Scène II
Lysarque,Pymante,Archers
Lysarque
Mon grand ami !
Pymante
Monsieur ?
Lysarque
Viens çà ; dis-nous,
N’as-tu point ici vu deux cavaliers auxcoups ?
Pymante
Non, monsieur.
Lysarque
Ou l’un d’eux se sauver à la fuite ?
Pymante
Non, monsieur.
Lysarque
Ni passer dedans ces bois sanssuite ?
Pymante
Attendez, il y peut avoir quelque huitjours…
Lysarque
Je parle d’aujourd’hui : laisse là cesdiscours ;
Réponds précisément.
Pymante
Pour aujourd’hui, je pense…
Toutefois, si la chose était deconséquence,
Dans le prochain village on sauraitaisément…
Lysarque
Donnons jusques au lieu, c’est tropd’amusement.
Pymante,seul.
Ce départ favorable enfin me rend la vie
Que tant de questions m’avaient presqueravie.
Cette troupe d’archers aveugles en cepoint,
Trouve ce qu’elle cherche et ne s’en saisitpoint ;
Bien que leur conducteur donne assez àconnaître
Qu’ils vont pour arrêter l’ennemi de sonmaître,
J’échappe néanmoins en ce pas hasardeux
D’aussi près de la mort que je me voyaisd’eux.
Que j’aime ce péril, dont la vaine menace
Promettait un orage, et se tourne enbonace,
Ce péril qui ne veut que me fairetrembler,
Ou plutôt qui se montre, et n’osem’accabler !
Qu’à bonne heure défait d’un masque et d’uneépée,
J’ai leur crédulité sous ces habitstrompée !
De sorte qu’à présent deux corps désanimés
Termineront l’exploit de tant de gensarmés,
Corps qui gardent tous deux un naturel sitraître,
Qu’encore après leur mort ils vont trahir leurmaître,
Et le faire l’auteur de cette lâcheté,
Pour mettre à ses dépens Pymante ensûreté !
Mes habits, rencontrés sous les yeux deLysarque,
Peuvent de mes forfaits donner seuls quelquemarque ;
Mais s’il ne les voit pas, lors sans aucuneffroi
Je n’ai qu’à me ranger en hâte auprès duroi,
Où je verrai tantôt avec effronterie
Clitandre convaincu de ma supercherie.