Scène XIV
Florice,Aronte, leMercier, laLingère
Florice
Aronte, eh bien ! quels fruits produiranotre adresse ?
Aronte
De fort mauvais pour moi. Mon maître, audésespoir,
Fuit les yeux d’Hippolyte, et ne veut plus mevoir.
Florice
Nous sommes donc ainsi bien loin de notreconte ?
Aronte
Oui, mais tout le malheur en tombe surAronte.
Florice
Ne te débauche point, je veux faire tapaix.
Aronte
Son courroux est trop grand pour s’apaiserjamais.
Florice
S’il vient encor chez nous, ou chez saCélidée,
Je te rends aussitôt l’affaire accommodée.
Aronte
Si tu fais ce coup-là, que ton pouvoir estgrand !
Viens, je te veux donner tout à l’heure ungaland.
Le Mercier
Voyez, monsieur ; j’en ai des plus beauxde la terre :
En voilà de Paris, d’Avignon,d’Angleterre.
Aronte, après avoir regardéune boîte de galands.
Tous vos rubans n’ont point d’assez vivescouleurs.
Allons, Florice, allons, il en faut voirailleurs.
La Lingère
Ainsi, faute d’avoir de bonne marchandise,
Des hommes comme vous perdent leurchalandise.
Le Mercier
Vous ne la perdez pas, vous, mais Dieu saitcomment ;
Du moins, si je vends peu, je vendsloyalement,
Et je n’attire point avec une promesse
De suivante qui m’aide à tromper samaîtresse.
La Lingère
Quand il faut dire tout, on s’entre-connaîtbien ;
Chacun sait son métier, et… Mais je ne disrien.
Le Mercier
Vous ferez un grand coup si vous pouvez voustaire.
La Lingère
Je ne réplique point à des gens en colère.