Guerrier De Lumière – Volume 3

Chapitre 2Comment avons-nous survécu ?

Que nous tentions toujours d’améliorer notre santé, notre modede vie et notre rapport à la nature, c’est très bien, mais jecommence à trouver que l’on exagère un peu.

Je reçois par la poste trois litres de produits qui remplacentle lait ; une société norvégienne veut savoir si je suisintéressé à investir dans la production de ce nouveau typed’aliment, vu que, de l’avis du spécialiste David Rietz, « TOUT(les majuscules sont de lui) lait de vache contient 59 hormonesactives, beaucoup de graisse, du cholestérol, des dioxines, desbactéries et des virus ».

Je pense au calcium dont ma mère, quand j’étais petit, me disaitqu’il était bon pour les os, mais le spécialiste me réplique : « Lecalcium ? Comment est-ce que les vaches peuvent acquérir assezde calcium pour leur volumineuse structure osseuse ? Par lesplantes ! » Bien sûr, le nouveau produit est fait à base deplantes, et le lait est condamné sur la base d’innombrables étudesfaites dans les instituts les plus divers répandus dans lemonde.

Et la protéine ? David Rietz est implacable : « Je sais quel’on appelle le lait viande liquide (je n’ai jamais entendu cetteexpression, mais il doit savoir ce qu’il dit) à cause de la hautedose de protéine qu’il contient. Mais c’est la protéine qui faitque le calcium ne peut être absorbé par l’organisme. Les pays quiont un régime riche en protéines ont également un indice élevéd’ostéoporose (absence de calcium dans les os). »

Le même après-midi, je reçois de ma femme un texte trouvé surInternet :

« Les personnes qui ont aujourd’hui entre 40 et 60 ans montaientdans des voitures qui n’avaient pas de ceinture de sécurité,d’appui-tête ou d’airbag. Les enfants étaient en liberté sur labanquette arrière, chahutant et s’amusant à faire des bonds.

Les berceaux étaient peints avec des peintures “douteuses”,puisqu’elles pouvaient contenir du plomb ou d’autres élémentsdangereux. »

Moi par exemple, je fais partie d’une génération qui pratiquaitles fameux carrinhos de rolimão (je ne sais pas comment expliquercela à la génération actuelle – disons que c’étaient des boules demétal attachées entre deux cercles de fer) et nous descendions lespentes de Botafogo, en freinant avec nos chaussures, tombant, nousblessant, mais fiers de cette aventure à grande vitesse.

« Il n’y avait pas de téléphone mobile, nos parents n’avaientaucun moyen de savoir où nous étions : comment était-cepossible ? Les enfants n’avaient jamais raison, ils étaienttoujours punis, et ils n’avaient pas pour autant des problèmespsychologiques de rejet ou de manque d’amour. À l’école, il y avaitles bons et les mauvais élèves : les premiers passaient à l’étapesuivante, les autres étaient recalés. On n’allait pas chercher unpsychothérapeute pour étudier leur cas, on exigeait simplementqu’ils redoublent. »

Et pourtant nous avons survécu avec des genoux écorchés etquelques traumatismes. Non seulement nous avons survécu, mais nousnous rappelons, avec nostalgie, le temps où le lait n’était pas unpoison, où l’enfant devait résoudre ses problèmes sans aide, sebattre quand c’était nécessaire, et passer une grande partie de lajournée sans jeux électroniques, à inventer des jeux avec sesamis.

Mais revenons au thème initial de cette colonne : j’ai décidéd’expérimenter le nouveau produit miraculeux qui remplacera le laitassassin.

Je n’ai pas pu aller au-delà de la première gorgée.

J’ai demandé à ma femme et à ma bonne d’essayer, sans leurexpliquer ce que c’était : elles m’ont dit toutes les deux qu’ellesn’avaient jamais goûté quelque chose d’aussi mauvais de leurvie.

Je suis préoccupé pour les enfants de demain, avec leurs jeuxélectroniques, leurs parents et leurs mobiles, lespsychothérapeutes qui les aident à chaque défaite, et – surtout –obligés de boire cette « potion magique » qui les protégera ducholestérol, de l’ostéoporose, des 59 hormones actives, destoxines.

Ils vivront en excellente santé, très équilibrés, et, quand ilsseront grands, ils découvriront le lait (à ce moment-là, peut-êtreune boisson hors la loi). Peut-être qu’un scientifique en 2050 sechargera de racheter un produit qui est consommé depuis lecommencement des temps.

Ou bien obtiendra-t-on seulement le lait grâce à des trafiquantsde drogues ?

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