L’Arme invisible – Les Habits Noirs – Tome IV

Chapitre 13L’arrestation

 

C’était une chambre de belle étendue, ornéesuivant le style des premières années du règne de Louis XVI.

On sentait là le château encore plus que lamaison parisienne : les meubles étaient du temps et n’avaientpoint été changés depuis la création de l’hôtel.

Les boiseries sculptées ménageaient de largespanneaux, remplis par des tapisseries des Gobelins, représentantdes sujets de chasses traités dans le goût mythologique et qui serapportaient aux motifs de la frise, où des chiens et des cerfscouraient tout autour du plafond.

Les sièges, également en gobelins, avaient desmédaillons empruntés à la vénerie moderne.

C’avait été l’appartement du fils unique de lamarquise d’Ornans, qui était mort justement, disait-on, d’unaccident de chasse.

Les deux fenêtres, maintenant fermées,donnaient sur le jardin, dont la lune éclairait les magnifiquesbosquets.

Il y avait un grand cabinet, fermé seulementpar une draperie, et dont la croisée ouverte laissait passer lebruit des feuillages doucement agités par le vent.

Mlle de Villanove était assiseauprès d’un meuble de Boule, formant bureau : celui-là mêmedont elle avait rabattu la tablette lors de l’arrivée ducolonel.

On voyait à l’autre bout de la chambre, entreles rideaux relevés de l’alcôve, le lit, dont la couverture étaitfaite.

Valentine elle-même avait sa toilette de nuitsous le peignoir brodé qui recouvrait ses épaules, et sesadmirables cheveux noirs dénoués tombaient en désordre autourd’elle.

Le colonel Bozzo venait de partir ;Valentine avait le coude appuyé sur un cahier de papier à lettredont la première page était aux trois quarts couverte d’écriture,et sa main soutenait son front.

La lumière de la lampe éclairait vivement sonvisage très pâle, mais marqué, vers les pommettes, de deux tachesde vermillon.

Un cercle de bistre entourait ses beaux yeux,qui avaient la fièvre.

Un peintre aurait cherché longtemps avant detrouver un modèle plus exquis pour reproduire les gracieuses etdélicates splendeurs de la dix-huitième année, mais un poète eûthésité, ne sachant s’il devait dire en parlant d’elle : jeunefille charmante ou adorable jeune femme.

Elle resta quelque temps ainsi, pensive ouplutôt absorbée.

C’est l’heure où Paris se tait.

On entendait encore dans le lointain ce bruitvague et profond qui ressemble à la voix de la mer, mais cette voixallait s’éteignant et mourait par intervalles.

Quelquefois un souffle de brise agitaitbrusquement les feuilles, que septembre faisait déjà sonores.

D’autres fois, Valentine écoutait les sonsmystérieux de la nuit et un frémissement léger agitait son beaucorps sous la mousseline de son peignoir.

Au bout de quelques minutes, ses lèvress’entrouvrirent.

– Remy d’Arx ! murmura-t-elle sans savoirpeut-être qu’elle parlait ; Maurice…

Elle releva la tête ; ses traitsexprimaient une souffrance indéfinissable.

Elle voulut relire le commencement de salettre, mais avant d’avoir achevé la première ligne, elle saisit saplume d’un mouvement violent et la trempa dans l’encre.

Elle écrivit :

« Je suis seule. Il y a en moi quelquechose qui me dit : Tu es perdue. Pourquoi suis-je seule àl’heure du danger ? Pourquoi n’es-tu pas là ? J’aurais dûte rappeler plus vite. J’ai eu peur du monde ; on m’a apprisles lois, les convenances du monde ; il m’a semblé un instantque je devais leur obéir.

« Que m’importe tout cela ! tuserais venu, j’en suis bien sûre, et tu me dirais :Courage !

« Courage ! contre qui ? dequoi suis-je menacée ? ils m’entourent et ils m’aiment, jen’ai pas le temps de concevoir un désir.

« Mais je me souviens, il y a des chosesque je n’ai pas dites, même à toi ; j’essaie souvent de mepersuader que j’ai fait un rêve terrible quand j’étais tout enfant…oh ! terrible !

« Ceux qui s’intéressent à une jeunefille la surveillent, n’est-ce pas ? Il me surveille, il en ale droit, il veut me donner une partie de sa fortune ; il estle meilleur ami de celle qui me tient lieu de mère.

« Il vient de venir à l’improviste, commeil fait toutes choses. Il voit à travers les murailles, on ne peutlui cacher aucun secret. Il m’a parlé avec bonté, avec tendresse,et je reste brisée comme si j’avais lutté contre un implacableennemi !

« Peut-on respecter ainsi un hommepresque à l’égal d’un père, et le craindre plus qu’undémon ?…

« Vois, ma main tremble ; pourras-tume lire ?… J’ai froid jusque dans mon sang, et pourtant il mefaut cette croisée ouverte, ce vent de la nuit qui rafraîchit labrûlure de mon front.

« Sous la fenêtre, c’est un beau jardin,tout plein de fleurs, et dont mon jeune cousin, Albert d’Ornans,qui est mort, franchissait, dit-on, les murailles pour aller à sesamours et à ses plaisirs.

« Je ne l’ai pas connu, mais j’habite sachambre et quelque chose de lui est autour de moi. Son portrait estdans le salon ; c’était un beau jeune homme, hardi et rieurcomme toi.

« Une fois, de son château de Sologne, ilécrivit à sa mère une lettre qui disait à peu près ceci :Es-tu bien sûre de ceux qui t’entourent ? Je sais deschoses graves que je ne veux point confier au papier. Invite àdîner Remy d’Arx pour le jour de mon arrivée…

« Remy d’Arx est un juge. Maurice, tu merendrais heureuse si tu devenais son ami.

« Mais à quel propos te dis-jecela ? oh ! ma pauvre tête !

« Il ne se leva jamais, le jour del’arrivée, pour le jeune marquis d’Ornans, mon cousin. Quelquesjours après on reçut la nouvelle de sa mort. Un coup de fusil tirésous bois. On ne lui connaissait pas d’ennemis et ces accidentssurviennent si souvent à la chasse…

« Mais qu’aurait-il dit à sa mère et àRemy d’Arx, s’il était revenu ?

« Tu dois me croire folle, je ne t’ai pasencore parlé de toi. J’ai peur. Il y a de grands terrains désertsau-delà du jardin, dont les murs sont forts élevés, mais puisquemon cousin les franchissait, d’autres pourraient faire commelui.

« Moi aussi je me crois folle, il mesemble à chaque instant que j’entends des pas. Tiens ! en cemoment même je jurerais… c’est que, toute la soirée, au salon, ilsont parlé de voleurs et d’assassins.… des Habits Noirs. Ce nom seulme fait frissonner, et si tu savais pourquoi ! J’ai peur commeles enfants qui se mettent au lit, l’esprit plein de brigands et defantômes.

« Moi qui étais si brave autrefois, tesouviens-tu ? Mais ce sont des idées de fièvre, car j’ai lafièvre. Je voudrais n’avoir pas d’autres frayeurs que celle-là. Levrai danger n’est pas sous mes fenêtres.

« Maurice, il faut venir à mon secours.Maurice, Maurice chéri, j’ai besoin de toi et je t’aime !Oh ! ne doute jamais de mon cœur, quoi qu’il arrive : jet’aime ; je suis sûre de t’aimer !

« Aujourd’hui même on m’a demandée enmariage, et c’est lui… Écoute ! je te le jure devant Dieu, jen’aime que toi. Remy d’Arx est mon ami, mon allié naturel, il mefaut son aide, il lui faut aussi la mienne. Comment t’expliquercela dans une lettre ? Si tu étais là, tu verrais mon âme dansmes yeux, je te dirais la différence qu’il y a entre l’ardentetendresse que j’ai pour toi et l’affection tranquille qui m’attirevers M. d’Arx. Toi, tu es mon cœur tout entier, tu es mon mari, jeveux que tu sois mon mari ; lui, j’ai refusé sa main sanshésitation, sans regret… »

Sa plume s’arrêta après avoir tracé ce mot etresta un moment suspendue.

Son sein battait ; une larme perla sousces belles paupières baissées.

– Mon Dieu, murmura-t-elle, je vous prends àtémoin, c’est la vérité ce que je dis : je n’aime queMaurice !

Elle déposa la plume pour échauffer sa mainglacée contre l’ardeur de son front.

– Et pourtant, reprit-elle avec une sorte dedésolation, la pensée de M. d’Arx est aussi en moi tenace,obstinée… mais ce n’est pas la même chose et je peux dire la mainsur ma conscience : M. d’Arx et le reste du monde fussent-ilsd’un côté et Maurice tout seul de l’autre, c’est Maurice quiemporterait la balance !

Deux heures venaient de sonner à l’horloge del’hôtel.

Dans le silence de la nuit, devenu pluscomplet, un bruit s’était fait vers la partie orientale du jardin,du côté de la rue de l’Oratoire, mais Valentine était dominée sifortement par sa rêverie qu’elle ne l’avait point entendu.

Sa plume courait de nouveau sur lepapier :

« … Mon Maurice bien-aimé, je suisdescendue en moi-même, j’ai regardé jusqu’au fond de mon âme, je neveux que toi, je suis toute à toi.

« Écoute bien, quand tu vas revenir,notre première entrevue aura lieu chez la bonne Léocadie, mais nousn’aurons qu’une entrevue de cette sorte. Ma détermination est bienprise, rien ne pourrait la changer, je te ramènerai avec moi àl’hôtel, ouvertement, en triomphe, devrais-je dire, car je suisfière de toi, je suis fière de t’aimer. Je te prendrai par la main,nous monterons ensemble chez Mme la marquise ; tantmieux si le colonel Bozzo est là ! elle et lui sont les deuxseules personnes qui aient des droits sur moi.

« Avec toute autre jeune fille, ce qui vasuivre aurait l’air d’un enfantillage ou d’un roman, mais maposition n’est pas celle des autres jeunes filles : crois-moisur parole, j’ai beaucoup réfléchi et je te parle sérieusement.

« Je dirai à Mme la marquiseet au colonel que tu peux regarder l’une comme ma mère d’adoption,l’autre comme mon tuteur ; je leur dirai : « VoiciMaurice ; il n’est ni riche ni noble, mais je l’aime et jeveux être sa femme. » S’ils acceptent, que Dieu soitbéni ! nous serons leurs enfants et ne t’inquiète pas dumonde : le monde nous applaudira puisque nous seronsriches ; s’ils refusent, je redeviens Fleurette. C’estFleurette que tu aimais et non pas Mlle deVillanove ; nous sommes jeunes tous les deux et nous pouvonsfaire d’autres métiers que celui de saltimbanque, noustravaillerons, nous serons heureux. N’aie pas peur qu’avec toi jeregrette jamais le somptueux hôtel où j’ai passé deux années ;ce sera dans mon souvenir comme un rêve brillant, il est vrai, maistrop souvent douloureux.… »

Elle s’interrompit tout à coup et prêtal’oreille.

On eût dit que la petite porte du jardin quidonnait sur les terrains de l’ancienne villa Beaujon venait des’ouvrir et de se refermer.

Elle regarda sa pendule, qui marquait dixminutes au-delà de deux heures.

– Il est temps de reposer, se dit-elle, cettelettre ne partira que demain.

Elle sera en route pour l’Algérie quand jeverrai M. d’Arx.

Elle écrivit encore :

« Au revoir donc, cher, bien cherMaurice. Désormais je vais compter les jours. Peut-être es-tu déjàen route, puisque tu as dû recevoir la lettre de Léocadie, maisj’ai craint que tu n’eusses pas confiance et j’ai voulu t’envoyerma propre parole, signée de mon vrai nom. Je t’attends, je t’aime,et quelque chose me dit que nous aurons du bonheur. »

Elle signa et rejeta sa plume avec une sortede colère.

– Est-ce bien vrai cela, pensa-t-elle, dubonheur ? Non, mes pressentiments sont douloureux, maispourquoi lui faire partager ces craintes que rien nejustifie ?

Par la fenêtre ouverte du cabinet, un crifaible et lointain se fit entendre, suivi d’un bruit dont Valentinen’aurait point su expliquer la nature.

Elle était brave, elle nous l’a dit elle-même,et les faiblesses qui la tourmentaient, cette nuit, n’appartenaientpoint à son caractère.

Elle passa dans le cabinet pour interroger ledehors.

C’était une belle nuit, la brise agitaitdoucement les arbres, et la lune, à travers les feuillages,glissait de blanches échappées de lumière.

Le bruit ne venait pas du jardin, qui étaitsolitaire et tranquille.

Mais il y avait un mouvement inusité dans lamaison située à droite des bosquets, en retour sur la rue del’Oratoire.

Valentine vit des lumières courir au troisièmeétage de cette maison, etc, dans l’escalier, au second, il y avaitune fenêtre éclairée.

En même temps un murmure de voix parvintjusqu’à elle.

– Quelque pauvre malade, pensa-t-elle engagnant son lit.

Elle s’agenouilla pour faire sa prière, carelle n’y manquait jamais, et le premier mot de Léocadie, lorsque lecolonel était venu à la baraque pour réclamer Fleurette, avait étécelui-ci : « J’avais toujours eu l’idée que l’enfantn’était pas née sous un chou ; ça n’accepte jamais un verre den’importe quoi et c’est pieux comme une petitedemoiselle. »

Mais, ce soir, la prière de Valentine étaitdistraite.

À peine fut-elle agenouillée que sa frayeurvague la reprit.

Elle regretta de n’avoir pas fermé lafenêtre.

Les bruits qui, tout à l’heure, lui semblaientnaturels et dont elle avait trouvé elle-même l’explication probablelui semblaient maintenant tout autres.

La peur est faite ainsi et Valentine avaitpeur.

Elle voulut s’obstiner, cherchant les parolesde sa prière, mais tendant l’oreille et retenant son souffle.

Des voix venaient, non plus de la rue del’Oratoire, mais des terrains de Beaujon, et il lui sembladistinguer un mot qui mit de la glace dans ses veines :« Assassin. »

Le fait assuré, c’est que le bruitaugmentait.

Il y avait un haut treillage qui soutenait desplantes grimpantes destinées à cacher le mur du numéro 6 de la ruede l’Oratoire.

Illusion ou réalité, les lattes de cetreillage craquèrent.

Ceci était distinct et le craquement serenouvela plusieurs fois.

Or, le treillage touchait à un grand tilleuldont le sommet dépassait de beaucoup la toiture de l’hôtel et dontles branches venaient caresser la première croisée de la chambre deValentine.

De cette croisée à celle du cabinet un balconrégnait, reliant ainsi les trois fenêtres.

Valentine n’essaya plus de prier ; ellese mit sur ses pieds toute tremblante, étonnée et irritée de laterreur sans nom qui paralysait ses mouvements, car sa volontéétait de courir au cabinet pour barricader la fenêtre, et sesjambes chancelantes refusaient de faire un pas.

Il n’y avait plus à douter, quelque chosed’extraordinaire se passait auprès d’elle ; les craquements dutreillage avaient cessé, mais les branches du tilleul remuaient,secouées par un effort qui n’était pas celui du vent.

Et les voix éclataient de tous côtés, et lapetite porte du jardin s’ouvrait avec fracas, et l’on marchait, etl’on courait dans les allées.

– Il doit être là, disait-on, le brigand,l’assassin ! il a dû grimper dans l’arbre.

– Il est capable de passer par-dessus laterrasse et de gagner les Champs-Elysées…

– Dressez l’échelle ! nous l’aurons si onpeut atteindre ce balcon.

À ce moment, des coups redoublés retentirentfrappés à la porte cochère, et bientôt un grand mouvement se fit àl’intérieur de l’hôtel.

Valentine écoutait, haletante.

Tout cela était clair comme une histoireracontée de point en point.

Un meurtrier essayait de fuir ; il étaitlà, dans l’arbre, et c’était son poids qui secouait lesbranches.

À l’instant où le bout de l’échelle dresséesonnait contre la rampe du balcon, les branches cessèrent de semouvoir et le bruit d’une chute eut lieu sur le balcon même, à côtéde la première croisée.

Tout de suite après, une ombre glissa derrièreles carreaux.

Valentine, éperdue, s’élança dans le cabinetet saisit les deux battants de la croisée pour la fermer ;mais il était trop tard, l’ombre se dressa devant elle et fitobstacle à son effort.

– Au nom de Dieu, dit une voix suppliante, jesuis innocent, ayez pitié de moi !

Valentine n’entendit pas, peut-être ;elle était folle.

Valentine ne vit rien, sinon ce que sonimagination en délire lui montra : un être hideux, souillé dusang de son semblable ; un assassin.

Elle poussa un cri terrible qui fit croire auxgens du dehors qu’un second meurtre avait été commis, et marcha àreculons jusqu’à la porte du corridor, que son dos heurtaviolemment.

Mue par son instinct, car elle n’avait plus depensée, elle ouvrit cette porte en criant :

– Au secours ! au secours ! il estlà !

Le corridor était vivement éclairé.Mlle de Villanove se trouva en présence de tous les gensde l’hôtel, qui arrivaient précédés par le colonel Bozzo, lequeltenait un flambeau à la main.

Auprès du colonel il y avait un personnageportant l’écharpe tricolore et dont la mine froide contrastait avecl’émotion générale.

C’était le commissaire de police.

Ce fut lui qui entra le premier, au moment oùles gens du jardin qui avaient grimpé au moyen de l’échellesautaient en tumulte sur le balcon.

– Où est-il ? demanda le commissaire.

Le doigt convulsivement tendu de Valentinemontra le cabinet.

Il n’était pas besoin de cela.

Dans le cabinet, il y avait déjà lutte, et aubout de quelques secondes un groupe confus, formé par l’assassin etceux qui l’assaillaient, fut poussé dans la chambre à coucher.

C’était l’assassin lui-même qui entraînait sesadversaires.

Aussitôt qu’il eut passé le seuil, il fit uneffort puissant et se dégagea de leur étreinte.

On le vit seul un instant, quoique entouré detous côtés.

Il n’essaya point de fuir ; il croisa sesbras sur sa poitrine, éclairé qu’il était par la lueur de dixflambeaux.

– Lieutenant Maurice Pagès, dit le commissaireen faisant un pas vers lui, je vous arrête au nom de la loi.

On n’entendit pas la fin de la formule ;elle fut coupée par un cri déchirant.

Mlle de Villanove, qui avait appuyésa tête contre le sein du colonel, venait de rouvrir les yeux etson regard s’était fixé sur le pâle jeune homme debout au milieu dela chambre.

– Maurice ! prononça-t-elle en setraînant vers lui la face livide et les yeux égarés.

Sa voix s’étranglait dans sa gorge.

La tête du jeune lieutenant, tout à l’heure sihaute, s’inclina sur sa poitrine tandis qu’il murmurait :

– Fleurette !

Elle arriva jusqu’à lui et se pendit à soncou, disant :

– Tu es innocent ! oh ! tu esinnocent !

– Oui, je te le jure, répondit Maurice dans unbaiser : je suis innocent.

Le commissaire appela :

– Monsieur Mégaigne, monsieurBadoît !

Deux hommes, de ceux qui avaient escaladé lebalcon, s’avancèrent, démasquant ainsi la figure de M. Lecoq, quise replongea précipitamment dans l’ombre du cabinet.

Les bras de Valentine lâchèrent prise, elletomba agenouillée.

– Entendez-vous, fit-elle en se tordant lesmains, il est innocent ! Il l’a juré, je le jureaussi !

Les deux agents s’emparaient déjà deMaurice.

– Et c’est moi, dit Valentine dans leparoxysme de son désespoir, c’est moi qui l’ai trahi… qui l’ailivré… qui l’ai tué !

Maurice détourna la tête parce que les larmesl’aveuglaient.

Valentine voulut se relever, pour le défendrepeut-être, car les agents l’entraînaient.

Elle étendit vers lui ses pauvres brastremblants, puis elle s’affaissa sur elle-même et sa tête rebonditcontre le plancher, où elle resta comme morte.

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