Scène première
Florame,Célie
Florame
Enfin, quelque froideur qui paraisse enFlorise,
Aux volontés d’un frère elle s’en estremise.
Célie
Quoiqu’elle s’en rapporte à vousentièrement,
Vous lui feriez plaisir d’en userautrement.
Les amours d’un vieillard sont d’une faibleamorce.
Florame
Que veux-tu ? son esprit se fait un peude force ;
Elle se sacrifie à mes contentements,
Et pour mes intérêts contraint sessentiments.
Assure donc Géraste, en me donnant safille,
Qu’il gagne en un moment toute notrefamille,
Et que, tout vieil qu’il est, cettecondition
Ne laisse aucun obstacle à son affection.
Mais aussi de Florise il ne doit rienprétendre,
À moins que se résoudre à m’accepter pourgendre.
Célie
Plaisez-vous à Daphnis ? c’est là leprincipal.
Florame
Elle a trop de bonté pour me vouloir dumal ;
D’ailleurs sa résistance obscurcirait sagloire ;
Je la mériterais si je la pouvais croire.
La voilà qu’un rival m’empêched’aborder ;
Le rang qu’il tient sur moi m’oblige à luicéder,
Et la pitié que j’ai d’un amant si fidèle
Lui veut donner loisir d’être dédaignéd’elle.