L’Arme invisible – Les Habits Noirs – Tome IV

Chapitre 17Remy d’Arx

 

Les juges d’instruction, en 1838, étaientencore plus mal logés qu’aujourd’hui.

On n’avait pas entamé les restaurations duPalais de Justice, et le cabinet de Remy d’Arx, situé tout au boutdu long corridor qui règne au-dessus de la Conciergerie, présentaitun aspect assez triste.

C’était une pièce de large étendue, maiscarrelée comme une mansarde, et qui ne participait en aucune façonaux magnificences sévères de la maison de Saint-Louis.

Le fenêtre, étroite et haute, donnait sur lacour de la Sainte-Chapelle, alors encombrée de pierres detaille.

Le plafond s’écaillait, les lambrisdemandaient une lessive et l’apparence de l’ensemble allait presquejusqu’au délabrement.

Au centre de la pièce il y avait une tablecarrée, posée sur une natte et couverte de papiers endésordre : vous eussiez dit la table d’un poète.

Une autre table en bois noir, portant pupitreet écritoire, se plaçait en travers de la première comme la barred’un T.

La muraille qui faisait face à la fenêtreétait cachée par des casiers contenant des cartons étiquetés ;la tablette de la cheminée supportait un buste de Louis-Philippe,et l’on voyait des deux côtés de la porte principale, à droite unevieille pendule, à gauche un baromètre à cadran.

Tout château à ses communs ; c’étaientici les communs du château de Thémis.

Remy d’Arx était seul, debout, le chapeau surla tête, devant la croisée, dont ses doigts distraits battaient lescarreaux étroits et brouillés.

Il regardait sans le voir un vieil orme auxbranches à demi dépouillées qui s’en allait mourant parmi lesdécombres et les moellons entassés dans la cour de laSainte-Chapelle.

Cet orme avait sa renommée.

Il était un des trois arbres célébrés sous laRestauration par M. de Jouy comme servant d’hôtellerie aux moineauxparisiens.

L’un d’eux, le plus illustre, qui avait grandidans la rue Coq-Héron, vivait encore l’année dernière ;l’autre est mort en 1860, tué par les démolitions du quai de laGrève.

Six heures du soir venaient de sonner à latour de l’horloge.

Il n’y a point de bourgeois rangé qui soit siexact qu’un moineau pour le moment de la couchée.

Des milliers d’oisillons arrivaient envoletant de tous les points du ciel.

Pendant quelques minutes, ce fut dans l’arbrehospitalier un bruyant remue-ménage : on s’agitait enpiaulant, on s’embrassait peut-être en échangeant les souhaits debonne nuit, peut-être on disputait, à coups de becs ou d’ailes, lesmeilleures places du perchoir.

Mais graduellement, les mouvements désordonnésse calmèrent, le caquetage aigu baissa d’un ton, puis se tut ;au bout d’un quart d’heure, les vingt mille hôtes de l’aubergeaérienne dormaient comme d’honnêtes pierrots.

Remy d’Arx n’avait pas bougé depuislongtemps ; il sembla s’éveille à ce silence et découvrit sonfront pour y passer sa main.

À ces heures crépusculaires du matin et dusoir, quand le jour vient et qu’il s’en va, les objets changent deformes et surtout de couleurs : c’était peut-être la brune quicreusait ces rides profondes entre les sourcils du jeune juged’instruction et qui mettait à ses joues cette mortelle pâleur.

Il se retourna lentement, déposa son chapeausur un meuble et fit dans la chambre quelques pas chancelants.

Quand il s’arrêta, ce fut pour déployer unpapier froissé qu’il tenait à la main.

– Je ne l’ai dit à personne,murmura-t-il ; hier, j’aurais pu affirmer que je ne me l’étaispas dit à moi-même. L’idée d’un si grand bonheur n’a jamais puentrer en moi ; je n’espérais pas, j’étais sûr d’être vaincuavant même d’entamer la bataille. Il a fallu les conseils deFrancesca, l’obsession, devrais-je dire, et l’augure favorableporté par le colonel Bozzo pour combattre à la fois mespressentiments trop fondés, et mes craintes, qui devaient seréaliser si vite !

Il s’approcha de la table et s’assit, déposantle papier froissé auprès de deux autres lettres dont les enveloppesétaient, à terre.

– Qui peut m’écrire ainsi ? reprit-il, etpourquoi m’écrit-on comme si ce mariage était une chose possible,publique, certaine ? Les gens qui m’adressent ces calomnies,savent et ne savent pas ; ils ont pénétré le secret de monamour, que je n’aurais pas confié à mon meilleur ami ; maisils croient que mon amour est heureux, ils essayent d’empoisonnerma joie avec du fiel…

Il prit à la main les trois lettres, que sonregard, chargé d’une immense fatigue, parcourut tour à tour.

– Ma joie ! répéta-t-il avec une amertumequi allait jusqu’à l’angoisse. Ah ! s’il était vrai, siValentine m’avait laissé un espoir, je les défierais bien detroubler mon triomphe ! Ne sais-je pas aussi bien qu’eux qu’ily a un mystère dans sa vie ? Ne me l’a-t-elle pas ditelle-même, et ne s’est-elle pas offerte à me le révéler ?

Il s’interrompit, lisant à demi-voix et sanssavoir peut-être quelques lignes de la première lettre :

« Vous êtes trompé, votre passion vousaveugle, cette jeune fille est de celles à qui un galant homme nepeut pas donner son nom… »

« … Prenez garde, disait une autrelettre, votre mission ici-bas est grave et sacrée. Souvenez-vous deceux qui sont morts et ne mettez pas cette honteuse aventure entrevous et votre vengeance. Celle que vous allez épouser sera unobstacle au-devant de vos pas, ceux que vous poursuivez sontpuissants et manient des armes inconnues ; l’amour est unpoison : prenez garde… »

La troisième lettre disait :

« Mme Samayoux, saltimbanqueet propriétaire d’une ménagerie foraine, a sa baraque, en cemoment, sur la place Valhubert. Allez lui demander des nouvelles deFleurette et vous saurez ce qu’est Mlle deVillanove. »

Les doigts du jeune magistrat se crispèrent,et d’un geste violent il jeta les trois lettres dans le foyer.

– Arme inconnue ! pensa-t-il tout haut,arme invisible ! Tout cela sort de leur mystérieuxarsenal ? sont-ils autour de moi déjà ? essayent-ils detuer mon âme, parce que j’ai mis la vie de mon corps à l’abri deleurs atteintes ?

Sa tête tomba entre ses mains et sa poitrinerendit un sanglot.

– Oh ! Valentine ! Valentine !murmura-t-il, que m’importe tout cela ! Désormais, y a-t-il aumonde pour moi une autre pensée que la tienne ? Ce n’est pasleur haine qui me brise, et ils n’ont pas forgé l’arme dont lablessure me fait mourir. Une de ces lettres au moins disaitvrai : si je n’ai pas encore déserté ma tâche commencée, jesuis sans force et sans ardeur pour l’achever. Valentine !Elle est là, toujours, devant mes yeux, enivrante comme l’amour quime dévore ; je suis son regard divin qui va vers un autre etla jalousie me torture. Puis je me reprends à vivre, éclairé parles lueurs de son sourire. Elle devait venir chez moi, car il y aen elle une étrange clémence : on dirait qu’elle souffre dumal qu’elle me fait. Chez moi, elle ne trouvera personne ;j’ai pris la fuite et j’ai bien fait, je ne veux pas la voir. Quem’apprendrait-elle ? est-il au monde une révélation qui puisseguérir la maladie de mon cœur ?

Ses deux mains glissèrent le long de sesjoues, découvrant son visage défait, où il y avait des larmes.

– Je le sens bien, dit-il encore d’une voixbrisée, j’ai honte, mais je ne combats plus parce que la lutte estimpossible : je l’aime malgré et en dépit de moi-même !je l’aimerai quand un autre sera son maître ! Si elle étaitcoupable, je l’aimerais encore, et s’ils venaient me dire ici, ceuxqui peuvent tout : Pour la conquérir, il faut commettre uncrime…

Il n’acheva pas et tout son sang révolté vintrougir sa joue, pendant que son front découragé s’inclinait denouveau.

Trois petits coups furent frappés au-dehors,et un homme du palais, entrouvant la porte, demanda :

– Monsieur le juge d’instruction veut-ilinterroger l’accusé ?

Remy regarda cet homme avec hébétement. Il nesavait plus ce dont on lui parlait.

– Quel accusé ? balbutia-t-il.

– L’assassin de la rue de l’Oratoire, réponditl’employé. Les pièces sont sur le bureau de monsieur le juge depuismidi, et il paraît qu’on veut presser l’instruction de cetteaffaire-là.

Remy jeta les yeux sur un dossier qui étaitauprès de lui et dont la chemise portait deux noms : HansSpiegel, Maurice Pagès.

Le nom du mort et celui du meurtrier.

Il eut conscience alors seulement d’avoir étéavisé dès le matin que l’instruction de cette affaire lui étaitattribuée.

– J’ai encore quelques notes à prendre,dit-il, dans une demi-heure je serai prêt.

L’employé repassa la porte ; Remy attiraà lui le dossier et l’ouvrit.

Le dossier contenait quatre piècesprincipales, le procès-verbal du commissaire de police, le rapportde l’inspecteur Badoît, celui de l’inspecteur Mégaigne et unedouble feuille volante non signée qui portait le timbre de lapréfecture, 2e division.

Remy d’Arx étala ces divers documents sur sonbureau ; il essaya de lire le procès-verbal, mais aussitôtqu’il eut dépassé les formules connues qui, dans les actes de cettesorte, précèdent toujours l’exposé des faits, l’écriture dansadevant ses yeux.

C’est à peine s’il y prit garde, car il étaitretombé déjà au plus profond de son rêve.

Il croyait travailler, et sa penséel’emportait vers la soirée de la veille ; il se voyait au brasde la comtesse Corona épanchant pour la première fois le trop-pleinde son cœur ; il s’écoutait lui-même confessant les ardeurs,les timidités, les douleurs et les joies de cet immense amour quiétait entré malgré lui dans sa vie, et qui désormais était sa vietout entière.

Tout lui revenait : les étonnements deFrancesca, l’intérêt si vif et si franc qu’elle avait pris à sapeine, et jusqu’à ses gaietés de femme du monde pleine d’admirationet de pitié.

– Depuis le déluge, avait dit la comtesse, onn’a rien vu de pareil ! Et c’était bien vrai, du moins Remy lecroyait ainsi.

Ce qu’il avait vu, ce qu’il avait lu ne luifournissait aucun point de comparaison ; rien ne ressemblait àla chère, à la brûlante tyrannie exercée sur tout son être par cetamour dont la puissance lui apparaissait invincible.

C’était une maladie, une fièvre, un délire quiexaltait au même degré les sens, l’imagination et l’âme.

L’image évoquée de Valentine le plongeait dansune extase sans nom où il se sentait mourir à force de tropvivre ; il la voyait belle comme les éblouissements de sonmartyre enchanté, il écoutait au loin les harmonies pénétrantes desa voix et buvait à longs traits le philtre magnétique quijaillissait de ses prunelles.

Ceux dont la jeunesse fut austère sontincendiés parfois ainsi par la foudre qui frappe tardivement.

Les joyeux jours du printemps, les souriantesannées que d’autres dépensent en folles amourettes, Remy d’Arx lesavaient données tout entières au sombre travail qui avait été silongtemps le but unique de son existence.

Son adolescence n’avait rien prodiguéau-dehors ; tout ce qui brûle chez l’homme s’était amassé enlui silencieusement et la première étincelle d’amour venant à letoucher avait allumé un volcan.

C’était la violence inouïe et la naïveté sanségale de sa passion qui avaient si fort étonné, la veille,Francesca Corona.

Il aimait à la fois comme un enfant et commeun vieillard, avec les effervescences du premier âge, avec l’ardeurstérile et désespérée des derniers jours.

Rien ne restait en lui, sinon cette flammetriste et souveraine, combattue en vain par l’impuissante volontéde continuer son œuvre.

Tout lui parlait de Valentine, mais Valentineelle-même, entrant à l’improviste dans son ancienne vie et luiapportant une aide inespérée, n’avait pu réveiller en lui le feuéteint de la vengeance.

Valentine, parlant des assassins de Mathieud’Arx, de ces Habits Noirs que Remy poursuivait depuis tantd’années, Valentine, promettant d’apporter la lumière dans la nuitque tant d’efforts n’avaient pu dissiper, avait été à peineécoutée.

De Valentine, Remy ne voulait qu’elle-même, etla révélation promise l’indignait, parce qu’il y voyait l’offred’un dérisoire dédommagement.

Il lisait tout cela, c’est-à-dire la confusionde ses souvenirs et l’angoisse de sa pensée, à travers les lignestortueuses que le commissaire de police avait déposées sur lepapier timbré.

Le temps passait, sa distraction de plus enplus tyrannique achevait de voiler dans son esprit le vague remordsd’avoir négligé son devoir de juge, lorsqu’un bruit de pas lourdsse fit entendre dans le corridor.

La demi-heure était écoulée et l’escorte duprisonnier approchait.

Cette fois, Remy d’Arx s’éveilla ensursaut.

Avec cette sûreté de coup d’œil que donnel’habitude, il parcourut en quelque sorte du même regard lespapiers étalés devant lui.

Le procès-verbal du commissaire de police etles rapports des deux inspecteurs concordaient entièrement ;ils étaient clairs et courts ; ils équivalaient presque, tantles circonstances du crime ressortaient frappantes, à uneconstatation de flagrant délit.

Au moment où la porte s’ouvrait, les yeux dujeune magistrat tombaient sur la quatrième pièce, qui n’avait pointde signature.

Cette pièce, qui tenait toute une largefeuille, remplie d’une écriture fine et serrée, se terminaitainsi :

« Observation importante : on n’arien trouvé chez l’accusé en fait d’argent, et il portait seulementsur lui une somme insignifiante. On prouvera qu’il avait conçu leromanesque espoir d’épouser une jeune fille noble dont la dotprobable s’élève à plus d’un million. »

La fonction domine l’homme et le relève.

Pour un instant, Remy d’Arx avait recouvrétoute la lucidité de sa pensée parce qu’il s’était éveilléjuge.

Son œil demeura fixé sur cette page quiapportait à l’évidence le surcroît inutile d’une présomption.

Un doute de nature particulière lui traversal’esprit, un doute qui ne pouvait appartenir qu’à lui et qui serapportait à la série habituelle de ses recherches.

Il pensa :

– Une note analogue était dans le dossier dumalheureux qui « paya la loi » après le meurtre de monpère.

Vous ne l’eussiez pas reconnu lorsqu’il relevases yeux brillants et clairs sur l’accusé qui venait d’entrer,laissant ses deux gardiens en dehors de la porte.

Il y avait dans le regard du jeune magistratune curiosité très vive et quelque chose qui ressemblait à de lasympathie.

Le greffier, sortant d’une pièce voisine,s’était glissé vers sa petite table et frottait déjà sa plumecontre l’éponge de son écritoire.

L’accusé s’arrêta à trois pas de la tableprincipale et resta debout, les bras tombants, la tête haute, maissans affectation de forfanterie.

Il avait les mains libres et ne portait ducostume des prisons que la veste, sous laquelle on voyait sonpantalon d’uniforme.

Il était pâle et très défait ; néanmoinsson regard mâle ne laissait paraître aucune faiblesse.

Au moment où ce regard, qui était dans toutela force du terme celui d’un honnête homme, se croisa pour lapremière fois avec celui de Remy d’Arx, les sourcils du jeunemagistrat se froncèrent malgré lui et la paupière de Maurice sebaissa.

L’interrogatoire commença aussitôt.

Sur la demande du juge, Maurice donna ses nom,prénoms et qualités.

Le greffier, petit homme maigre, à pince-nezprétentieux, écrivait en songeant à ses affaires.

Sur le terrain de l’instruction, il se croyaitbien plus avancé que Remy lui-même, et rassasié qu’il était descancans du palais, il regardait déjà comme une très vieillehistoire ce meurtre qui ne datait que de quelques heures.

Son opinion était formée solidement ; ilavait en lui-même condamné Maurice à l’échafaud ou tout au moins aubagne, pour le cas où les jurés auraient la faiblesse d’admettredes circonstances atténuantes.

Maurice fut quelque temps avant de répondre àla première question qui aborda le fait.

Le greffier eut tout le loisir de l’examinerpar-dessus son pince-nez et de s’avouer à lui-même qu’il devinaittrès bien les mauvais instincts de ce beau garçon-là, à travers sonmasque de douceur et de franchise.

Maurice dit enfin à voix basse :

– Je sais bien que je suis perdu, à quoi bontout cela ?

– Est-ce un aveu ? demanda Remy, dont lavoix grave prenait à son insu l’accent de la compassion.

– Non, repartit Maurice vivement, je juredevant Dieu que je suis innocent ; mais qu’importe, puisquevous ne pouvez pas me croire ?

Le jeune magistrat dit avec lenteur :

– Je ne sais rien, je ne crois rien, je suisici pour découvrir la vérité. Votre vie passée plaide le pour et lecontre : vous avez quitté les études qui vous préparaient àune carrière honorable pour suivre une troupe de saltimbanques,mais depuis lors, vous avez porté l’uniforme et votre conduite enAlgérie a été celle d’un vaillant soldat. Regardez-moi en face etparlez librement. Si vous êtes tombé dans un piège, dites-le, jevous écoute.

Pour la seconde fois, les yeux de Mauricerencontrèrent ceux de Remy d’Arx et il murmura :

– Monsieur, que Dieu vous récompense ; jen’espérais pas trouver tant de bonté en vous, mais je n’ai plusd’espoir.

Le greffier avait mis sa plume derrièrel’oreille et se disait :

– C’est donc comme ça qu’on interrogemaintenant ? excusez !

Maurice poursuivit :

– Depuis douze heures que je suis seul dans maprison, j’ai bien réfléchi ; tout ce qui s’est passé merevenait à l’esprit de point en point, et il me semblait quej’étais mon propre juge. Mon malheur est grand ; j’ai souffertcruellement pendant cette journée, mais je n’ai point perdu la têteet je possède toute ma raison. Vous connaissez la pauvre histoirede ma jeunesse, monsieur le juge ; moi, je ne vous connais paset j’ignore jusqu’à votre nom ; mais si une lueur d’espoirpouvait naître en moi, elle me viendrait de vous. La loi vousdéfend-elle de m’entendre en particulier ?

– La loi exige que l’interrogatoire soitrecueilli par le greffier, répondit Remy d’Arx, et c’est lagarantie de l’accusé, mais la loi ne pose aucune limite au librearbitre du juge choisissant les moyens d’éclairer saconscience.

Il s’interrompit et ajouta en s’adressant augreffier :

– Laissez-nous, monsieur Préault, mais ne vouséloignez pas ; je vous rappellerai quand il me plaira dereprendre l’interrogatoire légal.

M. Préault rangea ses papiers, déposa sa plumeet gagna la porte en répétant :

– Excusez ! ça prépare des jolis moyensde cassation.

La porte fut bruyamment refermée, car M.Préault était de méchante humeur.

– Lieutenant Pagès, reprit le juge en selevant, personne ne nous écoute ; vous êtes ici en présence duseul homme qui puisse vous comprendre ; j’ai des raisons pourvous croire innocent.

– Serait-il vrai ?… s’écria Mauricestupéfait.

Remy lui tendit la main en ajoutant :

– Il se peut que je me trompe, c’est vous quiallez m’éclairer. Si j’ai deviné juste, je suis votre ami,lieutenant Pagès, parce que nous avons les mêmes ennemis.

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