Scène huitième
Madame Perrichon, Henriette; puis Perrichon, unFacteur
Madame Perrichon, se levant avec safille. – Je suis lasse d’être assise!
Perrichon, entrant en courant. -Enfin! c’est fini! j’ai mon bulletin! je suis enregistré!
Madame Perrichon. – Ce n’est pasmalheureux!
Le Facteur, poussant son chariot vide, àPerrichon. – Monsieur… n’oubliez pas le facteur, s’il vousplaît…
Perrichon. – Ah! oui… Attendez… (Seconcertant avec sa femme et sa fille.) Qu’est-ce qu’il fautlui donner à celui-là? Dix sous?…
Madame Perrichon. – Quinze.
Henriette. – Vingt.
Perrichon. – Allons… va pour vingt sous!(Les lui donnant.) Tenez mon garçon.
Le Facteur. – Merci, monsieur!
Il sort.
Madame Perrichon. – Entrons-nous?
Perrichon. – Un instant… Henriette, prends toncarnet et écris.
Madame Perrichon. – Déjà!
Perrichon, dictant. – Dépenses:fiacre, deux francs… chemin de fer, cent soixante-douze francs cinqcentimes… facteur, un franc.
Henriette. – C’est fait!
Perrichon. – Attends! Impression!
Madame Perrichon, à part. – Il estinsupportable!
Perrichon, dictant. – Adieu, France…reine des nations! (S’interrompant.) Eh bien, et monpanama?… je l’aurai laissé aux bagages!
Il veut courir.
Madame Perrichon. – Mais non! le voici!
Perrichon. – Ah! oui! (Dictant.)Adieu, France… reine des nations!
On entend la cloche et l’on voit accourir plusieursvoyageurs.
Madame Perrichon. – Le signal! tu vas nousfaire manquer le convoi!
Perrichon. – Entrons, nous finirons cela plustard!
L’Employé l’arrête à la barrière pour voir les billets.Perrichon querelle sa femme et sa fille, finit par trouver lesbillets dans sa poche. Ils entrent dans la salled’attente.