Guerrier De Lumière – Volume 3

Chapitre 9Une place au paradis

Il y a des années, vivaient dans le Nordeste du Brésil un hommeet une femme très pauvres, dont le seul bien était une poule. Grâceaux œufs qu’elle pondait, ils parvenaient péniblement àsurvivre.

Mais voilà que, la veille de Noël, la poule mourut. Le mari, quin’avait que quelques centimes, bien insuffisants pour acheter de lanourriture pour le repas de ce soir-là, alla chercher de l’aideauprès du curé du village.

Pour toute aide, le prêtre déclara simplement :

« S’Il ferme une porte, Dieu ouvre une fenêtre. Vu que, avecvotre argent, vous n’aurez presque rien, allez au marché et achetezla première chose que l’on vous offrira. Je bénis cet achat et,comme Noël est le jour des miracles, quelque chose va se passer,qui va changer votre vie pour toujours. »

L’homme n’était pas certain que ce fût la meilleure solution, ilse rendit cependant au marché ; le voyant errer sans but, uncommerçant lui demanda ce qu’il cherchait.

« Je ne sais pas. J’ai très peu d’argent, et le curé m’a ditd’acheter la première chose que l’on m’offrirait. »

Le commerçant, bien que richissime, ne manquait jamais uneoccasion de faire du profit. Il s’empara immédiatement des piècesque tenait l’homme, griffonna quelques mots sur un bout de papieret le lui tendit.

« Le curé a eu raison ! Comme j’ai toujours été bon, en cejour de fête, je vous vends ma place au paradis ! Voici lecontrat ! »

L’homme prit le papier et s’éloigna, tandis que le commerçant sesentait très fier d’avoir fait encore une excellente affaire. Lesoir, alors qu’il se préparait pour le souper dans sa maisonremplie de domestiques, il raconta l’histoire à sa femme, ajoutantque c’était grâce à sa faculté de raisonner rapidement qu’il avaitréussi à devenir très riche.

« C’est une honte ! s’exclama la femme. Agir ainsi le jourde la naissance de Jésus ! Va chez cet homme et reprends cepapier, ou bien tu ne remettras pas les pieds ici ! »

Effrayé par la fureur de son épouse, le commerçant se résolut àlui obéir. Après qu’il eut beaucoup cherché, il trouva enfin lamaison de l’homme. Lorsqu’il entra, il vit le couple assis devantune table vide, le papier au milieu.

« Je suis venu jusqu’ici parce que j’ai commis une erreur,dit-il. Voici votre argent, rendez-moi ce que je vous ai vendu.

– Vous n’avez pas commis d’erreur, rétorqua le pauvre. J’aisuivi le conseil du prêtre, et je sais que ce papier est béni.

– Ce n’est qu’un bout de papier : personne ne peut vendre saplace au paradis ! Si vous le voulez, je vous en donne ledouble. »

Mais le pauvre ne voulait pas vendre, car il croyait auxmiracles. Petit à petit, le commerçant fit monter son offre, quiatteignit la somme de dix pièces d’or.

« Cela ne m’avancera pas, dit le pauvre. Je dois donner à mafemme une vie plus digne, et pour cela cent pièces d’or sontnécessaires. Voilà le miracle que j’attends en cette nuit de Noël.»

Désespéré, sachant que s’il s’attardait davantage, personne chezlui ne dînerait ni n’assisterait à la messe de minuit, lecommerçant paya finalement les cent pièces d’or et reprit le boutde papier. Pour le couple pauvre, le miracle s’était réalisé. Quantau commerçant, il avait fait ce que sa femme lui avait demandé.Mais l’épouse se mit à douter : n’avait-elle pas été trop dure avecson mari ?

Dès que fut terminée la messe de minuit, elle alla voir le curéet lui raconta l’histoire.

« Mon père, mon mari a rencontré un homme à qui vous aviezsuggéré d’acheter la première chose qui lui serait offerte. Voulantgagner de l’argent facile, il a écrit sur un papier qu’il vendait àl’autre sa place au paradis. J’ai dit à mon mari qu’il ne dîneraitpas chez nous ce soir s’il n’allait pas rechercher ce bout depapier, et finalement il a dû payer cent pièces d’or. Ai-jeexagéré ? Est-ce qu’une place au paradis a vraiment un telprix ?

– Premièrement, votre mari a su se montrer généreux en ce jourqui est le plus important pour les chrétiens. Deuxièmement, il aété l’instrument de Dieu pour la réalisation d’un miracle. Maispour répondre à votre question : quand il a vendu sa place au cielpour quelques centimes, elle ne les valait même pas, mais aprèsqu’il eut décidé de la racheter pour cent pièces d’or, uniquementpour faire plaisir à la femme qu’il aime, je peux vous assurerqu’elle vaut beaucoup plus que cela. »

(d’après un conte hassidique de David Mandel)

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