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Scène VI

Géraste,Amarante

 

Géraste

Amarante !

Amarante

Monsieur !

Géraste

Vous faites la surprise,

Encor que de si loin vous m’ayez vu venir,

Que Clarimond n’est plus à vousentretenir !

Je donne ainsi la chasse à ceux qui vous encontent !

Amarante

À moi ? mes vanités jusque-là ne semontent.

Géraste

Il semblait toutefois parler d’affection.

Amarante

Oui, mais qu’estimez-vous de sonintention ?

Géraste

Je crois que ses desseins tendent aumariage.

Amarante

Il est vrai.

Géraste

Quelque foi qu’il vous donne pour gage,

Il cherche à vous surprendre, et sous ce fauxappas

Il cache des projets que vous n’entendezpas.

Amarante

Votre âge soupçonneux a toujours deschimères

Qui le font mal juger des cœurs les plussincères.

Géraste

Où les conditions n’ont point d’égalité,

L’amour ne se fait guère avec sincérité.

Amarante

Posé que cela soit : Clarimond mecaresse ;

Mais si je vous disais que c’est pour mamaîtresse,

Et que le seul besoin qu’il a de monsecours,

Sortant d’avec Daphnis, l’arrête en mesdiscours ?

Géraste

S’il a besoin de toi pour avoir bonneissue,

C’est signe que sa flamme est assez malreçue.

Amarante

Pas tant qu’elle paraît, et que vousprésumez.

D’un mutuel amour leurs cœurs sontenflammés ;

Mais Daphnis se contraint, de peur de vousdéplaire,

Et sa bouche est toujours à ses désirscontraire,

Hormis lorsqu’avec moi s’ouvrantconfidemment,

Elle trouve à ses maux quelquesoulagement.

Clarimond cependant, pour fondre tant deglaces,

Tâche par tous moyens d’avoir mes bonnesgrâces ;

Et moi je l’entretiens toujours d’un peud’espoir.

Géraste

À ce compte, Daphnis est fort dans ledevoir :

Je n’en puis souhaiter un meilleurtémoignage,

Et ce respect m’oblige à l’aimerdavantage.

Je lui serai bon père, et puisque ce parti

À sa condition se rencontre assorti,

Bien qu’elle pût encore un peu plus hautatteindre,

Je la veux enhardir à ne se pluscontraindre.

Amarante

Vous n’en pourrez jamais tirer la vérité.

Honteuse de l’aimer sans votre autorité,

Elle s’en défendra de toute sapuissance ;

N’en cherchez point d’aveu que dansl’obéissance.

Quand vous aurez fait choix de cet heureuxamant,

Vos ordres produiront un promptconsentement.

Mais on ouvre la porte. Hélas ! je suisperdue,

Si j’ai tant de malheur qu’elle m’aitentendue.

(Elle rentre dans lejardin.)

Géraste

Lui procurant du bien, elle croit lafâcher,

Et cette vaine peur la fait ainsi cacher.

Que ces jeunes cerveaux ont de traits defolie !

Mais il faut aller voir ce qu’aura faitCélie.

Toutefois disons-lui quelque mot enpassant,

Qui la puisse guérir du mal qu’elleressent.

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