Scène III
Lysarque,Archers
Lysarqueregarde les corps de Géronte et deLycaste.
Cela ne suffit pas ; il faut chercherencor,
Et trouver, s’il se peut, Clitandre ouRosidor.
Amis, Sa Majesté, par ma bouche avertie
Des soupçons que j’avais touchant cettepartie,
Voudra savoir au vrai ce qu’ils sontdevenus.
PremierArcher
Pourrait-elle en douter ? Ces deux corpsreconnus
Font trop voir le succès de toutel’entreprise.
Lysarque
Et qu’en présumes-tu ?
PremierArcher
Que malgré leur surprise,
Leur nombre avantageux, et leurdéguisement,
Rosidor de leurs mains se tireheureusement,
Lysarque
Ce n’est qu’en me flattant que tu te lefigures ;
Pour moi, je n’en conçois que de mauvaisaugures,
Et présume plutôt que son bras valeureux
Avant que de mourir s’est immolé ces deux.
PremierArcher
Mais où serait son corps ?
Lysarque
Au creux de quelque roche,
Où les traîtres, voyant notre troupe siproche,
N’auront pas eu loisir de mettre encorceux-ci,
De qui le seul aspect rend le crimeéclairci.
Second Archer,
lui présentant les deux pièces rompues del’épée de Rosidor.
Monsieur, connaissez-vous ce fer et cettegarde ?
Lysarque
Donne-moi, que je voie. Oui, plus je lesregarde,
Plus j’ai par eux d’avis du déplorablesort
D’un maître qui n’a pu s’en dessaisir quemort.
SecondArcher
Monsieur, avec cela j’ai vu dans cetteroute
Des pas mêlés de sang distillé goutte àgoutte.
Lysarque
Suivons-les au hasard. Vous autres,enlevez
Promptement ces deux corps que nous avonstrouvés.
(Lysarque et cet archer rentrentdans le bois, et le reste des archers reportent à la cour les corpsde Géronte et de Lycaste.)