Scène deuxième
Daniel; puis L’Aubergiste; puis Le Guide
Daniel. – Quel excellent garçon! c’est toutcœur, tout feu… mais ça ne sait pas vivre, il est parti sansprendre son café! (Appelant.) Holà!… monsieurl’aubergiste!
L’Aubergiste,paraissant: – Monsieur?
Daniel. – Le café. (L’Aubergiste sort.Daniel allume un cigare.) Hier, j’ai voulu faire fumer lebeau-père… ça ne lui a pas réussi…
L’Aubergiste, apportant le café. -Monsieur est servi.
Daniel, s’asseyant derrière la table,devant la cheminée, et étendant une jambe sur la chaised’Armand. – Approchez cette chaise… très bien… (Il adésigné une autre chaise; il y étend l’autre jambe.) Merci!…Ce pauvre Armand! il court sur la grande route, en plein soleil… etmoi, je m’étends! Qui arrivera le premier de nous deux? nous avonsla fable du Lièvre et de la Tortue.
L’Aubergiste, lui présentant unregistre. – Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livredes voyageurs?
Daniel. – Moi?… je n’écris jamais après mesrepas, rarement avant… Voyons les pensées délicates et ingénieusesdes visiteurs. (Il feuillette le livre, lisant.) « Je ne mesuis jamais mouché si haut!… » Signé: « Un voyageur enrhumé… « (Il continue à feuilleter.) Oh! la belle écriture!(Lisant.) « Qu’il est beau d’admirer les splendeurs de lanature, entouré de sa femme et de sa nièce!… » Signé: « Malaquais,rentier… » Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, sispirituels chez eux, sont si bêtes en voyage!
Cris et tumulte au-dehors.
L’Aubergiste. – Ah! mon Dieu!
Daniel. – Qu’y a-t-il?