Scène cinquième
Madame Perrichon, Henriette, Majorin; puisPerrichon
Madame Perrichon. – Il est très bien, ce jeunehomme!… Mais que fait ton père? Les jambes me rentrent dans lecorps!
Majorin, entrant par la gauche. – Jeme suis trompé, ce train ne part que dans une heure!
Henriette. – Tiens, monsieur Majorin!
Majorin, à part. – Enfin, lesvoici!
Madame Perrichon. – Vous! comment n’êtes-vouspas à votre bureau?…
Majorin. – J’ai demandé un congé, belle dame;je ne voulais pas vous laisser partir sans vous faire mesadieux!
Madame Perrichon. – Comment! c’est pour celaque vous êtes venu! Ah! que c’est aimable!
Majorin. – Mais, je ne vois pas Perrichon!
Henriette. – Papa s’occupe des bagages.
Perrichon, entrant en courant; à lacantonade. – Les billets d’abord! très bien!
Majorin. – Ah! le voici! Bonjour, cher ami!
Perrichon, très pressé. – Ah! c’esttoi! tu es bien gentil d’être venu!… Pardon, il faut que je prennemes billets!
Il le quitte.
Majorin, à part. – Il est poli!
Perrichon, à l’employé au guichet. -Monsieur, on ne veut pas enregistrer mes bagages avant que j’aiepris mes billets…
L’Employé. – Ce n’est pas ouvert! attendez!
Perrichon. – « Attendez! » et là-bas, ils m’ontdit: « Dépêchez-vous! » (S’essuyant le front.) Je suis ennage!
Madame Perrichon. – Et moi, je ne tiens plussur mes jambes!
Perrichon. – Eh bien, asseyez-vous.(Indiquant le fond à gauche.) Voilà des bancs… Vous êtesbonnes de rester plantées là comme deux factionnaires.
Madame Perrichon. – C’est toi-même qui nous adit: « Restez là! » Tu n’en finis pas! tu es insupportable!
Perrichon. – Voyons, Caroline!
Madame Perrichon. – Ton voyage! j’en ai déjàassez!
Perrichon. – On voit bien que tu n’as pas priston café! Tiens, va t’asseoir!
Madame Perrichon. – Oui, mais dépêche-toi!
Elle va s’asseoir avec Henriette.