Le Voyage de Monsieur Perrichon

Scène troisième

 

Daniel, Perrichon, Armand, Madame Perrichon, Henriette,L’Aubergiste

Perrichon entre, soutenu par sa femme et le guide.

Armand. – Vite! de l’eau! du sel! duvinaigre!

Daniel. – Qu’est-il donc arrivé?

Henriette. – Mon père a manqué de se tuer!

Daniel. – Est-il possible?

Perrichon, assis. – Ma femme!… mafille!… Ah! je me sens mieux!…

Henriette, lui présentant un verre d’eausucrée. – Tiens!.. bois!… ça te remettra…

Perrichon. – Merci… quelle culbute!

Il boit.

Madame Perrichon. – C’est ta faute aussi…vouloir monter à cheval, un père de famille… et avec des éperonsencore!

Perrichon. – Les éperons n’y sont pour rien…c’est la bête qui est ombrageuse.

Madame Perrichon. – Tu l’auras piquée sans levouloir, elle s’est cabrée…

Henriette. – Et, sans M. Armand, qui venaitd’arriver… mon père disparaissait dans un précipice…

Madame Perrichon. – Il y était déjà… je levoyais rouler comme une boule… nous poussions des cris!…

Henriette. – Alors, Monsieur s’est élancé!…

Madame Perrichon. – Avec un courage, unsang-froid!… Vous êtes notre sauveur… car, sans vous, mon mari… monpauvre ami…

Elle éclate en sanglots.

Armand. – Il n’y a plus de danger…calmez-vous!

Madame Perrichon, pleurant toujours. -Non! ça me fait du bien! (A son mari.) Ca t’apprendra àmettre des éperons. (Sanglotant plus fort.) Tu n’aimes pasta famille.

Henriette, à Armand. – Permettez-moid’ajouter mes remerciements à ceux de ma mère, je garderai toute mavie le souvenir de cette journée… toute ma vie!

Armand. – Ah! mademoiselle!

Perrichon, à part. – A mon tour!(Haut.) Monsieur Armand. Non, laissez-moi vous appelerArmand…

Armand. – Comment donc!

Perrichon. – Armand… donnez-moi la main… Je nesais pas faire des phrases moi… mais, tant qu’il battra, vous aurezune place dans le cœur de Perrichon! (Lui serrant lamain.) Je ne vous dis que cela!

Madame Perrichon. – Merci, monsieur Armand!

Henriette. – Merci, monsieur Armand!

Armand. – Mademoiselle Henriette!

Daniel, à part. – Je commence à croireque j’ai eu tort de prendre mon café!

Madame Perrichon, à l’aubergiste. -Vous ferez reconduire le cheval, nous retournerons tous envoiture…

Perrichon, se levant. – Mais jet’assure, ma chère amie, que je suis assez bon cavalier…(Poussant un cri.) Aïe!

Tous. – Quoi?

Perrichon. – Rien!… les reins! Vous ferezreconduire le cheval!

Madame Perrichon. – Viens te reposer un moment.Au revoir, monsieur Armand!

Henriette. – Au revoir, monsieur Armand!

Perrichon, serrant énergiquement la maind’Armand. – A bientôt… Armand! (Poussant un secondcri.) Aïe!… J’ai trop serré!

Il entre à gauche, suivi de sa femme et de safille.

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