Corsaire Triplex

Chapitre 8PERDU SOUS LES EAUX

Conduits par James Pack, les voyageurss’étaient engagés dans le dédale des galeries partant des rivagesdu lac intérieur. Partout l’électricité chassait les ténèbres, etles couloirs aux sinuosités capricieuses, tantôt étroits à laisserà grand’peine passage à une personne, tantôt s’élargissant encarrefours spacieux, semblaient semés de paillettes d’or.

Partout le précieux métal apparaissait,dessinant des lignes, des arabesques imprévues. Ici des colonnesévidées dans la masse rocheuse étincelaient sous la lumière commedes lingots d’or pur ; plus loin un « rognonquartzeux », à demi dépouillé de sa gangue, laissait voir unepépite énorme, encastrée dans la muraille et formant un ornementdont la valeur égalait celle d’un tableau de Raphaël ou deRembrandt.

C’était la réalisation du rêve de l’or, dontsont hantés les malheureux aventuriers qui vont mourirmisérablement sur les terres lointaines, Australie, Californie,Guyane ou Klondike, réputées riches en métal jaune.

Éblouis, fascinés, les amis du Corsaire serépandaient en exclamations admiratives.

– Mais vous êtes l’homme le plus riche dumonde ! s’écria enfin Lavarède.

James haussa les épaules et, d’un tonindifférent :

– Je le crois.

– Comment avez-vous eu l’idée de fixer unrendez-vous en cet endroit à l’escadre anglaise ? Ce gîteconnu, vous serez envahi bientôt par les chercheurs d’or.

– Non.

– Pourquoi non ?

– Parce que l’Île d’Or m’appartient. Jel’ai bel et bien achetée au gouvernement britannique, et nul n’ypeut résider sans mon consentement. Or, vous admettrez bien que messous-marins, susceptibles de devenir des torpilleurs à l’occasion,me mettent en mesure de faire respecter mes droits ?

– Sans doute, sans doute, murmura lejournaliste très surpris. Ainsi vous êtes propriétaire… ?

– De l’Île… ? Oui.

– L’Angleterre a consenti à la vendre auCorsaire Triplex ?

À cette question, un fugitif sourire distenditles lèvres de Pack.

– Non pas au Corsaire Triplex.

– À qui donc alors ?

– À celui que j’étais avant de devenirCorsaire ; à celui que je serai quand j’aurai dépouillé leCorsaire.

– Et celui-là, quel est-il ?

Pour toute réponse, James appuya un doigt surses lèvres, geste qui détermina chez son interlocuteur un furieuxmouvement d’impatience.

– Vraiment, vous êtes trop curieux,remarqua le Corsaire avec une légère pointe d’ironie. Cela vouspeine donc bien de ne pas savoir mon nom ?

– Si cela me peine ?… Ah ! pourfaire cette demande, il faut que vous n’ayez pas le moindre soupçonde ce qu’est une âme de journaliste. J’enrage tout simplement…D’autant plus que si j’avais connu, à Sydney, vos droits depropriété sur l’Île d’Or…

– Qu’auriez-vous fait ?

– J’aurais télégraphié à Londres, etj’aurais appris sans peine le nom du maître de céans.

Amicalement James frappa sur l’épaule duParisien :

– Je vais vous faire un aveu. Je medoutais de cela.

– En vérité ?

– Et c’est pourquoi j’ai attendu, pourvous honorer de ma confidence, que nous fussions ici, loin de toutcâble.

Il se moquait d’Armand ; mais presqueaussitôt il reprit son air habituel :

– Au surplus, ne regrettez rien. Bientôtma tâche sera terminée, et je n’aurai plus aucune raison de garderl’incognito.

En disant ces derniers mots, il se glissaitdans un couloir étroit qui conduisait à une longue galerieencombrée de machines.

Ses compagnons le suivirent. Ils regardaient,ne comprenant pas. Il leur paraissait qu’ils se trouvaient dans uneusine. Moteurs, volants, courroies de transmission, tubes, fils,clefs, rien n’y manquait.

– Qu’est cela ? interrogea Joan.

– Ceci est le fort qui défend l’Îled’Or.

– Le fort ?

– Oui, en actionnant ces appareils, jeferme ou j’ouvre à volonté la passe qui relie la pleine mer à labaie, unique ancrage de cette terre.

Et comme tous le considéraient, il hocha latête sous leurs regards interrogateurs :

– Le moment n’est pas venu. Vousassisterez à cela plus tard. Pour l’instant, permettez-moi de vousconduire à vos appartements.

Il n’y avait pas à insister avec cet hommeétrange ; silencieux, les passagers le suivirent dans lelabyrinthe des galeries. Au bout de quelques minutes, ilsdébouchaient sur la plage du lac intérieur du côté opposé à celuioù ils avaient abordé.

La caverne avait un aspect merveilleux. Lavoûte s’élevait à deux cents pieds de haut, soutenue par depuissants contreforts dont le pied de granit baignait dans le lac.Au milieu du bassin, les trois bateaux flottaient, le dôme hors del’eau, et des chaloupes exécutaient un incessant va-et-vient entreeux et la rive.

Des maisonnettes de bois, des« démontables », se dressaient auprès des amis duCorsaire. Celui-ci les leur montra :

– Vos demeures. Elles vous conviendront,je pense.

La visite des légères constructions fut unnouvel enchantement. Garnies, ainsi que les chalets des plagesfréquentées, de meubles clairs, de pitchpin, de citronnier blanc,elles étaient aussi gaies et aussi confortables que possible.

Ainsi que le fit remarquer Armand, un séjourdans la caverne valait une saison dans une station balnéaire, etmême mieux, car un solide plafond de rochers mettait les habitantsà l’abri des pluies.

Chacun choisit sa maison, et, James Pack,laissant ses amis à leur installation, rejoignit ses matelots quise livraient à des travaux incompréhensibles pour lespassagers.

Dès ce moment, chacun vécut à sa guise. Auxheures des repas, les marins apportaient dans les paniers le repasdes hôtes du Corsaire ; mais celui-ci se montrait rarement.Sans doute il se préparait à recevoir l’escadre anglaise qui, sielle était exacte, devait se présenter, dans la baie de l’Île d’Or,huit jours plus tard.

Les Européens étaient donc livrés àeux-mêmes.

Armand, Aurett, Joan, guidés par la toutegracieuse Maudlin, se promenaient. La jeune fille leur avaitenseigné un passage conduisant dans les caves d’une maisonconstruite, non plus à l’intérieur de la terre, mais au point leplus élevé du plateau dont l’île était couronnée.

Par ce chemin, les explorateurs avaient pugagner le plein air et parcourir le domaine de leur hôte.

C’était surtout un amoncellement rocheux,coupé par d’étroites vallées, où les cocotiers, les lianes, lesessences diverses s’enchevêtraient en minuscules forêtsvierges.

Seul le plateau supérieur, au centre duquel sedressait la maison dont les caves communiquaient avec les cavernes,était cultivé. Des allées y étaient tracées au milieu de pelousesque les panaches des palmiers protégeaient de leur ombre étoilée.On avait là l’impression de se trouver dans un jardin anglais deCalcutta ou de Madras, car les habitants de la Grande-Bretagne ontbeau changer de latitude, de flore, de climat, ils conservent àtout ce dont ils font usage le caractère de leur race. Ils ne seplient pas au pays où ils résident, mais ils le plient à leurshabitudes. La maison, le jardin d’un Anglo-Saxon, sont aussianglais dans l’Inde ou en Australie, qu’au Canada, en Chine, ou surles rives de la Tamise.

Là, les touristes oubliaient qu’ils étaientcaptifs sur un îlot, point imperceptible au milieu de l’immensitédu Pacifique ; mais il essayèrent vainement de décider Lotia àles accompagner. La jeune fille restait obstinément enfermée dansla maisonnette qu’elle avait choisie au bord du lagon de lacaverne.

Elle demeurait là, durant de longues heures,assise en face de l’eau que les lampes électriques piquaient demille feux. Voyait-elle ce qui l’entourait ?

C’est peu probable, car elle semblait surpriselorsque Aurett ou Maudlin, s’approchant d’elle, lui appuyaient lamain sur l’épaule. Évidemment elle rêvait sans cesse aux espoirsdisparus.

Son doux visage pâlissait, les joues secreusaient peu à peu, et Robert avait raison de dire avec undésespoir inexprimable :

– Elle meurt à petit feu !

Oui, la pensée la tuait, et son fiancélui-même ne pouvait la consoler. Sa vue exerçait sur elle uneinfluence douloureuse. S’il paraissait, elle se prenait à trembler,ses paupières palpitaient, et bien vite, elle allait s’enfermerdans la maison pour ne plus se montrer de la journée.

Un être rôdait sans cesse autour d’elle.C’était Niari qui semblait attristé de la voir dépérir, mais dontla volonté n’en demeurait pas moins inébranlable. La haine quibrillait dans ses regards, lorsqu’ils se fixaient sur Robert,disaient assez qu’il rendait le jeune homme responsable de tout lemal. Son aversion pour le fiancé de Lotia croissait chaque jour etse traduisait par de courtes phrases qui sifflaient entre ses dentsaiguës :

– Giaour perfide… Volé son âme !Osiris ! Donne à ton serviteur l’esprit des vengeances.

Mais prudent et dissimulé comme tous lesOrientaux, l’Égyptien se contenait quand il se sentait observé, etnul ne devinait les résolutions farouches qui bouillonnaient dansson cerveau.

Cependant Aurett s’inquiéta. Un beau jour,elle fit part de ses impressions à James Pack.

La confidence assombrit le Corsaire.

– D’ici peu, murmura-t-il, l’escadreanglaise va nous tomber sur les bras. Niari n’est pas de ceux quel’on fait revenir sur leur décision. Que puis-je offrir à cettepauvre enfant pour lui faire oublier ?

– Eh ! vos préparatifs voustiennent-ils à ce point que vous ne puissiez nous entraîner unefois encore au fond de la mer. Souvenez-vous, le spectacle de cedomaine ignoré des humains a produit jusqu’ici un heureux effet surLotia. Quelque résistance qu’elle ait faite, elle a été pénétréepar la grandeur de ce monde inconnu. Dites, Sir James,refuserez-vous d’accéder à ma prière ?

– Pas le moins du monde, répliqual’interlocuteur de l’aimable Anglaise. Je n’osais vous proposercela, car une excursion sous-marine me semble un faible dérivatif àune douleur profonde ; mais si vous pensez qu’il en estautrement, je suis entièrement à vos ordres.

– Je vous remercie. Quandpartons-nous ?

– Demain.

– Bravo. J’annonce cette nouvelle à nosamis ?

– Si vous le jugez bon. De grand matin,les canots vous conduiront au sous-marin n° 2, lequel noustransportera en dehors de la ceinture de récifs qui barre l’entréede la baie.

– Et… ?

– Je vous ferai visiter les grands fonds,afin d’étonner autant que possible la malade et tenter d’obtenirune réaction nerveuse favorable. Car, je dois l’avouer, j’ai peurque la consomption ne la tue bientôt.

Sur ces mots douloureux, James s’éloigna, etAurett attristée prévint Armand de ce qui venait d’être décidé.Robert, Joan, Maudlin acceptèrent avec joie d’être de la partie.L’existence sur l’Île d’Or leur pesait par sa monotonie.

Lotia voulut résister, mais ses amies luisignifièrent, d’un ton sans réplique, qu’elles avaient répondu pourelle et qu’il était impossible de se dédire.

Bref, après une nuit agitée, tous setrouvèrent réunis sur la plage, attendant l’arrivée des chaloupesqui devaient les mener au sous-marin n° 2.

Ils s’étonnèrent un peu de voir Niari aumilieu d’eux ; mais l’Égyptien demanda avec tant d’insistanceà être de la promenade, il eut en formulant sa requête des regardssi apitoyés à l’adresse de la fille de Yacoub Hador, que l’onconsentit à l’emmener.

Plusieurs pensèrent que le cœur de l’Égyptiens’amollissait ; que peut-être bientôt il renoncerait à sesprojets. Tout à cette idée, aucun des passagers ne remarqua l’airétrange, presque solennel, avec lequel l’ex-serviteur de Thanisprit place dans une chaloupe.

Et cependant Niari semblait moins un hommegagné par l’émotion qu’un de ces prêtres farouches, au visagemarmoréen, qui consommaient jadis les sanglants sacrifices exigéspar le rite d’Apis Vengeur.

Sur le dôme du sous-marin, le Corsaireattendait ses invités. Il les fit descendre au salon ; lepanneau extérieur fut fermé, le bateau s’enfonça lentement, sousl’eau. Il se mit en marche, parcourut le tunnel qui reliait lelagon à la baie de l’Île d’Or ; et bientôt son hélice battitles flots de la vaste échancrure, autour de laquelles’arrondissaient en demi-cercle les falaises de la côte.

– Ce golfe, demanda étourdiment Aurett,n’a-t-il pas un nom ?

La question parut embarrasser le Corsaire quirépondit évasivement :

– Pourquoi cette question ?

– Parce que, s’il n’en avait pas, j’enproposerais un, le vôtre, Sir James.

– Malheureusement, murmura l’interpellé,la baie a déjà reçu une appellation plus justifiée.

– Et c’est… ?

Il y eut un silence. Pack hésitait sûrement àrépondre.

– Est-ce encore un secret ? s’écriaLavarède avec un désespoir comique.

– Non.

– Alors ?…

– Ce golfe porte le nom de l’un de mescompagnons de lutte ; de celui qui a montré le plus decourage ; qui a soutenu ma volonté lorsqu’elle chancelait.C’est un hommage de reconnaissance que je lui ai adressé sans leconsulter, et maintenant, contraint à parler, je me demande si jen’ai pas eu tort, si mon silence ne lui paraîtra pas coupable.

Comme malgré lui, ses yeux se portaient surMaudlin. La jeune fille ; saisie d’un trouble inexplicable,fit effort pour dire :

– Vous n’avez rien pu faire derépréhensible, Sir James.

– Vous le croyez ? s’exclama-t-il.Eh bien, en ce cas, je parle. Nous naviguons en ce moment dans labaie Silly-Maudlin.

Tous applaudirent, sauf la fille de Joan quibaissa la tête en rougissant. Mais le regard furtif, qu’elle coulaentre ses paupières demi-closes vers le Corsaire, n’exprimait pasle mécontentement.

Et James continua :

– Le promontoire ouest est le cap LordGreen ; celui qui lui fait face est la pointe Joan ; lesrécifs amis qui défendent l’entrée du golfe portent des noms que jene saurais oublier jamais. Ce sont la roche Lavarède, la pierreRobert, les îlettes Lotia et Aurett.

Les assistants hochaient la tête avecsatisfaction. Rien ne pouvait être plus aimable que la pensée deleur hôte voulant conserver à jamais le souvenir de leur visite àl’Île d’Or.

Mais une injustice criante leur apparaissait,et Aurett traduisit l’impression de tous en disant :

– Il ne manque que votre nom, Sir James,à ce petit calendrier géographique.

– Il ne manque pas.

– Ah !

– La passe profonde, la seule parlaquelle un navire un peu important peut arriver dans la baie, areçu mon parrainage.

– Elle se nomme ? interrogea Armandavec le secret espoir d’apprendre enfin l’appellation véritable deson mystérieux compagnon.

Mais celui-ci eut un sourire narquois aussitôteffacé et du ton le plus naturel :

– Elle se nomme : la passeTriplex.

Sans vouloir remarquer l’expressiondésappointée du visage de ses auditeurs, il poursuivit :

– Tenez, nous y arrivons justement.Veuillez prendre place aux hublots ; je vous montrerai lesystème de défense qui met la baie à l’abri d’un coup de main.

Déjà Armand regardait au dehors. Il poussa uncri :

– Ah çà ! Vous avez… installé untramway, un chemin de fer sous-marin. Positivement j’aperçois desrails qui traversent la passe dans le sens de sa largeur.

C’était exact, et les compagnons dujournaliste, attirés aux hublots par ses exclamations, eurent lamême impression que lui.

Le sous-marin filait dans la passe étroite.Sur le fond uni se distinguaient nettement des lignes quiressemblaient à s’y méprendre à des voies de chemins de fer.

– C’est là ce que je désirais vous fairevoir, reprit le Corsaire.

– Mais dans quel but avez-vous établi cesrails ?

– Voici. Ce travail, n’est-ce pas, étaitaisé pour des hommes munis de scaphandres perfectionnés, jen’insiste donc pas sur ce point. Quant au but, il est purementdéfensif. J’ai voulu pouvoir fermer la passe en cas de besoin.

– Fermer la passe ? se récrièrentles touristes.

– Parfaitement. Supposez qu’un navireinquiétant se montre. Il ne peut aborder que dans la baie, carpartout ailleurs, la côte est formée de falaises abruptes, dontl’approche est encore rendue plus difficile par des récifs qui seprolongent fort loin en mer.

– Le vaisseau cherchera alors une passe,interrompit le Parisien avec son impatience habituelle.

– Oui, mais il n’en trouvera pas.

– Parce que ?…

– Parce que sur les rails que vous voyez,glissent des chariots de fonte qui supportent des rochers mobiles.Je vous ai montré mes ateliers électriques, lors de votre premièrevisite aux cavernes de l’île. Il me suffit d’établir là-basquelques « contacts » pour que mes chariots se mettent enmarche. Les récifs artificiels qu’ils véhiculent obstruent lapasse, et le navire suspect s’en va, persuadé en apercevant la merqui se brise et écume partout, que la baie est une sorte de lacintérieur dont l’accès est impossible.

Puis avec une ironie si légère qu’elle fut àpeine remarquée :

– Mon système, s’il était connu,défendrait l’entrée d’un port plus sûrement encore que lestorpilles, qu’en pensez-vous ?

Ce qu’en pensaient les hôtes de James nesaurait être dit. Leur état confinait à l’ahurissement. Ils sesentaient écrasés par la prodigieuse imagination de cetIngénieur-Corsaire, qui, à chaque instant, leur dévoilait uneinvention réalisée, de nature à révolutionner la vie sociale despays civilisés.

Cependant le sous-marin avait franchi lechenal bordé de récifs, et sans ralentir son allure, il descendaitvers le fond de l’Océan. Le manomètre accusait une profondeur dedeux kilomètres, quand Robert questionna :

– Toucherons-nous bientôt ?

– Oui, répondit Pack, dans dix minutes àpeu près, par deux mille huit cents mètres de fond. Aussi, je croisle moment venu de revêtir nos scaphandres, afin de nous mettre enchasse aussitôt que le bateau stoppera.

On se leva aussitôt, et tous songeant, les unsà la fantaisie du Corsaire qui avait réuni, pour baptiser lesaccidents de son île, les noms de Lord Green, de Joan, deMaudlin ; les autres à la capacité créatrice de cet hommeétrange, qui par la seule force de la volonté et de la science,amenait à composition la puissance anglaise, tous se rendirent dansla salle des scaphandres.

James avait bien calculé son temps, car sesamis finissaient justement de s’habiller quand le frémissement del’hélice cessa soudain. Le n° 2 ne marchait plus. Il reposaitsur un lit de sable, au fond de la « fosse » ou« creux » qui sépare les archipels de Cook et deTonga.

Fosse, on le sait, est le nom donné par lesgéographes aux dépressions considérables qui se rencontrent dansl’Océan Pacifique… Aucune mer ne présente en effet des différencesde niveau aussi tranchées. Aussi les fosses de Jeffrey’s et deThomson, au sud et à l’est de l’Australie, celle de la Gazelleautour de l’île Norfolk, celles de Nares, du Challenger, de VettorPizani, aux environs des Archipels des Carolines et des Mariannes,celles d’Ammen, de Belknap dans la région des îles Hawaï, et cellede Miller, près du groupe Clarence accusent de quatre à sept millemètres de fond, alors que les plateaux voisins exhaussés par lespolypiers indiquent à peine à la sonde des profondeurs de mille àdeux mille mètres. Bien plus, dans la Polynésie française (Tahiti,Toubouai, Gambier, Marquises) les coraux, aidés par un soulèvementvolcanique progressif, sont à cent mètres seulement de la surfacedes eaux, et si le mouvement géologique continue, le drapeautricolore abritera là-bas, avant un siècle, un empire plus vasteque la Nouvelle Guinée et l’île de Bornéo réunies, c’est-à-diretrois fois plus grand environ que la France européenne.

C’était donc dans un de ces gouffres duPacifique que James Pack allait guider ses amis, protégés par desscaphandres assez solides pour résister à la pression écrasante deneuf mille pieds d’eau.

Le compartiment fut bientôt rempli, et laporte-glissoire ouverte, tous quittèrent le navire.

À une telle profondeur la clarté du soleiln’arrivait pas. Mais la chose était prévue. Des lampes électriquesavaient été vissées aux capsules sphériques enfermant la tête desvoyageurs, et ces lampes, actionnées au moyen de l’accumulateur quifaisait partie de l’équipement, remplaçaient fort bien les rayonssolaires.

Tout d’abord, les touristes éprouvèrent unesurprise. Ils avaient ouï dire par de doctes personnages qui, dansdes bureaux bien chauffés, étudient les profondeurs sous-marinessans avoir jamais navigué, ils avaient ouï dire que toutevégétation disparaissait au-dessous de 800 mètres. Or, ils sepromenaient à une profondeur quadruple, et les roches étaienttapissées de plantes luxuriantes.

Ce n’étaient plus des algues, des fucus, desvarechs, des goémons. C’était autre chose, et cet autre chose étaitmerveilleusement beau.

Les végétations d’une consistance gélatineuse,découpées en fines lamelles transparentes et multicolores,semblaient taillées dans des pierres précieuses.

Ces lianes souples auxquelles le moindremouvement de l’eau communiquait un balancement serpentin,étincelaient sous les feux électriques.

Dans ces fourrés chatoyants passaient desformes étranges d’animaux innommés ; les uns lamelles,diaphanes, apparemment façonnés du même tissu que les végétaux dontils se nourrissaient ; les autres plus rapprochés des espècesconnues, mais ayant une puissance centuple, indispensable à desêtres appelés à vivre sous la pression formidable de trois millemètres d’eau.

Ces monstres d’ailleurs ne faisaient aucuneattention aux voyageurs, et Lavarède, établissant la communicationtéléphonique avec James Pack, en fit plaisamment laremarque :

– Ils sont blasés, vos poissons ;notre venue ne produit pas la plus légère sensation.

– Vous ne devinez pas pourquoi ?

– Non.

– C’est nos lampes électriques qui sontcause de cette indifférence. Mes poissons, comme il vous plaît deles appeler, nous prennent pour des Sternoptychides.

À ce nom baroque, le journalistesursauta :

– Pardon, vous dites ?

– Je dis : Sternoptychides.

– Qu’est-ce que c’est que ça ?

– Ce sont les poissons chargés d’éclairerles fonds océaniques.

– D’éclairer, sérieusement ?…

– Certes !

– Quoi… ces animaux seraient en quelquesorte les gaziers des grandes profondeurs ?

– Mieux encore, les électriciens, car lesglandes lumineuses qu’ils portent au-dessus de la tête produisentun véritable rayon électrique.

Du coup, Armand éclata de rire :

– Vous me la baillez bonne. Vous avez vude ces jablockoff vivants ?

– Non ; inutiles autour de nous quiavons notre lumière, ils fuient ou s’éteignent.

– Alors, comment pouvez-vous affirmerleur existence et leur fonction ?

– Leur existence, parce que j’en aipêché, leur fonction par raisonnement. Vous allez comprendre. Lesanimaux destinés à vivre dans l’obscurité, tels les poissons descavernes, sont aveugles, ou pour être plus exact, privés desorganes de la vue.

– Cela, je le sais.

– Bien. Or, les habitants des fonds onttous des yeux, preuve qu’ils doivent connaître la lumière. Lesoleil n’arrivant pas jusqu’à eux, il faut bien conclure que despoissons, munis d’une glande électrique, sont destinés à fournircette lumière. Remarquez du reste que les savants français qui ontopéré des sondages par trois et quatre mille mètres dansl’Atlantique et ont ramené au jour des spécimens de ces curieusesbestioles, se sont arrêtés à la même conclusion que moi-même.

Cette fois, Lavarède ne protesta pas, maisavant l’interruption de la communication, James l’entenditmurmurer :

– Ô Nature ! Nature merveilleuse etdiverse…, tu avais créé l’éclairage électrique bien avant nosingénieurs, et cela sans appareils coûteux, sans installationscompliquées. Un petit poisson dans lequel tu enfermes un éclair,voilà la lampe demandée !

De nouveaux objets du reste appelaientl’attention des promeneurs. La nature du sol changeait. La routemaintenant traversait un chaos de roches désolées, jetées les unessur les autres. Un cataclysme avait sûrement bouleversé la croûtesolide en cet endroit. Des pics se dressaient comme des tourséventrées, des blocs figuraient des pans de murailles à demiéboulées, on se fût cru volontiers au milieu des ruines d’une villeprise d’assaut.

Et soudain tous les passagers s’arrêtèrentstupéfaits. L’eau autour d’eux devenait rouge, et les rayons deslampes y allumaient des reflets d’incendie. Un geste du Corsaireleur expliqua le phénomène. De la main il montrait le sol, surlequel grouillaient en quantité innombrable des bêtes ayant unevague ressemblance avec les escargots de nos champs.

Il téléphona ensuite ce seul mot :

– Murex.

Ce fut assez. Aucun des voyageurs n’ignoraitque le murex est le coquillage qui fournit la pourpre. Lespromeneurs avaient donné en plein dans un banc de murex migrateurs.À chaque pas, ils en écrasaient des douzaines, de là la teinterouge de l’eau.

Il leur fallut plus d’une demi-heure pourfranchir la zone occupée par les mollusques. Le sol s’était abaissépeu à peu et ils suivaient une vallée encaissée, parsemée de blocsrocheux, et dont les flancs étaient percés de taches sombres,entrées inquiétantes de cavernes qui pouvaient receler des hôtesdangereux.

Robert se glissa soudain dans l’étroitintervalle qui séparait deux masses de pierres. Il semblait là unefourmi tombée dans l’interstice de deux pavés. Son mouvement étaitmotivé par une sorte d’arbuste bleuâtre qui se dressait au pied durocher. C’était le corail bleu des fosses, connu seulement deshommes de science et qui, à raison de sa prédilection pour lesprofondeurs excessives, ne figurera pas de longtemps encore dansl’arsenal de la coquetterie.

La rareté du polypier explique l’empressementdu cousin d’Armand à le cueillir. Il avait l’intention de l’offrirà Lotia et l’espoir d’amener ainsi un sourire sur les lèvres pâliesde la jeune fille.

Il s’était baissé ; déjà sa main secrispait sur la tige de corail pour l’enlever du rocher, quand ildemeura immobile, comme paralysé. Un objet souple venait del’entourer et le pressait fortement contre l’un des blocs degranit, entre lesquels il s’était imprudemment faufilé.

Il regarda avec un commencement de peur etdemeura stupéfait. Ce qui l’appliquait au roc, ce quil’immobilisait était une corde.

Que signifiait cela ?

Il ne se le demanda pas longtemps. Unscaphandrier se dressa à côté de lui et l’oreillon téléphonique luiapporta ces paroles :

– Tu es l’obstacle à la liberté del’Égypte, tu as volé l’esprit de Lotia Hador. Meurs ici, Niari t’acondamné.

Il voulut répondre, supplier l’Égyptien, quin’avait suivi les passagers que pour accomplir cette affreusevengeance ; mais celui-ci intercepta la communication, eut undernier geste d’ironie et de haine, puis il s’éloigna à grands pas,pour rejoindre le reste de la caravane dont les lampes dansantesdevenaient de moins en moins distinctes.

Une sueur glacée ruissela sur le front deRobert. Est-ce que ses amis n’allaient pas s’apercevoir de sonabsence ? Est-ce qu’il allait rester seul, perdu dans legouffre, avec trois mille mètres d’eau au-dessus de satête ?

Non, cela n’était pas possible. Une telle finétait trop horrible. Il fit un effort surhumain pour s’arracher deses liens. La corde se tendit, mais elle résista.

Et là-bas, les lumières décroissaienttoujours, devenaient toutes petites, n’étaient plus qu’un point,puis un brouillard. Enfin tout disparut.

Robert était seul, captif sous les flots.

Il eut un cri sourd, il lui sembla qu’uneconvulsion effroyable contorsionnait son cerveau et il perditconnaissance.

Mais il resta debout, soutenu par les liensqui l’attachaient au rocher.

Que dura son évanouissement ? Lui-mêmen’aurait su le dire. Il rouvrit les yeux, se souvint, promenaautour de lui un regard égaré. La lampe électrique fichée au sommetde son casque, projetait un cercle de lumière, mais ellen’éclairait que des rochers. Dans ce désert sous-marin, le jeunehomme seul vivait.

Son cœur se serra et avec désespoir il sedit :

– Je vis, pour combien de temps ? Audépart j’avais de l’oxygène pour douze heures. Dans six maintenant,le gaz précieux me manquera !…

L’asphyxie hideuse étreindrait bientôt lagorge du Français ; mais cette idée, loin de l’épouvanter, luisembla consolante :

– Six heures d’agonie, fit-il encore,allons, ce n’est pas trop. Et puisque je suis perdu, car mes amisne pourront jamais me retrouver, autant ne pas souffrirlongtemps.

Malgré ces paroles résignées, le captif essayaencore de briser ses liens. Espérait-il donc quelque chose ?Non, mais l’instinct de la conservation survivait à l’espoir et lepoussait à lutter.

Il eut presque un cri de joie, en constatantque la corde s’était relâchée. Évidemment les nœuds faits par Niaris’étaient desserrés. Ah ! s’il pouvait débarrasser ses membresde ce réseau de chanvre dont ils étaient emprisonnés !

Doucement d’abord, puis plus fort, il exécutaun mouvement de va-et-vient, dont le résultat fut de faire glisserla corde sur les angles du rocher. Bientôt un brin du filinéclata ; un autre suivit et après une demi heure d’efforts, lejeune homme réussit à faire tomber ses liens à ses pieds.

Durant une minute, il fut en proie à une joiedélirante. Il était libre, mais presqu’aussitôt l’inanité de lalutte se présenta à son esprit. Libre ! Quelle plaisanterielugubre venait-il de proférer ? Libre, alors qu’il était égarédans l’immensité du Pacifique, sous une montagne d’eau de lahauteur du Mont Blanc.

Sa liberté consistait à pouvoir s’asseoir pourmourir.

Et pourtant, quelle pensée traverse soncerveau. Il est seul, c’est vrai ; ses compagnons ont disparu,c’est encore vrai ; mais s’il suivait leurs traces il lesrejoindrait. Et ils ont dû en laisser sur le sable, sur la vase quiremplit les creux des rochers.

Mais oui, le salut est là. Il faut à tout prixretrouver la piste.

Et Robert sort de son réduit. Telle est saconfiance, qu’il cueille la branche de corail bleu. Pourquoil’abandonner à présent qu’il est certain de l’offrir àLotia ?

Mais cinq minutes de recherches lui apportentle découragement.

Il n’a pas réfléchi, pas raisonné. Il se lereproche amèrement. Des traces !… Comme s’il en pouvaitsubsister sous la pression formidable de 3.000 mètres d’eau, de 300atmosphères, sous cette pression qui ferait éclater comme cornetsde papier les chaudières des plus puissantes machines à vapeur.

Non, le sol est uni partout, sans une ride. Etle Français songe qu’à cette minute même, Armand, James Packremarquent peut-être son absence ; qu’eux aussi cherchent latrace de leur passage pour revenir vers lui et qu’ils ne latrouvent pas, qu’ils ne la trouveront jamais.

Ah ! certes, ce n’est pas la mort quil’épouvante… il est si malheureux depuis quelque temps ; maiscela lui paraît effrayant de rendre le dernier soupir dans lesprofondeurs de la mer.

Une dernière fois il tourne sur lui-même,regardant avec l’anxiété d’un condamné s’il ne voit personne, etune angoisse nouvelle le prend.

À la limite de la zone éclairée, des formesindistinctes se meuvent. Oh ! il ne s’y trompe pas… Ce ne sontpoint des hommes… Mais alors qu’est-ce donc ?

Cela, il est incapable de le dire, mais celalui paraît horrible. Il a peur de ces choses aux lignes bizarresqui s’agitent, imprécises, ainsi qu’un brouillard, aux confins dela lumière et de l’ombre.

Instinctivement, le Français bat en retraitevers les rochers où il était prisonnier naguère. Il se glisse entreeux. Là il respire une seconde, il lui semble qu’il est en sûreté.Sa main droite se crispe sur sa latte électrique. Il est prêt àcombattre cet être qu’il ne connaît pas, mais qui va l’attaquer, ilen est sûr.

Brrrrr ! En dépit de sa résolution, ilsent un froid glacial courir dans tous ses membres, ses dentsclaquent avec un bruit de castagnettes, il ne sait pas ce qu’estson ennemi ; non sans doute. Pourtant il sait que c’est unmonstre des gouffres, un monstre qui voit en lui une proie.

Il faut découvrir l’animal. Qu’est-ildevenu ? Robert dirige la lumière de sa lampe sur les ténèbresqui environnent sa retraite.

Il a voulu voir. Il voit. Cela est plusépouvantable que tout ce qu’il pouvait imaginer.

Ce n’est pas un monstre qui apparaît sous lerayonnement électrique ; c’est une armée de bêteshétéroclites, grotesques et terribles. La nature, toujourssupérieure à l’homme, semble avoir voulu prouver que les inventionsde Callot n’étaient que de pauvres copies de son œuvre, à elle. Ceque les yeux hagards de Robert contemplent, ce n’est plus unevision d’horreur, de folie ; c’est l’horreur, c’est la folieelles-mêmes.

Là des crabes géants, aux pinces formidablescapables de couper un cheval en deux, s’avancent, embarrassantleurs pattes velues dans les échasses longues de plusieurs mètresd’énormes araignées de mer. Plus loin, ce sont des crustacéshideux, avec un corps de homard de la dimension d’une barriqueterminé par une queue mince et souple qui s’agite ainsi qu’unserpent. De l’autre côté, ce sont des bêtes sans forme et sans nom,masses gélatineuses et lamellées. Ces êtres ont dix à douze mètresde longueur. Ils semblent d’immenses poches, percées de deux trousoù brillent des yeux glauques et aussi d’une ouverture plus grandegarnie de ventouses… Celle-ci est la bouche de l’animal. Et cesmasses tremblotantes rampent lentement vers le Français.

Cette armée immonde s’approche, entoure lerefuge de Robert. Par bonheur, les monstres ne peuvent se glisserdans l’étroit couloir où le malheureux a trouvé place. Mais choseterrifiante, les bêtes escaladent les rochers. En haut, à droite, àgauche, le jeune homme ne voit que gueules avides, pincesmenaçantes qui s’efforcent de l’atteindre.

La griserie du désespoir le prend. De sa lanceélectrique il foudroie les plus ardents des assaillants. À traversson casque métallique des bruits étranges lui parviennent :grincements de pattes sur la pierre, claquements de mandibules quidévorent ceux que l’étincelle vengeresse a terrassés.

Il frappe sans relâche, en proie à uneexaltation délirante. Il semble être le faucheur gagé par la mort.Tout à sa tâche, il cesse un instant d’observer la partiesupérieure de la fente où il a trouvé asile. Une pince descendlentement, ouverte, prête à broyer. Elle se referme…, par bonheurRobert a fait un mouvement, il n’est pas saisi…, mais la terriblepatte brise la lampe attachée au casque du scaphandrier.

Plus de lumière à présent. La nuit opaqueentoure le fiancé de Lotia. Il ne voit plus, mais il entend lesourd fourmillement de ses ennemis.

Va-t-il donc périr, sans pouvoir se défendre,sans avoir épuisé sa provision d’électricité ?

Non, une lueur s’allume au milieu des eaux,puis une autre, une autre encore. De toute la circonférence desténèbres arrivent des clartés qui semblent des follets dansant sousla lune à la surface des tourbières. Elles vont, viennent, passent,repassent, incessante farandole des sternoptychides, quiremplissent leur office. Les poissons-lumière vont éclairer la mortdu Français.

Une mêlée furieuse se produit, la lance dujeune homme frappe partout à la fois. Il a tout oublié dansl’emportement de la lutte. Mais les étincelles projetées par sonarme se font plus courtes. La tension électrique diminue dansl’accumulateur… ; un éclair encore, un monstre foudroyé, etpuis plus rien. En vain Robert presse désespérément les ressorts decontact… Nulle étincelle ne jaillit. Les munitions du combattantsont épuisées… Tout est fini !

Et les pinces, plus menaçantes que jamais, semontrent partout. Robert se baisse, se pelotonne sur lui-même, sefait tout petit pour se tenir hors de portée des monstres.

À un pied de son visage, de son corps, despattes, terminées par des crocs acérés, s’agitent, secontorsionnent, cherchant à s’allonger pour arriver à lui.

C’est intolérable ; il sent que pendantles quelques minutes qui lui restent à vivre, il va perdre laraison.

Il ferme les yeux pour ne plus voir.

Et tout à coup un cri éperdu s’échappe de seslèvres ; il a été pris sous les bras, mis debout… ! ilest perdu !… Et il reste hébété, ne comprenant pas ce qu’ilvoit, se demandant si la démence a eu raison de son cerveau.

Les monstres ont disparu, des scaphandriersl’entourent. Ce sont ses amis, ses compagnons de voyage qui l’ontretrouvé. James Pack connaît bien la région ; maintes fois ila parcouru le gouffre aux abords de l’Île d’Or, et il a rejointl’ami égaré.

Robert est à bout de forces. Il se laisseentraîner, rentre avec ses sauveurs dans le sous-marin n° 2,et débarrassé du scaphandre, il pénètre dans le salon où tousl’attendent pour le féliciter.

Une exclamation salue son entrée, crid’étonnement, de stupeur. Si violentes ont été ses émotions qu’unemèche de ses cheveux, juste au milieu du front, a blanchi.

Mais on n’a pas le loisir de s’attendrir. Lesinge Hope est là, et avec des cris aigus il se jette au cou ducousin de Lavarède. On rit, tandis que Robert présente à Lotia lecorail bleu qu’au plus fort du combat il n’a point abandonné.

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