Les Mille et une nuits

CXII NUIT.

« Il est plus à propos, madame,poursuivit-il, que vous ayez la bonté de m’enseigner votredemeure ; j’aurai l’honneur de vous aller voir chezvous. » La dame y consentit. « Il est, dit-elle, vendrediaprès-demain ; venez ce jour-là, après la prière du midi. Jedemeure dans la rue de la Dévotion. Vous n’avez qu’à demander lamaison d’Abou-Schamma, surnommé Bercout, autrefois chef desémirs : vous me trouverez là. » À ces mots, nous nousséparâmes, et je passai le lendemain dans une grandeimpatience.

« Le vendredi, je me levai de bonmatin ; je pris le plus bel habit que j’eusse, avec une bourseoù je mis cinquante pièces d’or, et, monté sur un âne que j’avaisretenu dès le jour précédent, je partis accompagné de l’homme quime l’avait loué. Quand nous fûmes arrivés dans la rue de laDévotion, je dis au maître de l’âne de demander où était la maisonque je cherchais : on la lui enseigna et il m’y mena. Jedescendis à la porte. Je le payai bien et le renvoyai, en luirecommandant de bien remarquer la maison où il me laissait et de nepas manquer de m’y venir prendre le lendemain matin, pour meramener au khan de Mesrour.

« Je frappai à la porte, et aussitôt deuxpetites esclaves blanches comme la neige et très-proprementhabillées vinrent ouvrir. « Entrez, s’il vous plaît, medirent-elles, notre maîtresse vous attend impatiemment. Il y a deuxjours qu’elle ne cesse de parler de vous. » J’entrai dans lacour et vis un grand pavillon élevé sur sept marches, et entouréd’une grille qui le séparait d’un jardin d’une beauté admirable.Outre les arbres qui ne servaient qu’à l’embellir et qu’à former del’ombre, il y en avait une infinité d’autres chargés de toutessortes de fruits. Je fus charmé du ramage d’un grand nombred’oiseaux qui mêlaient leurs chants au murmure d’un jet d’eau d’unehauteur prodigieuse qu’on voyait au milieu d’un parterre émaillé defleurs. D’ailleurs ce jet d’eau était très-agréable à voir ;quatre gros dragons dorés paraissaient aux angles du bassin quiétait en carré, et ces dragons jetaient de l’eau en abondance, maisde l’eau plus claire que le cristal de roche. Ce lieu plein dedélices me donna une haute idée de la conquête que j’avais faite.Les deux petites esclaves me firent entrer dans un salonmagnifiquement meublé, et pendant que l’une courut avertir samaîtresse de mon arrivée, l’autre demeura avec moi et me fitremarquer toutes les beautés du salon. »

En achevant ces derniers mots, Scheherazadecessa de parler, à cause qu’elle vit paraître le jour. Schahriar seleva fort curieux d’apprendre ce que ferait le jeune homme deBagdad dans le salon de la dame du Caire. La sultane contenta lelendemain la curiosité de ce prince en reprenant ainsi cettehistoire :

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