Le Cas du Docteur Plemen

Chapitre 3OÙ M. LE JUGE D’INSTRUCTION BABOU ENTRE EN SCÈNE

Quinzejours s’étaient écoulés depuis les obsèques de M. Deblain et,grâce au refus du docteur Plemen de se porter candidat, le partiradical avait été victorieux aux élections, dans la personne ducitoyen Rabul, lorsque le bruit courut à Vermel que le procureur dela République, M. Duret, ému des lettres anonymes qui luiétait parvenues, avait ordonné une enquête sur les circonstancesdont avait été précédée et accompagnée la mort du richemanufacturier.

On disait que le défunt avait laissé toute safortune, près de deux millions, à sa veuve, à la seule charge pourelle de donner une dot de cent mille francs à chacune de sesnièces, les deux filles de Mme Dusortois.

Quant à celle-ci, M. Deblain ne lui avaitconstitué en tout et pour tout qu’une rente viagère de dix millefrancs, dont le capital devait, à son décès, retourner à sesenfants.

Par un codicille à ce testament, daté del’année même de son mariage, Raymond faisait quelques legs à sesgens, ainsi qu’aux établissements de bienfaisance de la ville. Deplus, il donnait ses tableaux et ses armes à son ami Plemen.

C’étaient là les dernières dispositions d’unhonnête homme, dispositions prises évidemment en pleine affectionpour celle qui portait son nom, mais cela ne faisait pas le comptede Mme Dusortois. Celle-ci affirmait que son neveun’avait écrit ce testament que sous la pression de sa femme et que,bien certainement, il en avait fait un autre, plus tard, lorsqu’ilavait un peu craint de ne pas devenir père. Il était impossiblequ’il eût aussi peu songé à ceux qui étaient ses héritiersnaturels.

Qu’était devenu ce second testament ? Onl’avait détruit. Qui ? Tout simplement celle qui étaitdirectement intéressée à sa disparition.

Les gens de sens droit et tous ceux quisavaient combien les rapports s’étaient refroidis entreMme Dusortois et M. Deblain, depuis le retourde ce dernier d’Amérique, haussaient les épaules ; mais lesinsinuations de la mère de Berthe n’en faisaient pas moins leurchemin et si bien, grâce aux jalousies que Rhéa avait suscitéesjadis, jalousies qui grandissaient en raison de la fortuneconsidérable dont elle héritait, que bientôt, on dit touthaut : « Ce pauvre M. Deblain, sa femme semoquait-elle assez de lui ! L’a-t-elle assez mené à sa guisejusqu’à ses derniers moments ! »

Ces bruits préparèrent si dangereusement leterrain que quand on apprit tout à coup que, sur les ordres du juged’instruction Babou, il avait été procédé à l’exhumation du corpsde M. Deblain, il y eut bien un mouvement de stupeur dans laclasse élevée, mais bon nombre de bourgeois n’éprouvèrent aucunesurprise.

Certainement, il y avait quelque chose,murmuraient-ils.

Les malveillants avaient raison sans doute defaire cette supposition, car moins de six jours après cette lugubreopération, les événements les plus inattendus se succédèrent.

Tout d’abord le procureur de la Républiquen’avait pas attaché grande importance aux lettres anonymes qui luiétaient arrivées, accusant Mme Deblain desoustraction de testament. Cette accusation lui semblait un peuvague, si prévenu qu’il fût contre celle qui en étaitl’objet ; mais, un jour, il en reçut une autre plusprécise.

Selon cette nouvelle dénonciation, la veuve duriche négociant, maîtresse de M. Félix Barthey, après avoirété celle du docteur Plemen, avait empoisonné son mari, decomplicité avec son second amant.

« En attendant que la justice se soitprocuré les preuves matérielles de ce crime, par les moyens quisont en son pouvoir, écrivait le correspondant inconnu du paquet,les preuves morales sont nombreuses. Mme Deblainsavait que, par un premier testament rédigé peu de temps après sonmariage, son mari lui avait laissé toute sa fortune, et ellen’ignorait pas non plus que, ne la voyant pas devenir mère, ilétait revenu sur ses premières dispositions, pour donner une grandepart de son bien à ses proches parentes, sa tante et ses cousines,qui sont sans fortune. Or ce second testament n’a pas ététrouvé.

« De plus, M. Deblain s’était assurésur la vie au profit de sa femme et à la demande de celle-ci pourune somme de deux cent mille francs. Enfin, les relations coupablesde Mme Deblain, qui n’avait qu’un rêve : vivreà Paris, et de Félix Barthey sont de notoriété publique.

« Pendant que ce peintre habitait laMalle, elle y allait constamment et même y passait parfois la nuit,alors que M. Deblain couchait dans son hôtel, en ville.

« C’est absolument à l’obsession de safemme que M. Deblain a cédé en se présentant à la députation,au lieu du docteur Plemen, qui, probablement, n’a osé refuser à sonancienne maîtresse de se retirer pour faire place à son ami. SiM. Deblain était nommé député, sa femme pourrait ne plusdemeurer qu’à Paris, auprès de son amant Barthey, et c’est biencertainement quand elle a pressenti l’échec de son mari queMme Deblain s’est décidée à se défaire de celui quine pouvait réaliser son rêve ambitieux. »

Le dénonciateur anonyme écrivaitensuite :

« En effet, le jour même qui aprécédé la mort subite de M. Deblain, ce malheureux avaitvainement défendu sa candidature dans une réunion électorale ;il était rentré chez lui convaincu de sa défaite ; il estresté seul avec sa femme et, le lendemain matin, Pierre, son valetde chambre, l’a trouvé inanimé dans son lit.

« Le docteur Magnier, appelé aussitôt,car le docteur Plemen était parti ce matin-là pour Paris, aconstaté que le décès de M. Deblain remontait déjà à quatre oucinq heures au moins. Sa fin avait été foudroyante, en quelquesorte.

« Cependant, malgré la position de soncorps et l’aspect de sa physionomie, tout indiquait qu’il avaitcruellement souffert, lutté, qu’il avait appelé. Néanmoins safemme, dont l’appartement est contigu avec le sien, n’était pasvenue à son secours. Elle prétend n’avoir rien entendu.

« Puis, coïncidence inexplicable,M. Félix Barthey, l’ami intime de la maison, l’agent électoralde M. Deblain, M. Barthey, qui ne quittait pasMme Deblain depuis plusieurs mois, avait disparu.Il était justement retourné à Paris, d’où il n’est revenu à Vermelque pour les obsèques de celui dont la mort lui livrait tout à lafois la veuve et la fortune. »

Cette horrible dénonciation, rédigée, on levoit, avec une perfide habileté de déduction, se poursuivait encorepar quelques détails secondaires ; mais ce que nous venonsd’en citer suffit pour enflammer le zèle du procureur de laRépublique. Il en conféra, pour la forme, avec son procureurgénéral, M. Lachaussée ; celui-ci accueillit avecempressement les perspectives d’une affaire qui allait attirer lesregards de tous vers la cour de Vermel, et, l’ordre d’instruireayant été donné aussitôt à M. Babou, ce magistrat s’était hâtéde faire exhumer le corps de M. Deblain.

Quand ces tristes restes eurent ététransportés à l’amphithéâtre de l’hôpital, le juge d’instructionfit appeler le docteur Plemen, auxiliaire accoutumé de la justicedans les causes criminelles.

Depuis la mort du mari de Rhéa Panton, ErikPlemen vivait dans un isolement absolu ; il ne sortait de chezlui que pour faire son cours et visiter ses malades. Deux foisseulement, il s’était absenté de la ville pour se rendre à laMalle.

La première fois qu’il y était venu, six àsept jours après l’enterrement de M. Deblain, la jeune veuvel’avait immédiatement reçu, mais dans la chambre de sa sœur, quiétait assez souffrante pour garder le lit, et le docteur n’étaitresté que quelques instants, pendant lesquels l’émotion violentequi semblait le paralyser ne lui avait permis de prononcer quequelques paroles témoignant de sa douleur de la perte de son ami etde son affection pour celle qu’une si grande infortuneaccablait.

Puis, bientôt et brusquement, comme s’il eûtcraint de trahir tous ses sentiments en présence deMme Gould-Parker, il s’était retiré.

La seconde fois que Plemen s’était présenté auchâteau, une semaine plus tard, Mme Deblain étaitseule. Alors il s’était jeté à ses genoux et avait saisi ses mainsen lui disant, dans une sorte d’égarement fiévreux :

– Rhéa, avez-vous donc oublié déjàcombien je vous aime ? Ne vous éloignez pas ainsi demoi ; fuyons tous les deux ce pays pour un théâtre plus dignede nous !

Mais la jeune femme lui avait répondu tout àla fois avec douceur et fermeté, en le repoussant :

– Si je n’ai jamais eu d’amour pour monmari et si j’ai commis la faute de ne pas vous le cacher, je veuxdu moins respecter sa mémoire. Oubliez ma légèreté d’autrefois, monami. Laissez le temps faire son œuvre, sinon d’oubli, du moins decalme. Je suis résolue à passer tout mon deuil dans la plusprofonde retraite. Je dois bien cela à celui qui a été si bon pourmoi.

Le docteur était rentré à Vermel aussitôt,plus sombre encore ; mais personne ne s’étonnait de ceschangements qui s’étaient faits en lui, et cette douleur profondequ’il trahissait de la perte de son ami n’avait fait qu’augmenterles sympathies de tous pour son caractère.

C’est ainsi que vivait l’adorateur de Rhéa,lorsqu’il reçut un matin, de M. Babou, un mot le priant devenir le trouver de suite à son cabinet, au palais de justice.Plemen ignorait que la bière renfermant le corps de M. Deblainfût à l’amphithéâtre, ce transport ayant eu lieu la veille au soir,aussi secrètement que possible.

Il se rendit aussitôt chez le juged’instruction.

– Mon cher docteur, lui dit le magistrat,qui était en excellents rapports avec lui depuis longtemps, lajustice aurait besoin de toute votre science ; mais je ne saissi vous pourrez lui donner votre concours. C’est seulement pardéférence pour vous et par acquit de conscience que, sur l’avisconforme de M. le procureur de la République, fort souffranten ce moment, je vous ai prié de venir me trouver.

– De quoi s’agit-il ? répondit lesavant praticien, un peu surpris de ces préliminaires.

– D’une autopsie.

– Ne suis-je pas toujours à ladisposition de la justice !

– C’est que, cette fois, l’examenmédico-légal dont nous avons besoin vous sera peut-être biendouloureux à faire.

– Je ne vous comprends pas.

– Nous avons tout lieu de croire queM. Deblain a été victime d’un crime et…

Plemen était devenu fort pâle. Ses deux mainsse crispaient sur les bras du fauteuil dans lequel il étaitassis.

– Vous voyez, reprit le juged’instruction, que j’aurais mieux fait de m’abstenir. Votre émotionest toute naturelle. Le malheureux ! Vous étiez si intimementliés. Excusez-moi ! Je vais faire prévenir M. Magnier outout autre de vos confrères.

– Non, attendez ! fit le docteuravec un effort surhumain pour reprendre un peu de calme.M. Deblain victime d’un crime ! Qui vous le faitsupposer ?

– Quantité de présomptions morales.

– Qui soupçonnez-vous ?

– Personne encore ; c’est seulementlorsque je saurai à quel genre de mort a succombé M. Deblainque je pourrai me lancer sur une piste. Or, vous le comprenez, sij’ai pensé à vous avant nul autre, c’est parce que votre rapport nepourra donner lieu à aucune critique, sauf peut-être dans le cas oùvous affirmeriez que M. Deblain n’a succombé qu’à une maladienaturelle, bien déterminée. Dans ce cas seulement, l’accusation ouplutôt les accusateurs, se rappelant vos relations avec la familleDeblain et craignant votre désir d’étouffer l’affaire, pourraientprovoquer une contre-expertise, dont le résultat serait nul, votrescience excluant la possibilité de toute erreur ; tandis quesi vous reconnaissez que la mort de M. Deblain est une mortviolente, due à telle ou telle cause criminelle, tout sera dit surla question expérimentale. Il ne restera plus à la justice qu’àchercher les coupables. Mais je n’insiste pas, je comprendstrop…

– Cette fois, comme cela m’est arrivésouvent, interrompit vivement Plemen, qui n’avait pas perdu uneseule des phrases de M. Babou, je suis aux ordres duparquet.

Le savant médecin était redevenu complètementmaître de lui-même.

– Comment ! vous voulez bien ?fit le juge instructeur.

– La mission sera pénible, maisj’accomplirai un double devoir, répondit le médecin avec fermeté.Je suis prêt.

Le magistrat s’inclina, sans dissimuler sonadmiration pour une semblable énergie.

Il comprenait que c’était évidemment dans lesouvenir même de son affection pour M. Deblain que son amipuisait un pareil courage, ne voulant pas, lui non plus, que lesassassins de celui qu’il avait tant aimé échappassent au châtiment,et il lui dit, en serrant affectueusement ses mainsglacées :

– Alors je vais donner de suite mesinstructions à M. Berton ; il nous accompagnera àl’hôpital pour que la bière qui renferme les restes deM. Deblain soit ouverte en notre présence et que procès-verbalsoit dressé de la livraison du corps. Vous n’aurez plus ensuitequ’à procéder à votre examen, en vous adjoignant tels auxiliairesque vous jugerez convenables. Il va de soi que l’analyse chimiquene vous est pas moins confiée que l’autopsie. À quel toxicologueplus habile que vous la justice pourrait-elle s’adresser !C’est moi qui suis à vos ordres.

Moins d’une heure plus tard, dans la salle desautopsies, en présence du commissaire de police, après que celui-cieut reconnu que la bière qui lui était présentée était bien celleque lui avait livrée le greffier du cimetière comme renfermant lecorps de M. Raymond Deblain, la triste cérémonie del’ouverture du coffre eut lieu, et le cadavre, dans un état dedécomposition déjà avancé, fut placé sur une table de marbre où ildevait être fouillé dans l’intérêt de la vérité.

Plemen avait assisté à cette terribleopération sans prononcer une parole, sans qu’un muscle de sonvisage trahît l’émotion douloureuse qu’il devait ressentir à la vuedes restes presque méconnaissables de celui qui avait été pour luicomme un frère.

Ce fut seulement lorsque tout fut terminéqu’il ordonna au gardien du sinistre lieu de placer au dessus ducadavre l’appareil d’arrosement à l’eau phéniquée, et le prévintque, sans tarder, il viendrait procéder à son examen.

Cela fait, MM. Babou et Berton s’étaientretirés et le même jour, vers sept heures, alors que la nuitcommençait à tomber, le docteur vint s’enfermer avec le seulgardien des morts dans la salle des autopsies.

Quatre jours plus tard, le juge d’instructionreçut du médecin légiste un long rapport, d’une admirable clarté,concluant à la mort de Raymond Deblain, non par une maladieorganique de l’estomac, ni par une angine diphthérique, ni aucunedes causes naturelles indiquées par le docteur Magnier, mais bienpar un empoisonnement par des sels de cuivre. L’analyse chimiquelui avait permis de constater la présence de ce toxique dans lefoie, le cœur et les poumons du défunt.

La remise au parquet de ces organes, dans desbocaux hermétiquement clos et scellés à la cire, était accompagnéede l’envoi d’une lame de cuivre portant cette étiquette, de la mainmême du docteur Plemen : « Cuivre extrait des organes dunommé Raymond Deblain. »

Pour M. Babou, un crime avait donc étécommis, ce n’était pas douteux. Quant au coupable, en vertu del’axiome légal : Is fecit cui prodest, il ne pouvaitêtre que Mme Deblain, probablement avec lacomplicité de son amant, le peintre Félix Barthey.

Ce magistrat ambitieux, à l’esprit étroit, quidepuis qu’il était juge d’instruction n’avait eu à suivre que desaffaires insignifiantes, vulgaires, tenait donc enfin sa causecélèbre, à laquelle il rêvait depuis si longtemps, dans l’espoir desortir de l’obscurité où il végétait.

Une femme du grand monde empoisonneuse !Mais cela allait rappeler le procès Lafarge, attirer l’attentionsur lui et, pour peu qu’il sût s’y prendre, ne rien laisser dansl’ombre, faire le plus de bruit possible et surtout obtenir unebonne condamnation, qui sait ? capitale peut-être, malgré larépugnance du jury à envoyer des femmes à l’échafaud, sa carrièreétait assurée.

C’était la croix tout au moins et bientôtaprès une présidence de chambre.

Ce Barthey était un conservateur, légitimisteou bonapartiste, puisqu’il avait été l’agent électoral deM. Deblain. Quelle bonne fortune de tenir entre ses mains unde ces vils réactionnaires, ennemis de la République, et cetteétrangère éhontée, qui était venue donner de si mauvais exemplesaux familles de Vermel !

En se livrant à ces réflexions, M. Babouredressait sa tête hirsute, boutonnait militairement sa redingoterâpée et louchait, comme pour s’assurer, par avance, du bon effetque ferait le ruban rouge à sa boutonnière.

Néanmoins, comme il était homme fort prudent,le juge d’instruction ne voulait pas, quelque désir qu’il en eût etquoique ce fût son droit strict, agir de sa propre autorité. Dansle but de n’engager qu’en partie sa responsabilité, il passa chezle procureur de la République pour lui communiquer le rapport dudocteur Plemen et arrêter, d’accord avec lui, les mesures àprendre.

M. Duret était dans son cabinet, encompagnie du procureur général.

Mis au courant des choses, les deux magistratseurent tout d’abord un mouvement de surprise : ils nes’attendaient pas à un résultat aussi prompt ni surtout aussidécisif de l’expertise médico-légale. Toutefois, en face del’assurance que leur donnait cette expertise qu’un crime avait étécommis, ils n’hésitèrent pas : ils adoptèrent les soupçons dujuge d’instruction et furent d’avis qu’il fallait agirrapidement.

Cependant ils pensaient qu’à l’égard deM. Barthey, il était sage d’attendre la découverte de quelquecirconstance permettant de démontrer sa complicité, car il sepouvait qu’il eût été ou même fût encore l’amant deMme Deblain sans pour cela l’avoir aidée dansl’accomplissement de son forfait.

On verrait quelle serait son attitude ;on devait, en attendant, se contenter de le faire surveiller, afinde s’assurer de sa personne dans le cas où, à la nouvelle del’arrestation de sa maîtresse, il tenterait de passer àl’étranger.

Fort de cet appui, M. Babou retourna àson cabinet, remplit et signa contre Mme Deblain,« conformément aux conclusions du ministère public », unmandat d’arrêt qu’il fit porter au commissaire central avec ordrede le mettre à exécution sans retard, le jour même ; et,aussitôt après, il écrivit au procureur de la République à Paris,dans le sens indiqué par MM. Lachaussée et Duret.

Le juge d’instruction n’avait pas manquéd’ordonner à M. Berton de procéder, à la Malle, à uneperquisition sommaire et de clore les appartements avec desscellés, dont l’un de ses agents serait le gardien. Il se réservaitde se livrer, lui, à la même opération dans l’hôtel Deblain, enville, et de reprendre les perquisitions au château lorsque laprévenue serait prisonnière.

Tout cela terminé, M. Babou sortit dupalais de justice, la tête haute, le front sévère, convaincu, commeTitus lorsqu’il avait fait une bonne action, qu’il n’avait pasperdu sa journée, et il rentra chez lui, où sa femme, aux premiersmots de la confidence qu’il se hâta de lui faire, l’embrassa, enlui disant :

– Ah ! cette Américaine, je laméprisais d’instinct ; j’avais le pressentiment qu’ellen’était qu’une misérable ! Comme j’avais raison !J’espère bien que tu ne vas pas l’épargner. Jérôme, ton avancementne dépend plus que de toi !

Et ce digne couple se mit à table, rêvantavancement et décoration, pendant que le commissaire central,quelque stupéfaction que lui eût causée la lecture du mandatd’arrêt, se rendait à la Malle pour remplir son devoir.

Il avait emmené avec lui son secrétaire etdeux de ses agents.

Il était sept heures du soir.

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