Scène VI
Isabelle,Lyse, LeGeôlier
Isabelle
Eh bien ! mon grand ami, braverons-nousle sort ?
Et viens-tu m’apporter ou la vie ou lamort ?
Ce n’est plus qu’en toi seul que mon espoir sefonde.
Le Geôlier
Bannissez vos frayeurs, tout va le mieux dumonde ;
Il ne faut que partir, j’ai des chevaux toutprêts,
Et vous pourrez bientôt vous moquer desarrêts.
Isabelle
Je te dois regarder comme un dieututélaire,
Et ne sais point pour toi d’assez dignesalaire.
Le Geôlier
Voici le prix unique où tout mon cœurprétend.
Isabelle
Lyse, il faut te résoudre à le rendrecontent.
Lyse
Oui, mais tout son apprêt nous est fortinutile :
Comment ouvrirons-nous les portes de laville ?
Le Geôlier
On nous tient des chevaux en main sûre auxfaubourgs ;
Et je sais un vieux mur qui tombe tous lesjours :
Nous pourrons aisément sortir par sesruines.
Isabelle
Ah ! que je me trouvais sur d’étrangesépines !
Le Geôlier
Mais il faut se hâter.
Isabelle
Nous partirons soudain.
Viens nous aider là-haut à faire notremain.