La Conspiration des milliardaires – Tome III – Le Régiment des hypnotiseurs

Chapitre 10Les tribulations d’un reporter

Troisdétectives, stimulés par l’appât d’une forte prime, étaient partispour Skytown.

Ils opéraient pour le compte desmilliardaires.

Mais, quand ils arrivèrent près des ruines,devenues plus sinistres encore par la présence d’une trouped’oiseaux de proie occupés à déchiqueter les cadavres à demicarbonisés des ouvriers, ils avaient été devancés de vingt-quatreheures pas Thomas Borton, l’envoyé du Chicago Life,l’ancien voleur de Léon Goupit à Ottega.

Borton eut la chance de rencontrer, à huitlieues de Skytown, dans un village de bûcherons, une demi-douzainedes anciens ouvriers de l’usine, qui avaient trouvé de l’ouvrageaux scieries mécaniques installées dans la clairière.

Il les interrogea adroitement, leur expliquasa véritable situation de reporter, et leur affirma qu’ilsn’avaient rien à craindre puisque lui, Borton, avait tout intérêt àgarder leurs révélations sans les communiquer à d’autres.

Tout à fait rassurés par la faconde etl’apparente bonhomie de l’ancien pickpocket, les ouvriers ne sefirent pas faute de rejeter la responsabilité de l’explosion surdes espions payés par les ennemis de l’ingénieur Hattison.

D’autres avouèrent naïvement qu’ils croyaientl’ingénieur lui-même coupable de tout le mal.

Il avait voulu, disaient-ils, se débarrasserdes travailleurs qui connaissaient trop bien ses secrets.

Cette version ne plut guère à ThomasBorton.

Il pensa que son journal, dont les lecteursétaient tous industriels, ou notables commerçants, rejetteraittoutes les informations qui ne tourneraient pas à la glorificationde Hattison, une des célébrités nationales de l’Amérique.

Il allait se retirer mal satisfait de cecommencement d’enquête, pour gagner Skytown et y continuer sesrecherches, lorsqu’une nouvelle idée lui vint à l’esprit :

Puisqu’il était si difficile de trouver lecoupable, pourquoi ne pas en inventer un ?

Avec un peu d’imagination, il serait facile debâtir une histoire très vraisemblable.

Restait la question du choix de cecoupable ; et elle semblait, au reporter improvisé, assezdifficile à résoudre.

Borton se ressouvint heureusement del’Irlandais installé dans un voisinage de Skytown, et dontl’article du Chicago Life parlait incidemment.

– Pardieu, s’écria-t-il ; mais levoilà mon coupable, le voilà bien !

Il ne croyait pas dire si vrai.

Un hasard venait de le mettre sur la seulepiste intéressante.

De nouveau, il interrogea les ouvriers desscieries, sans ménager le gin et les belles paroles.

Le résultat de cette seconde enquête fut desplus satisfaisant.

Après le pillage des magasins et l’incendiedes ateliers, aucun des ouvriers ne se sentait la consciencenette.

Ils étaient ravis de détourner les soupçonssur un autre.

– Oui, dit l’un, cet Irlandais, ou ceFrançais – on n’a jamais pu savoir au juste – avait de singulièresfaçons. Il disparaissait quelquefois des journées entières, sousprétexte d’aller à la chasse.

– C’est vrai, ajouta un autre. Le jourmême de la catastrophe, il est parti dès le matin, ce qui est unindice grave.

– Il a sans doute attendu la nuit pourfaire son coup ; et il a dû se dissimuler tout le jour dansquelque recoin des ateliers.

– Il y a un fait plus grave que toutcela, dit un vieil ouvrier qui n’avait pas encore pris laparole.

– Et quoi donc ? interrompitvivement Borton, enchanté de la tournure que prenaient sesaffaires.

– Parbleu ! Tout le monde savait àSkytown que ce soi-disant Irlandais avait épousé la fille d’unouvrier tué l’année dernière à Mercury’s Park de la propre main deHattison.

– Comment, de la propre main deHattison ?

– Oui. C’était un Irlandais, qui avait laréputation de rôder sans cesse autour des ateliers de l’ingénieur.Un beau jour, celui-ci l’a écrasé de sa propre main sous le grandmarteau-pilon de l’usine.

– Et c’est bien vrai, cettehistoire ? fit Borton, puissamment intéressé.

– Si c’est vrai ! Mais tout le mondepourrait vous dire que je n’invente rien. Plus de trente ouvriersont vu !… On n’a pas osé en parler du vivant du vieilHattison, dont tout le monde avait peur. Maintenant, ça n’a plusd’importance. On ne m’ôtera plus de l’idée que cet Irlandais aassommé l’ingénieur et mis le feu à l’usine pour venger la mort deson beau-père.

Pour Borton, il n’y avait plus de doute.

Il se voyait à la veille de mettre la main surle criminel avant tous les détectives ; et, conséquemment, detoucher une forte prime de son journal.

Il était radieux.

Déjà, d’ailleurs, ce n’était plus lepersonnage dépenaillé que nous avons vu dans les bureaux duChicago Life.

Grâce aux dollars de M. Horst, il étaitconvenablement habillé d’un complet à carreaux gris et verts etd’un ulster à pèlerine.

Il portait en sautoir un appareilphotographique.

Son chapeau melon, à bords étroits, sa barberousse bien taillée, et son binocle à monture d’écaille, luidonnaient l’apparence de n’importe quel parfait gentleman.

Au fond, les ouvriers de la scierie leprenaient pour un détective.

Il n’était que reporter.

Mais, en Amérique, la différence entre cesdeux professions est si minime qu’on peut aisément s’y tromper.

– Savez-vous le nom de cetIrlandais ? demanda Borton.

– Oui. On l’appelait Léon Goupit.

– Bien ! fit-il en inscrivantsoigneusement le nom sur un carnet… Son signalement ?…

Lorsqu’il fut en possession de toutes lesindications nécessaires, Thomas Borton demanda aux ouvriers quelétait le chemin le plus direct pour se rendre à Skytown.

Un d’entre eux, ancien électricien, irlandaislui aussi, et qui avait été l’ami du père de Betty, se tenait àl’écart depuis le commencement de l’interrogatoire qu’il semblaitsuivre avec colère.

Voyant que ses compagnons hésitaient sur ladirection à indiquer à Borton, leur lâcheté n’allant cependant pasjusqu’à mettre d’eux-mêmes Betty entre les mains de celui qu’ilsprenaient pour un détective au service des milliardaires, il pritla parole.

– Il y a deux routes pour aller àSkytown, dit-il. Mais je crois que vous ferez bien de prendre parcelle de gauche. Vous arriverez plus vite.

La vérité, c’est que la route qu’il indiquait,passant par un autre petit village de bûcherons, était au moinsdeux fois plus longue que l’autre, qui coupait à travers bois.

– Oui, il a raison, s’écrièrent pourtanttous les ouvriers. C’est beaucoup plus court de ce côté et vous nerisquerez pas de vous égarer.

Thomas Borton s’éloigna promptement, heureuxde la bonne tournure que semblait prendre sa mission.

Il comptait bien, en intimidant Betty, qu’onlui avait représentée comme douce, craintive, obtenir lesrenseignements dont il avait besoin, et même la photographie deLéon Goupit.

Il enverrait le tout au directeur duChicago Life.

Il se voyait déjà reporter attitré du grandjournal yankee.

– Ce n’est tout de même pas bien ce quevous venez de faire, s’écria l’ouvrier électricien, qui avaitindiqué son chemin au reporter, lorsque celui-ci eut disparu. Vousn’auriez pas dû accuser Léon Goupit, ni donner son nom et sonsignalement. C’est un brave garçon, incapable de faire du mal, etqui nous a souvent rendu des services.

– Tu n’as donc pas vu que le particulieravait l’air de nous accuser s’écria l’un des ouvriers. Et puis,nous n’avons pas parlé les premiers de Léon Goupit. Nous n’avonsfait que donner raison au détective.

L’ouvrier qui venait de riposter était un deceux qui avaient allumé l’incendie à Skytown, et qui s’étaientmontrés les plus acharnés au pillage des cantines.

Tous les autres furent de son avis.

– Puisque tu lui as indiqué le plus longchemin, eh bien, ça suffit, dirent-ils.

Sans répondre, l’ancien ami du père de Bettyse dirigea du côté de la forêt, prenant la route de droite, la pluscourte pour aller à Skytown.

– Certainement, que je ne vais paslaisser Betty toute seule avec le détective, dit-il. J’ai pour lemoins deux heures d’avance sur lui. Je trouverai bien un moyen pourla faire filer avant son arrivée.

Quelques heures après, le brave ouvrier, quin’avait pas pris une minute de repos, frappait à la porte de lamaisonnette.

Betty elle-même ouvrit.

Le visage de la jeune femme n’avait plusl’expression riante qu’on était accoutumé de lui voir.

Elle fit entrer l’ouvrier dans la salle quiservait autrefois de lieu de réunion.

– Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle.

L’électricien raconta comment un homme, sedisant reporter, mais paraissant plutôt être un détective envoyépar la société des milliardaires, avait questionné les ouvriers desusines, et comment ceux-ci avaient confirmé les soupçons qu’ilavait émis sur la conduite de Léon Goupit.

Betty tremblait de tous ses membres.

Elle ne savait quelle résolution prendre.

– Alors, continua l’électricien, j’aiindiqué au détective la route la plus longue, celle qui passe parle village. Les autres n’ont point osé me contredire, et je suisaccouru pour vous prévenir… Il faut que vous quittiez au plus vitecette maison, autrement je ne réponds pas de votre salut ni devotre liberté. L’envoyé des milliardaires a l’air d’un hommecapable de toutes les violences.

– Mais, je ne suis pas seule, s’écriaBetty. Le vieux Paddy est là. Il peut à peine se lever. Je ne puisl’abandonner. Comment faire ?

– Allons donc le voir, fit l’ouvrier.S’il pouvait seulement marcher jusqu’à la ferme qui se trouve àmi-chemin des scieries, nous le laisserions là. Les fermiers sontde braves gens. Il ne serait pas mal soigné.

– Vous avez raison. Il faut absolumentfuir, fut le premier à s’écrier le vieux Paddy. Quoique bienendommagées, mes jambes me porteront bien jusqu’à la ferme. Bettypourra continuer seule jusqu’à Ottega, où elle sera en sûreté.

Moins d’un quart d’heure après, les troispersonnes quittaient la maisonnette.

Betty avait fait un petit paquet des quelquesobjets auxquels elle tenait le plus, avait pris lesbank-notes que lui avait laissées Léon, et avait fermé laporte de l’auberge.

Son cœur était rempli de chagrin, et deslarmes perlaient à ses cils.

Cette fuite précipitée, cet abandon de sonintérieur, de tout ce qui lui rappelait les jours heureux etprospères, lui coûtaient plus que toute autre chose.

De gros soupirs gonflaient sa poitrine ;et lorsqu’elle fut parvenue à un détour du chemin, elle se retournaune dernière fois pour contempler encore la paisible maisonnettequi avait abrité son bonheur.

Quelques instants s’étaient à peine écoulésdepuis que Betty, Paddy et l’ouvrier électricien étaient partis,lorsque Thomas Borton arriva à son tour à Skytown.

Le reporter du Chicago Life était unhomme pratique.

Sans perdre de temps, devant le désolantspectacle qu’offraient les usines avec leurs pans de mur émergeantd’amas de décombres, avec leurs cheminées tronquées presque au rasdu sol, il braqua son appareil, et prit une demi-douzaine devues.

– Cela fera très bien intercalé dans monarticle, dit-il. Décidément, je crois qu’il y a en moi l’étoffed’un reporter de premier ordre. M. Horst ne regrettera pas sespremiers dollars, et il me couvrira d’or.

Après avoir fait le tour des bâtiments, etnoté sur son carnet les détails les plus intéressants, Borton sehâta vers la maisonnette de Léon Goupit.

D’après ce qu’on lui avait dit de Betty, ilétait à peu près sûr d’obtenir, sans trop de peine, lesrenseignements sur Léon et la photographie dont il avaitbesoin.

Peu scrupuleux d’ailleurs quant aux moyens àemployer, il n’hésiterait pas à faire respecter les droits del’information, à user même de violence pour arriver à ses fins.

Après avoir frappé à plusieurs reprises à laporte de l’auberge, il finit par s’apercevoir que personne ne s’ytrouvait.

– Ah ! fit-il, les oiseaux se sontenvolés ! Aurais-je donc, sans le savoir, mis la main sur levrai coupable ? Voilà qui arrangerait mes affaires.

Puis, il pensa que Betty pouvait bien n’êtresortie que pour quelques instants.

Et cette idée l’empêcha de pénétrer pareffraction dans la maisonnette, comme il en avait eu l’idée toutd’abord.

Il s’assit sur un banc rustique, au-dessusduquel des glycines formaient un petit bouquet de verdure, bourrasa pipe, l’alluma et attendit philosophiquement.

Au bout d’une heure cependant, il finit parperdre patience.

Il se leva et interrogea l’horizon.

Tout était silencieux et désert.

– Je crois que je pourrais attendrelongtemps, fit-il. J’aurais plus vite fait d’inspecter les lieuxmoi-même.

Tout sert dans la vie, même d’avoir étépickpocket.

Thomas Borton n’avait point encore oublié lesprincipes de la profession qu’il avait exercée, avant de devenir ungentleman correct, le correspondant d’un grand journal.

Il eut vite fait de fracturer la serrure de laporte d’entrée.

– Tiens, mais ce n’est pas trop mal ici,fit-il en pénétrant dans la salle à manger de l’auberge. Lesgaillards n’étaient pas malheureux à ce que je vois.

Sans s’attarder à ces réflexions, le reporterse mit en devoir de visiter la maisonnette.

Il ouvrit, l’un après l’autre, tous lesmeubles, faisant sauter prestement la serrure de ceux qui étaientfermés.

Mais ses investigations ne semblaient pasdonner beaucoup de résultats.

Il avait trouvé du linge, des journaux, desvêtements, des chiffons et toutes sortes d’autres objets, mais depapiers présentant un intérêt quelconque, point.

La déception, la colère de Borton setrahissaient par ses mouvements nerveux et brusques. Il fourrageaitdans les armoires et éparpillait leur contenu au milieu despièces.

Tout à coup, il eut un cri de joie, en mêmetemps qu’il retirait une photographie de dessous une pile dedraps.

C’était celle de Léon Goupit.

Obligée de fuir précipitamment, Betty, dansson trouble, n’y avait pas songé.

Elle était partie sans l’emporter.

Pourtant, elle y tenait beaucoup.

Léon la lui avait donnée à Ottega, alors quetous deux n’étaient que fiancés.

À l’envers de la photographie, Thomas Bortonlut : À miss Betty. Souvenir affectueux.

Cette dédicace, écrite en français, étaitsignée « Léon Goupit ».

– Enfin, s’écria le reporter, en glissantla photographie dans sa poche, voilà qui me servira.

« Décidément, la chance m’estfavorable.

« M. Horst m’a demandé un coupable.Je vais lui en donner un, avec non seulement son signalement, maissa photographie et des vues de Skytown pour agrémenter le tout.J’espère qu’il sera content.

Il effaça, du mieux qu’il put, les traces deson passage et sortit de l’auberge en refermant la porte derrièrelui, non sans s’être préalablement restauré avec la moitié d’unevolaille froide, avec des tranches de jambon et quelques bouteillesde bière qu’il avait trouvées dans la cuisine.

– Maintenant, s’écria-t-il en s’éloignantd’un pas rapide, il me faut retrouver Léon Goupit. L’affaire esttrop belle pour que je l’abandonne.

« Si je sais gouverner ma barque, j’ai dequoi me faire d’un seul coup une renommée universelle et de grandeschances de toucher la prime que ne manqueront pas de donner lesmilliardaires à celui qui leur livrera l’auteur de la catastrophede Skytown.

Il fallait tout d’abord savoir dans quelledirection s’était éloigné Léon.

De Skytown, il était plus que probable qu’ilavait dû se diriger vers Ottega.

Néanmoins, il fallait s’en assurer.

Muni du signalement exact que lui avaientdonné les ouvriers des scieries, le lendemain matin, Thomas Bortonlança des télégrammes dans toutes les directions.

En même temps, il continuait ses recherchespersonnelles, interrogeant adroitement tous ceux qu’il croyaitcapables de lui fournir des détails inédits, des anecdotes surl’ingénieur Hattison et les usines de Skytown.

Il eut bientôt rédigé son article.

Il le télégraphia au directeur du ChicagoLife.

Quant à la photographie, après en avoir prisun double, il l’adressa de même au bureau du journal.

Quelques heures après, il recevait deuxtélégrammes.

Le premier émanait de M. Horst.

En voici la teneur :

Suis satisfait article. Toucherez primepromise. Filez Goupit. Avez tout intérêt. Boltyn promet par voie dejournal 10 000 dollars à qui arrêtera Goupit.

– Je ne m’étais pas trompé, s’écriaThomas Borton. Sapristi, dix mille dollars ! Quand je devraisremuer ciel et terre, il faut que je retrouve LéonGoupit !

Mais sa surprise fut bien plus grande encore,quand il eut pris connaissance du second télégramme, dontl’expéditeur – il le vit tout de suite – était le chef de gared’une petite station sur la ligne d’Ottega à Skytown.

Voici ce que télégraphiait cefonctionnaire :

Individu correspondant à signalement donnéest descendu ici à l’arrivée du train de ce matin, s’est dirigévers forêts en longeant Pacific Railway.

– Quelle chance, s’exclama le reporter.En avant donc ! Je crois que décidément, les dix mille dollarsseront pour moi. Il s’agit de ruser, de filer l’Irlandais – ou leFrançais, peu m’importe – sans qu’il s’en aperçoive, de lerejoindre et de lui tenir compagnie jusqu’à ce que je puisse leremettre entre les mains d’un constable.

La première chose que fit Borton, ce futd’échanger son costume de gentleman contre des loques.

– Bah ! fit-il, en se contemplantdans son nouvel accoutrement, les dix mille dollars valent bien queje reprenne pour quelques jours l’habit que j’ai porté pendant desannées.

Dans un vieux sac de toile, il fourra toute sagarde-robe et la mit en paquet sur son épaule, ainsi qu’ont coutumede faire les vagabonds.

Transformé, méconnaissable, il sauta dans unwagon pour se rendre à Persépolis, la petite station d’où lui avaittélégraphié le chef de gare.

Là, Borton crut un moment que ses recherchesétaient terminées, qu’il avait atteint son but.

L’individu, débarqué le matin même, venaitd’être arrêté pour un vol qu’il avait commis dans une ferme desenvirons.

Le reporter courut chez le constable, déclinases titres et demanda à voir le prisonnier.

Une déception l’attendait.

L’individu arrêté n’était qu’un simple coureurdes bois.

Son signalement n’offrait qu’une vagueressemblance avec celui que les ouvriers de la scierie avaientfourni à Borton comme étant le mari de Betty.

C’est ce qui avait donné lieu à la méprise duchef de gare.

– Tant pis, dit philosophiquement ThomasBorton. Cherchons ailleurs. Je suis bien naïf, en effet, de croireque mon gaillard a pris le chemin de fer. J’aurais dû deviner qu’ila craint d’être reconnu et arrêté. Il doit, à l’heure qu’il est, sediriger vers Ottega.

Plus il réfléchit, plus le reporter seconvainquit de la justesse de son raisonnement.

Tout en maugréant contre ce retard, il repritle train dans la direction de Skytown.

Mais quoi qu’il fît, quelque ruse, quelqueactivité qu’il déployât, trois jours s’écoulèrent, et il n’avaitpas encore retrouvé la trace de Léon.

Personne, parmi les centaines d’individusqu’il interrogea, ne put fournir une indication sérieuse aureporter.

Et cependant des télégrammes successifs luiarrivaient de Chicago.

Les articles du Chicago Life avaientpassionné l’opinion publique.

Le peuple américain tout entier suivait lesévénements et réclamait l’arrestation du coupable dont laphotographie, tirée à plusieurs millions d’exemplaires, étaitmaintenant partout.

Mr. Horst perdait patience.

Thomas Borton était désespéré.

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