Scène VII
Daphnis,Amarante
Amarante
Je vous l’avais bien dit qu’elle n’y seraitpas.
Daphnis
Que vous avez tardé pour ne trouverpersonne !
Amarante
Ce reproche vraiment ne peut qu’il nem’étonne,
Pour revenir plus vite, il eût falluvoler.
Daphnis
Florame cependant, qui vient de s’enaller,
À la fin, malgré moi, s’est ennuyéd’attendre.
Amarante
C’est chose toutefois que je ne puiscomprendre.
Des hommes de mérite et d’esprit comme lui
N’ont jamais avec vous aucun sujetd’ennui ;
Votre âme généreuse a trop de courtoisie.
Daphnis
Et la vôtre amoureuse un peu de jalousie.
Amarante
De vrai, je goûtais mal de faire tant detours,
Et perdais à regret ma part de sesdiscours.
Daphnis
Aussi je me trouvais si promptementservie,
Que je me doutais bien qu’on me portaitenvie.
En un mot, l’aimez-vous ?
Amarante
Je l’aime aucunement,
Non pas jusqu’à troubler votrecontentement ;
Mais si son entretien n’a point de quoi vousplaire,
Vous m’obligerez fort de ne m’en plusdistraire.
Daphnis
Mais au cas qu’il me plût ?
Amarante
Il faudrait vous céder.
C’est ainsi qu’avec vous je ne puis riengarder.
Au moindre feu pour moi qu’un amant faitparaître,
Par curiosité vous le voulez connaître,
Et quand il a goûté d’un si douxentretien,
Je puis dire dès lors que je ne tiens plusrien.
C’est ainsi que Théante a négligé maflamme.
Encor tout de nouveau vous m’enlevezFlorame.
Si vous continuez à rompre ainsi mescoups,
Je ne sais tantôt plus comment vivre avecvous.
Daphnis
Sans colère, Amarante ; il semble, à vousentendre,
Qu’en même lieu que vous je voulusseprétendre ?
Allez, assurez-vous que mes contentements
Ne vous déroberont aucun de vosamants ;
Et pour vous en donner la preuve plusexpresse,
Voilà votre Théante, avec qui je vouslaisse.