Le Cas du Docteur Plemen

Chapitre 10AVANT L’AUDIENCE

Lelendemain, 26 décembre, anniversaire, jour pour jour, par uneétrange rencontre, de cette représentation de Froufrou quiavait attiré à la Malle toute la haute société de Vermel, lesportes de la cour d’assises devant laquelle allait comparaîtreMme Deblain étaient ouvertes au public à dix heuresdu matin.

La foule, qui attendait impatiente, depuisl’aube, malgré la température glaciale, foule composée en majeurepartie, selon les expressions énergiques deM. de Cormenin, de piliers de cabarets, de souteneurs defilles, de voleurs émérites ou apprentis, se précipita dansl’enceinte réservée, à l’extrémité de la salle, aux spectateursdebout des drames de la justice.

Les banquettes occupant le milieu de l’immenseparallélogramme aux grandes boiseries de chêne, où se tenaient lesaudiences criminelles, étaient envahies depuis déjà près d’uneheure par les privilégiés munis de cartes. Il n’en restait que deuxde libres, celles où les témoins devaient prendre place après avoirdéposé.

Quant aux sièges disposés en avant de cesbanquettes, dans le prétoire, jusqu’à la barre, à toucher latribune des jurés et le banc des avocats, et même sur l’estrade dela cour, laissant à peine aux magistrats un espace suffisant, ilsattendaient ces invités de première catégorie qui n’avaient pasbesoin d’arriver d’avance, puisqu’ils étaient titulaires, comme àune première représentation, de places gardées.

On était tout surpris que M. de laMarnière eût ainsi réglé les choses, car on l’avait souvent entendus’élever avec indignation contre la transformation en théâtre del’enceinte de la justice, et dans les affaires qu’il avaitprécédemment présidées, il n’avait accordé d’entrées de faveur àl’audience qu’aux personnes qu’un intérêt avouable y appelait.

Pourquoi ce changement dans la façon de fairede l’éminent conseiller ? Ne pouvant s’en rendre compte, bonnombre de gens de son milieu l’en blâmaient.

N’offrent-ils pas, en effet, le plus écœurantdes spectacles, ces curieux qui viennent à la cour d’assises commeils vont chez les dompteurs, espérant la révolte des fauves, oudans les cirques, guettant la chute des acrobates ?

Pour ces blasés, avides d’émotions violentes,il n’y a, dans les débats des causes criminelles, ni exemple nihaute leçon de moralité, mais seulement, entre l’accusé qui sedéfend et l’accusateur qui accable, une lutte dont l’honneur et latête sont le prix. Ils se soucient aussi peu de l’éloquence duministère public que de celle des avocats. Ce qui seulement lesintéresse et les émeut, ce sont les côtés dramatiques ou scandaleuxde l’affaire.

Et ces femmes du monde qui sont là, pêle-mêleavec des filles – car si tel magistrat a donné une place àMme la comtesse de X…, tel autre a fait entrer samaîtresse – cette promiscuité ne les froisse pas, cette atmosphèrelourde et viciée ne les étouffe point.

Élégantes, quelques-unes en noir, comme si,par avance, elles portaient le deuil de l’accusé – il y a destoilettes d’audience, comme il y a des toilettes de bal, de dîneret d’académie – grignotant des friandises et respirant des sels,jouant de l’éventail, les larmes aux yeux ou les lèvres souriantes,selon les phases des débats ; névrosées, hypnotisées par leurcuriosité malsaine, les plus délicates, les plus honnêtessupportent tout sans rougir : les voisinages honteux, lesdétails grossiers, parfois obscènes des rapports médico-légaux, lesréponses ordurières ou cyniques des accusés, la vue des pièces deconviction : armes teintes de sang, linges maculés, flaconsempoisonnés, débris humains renfermés dans des bocaux après avoirservi aux analyses chimiques.

Le teint un peu pâle et le lorgnon aux yeux,elles examinent ces horribles choses du plus près possible. Pourpeu, elles les toucheraient de leurs mains finement gantées.

Et tout cela, ces mères de famille que desprostituées coudoient, avec lesquelles elles échangent dessensations, tout cela en face du Christ, que la laïcisation n’a pasencore chassé des salles d’audience et dont le soir, dévotement,pleines de foi en sa miséricorde, elles feront baiser les pieds àleurs enfants, avant de les étendre doucement dans leberceau !

Ce n’est pas seulement à la dignité de lajustice que porte atteinte la présence de ce public choisi, c’estencore parfois à son équité, à sa liberté d’appréciation.

Parmi ces spectatrices – quel autre nom leurdonner ? – les magistrats et les jurés ont toujours desparentes leur tenant de fort près : femmes, filles ou sœurs.Est-ce qu’il serait humain d’admettre que leurs impressions, leursraisonnements, leurs observations, leurs sentiments divers, soit depitié, soit d’horreur, sont sans effet sur ceux qui les suivent desyeux pendant les débats et les retrouvent durant les suspensionsd’audience ou le soir, dans l’intimité de la famille ?

Et lorsque les juges reprennent possession deleurs sièges, en même temps que les membres du jury rentrent à leurbanc, ils voient les choses tout autrement qu’ils ne les avaientappréciées d’abord. Des criminels ont dû la vie à cette influencede l’auditoire. Peut-être d’autres, ce qui est plus atroce àpenser, lui ont dû la mort.

Un exemple entre tous.

C’était à l’affaire Moyaux, cet horribleassassin de sa petite fille ; Me Demangel’avait défendu avec cette éloquence entraînante, cette habiletéd’analyse et de déduction qui font de lui l’un des meilleursavocats d’assises de notre temps ; mais la condamnationcapitale du misérable n’en paraissait pas moins certaine.

Quelles circonstances atténuantes pouvait-onaccorder à un semblable forfait ? À moins d’assimiler Moyaux àMédée et d’avoir la hardiesse de dire : « De même quel’épouse de Jason a poignardé ses fils pour ne pas les laisser dansles bras de Creuse, sa rivale, de même Moyaux, dans un accès defolie, a tué sa fille, plutôt que de la rendre à safemme. »

Cette femme était venue à l’audience ; sadéposition accablante avait moins exprimé sa douleur de mère que sahaine d’épouse ; l’auditoire l’avait bien compris, et desmurmures de réprobation l’avaient accompagnée lorsqu’elle étaitallée s’asseoir, au banc des témoins, auprès de celui dont on ladisait la maîtresse.

Qu’arriva-t-il ? C’est qu’au moment oùles jurés, en se retirant dans leur salle des délibérations,entraient dans le couloir grillé qui longe l’estrade de la cour, undes publicistes, un des moralistes et des auteurs dramatiques lesplus célèbres de notre époque, qui était adossé contre cetteséparation, se retourna et, voyant passer ces honnêtes gens, cespères de famille qui allaient décider de la vie ou de la mort del’accusé, il dit à haute voix :

– Si on fait tomber la tête de cet homme,sa veuve épousera son amant ; ce sera tout simplementmonstrueux !

Et Moyaux obtint le triste bénéfice descirconstances atténuantes. Il ne fallait pas que sa femme pût seremarier !

Qui sait si, dans d’autres cas, lesimpressions de la foule n’ont pas envoyé à l’échafaud quelquemisérable que le jury, laissé aux seules appréciations de saconscience, aurait pris en pitié ?

Voilà ce qui résulte, plus souvent qu’on ne lesuppose, du contact trop immédiat de ces privilégiés, de cesspectateurs des premières, avec ceux qui tiennent entre leurs mainsl’honneur et la vie des accusés.

C’était devant un auditoire ainsi composé,trié sur le volet, que la pauvre Mme Deblain allaitcomparaître !

Non seulement elle aurait à se défendre del’odieuse accusation relevée contre elle, mais il lui faudrait lefaire en présence de ces gens de son monde, qui avaient été seshôtes, ses amis, les courtisans de sa fortune et de sabeauté ; en face de ces femmes dont elle n’ignorait pas lahaine, dont les basses jalousies l’avaient toujours surveillée,dont les regards ironiques allaient lui dire toute leur joiehideuse de son abaissement.

Comment M. de La Marnière n’avait-ilpas hésité à donner ainsi la malheureuse en spectacle ?

Certains disaient que le président des assisesn’avait osé faire autrement ; mais d’autres insinuaient que,s’il avait agi de la sorte, c’est que les débats devaient peut-êtretourner à la confusion de ceux qui les avaient provoqués, et qu’ilespérait la réhabilitation de Mme Deblain aussiéclatante que l’accusation était imméritée.

Il est alors aisé de comprendre si lacuriosité de tous avait atteint son paroxysme, et avec quel soucide ne pas arriver après le lever du rideau, les personnes que leurssièges réservés attendaient vinrent en prendre possession dès dixheures du matin, bien que l’audience ne dût être ouverte qu’uneheure plus tard.

Mmes Lachaussée et Babou,arrogantes et plus vulgaires encore dans leurs toilettes de mauvaisgoût, furent des premières.

L’huissier de la cour, par ordre biencertainement, leur avait donné les meilleures places, au premierrang, contre le banc des avocats, le plus près possible desaccusés. N’étaient-elles pas avides de ne rien perdre des angoissesde cette étrangère qui, pendant deux ans, les avait humiliées de sajeunesse, de sa beauté, de son élégance et de sa générosité pourles pauvres ?

Leurs amies, animées des mêmes sentimentsmauvais, parurent ensuite les unes après les autres, échangeant dessourires, des saluts de la main, comme si elles se rencontraientdans un salon, hochant la tête, levant les yeux au ciel, comme pourdire : « Hein ! quelle aventure ! Cela devaitfinir ainsi ! »

D’autres femmes les suivaient, plus discrètes,moins expansives, bien évidemment dans des dispositions d’esprittout autres.

C’étaient, celles-là, des personnesappartenant au vrai et meilleur monde, restées fidèles àMme Deblain, n’admettant pas sa culpabilité etconvaincues que leur présence et leurs regards sympathiques luirendraient du courage.

On reconnaissait, au milieu, d’elles, la jolieMme Mortier, qui avait joué, à la Malle, le rôle deLouise dans Froufrou, et la charmanteMme Langerol, la femme du courageux et dévouédéfenseur de la fille d’Elias Panton.

Puis, çà et là, les amis de FélixBarthey : le prince de Linar, le peintre Robert Blaise, lesromanciers Duprat et Bernès, les sculpteurs David et Thirion,braves cœurs, honnêtes gens et célébrités parisiennes, qui nedissimulaient ni leur indignation, ni leur mépris pour ceux dont lasottise, la passion politique ou le zèle aveugle avaient silestement transformé en empoisonneur le loyal garçon qu’ilssavaient incapable même d’une mauvaise pensée.

Enfin, sur l’estrade, occupant déjà les siègesqui leur étaient réservés en arrière de la cour, les autorités dudépartement : le préfet, un de ces fonctionnaires républicainssceptiques, intelligents et de bonne société, comme on en rencontreencore quelques-uns, qui s’était sagement abstenu de jouer aucunrôle dans l’affaire, se souvenant que sa femme et lui avaient étéfréquemment les hôtes des Deblain, et ne croyant peut-êtrequ’officiellement à la culpabilité de la jolie veuve ; lemaire de Vermel, ridicule et prétentieux personnage, qui venait defaire enlever de l’une des places de la ville la statue de saintLouis, dans l’espoir que cet acte de vandalisme historique etartistique lui vaudrait la décoration après laquelle il couraitavec un tel acharnement, qu’on appelait les actes de sonomnipotence : « les stations de la croix de monsieur lemaire » ; le receveur général, informé par le richebanquier, M. Meursan, que l’un des compatriotes deMme Deblain, venu tout exprès à Vermel pour ladéfendre, lui avait été recommandé d’une façon toute particulièrepar l’une des sommités financières les plus honorables deParis ; le général de division Sauvière, vaillant soldat qui,ayant eu Félix Barthey sous ses ordres pendant la guerre, nedoutait pas de son innocence ; et enfin, sur le devant de lascène, ou plutôt sur le devant de l’estrade, à droite, à proximitédu siège du ministère public, MM. Duret et Babou : lepremier, raide et froid comme toujours ; le second, rasé defrais, au teint verdâtre, endimanché dans sa redingote, noirefrippée comme un vêtement sortant du monts-de-piété, et s’efforçanten vain de faire entrer ses grosses mains dans des gants à un seulbouton, bruns, aux coutures blanchâtres et trop courts.

C’était leur œuvre, à ces deux personnages,qui allait se jouer sur ce terrible théâtre, et ils n’avaient gardede manquer à la représentation !

Pendant ce temps-là,Mme Deblain et Félix Barthey attendaient, entourésde leurs parents et de leurs défenseurs, non pas dans la petitegeôle sombre, aux bancs de bois, où d’ordinaire étaient gardés lesaccusés jusqu’à l’ouverture des débats et pendant les suspensionsd’audience, mais, par ordre de M. de la Marnière, dansune pièce éclairée, chauffée et meublée de sièges convenables, quifaisait suite à la chambre du conseil.

Les deux gendarmes chargés de la surveillancedes prisonniers se tenaient discrètement à l’écart.

Rhéa était douloureusement changée. Malgrétous les appels qu’elle avait faits à son énergie, malgré lessympathies dont elle se sentait entourée, la présence de ceuxqu’elle aimait, le calme de sa conscience et la confiance qu’elleavait aussi bien dans la bonté de sa cause que dans le talent deson avocat, ces trois mois de détention préventive l’avaientbrisée.

Son teint n’était plus chaud comme autrefois,ses lèvres se crispaient dans un rictus nerveux. Entourés d’uncercle bleuâtre, ses yeux, aux regards si doux jadis, lançaient deséclairs fiévreux et paraissaient démesurément agrandis. Sa beautérayonnante avait disparu ; mais la malheureuse était peut-êtreplus belle encore qu’autrefois, avec sa pâleur de victime et sarésignation de martyre.

Ah ! c’est que, pour elle, nous l’avonsdit, les jours avaient été longs et les nuits horribles dansl’isolement de sa cellule ; et à cette heure dernière, àtoucher le dénouement de cet épouvantable drame dont elle étaitl’héroïne, certaines pensées qui l’avaient obsédée dans sesinsomnies lui revenaient encore.

Elle ne pouvait surtout s’expliquer laconduite du docteur Plemen. Comment, cet homme qui lui avait avouéson amour, c’était à lui qu’elle devait d’être accuséed’empoisonnement ! Et il n’était venu la voir que deuxfois ; il ne lui avait écrit que quelques ligues deconsolations banales, depuis le jour où il lui avait fait parvenircette lettre terrible pour lui apprendre la mort violente de sonmari. La croyait-il donc coupable ?

Ah ! comme elle se reprochait sescoquetteries avec lui. Dans son orgueil féminin, ce souvenir luicausait de vifs remords et une profonde humiliation.

Cependant elle n’avait autour d’elle, à cemoment suprême, que des amis : son père, sa sœur, son avocatsi dévoué, Me Langerol, dont la confiancecommunicative aurait dû la rassurer un peu, et son oncle Jonathan,dont l’affection, si ridicule parfois dans ses manifestations, n’enétait pas moins sincère.

Elle savait de plus que la haute société de laville lui portait le plus réel intérêt, et, néanmoins, elletremblait.

Quant à Félix Barthey, depuis sa riposte sivigoureuse à M. Babou, lors de sa première comparution devantlui, il n’avait pas eu un seul instant de colère ni dedéfaillance.

Si parfois, çà et là, il s’était senti le cœurserré par une douloureuse angoisse, c’est à la pensée que lamalheureuse Mme Deblain subissait, comme lui,l’atroce supplice de la prison préventive et de l’isolement.

Il est aisé de comprendre que, de sa propreinnocence, le peintre en avait conclu à l’innocence de celle dontl’accusation le prétendait l’amant et le complice.

Le jour où il avait pu le lui faire savoir,par l’intermédiaire de ceux qui les visitaient tous deux, ils’était empressé de l’assurer de son respect, de son affection, deson entier dévouement.

Il ignorait alors sur quoi reposaient lescharges relevées contre elle, et, lorsque Rhéa lui avait fait jurerde ne jamais tenter de la défendre auprès du juge d’instruction, dene pas répondre aux questions qu’on pourrait lui adresserrelativement à ses excursions à la Malle, au moment de la mort deson mari, il avait sans doute compris pourquoi l’infortunéeexigeait ce silence, car il l’avait religieusement gardé.

M. Babou avait eu beau faire, il s’étaittoujours refusé à parler. Au moment de comparaître devant le jury,il était aussi calme que son défenseur, Me GeorgesLeblanc, dont l’esprit effrayait si justement par avance leprocureur général.

En retrouvant Mme Deblain danscette petite pièce que le président des assises avait assignée àses accusés, Félix Barthey s’était empressé de courir à elle pourlui baiser la main, et cet hommage spontané avait réconforté lapauvre femme.

Le peintre avait ensuite échangé un sourireavec Mme Gould-Parker, puis il était revenu auprèsde son frère et de son défenseur, lorsque, tout à coup, la portes’ouvrit pour livrer passage à William Witson, ou plutôt au docteurMaxwell, puisque notre personnage avait dû renoncer à sonincognito.

La physionomie d’ordinaire si grave, siimpénétrable de l’Américain exprimait une satisfactionintime ; ses yeux rayonnaient d’un étrange orgueil.

Tout, dans sa démarche, dans sa voix,trahissait une assurance absolue, une joie profonde. Chacun s’enaperçut.

– Voici le grand moment arrivé, ma chèrecompatriote, dit-il en s’approchant de Mme Deblain,qui lui tendit son front. Je ne vous demande que du calme ; lereste regarde votre défenseur et moi. Dans quelques heures, j’en aila conviction, ici les rôles seront intervertis. N’oubliez aucunede nos recommandations.

– Oui, du courage, ma fille, ducourage ! supplia le gros Elias, embrassant son enfant plustendrement qu’il ne l’avait jamais fait ; prouve à tous cesgens-là que les femmes de notre pays sont vigoureusementtrempées ; ne donne à personne la satisfaction de te voirtrembler.

– Vous avez raison, père, répondit Rhéaen se levant brusquement avec une expression de révolte etd’énergie sur ses traits fatigués. J’ai honte de ne pas mieuxsuivre l’exemple que me donne M. Barthey. Ah !pardonnez-moi tous !

Elle allait des uns aux autres, leur serrantles mains, les embrassant, leur souriant et répétant d’une voixardente :

– Ah ! je suis uneempoisonneuse ! Eh bien ! nous allons leur prouver,n’est-ce pas ? qu’ils en ont menti, qu’ils sont tout à la foisdes calomniateurs et des sots !

– Dieu soit loué ! psalmodiamystiquement l’oncle Jonathan ; la nuit dernière, les yeux demon homme intérieur se sont ouverts, j’ai assisté au combatvictorieux de la vérité contre l’erreur, et…

Mais le révérend fut subitement interrompu parune voix nasillarde qui glapissait du seuil de la pièce :

– Monsieur le président donne l’ordre defaire entrer les accusés !

Mme Deblain embrassa unedernière fois son père et sa sœur ; puis, d’un pas ferme,escortée du gendarme commis à sa garde et suivie de Félix Barthey,elle se dirigea vers la porte qui mettait en communication lecouloir avec cette loge, sorte de pilori, où prennent place,innocents ou coupables, les malheureux qui comparaissent devant lajustice.

M. le conseiller La Marnière venait, eneffet, de prononcer les mots sacramentels :

– L’audience est ouverte ; faitesentrer les accusés !

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