La Conspiration des milliardaires – Tome III – Le Régiment des hypnotiseurs

Chapitre 20Le retour à la maison paternelle

Toute lapremière partie du repas du soir fut silencieuse. Olivier, toujoursplongé dans ses réflexions, mangeait du bout des dents.

Aurora ne savait comment s’y prendre pourengager l’entretien sur le sujet qui lui tenait tant au cœur.

Enfin Olivier rompit le premier le silenceglacial qui pesait sur la petite salle à manger.

– Je vous demande pardon, Aurora,fit-il ; mais j’ai été si fort occupé aujourd’hui que je n’aipu venir déjeuner.

– La chose tombait d’autant mieux, ditAurora du ton cassant qu’elle prenait les jours de brouille, que jevous avais fait prévenir que je déjeunais chez mon père.

– Oui, cela s’est arrangé à merveille,repartit Olivier distraitement.

Et il sembla retomber de nouveau dans sonsilence.

Mais cela ne faisait pas le compted’Aurora.

Aiguillonnée par la curiosité, elle voulaitsavoir, dût-elle pour cela mettre son mari en colère.

Olivier se fâcherait, puis reviendrait ;et elle connaîtrait la vérité sur le mendiant.

– Puis-je savoir, dit-elle en souriant,si ce sont des recherches scientifiques ou des bonnes œuvres quivous ont tant occupé aujourd’hui ?

– Les unes et les autres.

– C’est qu’aussi, repartit la jeunefemme, il me semble que vous ne sachiez pas être maître devous-même. Votre temps, votre peine et même vos dollarsappartiennent à tous ceux qui veulent en faire usage. On abuse devous, mon ami ; et si je ne vous connaissais pas comme unhomme qui ne sait rien refuser, je pourrais parfois me froisser desprocédés que vous employez pour soulager les infortunes de voscompatriotes.

– Qu’est-ce à dire ? fit Olivier enfronçant les sourcils.

– Il paraît, dit avec un certain embarrasAurora qui regrettait déjà un peu sa sortie, il paraît qu’il estvenu, pendant mon absence, un étranger – sans doute un de voscompatriotes –, que vous l’avez mené dans votre propre chambre,servi et habillé vous-même, et qu’ensuite vous êtes partis ensembleen voiture.

– Eh bien, fit le jeune homme dont lacolère allait croissant, voyez-vous donc quelque inconvénient à ceque je reçoive et secoure ceux de mes compatriotes qu’il me plaîtd’assister ?

– Aucun. Cela ne me regarde pas. Maisvous êtes trop bon.

– C’est possible, mais c’est un principechez moi. Tout le monde a besoin d’indulgence. Il m’en faut àmoi-même en ce moment, pour ne pas me fâcher du manque dedélicatesse dont vous faites preuve en faisant espionner mesactions par vos domestiques, et en vous permettant de critiquer mesactes.

Jamais Olivier n’avait dit à Aurora desemblables paroles.

Ce langage, dont la sévérité était due engrande partie à ses préoccupations de la journée, fit bondir decolère la jeune milliardaire, accoutumée à voir tout plier devantson caprice.

– Vraiment ? s’écria-t-elle en selevant d’un brusque mouvement. Avant de vous poser en redresseur detorts, il serait plus urgent d’examiner votre propre conduite, etde la modifier dans un sens moins hostile. Vous devriez respecterdavantage mes convictions et celles de mon père. Votre conduite decet après-midi n’est pas explicable. Elle autorise toutes lessuppositions.

L’ingénieur ne répondit pas.

Il commençait à s’apercevoir du but d’Auroraen engageant cet entretien.

Il sentait que bientôt il n’allait plus êtremaître de sa colère, et il faisait des efforts inouïs pour restercalme.

– Je vous le disais tout à l’heure, quevous étiez trop bon ! continua railleusement le jeune femmedont les lèvres pincées et le léger frémissement des narinesdévoilaient l’exaspération ; mais, dans de semblablesconditions, votre bonté peut paraître suspecte… Il est des gensqu’on ne reçoit pas chez soi, lorsque, comme vous, on se pique dedélicatesse. Vous auriez dû comprendre que les obligations que vousavez à mon père vous interdisaient de prendre parti contre lui, enfacilitant la fuite du criminel dont il est en droit de réclamerune juste vengeance.

– Mais vous êtes, folle, Aurora !s’écria Olivier. Votre orgueil, votre vanité vous aveuglent…L’homme dont vous parlez est mort, vous le savez aussi bien quemoi, puisque les journaux ont annoncé son suicide.

– Les journaux ont menti. Hier soir,l’assassin d’Hattison a été vu par mon père lui-même, dans lesenvirons de Chicago… Comment m’expliqueriez-vous votre départprécipité par la petite porte de l’hôtel, et la transformationcomplète, le déguisement que vous avez fait subir à l’individu avecqui vous êtes parti en cab. Vous voyez que je ne me trompe pas.Vous ne pouvez me donner de raison plausible. C’est donc bien deLéon Goupit qu’il s’agit.

Olivier s’était levé, lui aussi.

– Je vous prie de mettre un terme à vosquestions, fit-il en regardant fixement Aurora. Pensez et supposeztout ce que vous voudrez. Je ne vous dois aucune explication.

En prononçant ces paroles, l’ingénieur sedirigea vers la porte de la salle à manger.

– Et vous croyez que je toléreraicela ! s’exclama la fille de William Boltyn… Vous aurezfacilité la fuite d’un criminel pour l’arrestation duquel mon pèredonnerait cent mille dollars ; et j’assisterais sans rien direà de tels agissements ! Vous vous méprenez étrangement sur messentiments… Je vais informer mon père, à l’instant même, de ce quis’est passé, ici, en mon absence. Demain, Léon Goupit seraarrêté.

Olivier s’était retourné, livide defureur.

Il revint sur ses pas, et s’arrêta en faced’Aurora.

– Vous êtes bien décidée à fairecela ? interrogea-t-il d’une voix toute changée. Vous avezréfléchi, avant de prononcer ces paroles ?

– Je n’ai pas à réfléchir, mais seulementà agir. Vous attaquez mon père ; vous intervenez dans unequestion qui ne vous concerne nullement… Il est de mon devoir de lemettre en garde contre vos menées.

Aurora se préparait à se diriger du côté de laporte.

La colère barrait son front de rides. Elleparaissait décidée à tout.

– Vous ne sortirez pas, dit froidementOlivier Coronal.

Les bras croisés, le dos appuyé contre laporte, l’ingénieur se tenait en face de la jeune femme, le regardplein d’une énergique résolution.

– Je ne sortirai pas ! dit Aurora entrépignant. C’est ce que nous verrons. Laissez-moi passer.

– C’est inutile, vous dis-je.

– C’est indigne ! On n’a jamais vufaire pareille violence à une dame américaine.

– Je ne vous fais point violence, ditOlivier.

– Tant pis, je passerai quand même.

La jeune femme se précipita donc contrel’ingénieur ; et sans réfléchir aux conséquences de l’actionqu’elle commettait, elle le prit par les épaules et essaya del’arracher de la porte à laquelle il était adossé.

Mais Olivier était aussi ferme qu’un roc.

Aurora ne put réussir même à le faire changerde place.

Elle finit par renoncer à sa tentative, etalla se réfugier, sanglotante, dans l’angle le plus éloigné de lapièce.

– Aucun gentleman n’approuverait lamanière dont vous vous êtes conduit ce soir, dit-elle à travers seslarmes.

– Je suis seul juge de ma conduite,répondit froidement Olivier.

Pourtant il ne pouvait s’empêcher d’être émudes larmes d’Aurora.

C’était la première fois depuis leur mariagequ’il la contredisait sérieusement, qu’il la voyait pleurer.

– Voyons, dit-il d’une voix qu’ilessayait de rendre digne, mais où son apitoiement perçait malgrélui, vous êtes une enfant. Pourquoi vous êtes-vous mêlée d’épier maconduite et de contrecarrer mes projets ?

– C’est vous qui contrecarrez ceux de monpère… Pourquoi vous faites-vous complice de l’assassin del’ingénieur Hattison ?

– Pourquoi votre père, lui, veut-ilanéantir toutes les nations européennes ? Et cela dans le butle plus vil, pour gagner un argent dont il ne sait que faire, qu’ilest incapable d’employer à un noble usage.

– Voilà maintenant que vous insultez monpère !… Vous aviez moins d’orgueil lorsque, après votretentative d’espionnage à Mercury’s Park, il vous a fait grâce de lavie, et qu’il vous a couvert de son autorité auprès de sesamis !

– Taisez-vous, Aurora. Il y a desbienfaits dont on perd tout le mérite en les reprochant avec autantd’amertume.

– Oh ! non, je ne me tairaipas ! s’écria Aurora en s’avançant au milieu de la pièce, etje vous crierai, pour que vous soyez bien convaincu de votreingratitude : « Vous me devez la vie, monsieur ; etlorsque l’on a, envers une femme, une telle obligation, on montrepour elle plus d’amour et moins de brutalité !… » Il estvrai, ajouta-t-elle avec un rire nerveux, que, pour vous acquitterenvers moi, vous m’avez épousée ! Ah ! tenez, vous nem’avez jamais aimée.

– Mon amie, dit gravement Olivier,arrêtez-vous. Il en est encore temps. Ne mettez pas entre nous desparoles irréparables.

– D’abord, je ne suis pas votreamie ; et je veux mettre entre nous autant de parolesirréparables que je pourrai. Tenez, je vous hais !…

Et la jeune femme prononça ces mots d’une voixrauque.

Elle était devenue presque laide defureur.

Sa bouche crispée, son front barré de ridesvolontaires, sa face empourprée la faisaient ressembler à quelquefurie.

Olivier gardait le silence, le cœur serréd’une immense douleur.

Dans toute autre occasion, il eût cédé. Maisil fût mort plutôt que de sacrifier le salut de son ami à la colèred’une femme.

Aurora continuait, cependant, incapabled’arrêter le flot débordant d’invectives qui montait à seslèvres.

– Oui, je vous hais ; et je maudisle jour où je vous ai confié le soin de mon honneur et de monbonheur. Vous n’êtes capable d’assurer ni l’un ni l’autre.Ah ! pourquoi donc ai-je eu la sottise de me remettre auxmains d’un Européen sans cœur, qui préfère à la femme qu’il ditaimer de sottes idées humanitaires.

– Aurora, dit Olivier avec tristesse, lavie commune sera désormais bien difficile entre nous. Je crois quejamais nos deux caractères ne s’entendront.

– Oh ! non, jamais. Jamais plus,s’écria la jeune femme d’une voix mordante, corrosive et rauque. Jevous ai dit que je vous détestais ; je vous le répète encore.Vous êtes le plus lâche et le plus vil des hommes… Voulez-vous melaisser sortir, maintenant ! Je veux me retirer chez mon père.Lui seul m’aime véritablement.

– Vous vous retirerez chez votre père sivous voulez, mais pas toutefois avant que mon ami ne soit ensûreté. Je vous déclare que ma résolution est inébranlable ;et je ferai, en dépit de vous, tout ce qu’il faudra pour en assurerl’effet.

Aurora se promenait de long en large dans lapièce, comme une bête féroce dans sa cage.

Soudain, d’un mouvement brusque, elle seprécipita du côté de la fenêtre, l’ouvrit, et s’élança pourl’enjamber.

Mais Olivier avait deviné son intention.

Prompt comme l’éclair, il avait saisi la jeunefemme par la taille, et l’avait déposée sur un fauteuil. Puis ilavait refermé la fenêtre.

Aurora gardait maintenant un silencefarouche.

L’altération de son visage et la crispation deses traits dévoilaient seules son agitation intérieure.

Olivier, pâle comme un mort, le cœurprofondément torturé, ne perdait pas des yeux la jeune femme.

Celle-ci, de nouveau, éclatait ensanglots.

Un fleuve de larmes coulait le long de sesjoues.

– Ah ! dit-elle d’une voix quiremuait Olivier jusqu’au plus profond de l’âme, je n’aurais jamaiscru subir chez moi, à deux pas de la maison de mon père, unsemblable affront. Lui, qui peut tout avec ses milliards, n’atrouvé qu’une chose d’impossible : me rendre heureuse… Mais,continua-t-elle d’une voix moins irritée, espérez-vous donc megarder ainsi à vue pendant longtemps ?… Allez-vous continuer,devant vos domestiques, l’injure de votre surveillance et de votreséquestration ?

– Aurora, dit Olivier, si vous voulez medonner votre parole d’honneur de ne pas aller voir votre père, dene faire aucune démarche pour le prévenir, je vous rendrai votreliberté.

– C’est bien, fit-elle d’un air sombre.Je vous donne la parole d’honneur que vous me demandez, et je vaisme retirer dans ma chambre.

Marchant avec la dignité d’une reine offensée,elle gagna, suivie d’Olivier, sa chambre, située à l’étagesupérieur, et qui n’était séparée de celle de son mari que par unvaste cabinet de toilette.

– Bonsoir, Aurora, dit gravementOlivier.

– Bonsoir, monsieur, répondit-elle d’unevoix sourde.

Et elle ajouta :

– Je vous ai donné ma parole de neprévenir mon père d’aucune façon, avant demain soir. Je latiendrai. Quoiqu’il me soit facile de lui téléphoner, je n’en ferairien, puisque nous en sommes convenus. Mais ne croyez pas quel’assassin que vous protégez échappe pour cela à notre vengeance.Mon père possède des moyens d’investigation plus rapides et plussûrs que tous ceux que l’argent et la science ordinaires peuventdonner. Je ferai, d’ailleurs, de cette arrestation une affairepersonnelle. Ce sera ma revanche contre vos brutalités.

Olivier ne répondit pas, et s’en allas’étendre sur son lit.

Il se passa plusieurs heures avant qu’il pûttrouver le sommeil. Longtemps, à travers le silence de la maisonendormie, il lui sembla distinguer le bruit affaibli de sanglotslointains.

Pendant toute la journée du lendemain, Aurorane sortit pas de sa chambre.

Elle s’y fit servir son déjeuner et son dîner,laissant Olivier prendre seul ses repas dans la salle à manger.

Vers huit heures du soir seulement, elledescendit dans le salon du rez-de-chaussée.

Son mari s’y trouvait lorsqu’elle ypénétra.

Il tenait à la main un télégramme qu’il venaitde recevoir.

– Je crois pouvoir sortir sans vous endemander l’autorisation, dit-elle sèchement. Vous aurez au moins laloyauté de respecter les termes de la promesse que vous m’avezimposée.

– J’allais moi-même vous délier de votreparole, répondit l’ingénieur. Vous êtes libre d’aller où il vousplaira.

Et tout en parlant ainsi, il avait froissé letélégramme qu’il tenait à la main, et l’avait jeté au milieu du feude bois dans la cheminée du salon.

Le visage de l’ingénieur exprimait unesatisfaction profonde.

Ses traits s’étaient détendus, son regardétait moins sombre. Il semblait soulagé d’un grand poids.

– Il paraît que vous avez réussi dansvotre entreprise, fit Aurora. Votre ami est maintenant en sûreté.C’est bien. Je vous laisse vos illusions à ce sujet. Souhaitez dene pas les perdre avant qu’il soit longtemps.

Et sur ces paroles menaçantes qui traduisaientbien sa rancune, elle sortit du salon et gagna rapidement la portequi donnait sur la Septième Avenue.

Elle trouva son père installé devant lesappareils télégraphiques de son cabinet de travail.

Le milliardaire semblait de bonne humeur.

– J’allais te téléphoner, dit-il. As-tudonc été malade, pour n’être pas venue me voir de toute lajournée ?… Mais tu sais que j’ai de bonnes nouvelles,ajouta-t-il aussitôt.

– Ah ! fit Aurora avec passion. Tantmieux. Est-ce que l’on aurait arrêté l’incendiaire ?

– Non, pas encore. Nos détectives leserrent de très près. Il sera peut-être entre mes mains dansquelques heures.

– Et comment cela ?

– On a suivi sa piste depuis le palaisd’Harry Madge jusqu’à Chicago. Des ouvriers de mes abattoirs l’ontvu dans un bar des faubourgs. De là il s’est rendu chez un juif oùil a dû changer d’habits. Ensuite on perd sa trace. Mais ce nesaurait être pour longtemps ! J’ai promis de fortesrécompenses. Je ferai fouiller toute la ville s’il le faut.

– Eh bien, moi je sais où il est, ouplutôt où il était.

– Toi ? dit William Boltyn au comblede la surprise.

– Oui, mon père. Et tu chercheraisvainement où il s’était caché… Chez moi !… Dans mon hôtel.

– Voilà qui dépasse tout ce que j’auraispu imaginer.

– Mais ce n’est pas tout. Il a réussi àprendre la fuite, et il est maintenant, autant que je puis croire,en sûreté, hors des États de l’Union.

William Boltyn, comme assommé par la nouvellequ’il apprenait, était tombé sur son siège, et ne trouvait pas unseul mot à dire.

– Oui, continua Aurora, il s’est échappé.Et ce qu’il y a de plus vexant pour moi dans cette aventure, c’estque c’est mon mari qui, en mon absence, l’a accueilli, secouru,hébergé, et probablement conduit jusqu’à la gare.

– Je récolte ce que j’ai semé, ditamèrement le milliardaire… Voilà le résultat de tonmariage !

La jeune femme continua, baissant la têtedevant le reproche.

– Quand j’ai appris ce qui s’était passé,j’ai voulu venir te prévenir. Mais mon mari me l’a défendu. Il aemployé la force pour m’empêcher de sortir. Il s’est vantéhautement de son dévouement pour l’assassin. Il vient seulement deme relâcher, il y a quelques instants. Et encore ne l’a-t-il fait,à ce que j’ai deviné, qu’une fois bien certain que le fugitif étaiten sûreté.

– Je vais faire arrêter ton mari, ditWilliam Boltyn avec un sang-froid effrayant.

– Non, mon père. Ne fais pas cela. Songedonc au scandale qui rejaillirait sur moi.

– Il sera arrêté, dit inflexiblementWilliam Boltyn.

– Mon père, il ne faut pas agir de lasorte. Il serait d’ailleurs impossible d’établir nettement sacomplicité. Pour moi-même, tu ne dois pas prendre une semblablerésolution. Écoute ce que je te propose : après l’humiliationque j’ai reçue hier, je ne veux plus habiter avec Olivier. Je vaisrevenir prendre ma place près de toi. Je ne dis pas pour toujours,mais au moins pour longtemps.

– Pourquoi pas pour toujours ? Tudois cependant être désabusée tout à fait maintenant. Tu ne doisplus conserver d’illusions sur le caractère du misérable que j’aieu la faiblesse de te laisser épouser.

– Vous avouerai-je ce que j’éprouve, monpère ? Je ne puis me faire à l’idée de me séparer entièrementde l’homme que j’ai aimé… Je sais qu’il va souffrir atrocement demon absence. Mais je serai très dure avec lui. Pour que je consenteà ne pas demander le divorce, il faudra qu’il s’agenouille devantmoi, qu’il fasse tout ce que je voudrai, et même tout ce que tuvoudras.

– Tu es une enfant, dit William Boltynavec dédain. À tes paroles, je vois que tu l’aimes plus que jamais.Mais je suis trop heureux de te voir revenir habiter près de moipour ne pas en passer encore par ce caprice. Rédige une note, etStephen ira chercher, immédiatement, chez ton mari les objetspersonnels que tu veux réclamer.

Aurora passa une nuit de douloureuse insomniedans sa luxueuse chambre de jeune fille où elle s’était de nouveauréinstallée.

Vingt fois, avec son autoritaire violenced’enfant gâtée, elle fut sur le point de se lever, de s’habiller etde courir se jeter dans les bras d’Olivier. Mais sa rancune tintbon.

– Il me mépriserait trop, pensait-elle.Je serais à sa merci en toutes choses, si je faisais preuve d’unetelle platitude.

Elle ne put s’endormir qu’au moment où uneaurore blafarde commençait de monter dans le ciel, derrière lestoits et les colonnes rouges de la ville fumeuse.

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