncrime, ainsi que dans les cercles infernaux de Dante.

– Entrez, puisque vous voilà ! nouscria furieusement un autre spectre ignoble, qui leva sa lourdepoigne, comme pour frapper ; puis il l’abaissa en agitant sesdoigts courts. Ses yeux de reptile, aux prunelles glauques etternes, nous regardaient sans cligner, avec une cruautéstupide.

– Sokolov, – j’avais reconnu le geôlier,– conduisez-nous auprès de Beidéman !

– Si vous avez un laissez-passer, je veuxbien ; sinon, je vous bouclerai à votre tour, répliqua-t-il,mais à ce moment la lune bleue descendit du ciel pesant comme unecoupole d’émail.

La lune nous recouvrit…

À peine franchi le seuil du cachot de Mikhaïl,je me retournai instinctivement pour voir si je pourraisressortir.

Des barreaux de fer rayaient de leurs ombresnoires les vitres mates. Les murs, très humides, semblaient tendusde velours sombre jusqu’à hauteur d’appui. Je les touchai du doigtet écrasai une infecte moisissure verdâtre.

À gauche il y avait un énorme poêle revêtu decarreaux de faïence, dont la bouche donnait sur le couloir ;un vieux lit en bois était placé contre le mur d’en face. Quelqu’ungisait là, par terre, sans connaissance.

« C’est Mikhaïl », me dis-je, etj’allais m’élancer vers lui, lorsque sa mère m’entraîna loin de laporte. Il était temps : le volet du judas se souleva, onregarda au travers. Les verrous grincèrent, le docteur entra,accompagné de Sokolov et des gardiens. Ceux-ci relevèrent l’hommeétendu. Son visage était violacé, un linge attaché au montant dulit lui serrait le cou. Le docteur le dégagea et lui fit larespiration artificielle. Le sang jaillit de la bouche et du nez.Le visage devint blafard.

Je reconnus Mikhaïl. Une maigreur squelettiqueaccentuait les pommettes ; le nez fin et busqué était tendud’une peau jaune de cadavre. Les yeux, dont les tourments avaientéteint le fier éclat, fixaient l’espace d’un regard morne, oùcouvait un timide espoir.

– Suis-je mort ? demanda-t-il.Aurais-je réussi ?

– Oui, à perdre la raison ! réponditrudement le docteur. Enlevez-lui le linge et les draps pourl’empêcher de recommencer…

Les gardiens ôtèrent les draps, Mikhaïl sesouleva, les yeux étincelants de rage ; on pouvait s’attendreà tout… C’est alors que sa mère s’avança vers lui, les brastendus.

– Maman, enfin ! Incapable decontenir sa joie, Mikhaïl sanglota comme un enfant, malgré laprésence des étrangers.

– Le voilà calmé sans camisole de force…dit un gardien.

– Il est affaibli, la nuit il se tiendratranquille, conclut le médecin, et il sortit, suivi des gardiensqui emportaient les draps et le linge de toilette.

La porte fut de nouveau verrouillée. Uneveilleuse puante éclairait faiblement le corps décharné duprisonnier, allongé sur la paillasse crasseuse. Ses yeux démentsbrillaient, des larmes sillonnaient ses joues exsangues, ilbredouillait d’une voix monotone comme le bruit d’un balancier.

– Maman, emmène-moi, maman, je vaispérir…

– Qu’est-ce que tu fais là, SerguéiPétrovitch ? Tu écris en dormant, ou quoi ? C’était IvanPotapytch qui me secouait par les épaules. Viens prendre lethé.

Je revins à moi. Le silence régnait alentour.Les fillettes dormaient. Je bus du thé avec Potapytch. Puis il allas’étendre sur le divan. Moi, quand tout le monde est couché, jefais mon lit sur le plancher.

– N’oublie pas d’éteindrel’électricité ! me dit Potapytch. Ça se voit de la rue, pourpeu qu’un voisin nous dénonce, on nous coupera le courant.

Il masqua la fenêtre d’un vieux tapis. Jerelus mon manuscrit. Comment y faire la part de la vérité et del’hallucination ? demandera-t-on. Que le lecteur curieux medise d’abord ce qu’on doit considérer comme vrai ; ce qui vousarrive sans vous érafler l’âme le moins du monde, où ce qui, àpeine aperçu, se grave à jamais dans votre mémoire, comme la véritéla plus indispensable, la plus éclatante ?

La vérité n’est-ce pas ce que l’on peutpalper ? Eh bien, cette vérité-là, c’était la grosse enveloppegrise contenant la lettre que la mère de Mikhaïl avait adressée àLarissa Polynova, dans l’espoir qu’elle irait solliciter à sa placel’empereur.

Quant à l’escogriffe à barbe noire qui sefaisait passer pour Vroubel, c’est peut-être une vision de rêve.Mais, on le sait bien, c’est le rêve qui a permis de découvrirl’Amérique, et pas seulement l’Amérique…

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer