La Conspiration des milliardaires – Tome II – À coups de milliards

Chapitre 16Un ménage parisien

Le traincourait le long d’immenses plaines de ce maïs qui couvre plus de lamoitié des États-Unis, et dans lequel la brise creuse des sillonsmouvants, glisse des frissons dorés, des houles incessantes, quis’étendent jusqu’à l’horizon, et donnent l’illusion d’un paradoxalocéan d’or liquide.

Dans le wagon où il s’est installé, OlivierCoronal s’oublie, la main appuyée contre la tempe.

Il contemple le paysage.

Le train file, empanaché de fumée, grimpe lescollines, dévale les pentes, franchit des ponts invraisemblables dehardiesse, et passe comme un éclair devant les stations.

C’est le rapide du Far West.

Il ne s’arrête qu’aux grandes cités pourprendre de l’eau et du charbon, et repart, déchirant l’air de sonsifflet strident.

L’inventeur, depuis plusieurs heures qu’il estassis, se sent le besoin de marcher un peu.

Il se lève, et fait le tour de la galerieextérieure du train, jetant un coup d’œil à droite, à gauche, dansles compartiments où, prenant leurs aises, quelques-uns de sescompagnons de voyage s’exhibent en pantoufles et en bonnetgrec.

À côté d’une lady chargée de bijoux etd’années, une jeune miss écoute, sans broncher, un récit trèsembrouillé, dans lequel se perd un ancien colonel de la milice.

Un commerçant en fourrures discute trèsgravement au sujet des dernières élections, du même ton qu’ilferait l’article à un client.

Son interlocuteur, un gros homme couperosé, seborne de temps à autre à articuler des : Yes !…Indeed !… qui semblent sortir difficilement desprofondeurs de son larynx.

Olivier Coronal, malgré lui, s’intéresse àtout cela.

Il surveille de loin les colloques qui se sontétablis de toutes parts.

– Fred Mantz, de la maison Barker,Brenberg, and Co., de New York : peignes, brosses ettabletterie.

– Mistress Bottmund, de la maison Ewars,Schneider and Co., de Washington : plumes et fleursartificielles.

– Very glad, indeed,mistress… fait le voyageur de l’honorable maison Barker,Brenberg, and Co.

– Very happy, sir,marmotte entre ses longues dents jaunes la représentante d’Ewars,Schneider and Co., avec une intonation de voix où elle met toute sarespectabilité.

Et la conversation s’engage sur le mêmeton ; et les mots de peignes, fleurs, brosses, dollars,hausse, baisse, reviennent régulièrement à chaque phrase.

« C’est d’une monotonie, d’unesécheresse, songe Olivier Coronal, à vous donner l’idée que cesgens-là ont un phonographe à la place du cerveau. »

Il reprend sa promenade, s’arrête ; et lefront à la vitre, regarde le paysage.

Les plaines de maïs ont disparu.

On s’enfonce vers l’ouest.

C’est maintenant la prairie, un terrain sec etplat, désert et sans autre végétation que les hautes herbes ;et çà et là, des massifs d’arbres, vestiges des anciennes forêtsqu’en moins de cinquante ans on a rasées pour en faire desplanches, du papier ou du carton comprimé.

Le train file à toute vapeur, en lignedroite.

Le jeune Français se rappelle, en souriant,les romans d’aventures qui charmaient son enfance, Fenimore Cooperet Gustave Aymard… Où sont la Longue Carabine, Bas deCuir, Œil de Faucon, et tous ces héros merveilleux dela Prairie qui firent la renommée du romancier américain, et plustard celle de son imitateur français ?

Aujourd’hui, ils seraient malvenus, lesaventuriers qui voudraient imiter ces héros des romansd’autrefois.

La prairie est civilisée.

Les railways la sillonnent.

Le bûcheron et le laboureur y travaillent.

Des villes s’y bâtissent.

Quant aux Indiens, anciens propriétaires dusol, ils ne sont plus qu’une quantité négligeable.

La civilisation américaine les trouvaitgênants.

Elle en a, sous le prétexte de leur fairegoûter les bienfaits de la civilisation, massacré une bonnepartie.

Le reste a été parqué, avec défense d’ensortir, dans des territoires délimités.

Mais Jonathan surveille les fils duGrand-Esprit.

Chaque jour il rogne davantage leur domaine,et bâtit des villes sur l’emplacement de leurs wigwams et de leursterritoires de guerre.

C’est la marche en avant.

Les usines fument là où les tribus indiennesvivaient librement du produit de leur chasse.

Les maisons en aluminium remplacent les huttesde branchages.

La puissance de l’or détrône la force dutomahawk.

Et les derniers représentants de la racerouge, décimés par d’inutiles révoltes, s’habillent à l’européenne,et font des affaires tout comme l’honorable Fred Mantz, de lamaison Barker, Brenberg, and Co.

Une cloche annonce l’heure du lunch.

Chacun gagne le wagon-restaurant, toutes lesvoitures communiquant entre elles par des passerelles àsoufflets.

Olivier Coronal s’y rend aussi.

Le grand air, qui entre par les vitres à demibrisées, a réveillé son appétit.

L’ancien colonel de la milice a délaissé lajeune miss, et ne pense plus qu’à attaquer vigoureusement le rosbifaux pommes de terre, inévitable plat de résistance de toute tableaméricaine.

Un jeune homme, au plastron immaculé, au fauxcol rigide, a pris place à côté d’elle, et s’empresse à laservir.

Mistress Bottmund et Fred Mantz se sont misd’accord pour l’incontestable supériorité des produits pourlesquels ils font la place ; et côte à côte, interrompent uninstant leur intéressante causerie, pour se repaître gloutonnement,sans nul souci des convenances démodées du Vieux Monde.

La bouche de mistress Bottmund donne l’idéed’une rangée de menhirs bretons animés d’un mouvement demarteau-pilon.

Et les lunettes fumées, derrière lesquelleselle abrite ses yeux, complètent heureusement le charme de saphysionomie.

Fred Mantz n’est, il est vrai, guèreséduisant.

Long, mince, et drapé dans une redingoteluisante, presque aphone, le crâne dénudé, le geste automatique, onserait bien embarrassé de lui attribuer un âge.

Un fantôme, dirait-on.

Mais il a déjà expédié sa seconde tranche derosbif.

Le gros homme couperosé ne marmotte même plusses yes et ses indeed, et se bourre aussi,consciencieusement, de jambon et de tartines de beurre.

Son interlocuteur, le marchand de fourrures,tout en ne perdant pas une bouchée, continue son discours sur lapolitique américaine.

– Oui, mylord, entend Olivier Coronal,s’il ne tenait qu’à moi, vous verriez comme cela marcherait. Jecommencerais par décupler les taxes sur tous les produits qui nousviennent d’Europe… Hurrah ! pour le protectionnisme,mylord ; c’est lui qui nous donnera la richesse, qui nouspermettra de devenir les maîtres du monde, d’avoir, nous aussi, descolonies, ce qui nous manque absolument ; et cela parl’incurie du gouvernement.

« Ce qui ne vous empêchera pas, pensaitOlivier Coronal, en entendant ces paroles, d’avoir chez vous plusde misère que partout ailleurs. Et vous aurez beau vous lancer dansla voie des armements, vous ne ferez pas disparaître les bandes dessans-travail qui parcourent les États-Unis, les armes à la main,pillant et brûlant tout, comme cela s’est encore produit lors de ladernière grève des chemins de fer. »

– Oui, miss, faisait le jeune homme auplastron blanc. Il doit, en effet, y avoir là-dessous une affaired’espionnage. En tout cas, je vais faire moi-même une enquête pourle compte de mon journal. J’arriverai bien à trouver l’assassin dece détective anglais.

Olivier sursauta.

« C’est donc un reporter, se dit-il. Ilva se mettre en campagne ; et il n’est sans doute pas le seul.Ces gens-là sont dangereux. Le pauvre Léon ! Pourvu qu’on nele découvre pas ! »

Et la pensée de l’inventeur, un instantdistraite par le voyage, par le spectacle de tous ces Yankees quis’offraient à son observation, revint toute au problème qui lehantait.

Il ne se sentait plus d’appétit.

Il quitta le wagon pour se promener le long dela galerie extérieure.

Le soleil déclinait à l’horizon, sur la mermouvante des herbes de la prairie.

Le train filait toujours, en ligne droite,vers l’Ouest.

À l’arrière du train, accoudé à la balustrade,le jeune homme alluma un cigare.

Le vent, qui caressait son front, luiprocurait une sensation de fraîcheur dont il avait besoin, agitécomme il était.

Il lui tardait de retrouver Léon Goupit, delui demander des explications sur la scène tragique qui s’étaitpassée entre lui et le prétendu John Brown.

« S’il pouvait m’indiquer, lui, où setrouve Mercury’s Park. Miss Aurora n’a point voulu me le dire… Etpourtant, il faut que je le sache, que j’y pénètre, à n’importequel prix. Un homme comme l’ingénieur Hattison a dû certainementcréer là un terrifiant arsenal ; et cela d’autant plus que lesdollars ne lui ont pas manqué. »

Bien qu’il s’efforçât de rester calme, unerage le prenait à cette pensée.

« Ils n’attendent sans doute plus que lemoment propice pour tenter l’exécution de leurs projets, sedisait-il. Mais ce William Boltyn et tous ces milliardaires sontdes monstres, d’avoir rêvé cette abominable chose : écraserl’Europe, lui imposer par les armes leur civilisation et leurmanière de comprendre la vie. »

Puis il se reprenait à espérer, à se dire que,malgré tout, le vieux monde sortirait vainqueur de cette luttegéante, que les plus puissants engins de destruction, les plusformidables machines de guerre, ne pourraient l’anéantir, que lestemps étaient passés où la force brutale était incontestée, quel’Europe ne pouvait pas périr, parce qu’elle était la portion laplus vivace de l’humanité, qu’elle portait avec elle la traditiondu progrès, le génie des lettres et des arts, et qu’elle possédaitl’intelligence créatrice et rénovatrice des idées.

Les lampes électriques illuminaient dans leswagons.

Sur le paysage, l’ombre grandissait.

Et Olivier Coronal poursuivait sa rêverie,évoquait ses souvenirs, se laissait baigner par le grand calmecrépusculaire.

Il songeait à ses amis retournés en France, àM. Golbert, à Lucienne qu’il avait tant aimée sans le luidire, qu’il aimait encore, malgré l’éloignement, malgré son mariageavec Ned, malgré la hantise dont le poursuivaient les grands yeuxmétalliques d’Aurora Boltyn.

Oh ! cette Aurora !

Chaque fois qu’il pensait à elle, le jeuneFrançais sentait son cœur battre violemment.

Un trouble s’emparait de lui.

L’aimait-il ?

« Non, je la hais, au contraire, autantque son père dont elle a la dureté et l’égoïsme. »

Il croyait bien dire vrai, voulait s’enconvaincre, ignorant que rien n’est plus près de l’amour que lahaine, surtout lorsqu’une curiosité s’y ajoute.

– Vous aimez la solitude, monsieur ?dit quelqu’un, en français, derrière Olivier Coronal.

L’inventeur se retourna, surpris.

Deux personnes étaient à côté de lui, sur laplate-forme.

Un grand jeune homme blond, à la moustacheretroussée ; une jeune femme brune, dont il apercevait à peinele visage sous la voilette.

– Quelle surprise agréable, monsieur,s’écria Olivier, d’entendre une parole française.

– Tu vois que je ne m’étais pas trompé,dit alors le jeune homme blond à sa compagne. Monsieur nous réponddans notre langage.

Puis à Olivier :

– Vous êtes Français, monsieur ?… Jel’avais deviné rien qu’à vous voir.

– Mais sans doute, monsieur, je suisFrançais. Et permettez-moi de me féliciter…

– Mais c’est moi, au contraire, qui suisenchanté, répondit le jeune homme en tendant la main… GeorgesDeborde, ajouta-t-il. Excusez-moi de me présenter moi-même. Etvoici ma jeune femme, Angèle.

– Je suis très heureuse, monsieur, derencontrer un compatriote, dit gracieusement cette dernière, entendant, elle aussi, sa petite main gantée.

Olivier Coronal se nomma à son tour.

– Mais nous vous connaissons, alors,s’écrièrent à la fois les deux époux. Olivier Coronal, l’inventeurde la torpille terrestre… Parfaitement, c’est vous, c’est bien vousqui habitiez, l’année dernière, le petit pavillon des usinesd’Enghien ?

– Sans doute. Mais comment ?

– Je vais vous expliquer, dit la jeunefemme. Nous habitons juste en face de l’usine ; et de nosfenêtres nous vous voyions sortir et rentrer chez vous.

– Quelle surprise tout de même de serencontrer ici, Angèle, au milieu de l’Amérique. Comme c’est loin,tout de même, Paris et Enghien !

– Et vous allez jusqu’à SanFrancisco ? demanda l’inventeur, amusé par cette gaietéparisienne, par les façons sympathiques de ces jeunes mariés quisemblaient s’adorer et ne se quittaient pas des yeux.

– Oui, sans doute, répondit GeorgesDeborde. Nous faisons notre voyage de noces : c’est-à-dire quenous allons rejoindre un vieil oncle à moi à Saigon. Le bonhomme,qui n’a pas d’enfants, commence à se sentir fatigué. En apprenantmon mariage, il a eu l’idée de m’appeler auprès de lui pour luisuccéder, à la tête de sa maison de commerce. Et ma foi, nous avonspris le chemin des écoliers. Nous avons visité le Canada et leschutes du Niagara. Les connaissez-vous, monsieur Coronal ?

Olivier dut avouer qu’il ne les avait jamaisvues.

– Quel spectacle, monsieur, continua lejeune homme. J’en suis encore émerveillé. Figurez-vous une marched’escalier de soixante mètres de haut et d’un kilomètre de long. LeNiagara tombe de là-haut ! Les mots ne suffisent plus pourdécrire cette énorme masse d’eau qui se précipite dans le vide. Ona calculé qu’il passait, toutes les heures, cent millions detonneaux d’eau par les cataractes, monsieur. Est-ce que cela nedonne pas le vertige !

Il s’interrompit pour allumer un cigare.

– Et vous ne croiriez pas, reprend-il,que ma femme a voulu à toute force descendre en bas, sous leschutes. Une vraie folie, où nous avons manqué de laisser notrepeau. On nous a fait revêtir un vêtement imperméable, des chaussonsde feutre, un capuchon qui nous permettait à peine de respirer.Nous avions l’air de monstres jaunes. Vous dire ce que nous avonsmaudit la destinée pendant cette excursion ! Je suis encoreétonné de me retrouver vivant… Il faut tout d’abord descendre parun escalier en spirale qui menace de s’effondrer sous nous, et prèsduquel se balance un écriteau : « Ne vous aventurez pasdans les endroits dangereux. » Le conseil est au moinstardif ; car déjà le guide nous fait signe de le suivre surune corniche taillée à même la falaise, et à peu près praticableencore. Puis on redescend. L’eau commence à nous aveugler. On nevoit plus rien, ni sentier ni escalier. Des pierres dégringolentsous vos pieds. On pénètre dans un gouffre béant d’écume. Ce sontles chutes que l’on traverse.

« Si nos deux guides, qui semblaient êtrelà-dedans aussi à leur aise qu’en haut, ne nous avaient pas saisiset presque portés, nous n’aurions jamais revu la lumière.

« Mais ce n’est pas tout. Il fallaits’avancer de nouveau. L’eau ruisselait sur nous, en véritablenappe. Nous nous sentions comme fous, asphyxiés, sans pouvoirattraper au vol un peu d’air tellement les chutes l’entraînentviolemment.

« Noyés, assourdis par des clameurs, desgrondements infernaux, affolés, congestionnés, nous arrivâmes enfindans la grotte des Quatre-Vents ! Hein ! Tu n’en menaispas large, Angèle ?

– Oh ! mais toi non plus, mon ami.Avoue pourtant qu’il faut avoir vu ça ; et que les chutesvalent bien un rhume de cerveau.

La jeune madame Deborde était vraimentcharmante, avec son minois chiffonné de Parisienne et ses grandsyeux rieurs.

La nuit était tout à fait venue.

– Je propose de rentrer, fit-elle avec ungentil mouvement frileux.

Olivier Coronal se laissa entraîner par lecouple dans l’intérieur du train.

– Et puis, nous avons des provisions,ajouta la jeune femme. Moi j’ai horreur de la bière et de toutesles ignobles choses que boivent les Yankees ; et je suiscertaine que vous ne refuserez pas un verre de fine-champagne.

D’un grand sac de voyage, la jolie Parisiennesortit une bouteille à longue encolure, de celles-là queconnaissent tous les gourmets.

– Trois étoiles, annonça son mari enriant. Vous savez, ça vient de notre cave ; et les Américainsn’en ont jamais bu de pareille. C’est le cas de dire : ilsn’en ont point en Amérique.

On trinqua gaiement. L’inventeur était charmépar la rencontre de ce jeune ménage. Il y avait longtemps qu’iln’avait eu l’occasion de parler français.

– Quelle différence, se disait-il en lesobservant du coin de l’œil, avec toutes ces figures renfrognées,toutes ces mines glabres que je vois depuis un an. À la bonneheure, voilà de la jeunesse, de la gaieté, de l’amour.

Il en oubliait presque sespréoccupations : Bob Weld, le Bellevillois et le but de sonvoyage.

Il se figurait, par moments, être en France,dans un de ces trains de plaisir bondés de couples d’employés,d’ouvriers, qui profitent du clair soleil pour s’échapper un peu dela grande ville, pour aller revoir la province natale, et quichantent, boivent, fraternisent, et font la dînette sans aucungênant cérémonial.

Lorsqu’il regagna sa couchette, assez tarddans la soirée, après avoir bavardé de choses et d’autres, Olivierse sentit moins triste.

Après un arrêt de quelques minutes, dans uneimmense gare, le train avait repris sa marche vers l’ouest,s’enfonçant dans la nuit opaque.

Le soleil brillait depuis longtemps lorsquel’inventeur se réveilla.

Le paysage n’avait presque pas changéd’aspect.

C’était la prairie, mais plus accidentée, plussauvage aussi, avec, au lointain, les premiers contreforts desmontagnes Rocheuses élevant vers le ciel leurs crêtesdéchiquetées.

Georges Deborde et sa jeune femme étaientlevés depuis longtemps.

On se souhaita cordialement bonjour.

Dans le wagon-restaurant, les misses, ladieset gentlemen étaient déjà attablés devant l’inévitable rosbif etles invariables œufs au jambon, accompagnés de roties et de thé,qui composent la nourriture matinale de tout bon Yankee.

– Crois-tu, Georges, que ces gensmangent ! s’écria la jeune femme. Quels ogres ! J’ai beauvoir ça tous les jours, je ne peux pas m’y habituer.

Puis, Olivier Coronal annonça à ses nouveauxamis qu’il allait les quitter.

Il n’avait plus que quelques heures àvoyager.

– Vous n’allez donc pas jusqu’à SanFrancisco ? s’écrièrent-ils. C’est dommage vraiment.

Il dut prendre leur adresse à Saigon et leurpromettre qu’il passerait les voir s’il allait en Indochine.

Un coup de sifflet.

Le railway stoppe.

Olivier descend.

Il aperçoit le reporter au plastron immaculé,se dirigeant vers la sortie de la gare en même temps que lui.

Les deux hommes échangent un regard qu’ils neparviennent pas à rendre indifférent.

Surtout il semble au jeune Français qu’il y a,dans celui du journaliste, une expression soupçonneuse.

– Me connaît-il, ou bien m’a-t-ildeviné ? Déjà, hier, il me regardait avec persistance… En toutcas, il faut le devancer, retrouver Léon avant lui, le mettre ensûreté.

Et, sans perdre de temps, il saute dans lavoiture d’un hôtel.

Aussitôt après avoir retenu une chambre,s’être débarrassé de sa valise, Olivier se rend au postoffice.

Un pressentiment lui dit qu’il va y trouverquelque chose.

L’ingénieur Strauss lui avait promis de luienvoyer de suite tout ce qui arriverait pour lui à Chicago.

Au guichet de la poste restante, le commis,après avoir jeté un coup d’œil sur la suscription d’une enveloppe,feuilleta un carnet.

– Olivier Coronal. Voilà, fit-il.

Fiévreusement, l’inventeur fait sauter lecachet du télégramme et court à la signature.

C’est bien de Léon Goupit.

Ne peux donner explications par dépêche.Rien de grave. Blessure légère. Recueilli par fermiers Tavernier àsix kilomètres de Bowerstown sur la route du Nord…

Le Bellevillois

« Pauvre garçon, fait l’inventeur aprèsavoir lu, non sans émotion, ce télégramme laconique. Il est blessé.Pourvu que sa vie ne soit pas en danger… Je vais aller le rejoindresans perdre un instant. La situation est sans doute plus gravequ’il n’a pu le dire. »

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