Scène II
Géraste,Célie,Daphnis
Géraste, àCélie.
Adieu, cela vaut fait,
Tu l’en peux assurer.
(Célie rentre, et Géraste continue àparler à Daphnis.)
Ma fille, je présume,
Quelques feux dans ton cœur que ton amantallume,
Que tu ne voudrais pas sortir de tondevoir.
Daphnis
C’est ce que le passé vous a pu fairevoir.
Géraste
Mais si pour en tirer une preuve plusclaire,
Je disais qu’il faut prendre un sentimentcontraire,
Qu’une autre occasion te donne un autreamant ?
Daphnis
Il serait un peu tard pour un telchangement.
Sous votre autorité j’ai dévoilé monâme ;
J’ai découvert mon cœur à l’objet de maflamme,
Et c’est sous votre aveu qu’il a reçu mafoi.
Géraste
Oui, mais je viens de faire un autre choixpour toi.
Daphnis
Ma foi ne permet plus une telleinconstance.
Géraste
Et moi, je ne saurais souffrir derésistance.
Si ce gage est donné par mon consentement,
Il faut le retirer par mon commandement.
Vous soupirez en vain : vos soupirs etvos larmes
Contre ma volonté sont d’impuissantesarmes.
Rentrez ; je ne puis voir qu’avec milledouleurs
Votre rébellion s’exprimer par vos pleurs.
(Daphnis rentre, et Gérastecontinue.)
La pitié me gagnait. Il m’était impossible
De voir encor ses pleurs, et n’être passensible :
Mon injuste rigueur ne pouvait plus tenir,
Et de peur de me rendre, il la fallaitbannir.
N’importe toutefois, la parole me lie,
Et mon amour ainsi l’a promis àCélie ;
Florise ne se peut acquérir qu’à ce prix,
Si Florame…