Le Monsieur au parapluie

Chapitre 17ANXIÉTÉS DE BENGALI

 

Tous les jours, Bengali allait attendreGeorgette à un endroit convenu, la faisait monter dans la voiturequi l’avait amené et les deux amants allaient passer une heure dansle petit appartement loué pour ces entrevues quotidiennes.

Depuis quelque temps, Bengali remarquait latristesse toujours croissante de sa maîtresse ; celle-ci, deson côté, avait constaté, chez son amant, la perte de la gaîté siriche et si communicative qu’il possédait lorsqu’elle l’avaitconnu.

– Chaque jour, se disait-elle, il paraîtplus rêveur, plus préoccupé que la veille ; il ne répond plusà mes questions que d’une façon distraite, comme s’il pensait àautre chose… cet amour ardent, qu’il m’affirmait avec un tel accentde sincérité, était-ce… une comédie ? oh ! non… ce seraithorrible… il était sincère, j’en suis sûre, mais son caractèreléger a-t-il pu se transformer tout à coup… la possessionn’a-t-elle pas amené chez lui la satiété ? Ne m’aime-t-ilplus ? Quand l’explication qu’il me demande de ma tristessem’arrache l’aveu de mes inquiétudes, il proteste énergiquement,avec un redoublement de tendresse, contre mes craintes et, bientôtaprès ces effusions et ces serments, son visage trahit de nouveaudes soucis qu’il me cache… des mystères envers moi qui dois devenirsa femme ; pourquoi ?

La cause de ces soucis : la demande de lamain d’Athalie, faite par lui, avant le duel qui avait eu pourGeorgette les conséquences que l’on sait, ce prétendu séjour à Nicequi ne pouvait se prolonger plus longtemps, le retour imminent demademoiselle Piédevache, la première visite à faire à la familleJujube, etc., etc., la pauvre Georgette ignorait tout cela.

Un soir, dès en montant dans la voiture où sonamant l’attendait, elle fut frappée de l’altération de ses traitset de sa voix.

– Qu’as-tu ? lui demanda-t-elle,inquiète.

– Mon ami de Nice, lui dit-il, vient dem’envoyer une lettre de ma tante, m’annonçant son retour àSaint-Mandé pour demain.

– Eh bien ! c’est cela qui tetrouble à ce point ?

– C’est qu’il me faut me réinstaller chezmoi, me montrer comme nouvellement de retour de Nice, interromprecette existence à deux à laquelle je m’étais habitué et que, commeun enfant oublieux du lendemain, au milieu des joies du jour, jecroyais ne jamais finir.

– Oh ! mon chéri, répondit Georgetteavec transport, voilà donc ce qui causait tes soucis !

Bengali pouvait, d’un oui, rassurercomplètement son amie ; ce oui, il ne le prononça pas. C’estque la pensée de ces projets de mariage, auxquels il avait adhéréde bonne foi, après son renoncement à Georgette qu’il croyaitmariée, cette pensée hantait plus que jamais son esprit ; quefaire ? Signifier son refus d’une alliance qu’il avaitsollicitée ; accabler sous un pareil scandale, sans prétexteaucun, une famille, ridicule peut-être, mais parfaitementhonorable ; s’aliéner sa tante, sa bienfaitrice, celle à quiil devait tout : telles étaient les préoccupations auxquellesle malheureux jeune homme était en proie et qu’il ne pouvait faireconnaître à Georgette.

Mais elle, heureuse des regrets de lacessation de l’existence à deux, par lui manifestés, n’attenditmême pas la confirmation de ce qu’elle croyait avoir deviné ets’écria toute joyeuse : « Eh bien, tant mieux ! tune pouvais pas demander ma main à ma marraine, puisque tu étaiscensé loin de Paris ; maintenant, tu pourras faire la démarcheet je prierai tant ma marraine qu’elle consentira à nousmarier. »

Bengali ne répondit pas.

Georgette surprise, le regarda, puis luidit : « Tu n’as donc pas entendu ce que je t’aidit ? »

– Si, si, répondit-il avec embarras.

– Eh bien alors, tu irasdemain !

– Demain… impossible… je vais chez matante.

– C’est juste ; eh bien !après-demain ?

– Après-demain… heu… c’est que…

– C’est que quoi ? demanda Georgetteavec inquiétude.

– C’est que… je suis très mal avecM. Marocain et je crains…

– M. Marocain n’a aucun droit surmoi.

– Oui, mais toi-même m’as dit que safemme tremblait devant lui et lui cédait en tout.

– Ah ça, voyons, murmura la pauvre filleanxieuse… Cette domination de ma marraine par son mari… Je ne voispas de raisons pour qu’elle cesse, et si elle t’arrête maintenant,elle t’arrêtera toujours…

Le malheureux amant, affolé d’amour pour samaîtresse, ne savait que lui répondre et quand il la vit éclater ensanglots, se désespérer, l’accuser de vouloir l’abandonner, ill’attira sur lui, la couvrit de baisers, redoubla ses protestationsde tendresse infinie, d’amour exclusif de tout autre, jura de fairetout, absolument tout ce qui dépendrait de lui, pour un résultatqu’il désirait autant qu’elle.

Georgette put prendre cette formule vague pourune promesse de faire la démarche qu’elle désirait et rentra chezelle, pleine de bonheur et de confiance.

Pour Bengali, le bonheur – tout ce quidépendrait de lui, – il l’entendait de tout ce qu’il pourraitauprès de sa tante, pour la faire rompre des projets qu’elle avaitcaressés.

Le lendemain, donc, il arrivait chezelle ; la brave dame lui prit la tête à deux mains, l’embrassadix fois, vingt fois.

– Tu es accouru dès la réception de malettre, lui dit-elle, tu es un amour. Tiens ! que jet’embrasse encore !

Et elle lui reprit la tête et lui donna denouveaux baisers ; alors, l’éloignant un peu d’elle, pourmieux contempler sa bonne mine de santé, elle se rappela sadouleur, ses angoisses, quand elle l’avait vu, dans son lit,évanoui et blessé peut-être mortellement, et, tout à la joie de laguérison complète de l’être chéri qu’elle avait craint de perdre,ce furent de nouveaux baisers.

À cet élan d’expansion maternelle, succéda unair d’étonnement.

– Mais… je ne te vois pas ta gaîtéordinaire… tu as même un air de tristesse…

La bonne entra à ce moment et demanda si elledevait servir le déjeuner.

– Mais certainement, sers, répondit lamaîtresse.

Puis à son neveu :

– Comptant bien te voir ce matin, j’aifait faire un petit déjeuner dont tu te lécheras les pouces.Voyons, assieds-toi là près de moi et causons.

– Oui, ma tante. Eh bien, commentavez-vous passé votre séjour là-bas ? Il paraît que c’est trèspittoresque, l’Auvergne.

– Très pittoresque, oui, mais toi…

– Vous ne vous êtes pas ennuyée ?Avez-vous fait l’ascension du Puy-de-Dôme ?

– Nous causerons de tout cela une autrefois, parlons de toi, de tes amours.

– Dam ! Dam ! ma tante, j’étaisà Nice et…

– Sans doute, mais toi et ta futurefamille, vous avez dû entretenir une correspondance… Au fait,j’oubliais de te dire… Tu vas voir ton futur beau-père.

– Quand ça, ma tante ? demanda lejeune homme avec inquiétude.

– Ce matin, tout à l’heure, jel’attends ; en réponse à l’annonce de mon retour à ces chersamis, il m’a écrit qu’il viendra aujourd’hui.

– Oh ! ma tante, ça me contrariebien, j’avais à causer sérieusement avec vous, très sérieusement,et… devant lui… c’est impossible.

Mademoiselle Piédevache le regarda avecétonnement :

– Comment ?… De quoi s’agit-il doncde si sérieux, qui ne peut pas se dire devant ton futurbeau-père ? Ça n’a pas de rapport avec le mariage, jesuppose ?

– Au contraire, ma tante, c’est de cemariage que je voulais vous parler.

– Ah ça, mais… qu’est-ce qu’il y a ?interrogea la tante avec inquiétude.

– Il y a que… Voyons, ma tante, ma bonnetante… vous ne voudriez pas me rendre malheureux, n’est-cepas ?

– Je vois le coup ! s’écriamademoiselle Piédevache… je le connais… tu me l’as déjà fait, tu neveux plus te marier.

– Oh si, ma tante, oh si ! je nedemande que ça.

– À la bonne heure !… tu m’as faitune peur… Et bien alors, cette chose sérieuse… très sérieuse…

– Je veux me marier… mais avec uneautre…

La vieille demoiselle sursauta :

– Avec une autre !… Est-ce que tu tefiches de moi, de cette pauvre petite qui s’est embéguinée de toi,je ne sais pas pourquoi, de son père, de sa mère, de tout lemonde ? Tu as demandé la main de la jeune fille, on te l’aaccordée et maintenant…

– C’est vous, ma tante, qui avez voulu…c’était pour vous plaire…

– Je ne t’ai pas traîné de force chez cesexcellents amis, tu m’y as accompagnée de bon gré…

– Parce qu’à ce moment-là, je n’aimaispas encore celle que…

– Ah ! je vois l’affaire !Quelque intrigante que tu as trouvée à Monaco, car tu as dû aller àMonaco, qui t’a entortillé… l’héritier de mademoisellePiédevache ! Elle s’est dit : – Bonne affaire !Entortillons ce jeune daim qui doit hériter de la vieille…

– Vous vous trompez, ma tante, celle quej’aime n’est point une coureuse de casinos, c’est une honnête jeunefille vivant de son travail…

– Qui passe les nuits pour nourrir savieille mère, je la connais celle-là.

– Non, ma tante, écoute-moi.

– Rien ! rien ! rien !cria mademoiselle Piédevache, je t’ai toujours cédé, je t’aitoujours gâté, c’est le tort que j’ai eu ; cette fois jetiendrai bon, et je ne romprai pas des projets arrêtés d’accorddepuis longtemps, je ne jetterai pas le chagrin et le ridicule dansune famille honorable, pour te laisser satisfaire une amourettecomme tu en as eu tant…

L’élan de colère épuisé, la vieille demoisellecontinua sur un ton enjoué :

– Je ne te les reproche pas, tesamourettes. Ah ! grand Dieu ! tu me connais, mon cherenfant, tu sais si je suis rigide sur ce chapitre-là,l’amour !… Ah, seigneur… comme je comprends ça… Tu le saisbien, garnement, j’ai été la première à te dire : Amuse-toipendant que tu es jeune, fais l’amour, il n’y a encore queça !… Moi-même quand j’étais… Hum ! J’allais dire desbêtises.

C’était la corde sensible qui venait de vibrerau souvenir du passé ; Bengali saisit l’à-propos et il allaitattaquer par son côté faible celle de qui il dépendait, lorsque labonne annonça M. Jujubès.

Bengali eut un brusque mouvementd’impatience : – Recevez-le, ma tante, dit-il ; moi je neveux pas qu’il me voie.

– Hein ? veux-tu bien resterlà !

Et elle le saisit par le bras pour leretenir.

– Pas en ce moment, ma tante, il meserait impossible de lui dissimuler mon embarras… une autre fois…demain, après-demain, mais en ce moment, ne m’obligez pas… Je nesaurais que lui dire, tandis que vous…

Et il s’élança dans la chambre voisine, enentendant les pas du nouveau venu.

Mademoiselle Piédevache acheva laphrase : Tandis que moi, je saurai ce que je dois dire. – Ehbien alors, je le dirai, et ça ira tout seul.

Jujube entra : « J’accours aussitôtla nouvelle de votre retour », dit-il.

– J’y comptais bien et je vous attendais,répondit-elle.

– Pour me dire que nos projets ne peuventplus avoir de suites ; je m’y attendais et je…

– Comment ! ne pas avoir desuites ? Mais au contraire, je tiens plus que jamais à leurprompte réalisation.

– Vous n’avez donc pas vu votreneveu ?

– Si ; à peine de retour de Nice, ilest accouru ici.

– De Nice ? dit Jujube en souriant,il vous a dit qu’il arrivait de Nice ?

– D’où vouliez-vous qu’il vînt ?

– De Paris, dont il n’a probablement pasbougé.

– Hein ?

– Je crois qu’il a été à Nice commemoi.

– Qu’est-ce que vous me diteslà ?

– Un de ses amis l’a rencontré à Paris,il y a quinze jours, trois semaines, ayant une jolie fille aubras.

– Ce n’est pas possible ; on a prisun autre pour lui, j’ai toutes ses lettres datées de Nice, mises àla poste à Nice ; la dernière, m’annonçant son retour, estdatée d’il y a trois jours ; mais vous-même avez dû enrecevoir ?

– Oui, j’en ai reçu trois et biensingulières pour un amoureux.

Jujube, alors, montra à mademoisellePiédevache les trois lettres où le futur époux parlait de tout,excepté de son amour et du projet de mariage, et les terminant parla formule : « mille choses à ces dames. »

– Enfin, vous en avez reçu ; donc,il était à Nice. La forme n’a pas d’importance ; je pourraisvous citer une personne qui a reçu des lettres brûlantes deplusieurs prétendus épouseurs, qui l’ont parfaitement lâchéeaprès.

– Après quoi ? demanda Jujube.

– Après m’avoir, – l’avoir, veux-je dire,– demandée en mariage.

– Enfin, demanda Jujube, que vous a-t-ildit au sujet de nos projets ?

– Ses intentions n’ont pas changé ;s’il n’est pas allé tout de suite chez vous, c’est qu’il a crudevoir accourir à moi tout d’abord ; mais dès aujourd’hui vousnous verrez lui et moi.

Bref, Jujube, qui ne demandait pas mieux quede revenir au mariage qu’il croyait bien rompu ; sa fille,d’ailleurs, refusant formellement d’épouser Pistache, Jujube seretira enchanté du rétablissement des choses et tout prêt à tendreles bras à son futur gendre.

Bengali ayant écouté à la porte, sa tanten’eut pas à lui répéter sa conversation avec Jujube et lasituation, pour lui, était nette ; elle était tout entièredans le célèbre dilemme : se soumettre ou se démettre, et sedémettre, c’était renoncer à l’affection et à l’héritage de satante, qui l’avait élevé, à qui il devait tout et qu’il luifaudrait affliger en échange de sa tendresse et de sesbienfaits ; mais se soumettre, c’était abandonner Georgette,Georgette dont il était éperdument amoureux et qu’il faudraitdésespérer par un abandon qu’elle ne méritait pas.

Il fit ce qu’en pareil cas tout autre eût faità sa place, il laissa sa tante lui parler du mariage, l’écouta sansrépondre, réfléchit mais ne la heurta pas par un refus. Cetteattitude satisfit la vieille demoiselle : « Laissons-le àses réflexions », se dit-elle, convaincue qu’elles seraientsuivies d’une entière soumission ; mais lui, se tenaitsimplement ce raisonnement, que tant qu’un mariage n’est pas fait,il peut survenir un événement qui le rende impossible ; or, ilavait plus d’un mois devant lui et, dans un mois, il passe bien del’eau sous le pont des Arts et bien des académiciens dessus.

Quand Jujube annonça le résultat de sa visiteà Saint-Mandé, ce fut une joie d’autant plus vive que, sansdésespérer absolument, on ne croyait pas à une justification sicomplète et à une reprise spontanée des projets matrimoniaux. AussiJujube fut-il assourdi des questions d’Athalie, au sujet de sonprétendu ; elle voulait connaître ses explications, sespropres paroles, etc., etc.

– Je ne l’ai pas vu, dit Jujube, mais satante m’a répété ses intentions qui n’ont pas varié ; tousdeux viendront aujourd’hui.

Et tout à son idée de gloriole, il parla deses projets de noce dans la coquette habitation de la propriétaireabsente, des nombreux domestiques laissés aux ordres desoccupants ; ce fut du délire, et on ne parla plus d’autrechose ; même les voitures étant à la disposition de lafamille, on les ferait atteler toutes pour promener les invités, augrand épatement des paysans, et à la pensée de ce luxe dereprésentation, on ne tarissait pas d’exclamations, de rires, depropositions de toutes sortes. Ah ! à ce moment-là, Jujube nesongeait guère à envoyer Athalie à son piano.

Du reste, celle-ci avait bien autre chose àfaire ; les toilettes à commander, le mobilier à acheter,etc., etc.

– Ah ! dit-elle tout à coup, et monéventail que Georgette doit me peindre ; c’est convenu il y alongtemps, papa ; il faudra que tu en composes le sujet ;cette chère Georgette ! va-t-elle être contente, elle quim’aime tant.

Pendant toutes ces expansions, l’infidèlemalgré lui, tout en se berçant de cette philosophie qu’un événementimprévu peut se produire dans le courant d’un mois, se demandait cequ’il allait faire et dire, en attendant cet événementproblématique qui pouvait tout arranger ; ne pas revoirGeorgette, quant à présent il ne pouvait s’y résigner ;continuer ses rendez-vous quotidiens avec elle, mais elle luirappellerait chaque jour la démarche promise auprès de sa marraine…Quel prétexte donnerait-il pour s’en abstenir maintenant qu’ils’était montré comme de retour à Paris ? Avouer franchement sasituation, c’était la dernière décision à laquelle il pûts’arrêter ; dans son embarras, il remit au lendemain sonrendez-vous, se disant que Georgette, ne le voyant pas, croiraitque sa tante l’avait retenu.

Mais il y avait une visite qu’il ne pouvaitreculer : celle à sa future famille ; d’autant plus quemademoiselle Piédevache devait l’accompagner.

À l’heure convenue entre eux, la tante et leneveu se présentaient donc dans la famille Jujube et y étaientreçus avec un véritable enthousiasme. Madame Jujube sauta au cou deson gendre, puis le plaçant devant Athalie :

– Embrassez donc votre future !dit-elle…

Puis on embrassa la tante, puis ce furent despoignées de main chaleureuses, des demandes affectueuses denouvelles du blessé, etc., etc.

– Enfin, nous allons donc avoir lapaix ! dit Jujube, en riant ; car c’était un enfer,ici.

– Les larmes d’Athalie, sa mauvaisehumeur, parce que vous ne reveniez pas, ajouta la mère.

– Pauvre petite ! dit mademoisellePiédevache ; adorer ce monstre-là…

– Oh ! ajouta Jujube, elle nepouvait pas digérer : « Mille choses à cesdames ! » ; elle attendait des choses à ellespersonnelles…

– C’est à vous que j’écrivais, ditBengali, et j’ai cru que ce n’était pas la place…

– Sans doute, sans doute, répliqua latante ; ces choses-là, on les dit à la personne elle-même.

– Ne parlons plus de ça, interrompitJujube tout à son idée de noce à la maison de campagne ; et ilrecommença à énumérer en détail ses intentions quant au repas, aubal qui le suivrait, à la réception des amis et connaissances qu’onn’aurait pu inviter au repas, etc., etc.

Et malgré cet enthousiasme qu’elle partageaitavec son père et sa mère, malgré sa joie de revoir près d’ellel’homme qui devait être son mari, Athalie ne pouvait ne pasremarquer son air rêveur, ses sourires de complaisance et son peud’empressement auprès d’elle. Mademoiselle Piédevache à qui, nonplus, n’avait pas échappé la contrainte de son neveu et qui enconnaissait les causes, dit :

– Ce pauvre enfant est encore un peusouffrant, il n’a pas retrouvé cette gaîté que vous lui connaissez,et puis le mariage doit rendre sérieux.

Sur ce, elle jugea à propos de ne pasprolonger une situation embarrassante :

– Allons, je l’emmène, dit-elle ; àdemain.

Puis à Bengali :

– Embrasse ta fiancée et partons.

Et, dans son soulagement causé par le départ,Bengali trouva, dans le baiser d’adieu, une conviction qu’Athalieput prendre pour de la tendresse.

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer