La Conspiration des milliardaires – Tome III – Le Régiment des hypnotiseurs

Chapitre 7Le dirigeable le « Hattison »

Par unclair et froid matin de janvier, Léon Goupit se sentit desvelléités d’aller à la chasse.

Il était tombé de la neige quelques joursauparavant, et les grands arbres de la forêt, qui s’étendait aunord de Skytown, étaient couverts d’étincelantes stalactites.

Le sol résonnait sous les pas.

Les buissons, où luisaient de petites baiesgivrées par la gelée, avaient mis leur parure d’hiver.

Sous le ciel, ouaté de grands nuages blancs,qui présageaient pour les jours suivants de nouvelles averses deneige, les hautes cheminées des ateliers de Skytown déversaient destorrents de fumée rousse qui s’épandaient lentement en longsfleuves monotones, et donnaient, quelque idée qu’on eût de ladestination meurtrière de ces usines, un désir de chez soi, debien-être et de feu clair.

– Quel temps merveilleux, dit Léon enrecevant des mains de sa chère Betty un grand bol de grog augenièvre. Je vais tâcher d’abattre un ou deux lièvres, quelquesperdrix canadiennes, et peut-être un daim ou un ours gris.

– Pas d’ours gris, cria Betty. Tu saisque le froid les rend féroces. Et je ne veux pas que tu t’exposesinutilement.

– Eh bien, soit. Pas d’ours gris, ditdocilement Léon, qui n’était pas entêté, et qui eût été désolé decontrarier, même d’une façon insignifiante, sa chère petite femme.Léon avait déjà le rifle en bandoulière, le bonnet de loutrerabattu jusqu’aux oreilles, et les mollets serrés dans des guêtresde drap.

Comme on le voit, il était presque devenu unesorte de gentleman-farmer.

La prudente Betty l’accompagna jusqu’au seuilde la maisonnette, non sans avoir fourré dans son carnier, en femmeavisée qu’elle était, un notable tronçon de saucisson, la moitiéd’une volaille froide, et un raisonnable flacon de vieuxwhisky.

Après avoir embrassé sa femme, Léon se dirigeaallégrement vers les grands bois du nord, en contournant l’enceintepalissadée de Skytown.

Vers midi, Léon avait abattu une oie sauvageet deux grands lièvres lorsqu’il songea qu’il serait peut-êtretemps de regagner Skytown.

Il s’assit auprès d’un de ces magnifiquesérables qui sont une des richesses de l’Amérique, et se mit endevoir de se restaurer légèrement avant de se mettre en route.

Il tira ses provisions de son carnier, lesétala sur un banc de mousse roussie par la gelée, vidasommairement, pour alléger son fardeau, les animaux qu’il avaittués, alluma une bonne pipe et se mit en chemin.

Après avoir marché une demi-heure, ils’aperçut qu’il était victime d’un accident qui arrive fréquemmentaux coureurs des bois : Léon s’était égaré.

Trompé par la ressemblance des cèdrescentenaires dont il s’était servi comme points de repère, il avaitfait à tort deux ou trois lieues.

Perdu dans le majestueux silence de la forêtoù s’entendaient seulement des cris lointains d’oiseaux, ou bien,parfois, la chute d’une masse de neige du haut d’un grand arbre,Léon eut un moment d’émotion.

Mais il se reprit vite.

Ce n’était pas la première fois que semblablemésaventure lui arrivait.

Il n’avait qu’une chose à faire :s’orienter en observant certains troncs des arbres dont la facenord n’est jamais couverte de mousse, et regagner lentement Skytownoù il ne pourrait manquer d’arriver dans la soirée.

Mais, ce jour-là, Léon jouait de malheur.

Il s’embrouilla dans un réseau de sentiers,prit à droite puis à gauche, et finalement se trouva au centre d’unhallier inextricable qu’entouraient des sapins de cinquante mètresde haut.

La nuit allait venir.

Léon vit qu’il serait, sans doute, obligé decoucher à la belle étoile, ce qui l’ennuyait beaucoup, à cause del’inquiétude qu’il allait donner à sa chère Betty.

« Tant pis, se dit-il, toujoursphilosophe. Je vais faire contre fortune bon cœur. J’allumerai unfeu de bois mort. Je m’installerai une couchette de feuillessèches, et je finirai mes provisions. »

Léon en était là de ses réflexions, lorsqu’ilaperçut, se détachant en noir sur la blancheur de la neige, unobjet dont la vue le fit demeurer béant de surprise.

C’était, dépassant un peu la cime des hautssapins, la forme d’un immense ballon.

Léon s’approcha, déposa son carnier et sonrifle au pied d’un sapin, et tenta de grimper jusqu’à lanacelle.

Ce n’était pas chose commode.

Le ballon, dont le grappin s’était enfoncéprofondément dans le tronc d’un des sapins, dépassait de quelquesmètres la cime de l’arbre qui l’avait arrêté.

Comment l’atteindre, jusque-là ?

Heureusement Léon n’avait pas perdu, dans laprospérité, ses anciennes qualités de gymnaste et mêmed’acrobate.

Il défit ses guêtres et ses souliers, lesenvoya rejoindre son carnier, et commença à grimper délibérément lelong de la corde du grappin qui retenait l’aérostat.

Après quelques minutes d’une ascensionpénible, Léon parvint à se hisser jusqu’aux rebords de la nacelle,dans laquelle il tomba tout essoufflé.

Mais là, une autre surprise l’attendait.

Il venait de lire le nom de l’aérostat,inscrit en caractères dorés.

C’était le« Hattison ».

Léon ne revenait pas de sa stupeur.

« Ah ! par exemple, elle est bienbonne ! Mais alors, ce ballon ! Ce serait leur fameuxdirigeable de Skytown, celui qui rompit son câble dans unetempête !… Comment se trouve-t-il si près, à quelques lieues àpeine ? Voilà ce que je ne m’explique guère.

« Et encore si, réfléchit-il, je mel’explique. La trombe qui l’a enlevé n’a dû évoluer que dans untrès faible rayon, autour de son point de départ. Voilà qui estbien fait pour ce vieux bandit d’ingénieur… Il croyait sa machine àdes centaines de lieues, et elle n’a fait que tourner autour delui. »

Léon éclata d’un franc rire.

« Ce qui est drôle, par exemple, c’estqu’il ne soit pas plus détérioré, et qu’il se soit juste échouédans cette petite vallée qu’un contrefort des montagnes Rocheusesdéfend contre le vent. Et puis, il faut dire aussi que ces coquinsde milliardaires n’emploient que des matériaux de première qualité.Je parie qu’il y a une triple ou quadruple enveloppe. Ça doit êtretout à fait indéchirable. »

Léon disait vrai.

Le Hattison, construit suivant lesdonnées des plus récentes découvertes scientifiques, était unaérostat d’une solidité à toute épreuve, bien supérieur, commerésistance, à celui qu’avait employé jadis l’explorateur Andréedans son expédition au pôle Nord.

Le froid, qui devenait plus vif avec la nuit,vint interrompre les réflexions de Léon Goupit sur la solidité desballons, en le forçant à s’occuper un peu de sa proprepersonne.

« C’est superbe, tout ça, sedit-il ; mais moi je suis un rude imbécile, un véritableétourneau, d’être monté là-dedans sans savoir comment jedescendrai.

« Et de plus, j’ai eu la sottise delaisser en bas mon rifle, mes guêtres et mon carnier.

« Que diable vais-je devenir ? Ilfait trop nuit maintenant pour que je me hasarde à suivre la cordejusqu’au sommet du sapin… »

Furieux et désappointé, Léon tomba plutôtqu’il ne s’assit sur la banquette pneumatique qui faisait le tourde la nacelle.

Il se plongea dans de profondesréflexions.

« Ma foi, conclut-il, le mieux que j’aieà faire, c’est de me rouler dans une des couvertures qui sont là,et de faire un somme dans la nacelle de messieurs lesmilliardaires, en attendant que je puisse y voir clair dans masituation. Mais, au fait, il y a peut-être des provisions dans leurnacelle ! »

Léon se mit à fouiller à tâtons, sans avoir latentation de craquer une allumette, car il connaissait le danger dufeu dans le voisinage d’un réservoir d’hydrogène, gaz inflammablepar excellence.

En tâtonnant dans l’obscurité, ses doigtsrencontrèrent un bouton de métal.

Instinctivement il le pressa.

Une ampoule électrique s’alluma aussitôt,éclairant la nacelle, et bien au-dessous de Léon, les grands sapinscouverts de neige.

– Çà, par exemple, fit le Bellevillois,qui commençait à ne plus s’étonner de rien. Ça, c’estépatant ! Au moins je vais y voir clair, et tâcher de trouvermon souper.

Il força la serrure d’un coffre quirenfermait, au lieu de provisions qu’il s’attendait à y trouver,des piles électriques et des instruments d’une forme inconnue. Tousces appareils, protégés par un emballage pneumatique, étaient enparfait état de conservation.

« Ah çà ! se dit-il. Mais ça doitencore marcher ! Ça doit fonctionner, toutça ! »

Il était furieux de ne savoir comment s’yprendre pour faire fonctionner les moteurs.

Tout d’un coup il poussa un cri de joie.

Il venait d’apercevoir, dans un angle, unesérie de manettes en aluminium, au-dessus desquelles étaientinscrits de brefs avis en langue anglaise.

Les poignées étaient au nombre de trois.

La première portait : Monter –Descendre.

La seconde : Nord – Sud.

La troisième : Est – Ouest.

Une petite roue, placée à côté, parut être àLéon la roue de mise en train de tout le mécanisme.

Il la fit tourner.

Des dynamos, dissimulées sous la banquette, semirent à ronfler.

Le hardi jeune homme toucha du doigt lapoignée de descente.

L’aérostat s’abaissa doucement, et le fond dela nacelle vint érafler les dernières branches des sapins.

Léon se hâta de repousser la manette à saplace, pour ne pas s’exposer à une chute ou à un accrochage.

Mais cette expérience lui avait suffi.

Maintenant il se croyait sûr de la directionde l’appareil.

Il était comme fou d’enthousiasme.

– Mais oui, s’écria-t-il. Ce n’est pasmalin. Je dirigerai maintenant leur machine à ma guise.

« Et puis, qu’est-ce que je risque ?Moi je n’ai jamais fait de promenade en ballon. Je veux voirl’effet que ça produit.

Résolument, Léon tira son couteau et se mit endevoir de scier le câble qui retenait le Hattison.

Le travail n’avançait pas vite.

Léon était à peine arrivé à la moitié,lorsqu’il poussa une exclamation.

– Mais oui, s’écria-t-il, je le savaisbien qu’il y avait au fond de moi une raison sérieuse de me déciderà cette folle aventure. Le ballon dirigeable, mais c’est le seulmoyen de pénétrer dans Skytown, de venger les victimes d’Hattison,ou plutôt – car à quoi bon la vengeance ? – de l’empêcher decommettre d’autres crimes. Tout à l’heure j’hésitais en songeant àma chère petite Betty. Maintenant, il n’y a plus moyen de reculer.Et je ne le veux plus. C’est un devoir qu’il faut quej’accomplisse.

Sans perdre de temps, Léon acheva de couper lecâble, mit en mouvement la roue de mise en train et donna un coupde pouce du coté du mot « ascension ».

L’effet de ces différentes manœuvres futinstantané.

Le Hattison s’enleva d’un élanvigoureux, au milieu d’un ciel éblouissant d’étoiles, que la puretéde l’atmosphère glaciale rendait encore plus brillantes.

Mais Léon n’avait envie de monter ni si viteni si haut.

Derechef, il se précipita sur la poignéed’aluminium.

Mais il tombait de Charybde en Scylla.

L’appareil commença à dégringoler avec unerapidité vertigineuse.

Léon dut faire fonctionner de nouveau lapoignée d’ascension.

Après deux ou trois expériences, il put enfinmaintenir l’aérostat à la distance qu’il voulait, c’est-à-dire prèsde la terre.

À chacune de ces manœuvres, il entendait leshélices tourner avec un bruit de bourdonnement d’ailes, descontrepoids se déplacer en glissant sur des tringles, et le centrede gravité de la machine varier suivant un certain axe.

De cette hauteur, le spectacle étaitmerveilleux.

Le Pacifique, dont on entendait battre lesvagues contre la falaise, la grande tache sombre des forêts, l’azurvelouté du ciel, tout donnait à Léon une impression de majestégrandiose qu’il ne croyait avoir encore jamais ressentie.

« Mais où est Skytown, se demanda-t-ilenfin, anxieusement. Je ne l’aperçois pas. »

À la fin, il crut distinguer une lueur àtravers la brume bleuâtre et nacrée qui s’étendait au-dessus dudôme des forêts.

Il manœuvra tous ses leviers et toutes sesroues, et la lueur se rapprocha.

C’était sur l’horizon un grand cercle delumière blanche.

Tout près, un petit point rouge, à peine de lagrosseur d’une étincelle, indiquait à Léon la maisonnette où sachère Betty l’attendait, sans doute pleine d’angoisse.

« Ah ! mais, se dit Léon à cettepensée, je veux bien risquer ma peau pour tordre le cou au vieuxbrigand des usines, mais je n’entends pas du tout me sacrifierinutilement.

« Je vais descendre de ma machine,assommer l’ingénieur et mettre le feu à ses hangars si je puis.Après quoi, je remonte dans les airs… Et ni vu ni connu. »

Malheureusement pour Léon, l’exécution de sonprojet n’était pas aussi facile qu’il le disait.

Et il le savait bien.

Comment, en effet, descendre du ballon sanséveiller l’attention ?

Où l’amarrer pendant qu’il serait àterre ?

Comment y remonter ensuite ?

Autant de problèmes qui se posaient à l’espritdu Bellevillois.

Il fallait cependant prendre une décision.

Maintenant, le Hattison, évoluantcomme un grand oiseau silencieux, se rapprochait de plus en plusdes usines.

Léon, qui craignait d’être vu, poussal’appareil vers l’ouest, dans la direction du Pacifique, et s’élevad’une centaine de mètres.

Penché sur le rebord de la nacelle, il pouvaitdistinguer nettement les bâtiments des usines, les bassins, et toutprès de lui, la falaise, au sommet de laquelle se trouvait lelaboratoire de Hattison.

L’enceinte secrète de Skytown, celle danslaquelle personne n’avait jamais pénétré, était brillammentéclairée par de puissants fanaux électriques.

C’était une vaste cour, à peu prèsrectangulaire, limitée de trois côtés par des hangars, et du côtédu Pacifique, par la falaise, dont les parois, lissées par ladynamite, n’offraient aucun point d’appui à qui eût tenté del’escalader.

De la hauteur où il se trouvait, Léon, bienqu’il regardât fixement, ne distinguait autre chose qu’une largetache lumineuse, dans laquelle semblaient se mouvoir des êtresfantastiques.

Plus docile que le cheval le mieux dressé, leHattison obéissait à la moindre pression, au moindre coupde pouce sur les manettes directrices.

Très intrigué, Léon le fit descendre un peu ets’approcher davantage de la falaise.

Ce qu’il distingua mit le comble à sastupéfaction.

Immobile au milieu de la cour, l’ingénieurHattison surveillait la manœuvre d’un bataillon de soldats d’acier,dont les semelles de plomb frappaient le sol en cadence et quis’avançaient, le fusil sur l’épaule, noirs et rigides, effrayants,avec, à la place de la tête, un casque rond sans aucune ouvertureapparente.

De temps à autre – Léon le distinguaitparfaitement maintenant et l’entendait –, Hattison donnait un ouplusieurs coups de sifflet stridents.

À chaque signal, les soldats effectuaient unmouvement, s’arrêtaient, s’agenouillaient avec un ensemblemathématique. Puis se relevaient et se remettaient en marche.

– Ah ! le gredin ! murmuraitLéon, qui ne perdait pas un détail de cet étrange spectacle, c’estdonc vrai, tout ce qu’on raconte sur les inventions diaboliquesqu’il a faites. Alors, c’est pour nous exterminer, tous cesmonstres d’acier. C’est pour écraser la France et l’Europe !Je comprends qu’il cache cela si soigneusement dans sa tanière, levieux tigre !

Le jeune homme vibrait d’indignation ;mais il ne perdait pas cependant son sang-froid.

Et tout en faisant décrire à l’aérostat descourbes savantes autour des bâtiments de Skytown, il songeait aumoyen d’aborder sur la falaise et d’aller, comme il le disait,tordre le cou au vieil Hattison.

La chose ne paraissait pas aisée.

Le granit, nous l’avons dit, avait été renduabsolument accore par la dynamite.

Pas la moindre saillie, la plus petiteaspérité.

Pourtant, à force de fouiller du regard lepanorama qui s’étendait au-dessous de lui, Léon finit parapercevoir une sorte de garde-fou qui longeait la falaise, fixé auroc par des crampons.

– C’est là qu’il faut atterrir,murmura-t-il. Je pourrai y attacher l’aérostat de messieurs lesmilliardaires, sans que personne ne voie ni n’entende rien. Et unefois mon compte réglé avec le vieux chenapan, je n’aurai qu’àremonter dans la nacelle, à détacher le câble. Bien malin celui quipourra me rejoindre.

Le coup d’œil de Léon Goupit ne manquait pasde justesse.

Hattison, du reste, tellement il était certaind’être bien seul, ne portait jamais ses regards de ce côté.

Attentif aux mouvements de ses hommes de fer,il semblait chercher un moyen de les perfectionner encore,d’augmenter leur puissance destructive.

Tout à fait habitué maintenant au maniementdes poignées d’aluminium, Léon n’eut pas de peine à faire descendrele dirigeable, de manière à ce que la nacelle effleurât la barred’acier qui devait lui servir à l’amarrer.

Il n’eut pas non plus de difficulté à glisserle câble par-dessous la barre et à le reprendre de l’autre côtépour l’assujettir fortement au moyen d’un nœud marin.

Cela fait, il sauta lestement à terre, nonsans s’être assuré qu’il avait bien dans sa poche le large couteaude chasse qu’il emportait toujours dans ses excursions enforêt.

Pour faciliter, en cas d’alerte,l’embarquement de ses automates à bord du giant plunger,Hattison – nous l’avons dit – avait fait établir un chemin en pentedouce qui, du sommet de la falaise, aboutissait à l’extrémité de lapasse, à l’endroit même où était mouillé le sous-marin.

C’est sur ce chemin, large de plus de trentepieds, que, pour le moment, il faisait manœuvrer ses automates, lesarrêtant, leur faisant faire volte-face, comme s’il voulait serendre compte des défectuosités, et du degré d’utilité pratique dunouveau mode d’embarquement qu’il avait imaginé.

À son extrémité, le chemin en pente douce secontinuait sous la mer, ce qui était nécessaire pour aller jusqu’augiant plunger, puisque celui-ci, dépassant à peine lasurface de l’eau, ne pouvait être amené jusqu’au rivage.

Agile comme un chat, Léon, par petits bonds,se rapprochait de plus en plus de Hattison et des automates.

Profitant des moindres recoins d’ombre pour sedissimuler, étouffant le bruit de ses pas, retenant sa respiration,pieds nus, puisque ses souliers et ses guêtres étaient restés dansla forêt avec son rifle et son carnier, l’audacieux Bellevillois nesentait pourtant pas le froid glacial de cette nuit de janvier.

Lorsqu’il croyait que le regard de Hattisonallait se porter de son côté, il s’allongeait à plat ventre ;et son cœur bondissait alors dans sa poitrine.

L’émotion l’étreignait à la gorge.

Hattison ne se doutait cependant de rien.

On n’entendait que le bruit cadencé,accompagné d’un cliquetis métallique, que faisaient, en marchant aupas, les automates.

Puis, de temps à autre, un coup de siffletdéchirait l’air.

Et c’était pour Léon l’occasion de bondir denouveau en avant, de se rapprocher de Hattison.

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