Chapitre 17Encore des histoires d’amis et d’inconnus
La Hollandaise au club
En 1982, j’avais beau avoir un bon emploi dans une maison dedisques et gagner beaucoup d’argent grâce à des textes de chansons,je me sentais profondément malheureux. Pire encore : comme la vieétait généreuse avec moi, je me sentais coupable. J’ai donc décidéde tout laisser et de courir le monde, jusqu’à ce que je trouve unsens à l’existence.
Au cours de ces aventures, j’ai vécu un certain temps enHollande, à Amsterdam, qui était le symbole de la liberté totaledans tous les sens. J’y fréquentais le Kosmos – une sorte de cluboù se réunissaient les personnes avec qui j’avais desaffinités.
Un soir, une Hollandaise m’a demandé comment était leBrésil.
J’ai commencé à parler de nos problèmes : la dure répression durégime militaire, les inégalités sociales, la misère, laviolence.
« Mais toi, tu vis dans le meilleur endroit de la Terre.Qu’est-ce que cela fait de se réveiller tous les jours auparadis ? »
La Hollandaise s’est tue un long moment. Puis elle a répondu:
« C’est horrible. Ici tout va très bien, il n’y a plus aucundéfi, aucune émotion. Si seulement j’avais tes problèmes – j’auraisde nouveau la sensation de faire partie de l’humanité. »