Scène VII
Matamore
Les voilà, sauvons-nous. Non, je ne voispersonne.
Avançons hardiment. Tout le corps mefrissonne.
Je les entends, fuyons. Le vent faisait cebruit.
Marchons sous la faveur des ombres de lanuit.
Vieux rêveur, malgré toi j’attends ici mareine.
Ces diables de valets me mettent bien enpeine.
De deux mille ans et plus, je ne tremblai sifort.
C’est trop me hasarder ; s’ils sortent,je suis mort ;
Car j’aime mieux mourir que leur donnerbataille,
Et profaner mon bras contre cettecanaille.
Que le courage expose à d’étrangesdangers !
Toutefois, en tous cas, je suis des pluslégers ;
S’il ne faut que courir, leur attente estdupée :
J’ai le pied pour le moins aussi bon quel’épée.
Tout de bon, je les vois : c’est fait, ilfaut mourir :
J’ai le corps si glacé, que je ne puiscourir.
Destin, qu’à ma valeur tu te montrescontraire !…
C’est ma reine elle-même, avec monsecrétaire !
Tout mon corps se déglace : écoutonsleurs discours,
Et voyons son adresse à traiter mesamours.