La Conspiration des milliardaires – Tome II – À coups de milliards

Chapitre 14Un amour naissant

Après lelunch frugal qu’il avait coutume de prendre à midi, entre le repasdu matin et celui du soir, l’ingénieur Strauss, le propriétaire desusines Strauss and Co., les premières de l’Union pour lafabrication des machines électriques, des dynamos et des appareilstélégraphiques, sortit de chez lui, traversa les vastes coursintérieures de l’usine, et sonna à la porte d’un petit pavillonsitué à l’écart des autres bâtiments.

Olivier Coronal lui-même vint ouvrir.

Le jeune inventeur de la torpille terrestreétait nu-tête et vêtu d’une grande blouse blanche, comme en portentles ouvriers mécaniciens et ajusteurs.

– Entrez donc, fit-il en apercevant levieillard dont, au premier abord, l’allure hautaine, le gestenerveux, les yeux vifs et la peau mate semblaient indiquer uneascendance espagnole.

– Et comment allez-vous, mon cherOlivier ? fit l’ingénieur en refermant la porte sur lui et ensuivant le jeune homme dans une petite pièce bien éclairée quiservait à celui-ci de salle de travail.

Dès les premiers jours de son installationchez l’ingénieur Strauss, il s’était établi entre eux une sympathieréciproque, qui s’était promptement changée en une sincèreamitié.

Engagé à de très brillantes conditions, pourpoursuivre la réalisation d’un nouveau mode de télégraphe sansfils, Olivier Coronal avait tout de suite plu à l’ingénieur, quin’avait pas tardé à s’apercevoir de la haute capacité de celuiqu’ironiquement, William Boltyn appelait « leprotégé ».

En vérité, l’ingénieur Strauss s’intéressaitbeaucoup à Olivier.

– Parlez-moi, d’un travailleur commecelui-ci, disait-il. Quelle différence entre lui et cette jeunessepédante autant qu’ignorante, qui ne sait que discourir à tort et àtravers.

Olivier lui savait gré de la délicatesse deses procédés.

Car, bien que glacial et autoritaire enverstout le monde, l’ingénieur Strauss se montrait rempli d’affabilitéenvers le jeune homme.

Pourtant Olivier n’était jamais sorti de saréserve, tenant à conserver, une fois sa tâche remplie, toute sonindépendance.

Même son humeur un peu taciturne, son goûtpour la solitude lui avaient attiré d’amicales plaisanteries de lapart du vieillard.

Olivier avait consenti à l’accompagner unefois dans les salons du grand banquier Worms.

Mais depuis, il s’était obstinément refusé àsortir de nouveau.

– Vous me surprenez dans un moment degaieté, fit le jeune homme. Je viens de recevoir une lettre de LéonGoupit, vous savez, mon petit majordome, comme on dit ici. Et c’esttellement impayable que j’en ris encore.

– Mais, à propos, il vous a quitté ?Et qu’est-il devenu ?

– Il a trouvé une meilleure place. Il estmaintenant au service d’un touriste anglais qui l’a emmené avec luidans les montagnes Rocheuses, et qui lui donne de grosappointements comme homme de confiance… Mon gaillard est pour lemoment à Salt Lake City ; et si vous lisiez ses réflexions surles mormons, dans son style de gavroche parisien, c’est à mourir derire.

– Ah ! c’est un Parisien, fitl’ingénieur Strauss. Je ne m’étais donc pas trompé. Il porte eneffet son acte de naissance écrit sur sa figure. À son nezretroussé, à ses yeux pétillants de malice et à son souriregouailleur, on ne peut se méprendre.

– Oui ; et c’est un brave cœur,malgré ses travers et sa manie de toujours « blaguer ».Dès qu’il a eu quelques dollars, il les a envoyés à sa mère, unebrave marchande des quatre-saisons pour qu’elle puisse monter uneboutique de fruitière.

– Ce trait lui fait honneur.

– Il m’est bien attaché. Et je ne doutepas qu’il ne m’ait quitté que pour pouvoir venir en aide à sa mèred’une façon plus efficace.

Olivier s’était remis au travail.

Sur une longue table de chêne, toutes sortesd’appareils étaient entassés, des piles et des bobines électriques,des accumulateurs, des récepteurs.

Sur un établi, des pièces détachées,soigneusement alignées, attendaient l’ajustage.

Car le jeune homme faisait presque tout parlui-même, afin de mieux préserver le secret de ses trouvailles.

Il cherchait pour le moment un nouveau modèlede bobine d’induction qui, selon ses calculs, pourrait fournir desétincelles de plus d’un mètre de longueur.

Sans rien dire, l’ingénieur Strauss leregardait, debout devant un étau, et fort occupé à limer une piècede cuivre.

Olivier l’intriguait, avec sa réserveobstinée.

L’ingénieur Strauss savait fort bien qu’ilavait inventé une torpille terrestre dont il avait fait don augouvernement français.

Il connaissait aussi les relations d’Olivieravec Ned Hattison, le fils de l’illustre savant américain et avecM. Golbert, l’inventeur de cette locomotive sous-marine, de cechemin de fer subatlantique, dont tous trois étaient venus tentervainement la réalisation aux États-Unis.

Olivier lui avait souvent parlé de ses amis,en termes élogieux.

Mais chaque fois que l’ingénieur Strauss avaitcherché à connaître la cause du retour en Europe de Ned Hattison,de son beau-père et de sa femme, la cause de l’abandon de leursgigantesques projets industriels, Olivier Coronal avait détourné laconversation.

La discrétion du jeune homme à cet égardfaisait soupçonner à l’ingénieur Strauss l’existence d’un mystèrequ’il se promettait bien d’éclaircir lorsque l’occasion s’enprésenterait.

Les causes réelles du désastre du chemin defer subatlantique étaient demeurées inconnues du gros public. Lesjournaux avaient parlé d’un échec financier, l’opinion s’étaitcontentée de cette explication.

Ned Hattison, par un sentiment facile àcomprendre, avait prié ses amis de garder le secret sur l’incidentdes torpilles. Les journaux stipendiés par l’ingénieur Hattison,ayant le mot d’ordre, avaient gardé le silence sur les véritablesraisons de ce désastre.

L’ingénieur Strauss, avec sa perspicacité devieux savant, ne trouvait pas l’explication naturelle et il envoulait un peu à Olivier Coronal de son manque de confiance.

Cette circonstance ne diminuait en riend’ailleurs son estime pour l’inventeur, dont il avait pu apprécierles théories humanitaires, un soir, qu’au cours d’une causerie,Olivier lui avait expliqué à quels mobiles généreux il avait obéien inventant la torpille terrestre, qu’il considérait commedestinée à hâter la suppression des guerres, et sa douleur enprésence des événements, qui démentaient si cruellement sa grandeutopie.

– Vous savez, mon ami, avait répondu levieillard, que vous aurez toujours votre place chez moi. Là, vouspourrez oublier vos déceptions en travaillant d’après vos idées.C’est encore ce qui satisfait le mieux le sage ; et vous êtessage, vous !…

– Je crois que nous arriverons à un bonrésultat, fit Olivier, après un moment de silence en interrompantson travail. Je crois avoir trouvé une nouvelle bobine d’inductionqui permettra les communications télégraphiques à distanceindéfinie.

– Vraiment ? fit l’ingénieur.

– Oh ! ce n’est pas encore suffisantpour remplacer l’ancien système. Mais patience, nous y arriverons.Dans quelques années, on ne connaîtra plus que la télégraphie sansfils, par ondes, la seule qui se joue de tous les obstacles, etaussi la moins coûteuse.

– À propos, interrompit M. Strauss,comme s’il se ressouvenait soudain de quelque détail oublié,savez-vous que vous m’avez attiré des reproches hier ausoir ?

– Moi ? Des reproches ? Et dequi donc ?

– Vous ne devinez pas, fit le vieillarden souriant. Vous êtes peu perspicace… De miss Aurora Boltyn,parbleu ! Je m’étais presque engagé à vous amener. Et commevous avez indiqué toutes sortes de raisons pour ne pas venir àcette fête, elle m’a accusé, oh ! amicalement, de vousséquestrer, de vous accabler de besogne !… Dieu sait pourtantsi je vous presse de sortir, de vous distraire !…

– Mais je vous assure que je ne pouvaispas, vraiment, fit Olivier non sans embarras.

– Vous avez tort, mon ami, repritpaternellement l’ingénieur. J’ai beaucoup parlé de vous à missAurora. Elle a pour vous une estime qu’elle n’accorde guèrefacilement à d’autres ; et, qui sait ?… Mais je n’ai pasqualité pour vous faire des confidences. D’autant plus que jetrompe peut-être. Enfin, je puis toujours vous conseiller moins deréserve à l’avenir, à l’égard de miss Aurora. Ce serait m’exposer àde nouveaux reproches.

Olivier Coronal s’était remis à limer,baissant la tête pour cacher son trouble.

– Je vais vous dire au revoir, fitl’ingénieur Strauss en gagnant la porte. Méditez mes paroles. Nousen reparlerons.

Lorsqu’il se retrouva seul, l’inventeur repritsur son bureau la lettre de Léon Goupit, et la relut.

Il n’avait pas tout dit à l’ingénieurStrauss.

Un passage de la lettre de Léon l’intriguaitprincipalement :

« Mon English, écrivait leBellevillois, m’a l’air d’un bien drôle de type. Il a commencé parme tirer les vers du nez, me demander un tas de renseignements survous, sur ce que vous faites, et sur la locomotive deM. Golbert, qu’il m’a tout l’air de connaître aussi bien ques’il l’avait construite lui-même.

« Moi, naturellement, comme vous m’avezrecommandé de ne rien dire… Motus que je me suis dit. Etil en a été pour ses frais.

« Seulement, il y a autre chose, rapportencore à cet ostrogoth de William Boltyn. J’ai vu ça un matin, surun papier que mon English avait oublié, après avoir écritune lettre faramineusement longue, et qui portait au moins unedouzaine de cachets sur l’enveloppe.

« Alors, voilà ce que c’est. Sur cepapier, que je n’ai pas pu voir bien longtemps, parce que mon« Aoh ! yes » est revenu, et m’ajeté un regard féroce en s’apercevant qu’il avait laissé traînerça. Mais j’ai fait celui qui n’a rien vu. Alors, sur ce papier il yavait les noms de William Boltyn, de l’ingénieur Hattison etd’autres comme Mercury’s Park. Puis toute une liste de canons, defusils et de choses électriques à quoi je n’ai rien compris. Onaurait dit que mon patron venait de recevoir une commande dequelque ministère en vue d’une guerre… »

Olivier Coronal cherchait à comprendre.

Que venait faire le nom de William Boltyn surles papiers de cet Anglais se donnant comme touriste, à côté de cesindications de canons, de fusils et de « chosesélectriques » comme disait le Bellevillois, et qui avaienttout l’air d’être des engins de destruction récemment inventés. Aubénéfice de quelle puissance ? Voilà ce qu’il aurait fallusavoir.

Et puis, toutes ces questions faites à LéonGoupit. Dans quel but ?…

L’inventeur cherchait le mot de l’énigme sansle trouver.

Ou plutôt il n’osait conclure.

Il sentait là quelque chose d’obscur et deterrible.

La physionomie glaciale du père d’Aurorarevenait devant ses yeux comme une obsession.

Avec la réflexion, sa pensée se précisait.

Cet Anglais, ce pseudo-touriste ne pouvaitêtre qu’un espion du Foreign Office, un de ces innombrables agentsque la politique britannique entretient partout, qui savent toutvoir, tout surprendre – et par tous les moyens – pour fournir desrenseignements au cabinet de Londres.

William Boltyn et l’ingénieur Hattison avaientdonc de secrets projets.

Il lui avait semblé aussi que Ned Hattison,dont il se rappelait certaines heures d’une inexplicable tristesse,ne disait pas tout ce qu’il savait de son père et du pèred’Aurora.

Et cette phrase de la jeune fille, l’autresoir, lorsque, parlant de la guerre, elle s’était interrompuebrusquement, comme craignant d’en avoir trop dit sur les projets deson père.

Tout cela revenait à la mémoire d’Olivier.

En même temps un désir intense de savoirjusqu’au bout s’emparait de son esprit, lui communiquait uneénergie nouvelle.

À la suite de cette soirée chez le banquierWorms, l’inventeur était revenu très troublé, effrayé presque de cequ’il venait de faire.

Et toute la nuit, les grands yeux persd’Aurora, son inquiétante et sauvage beauté l’avaient tenu enéveil, comme sous l’influence d’un charme qu’il ne parvenait pas àrompre.

Les jours suivants, l’image de la jeune filles’offrait sans cesse à sa mémoire ; et même l’effrayant labeurauquel il s’astreignait ne lui rendait pas le calme et la sérénitéd’autrefois.

Aussi, la veille, prié par l’ingénieur Straussde l’accompagner dans les salons de l’hôtel Boltyn où se donnaitune grande fête, il avait poliment refusé, alléguant sa fatigue,ses préoccupations.

Il ne voulait pas revoir les grands yeuxmétalliques, sous le regard desquels sa volonté se fondait.

Il craignait de ne plus pouvoir s’affranchirde leur influence.

Et maintenant qu’il voulait à tout prix savoirle mot de l’énigme que lui apportait la lettre de Léon Goupit, ilregrettait presque de ne pas avoir accepté l’invitation de laveille.

Il aurait vu Aurora, lui aurait parlé ;et peut-être, avec un peu d’habileté, aurait réussi à se fairedonner quelques indications, sur le terrible problème dont lasolution lui échappait.

Cette espérance lui fit entièrement changer deligne de conduite.

– Vous avez raison, dit-il, à quelquesjours de là à l’ingénieur Strauss, je me sens vraimentfatigué ; et quoique cela ne me plaise guère, je me décide àvous accompagner de temps à autre dans les salons. Cela medistraira un peu.

– Je vous le disais bien aussi, que vousvous surmeniez. Vous êtes jeune. Ce n’est pas à votre âge qu’on secloître.

La semaine qui suivit, Olivier dut subir dessoirées entières, une collection de gentlemen, de ladies et demisses qui, dans leur sans-gêne national, le traitaient un peucomme une bête curieuse et faisaient cercle autour de lui.

Il dut applaudir d’innombrables romancesdébitées sur des airs de boîtes à musique, cependant que le pianoaccompagnait avec autant d’âme qu’un orgue de Barbarie ou un moulinà café.

« C’est l’art d’ennuyer dans toute sabeauté, se disait Olivier. On se croirait dans une réunion deméthodistes ou bien de mathématiciens, tant ces gens ont l’airrenfrogné et maussade.

Ce qui n’empêche pas qu’après trois heures decet exercice, c’est du ton le plus sérieux du monde qu’on prendcongé du maître et de la maîtresse de la maison, en les remerciantde la bonne soirée qu’ils vous ont fait passer. »

Olivier n’avait pas revu miss Aurora.

Il n’osait confier à l’ingénieur Strauss sondésir de la rencontrer.

Aussi prit-il son mal en patience ; etcontinua-t-il d’aller, trois fois par semaine, affronter le spleen,qui semble régner en maître dans les salons de la société deChicago.

Un soir pourtant, chez un grand trafiquant enfourrures, il se rencontra de nouveau avec la jeune fille.

Elle était seule, son père étant parti pour unvoyage de quelques jours aux établissements des montagnesRocheuses.

Plus belle que jamais, ses lourdes tressesdorées, relevées en torsades, elle avait ce soir-là dans le regardune langueur qui ne lui était pas coutumière.

Olivier n’eut pas à faire beaucoup d’effortspour paraître aimable.

Il ne voulait pas se l’avouer, mais enapercevant Aurora Boltyn, il s’était senti pâlir, et son cœur avaittressailli.

– Je suis vraiment désolé, miss, dit-il,de n’avoir pu me rendre à la gracieuse invitation que m’a transmisel’ingénieur Strauss. J’étais vraiment fatigué et hors d’état defaire bonne figure à votre fête. Oserai-je espérer que vous ne m’envoulez pas ?

– Mais non, monsieur. J’ai seulementgrondé l’ingénieur ; car je comptais presque sur vous.

– Je tâcherai, miss, de me fairepardonner cette absence.

– Oh ! vous riez ! c’est toutpardonné, dit la jeune fille. Du reste, vous vous êtes punivous-même en vous privant du plaisir d’entendre Lisette Guiberne,votre célèbre chanteuse parisienne. Elle a conquis la faveurgénérale. C’était un véritable triomphe.

– Je n’en doute pas, approuval’inventeur.

En lui-même, il ne pouvait s’empêcher deremarquer le snobisme d’Aurora.

Il n’essaya pas de lui expliquer que cettechanteuse de café-concert, parcourant l’Amérique avec un barnum, nel’intéressait guère.

Il l’avait en piètre estime, elle et sesrefrains vicieux, dont s’était entiché tout le public européen.

Aurora n’eût pas compris.

Yankee dans l’âme, ignorant tout de l’art etde la beauté, elle demeurait esclave de ce sens pratique, érigé enthéorie absolue parmi ses compatriotes.

Belle sous les lumières, de la beauté froideet majestueuse d’une idole, l’orgueilleuse milliardaire incarnaitbien sa race aux yeux d’Olivier Coronal si éloigné d’elle par lecœur et le cerveau et qui la contemplait avec une expressiond’inquiétude et de souffrance.

Aurora continuait à discourir avec beaucoupplus d’affabilité qu’à l’ordinaire ; et, comme un orchestreattaquait la célèbre valse de Strauss, « Le beau Danubebleu », ils s’élancèrent tous deux dans le tourbillon desdanseurs, grisés par le parfum capiteux des fleurs, éprouvant unbonheur à s’isoler l’un près de l’autre, aux sons de cette musiqueberceuse.

De la même taille tous deux ; lui brun,de race latine avec son abondante chevelure noire et la douceurveloutée de son regard ; elle, blonde, mince et flexible, maisnerveuse et volontaire, la peau laiteuse, et par places rosée, lefront têtu, la bouche impassible, ils offraient un contrastegracieux.

La valse finie, elle remercia Olivier d’unregard.

Très émus, les deux jeunes gens osaient àpeine renouer la conversation.

Aurora avait repris le bras du jeune Français,et sans avoir besoin de se communiquer leurs pensées, ils avaientdéserté la foule qui se pressait aux abords du buffet, se disputantdes sandwiches et les coupes de champagne glacé au cocktail.

Et loin du bruit, ils s’étaient retrouvés côteà côte, la main dans la main, assis sur le divan d’un petit salondésert, dans lequel de magnifiques bouquets de roses blanchesexpiraient dans des vases de grès flammé, merveilles de l’artdécoratif moderne.

L’animation de la danse avait mis des teintesplus roses aux joues d’Aurora, un rayonnement plus vif dans sesyeux ; et pensive, alanguie, elle s’oubliait à vivresimplement, à rêver peut-être, elle, dont la bouche implacable neprononçait d’ordinaire que des phrases sèches et despotiques, elle,à qui l’émotion était inconnue.

Des paroles d’amour aussi montaient aux lèvresd’Olivier.

Son pouls battait plus vite.

Mais, par un prodige de volonté, il restamaître de lui.

Plus fortes que l’amour naissant qui éteignaitson cœur, ses préoccupations des jours précédents subsistaient toutentières.

La lettre du Bellevillois, le terribleproblème qu’elle posait et tous les soupçons qu’elle avait éveillésen lui, hantaient victorieusement sa mémoire.

William Boltyn ! Hattison !Mercury’s Park !… Il voulait à tout prix savoir quelleétait cette nouvelle machination, prévoyant un danger qu’il nepouvait définir…

Deux heures après, tandis qu’enveloppéechaudement d’une pelisse de renard bleu, miss Aurora Boltynregagnait l’hôtel de la Septième Avenue, tout entière à sonbonheur, Olivier Coronal, frémissant d’indignation, se retirait ens’adressant à lui-même mille reproches au sujet de safaiblesse.

À quel point en était le monstrueux complotqui s’ourdissait à coups de milliards sous les ordres del’ingénieur Hattison ?

Mercury’s Park, il en était sûr, Aurora le luiavait fait comprendre, presque avoué, avait été créé par WilliamBoltyn.

Et c’est là-bas que le milliardaire était ence moment même, surveillant l’œuvre de haine et de sang quis’élaborait dans l’ombre à coups de milliards !

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