Scène III
Clarimond
Tout dédaigné, je l’aime, et malgré sarigueur,
Ses charmes plus puissants lui conservent moncœur.
Par un contraire effet dont mes mauxs’entretiennent,
Sa bouche le refuse, et ses yeux leretiennent.
Je ne puis, tant elle a de mépris etd’appas,
Ni le faire accepter, ni ne le donnerpas ;
Et comme si l’amour faisait naître sahaine,
Ou qu’elle mesurât ses plaisirs à mapeine,
On voit paraître ensemble, et croîtreégalement,
Ma flamme et ses froideurs, sa joie et montourment.
Je tâche à m’affranchir de ce malheurextrême,
Et je ne saurais plus disposer demoi-même.
Mon désespoir trop lâche obéit à mon sort,
Et mes ressentiments n’ont qu’un débileeffort.
Mais pour faibles qu’ils soient, aidons leurimpuissance ;
Donnons-leur le secours d’une éternelleabsence.
Adieu, cruelle ingrate, adieu : je fuisces lieux
Pour dérober mon âme au pouvoir de tesyeux.